Identification de Staphylococcus aureus - Le Point Vétérinaire n° 283 du 01/03/2008
Le Point Vétérinaire n° 283 du 01/03/2008

Bactériologie lors de mammite chez les bovins

Mise à jour

Fiche technique

Auteur(s) : Bernard Poutrel

Fonctions : 95, rue de la Mésangerie, 37540 Saint-Cyr-sur-Loire, b.poutrel@wanadoo.fr

Les analyses bactériologiques pour identifier les agents impliqués dans les infections mammaires aident le praticien dans sa décision de mesures curatives ou préventives.

Pour une identification correcte des bactéries, deux points sont essentiels au préalable : la qualité du prélèvement de lait et l’utilisation systématique d’un milieu non sélectif(1).

L’identification de S. aureus avec une bonne fiabilité est possible à l’aide de tests simples.

Pour un opérateur formé et ayant un minimum d’expérience, un diagnostic présomptif d’identification de S. aureus est souvent possible à partir de la gélose au sang, d’après notamment l’odeur de la culture, la taille et la couleur des colonies et surtout la présence d’une hémolyse β.

La réalisation de tests additionnels simples, rapides et peu coûteux (Gram, catalase, clumping factor, coagulase libre) permet une identification plus précise. L’utilisation de galeries commerciales d’identification augmente de manière conséquente le coût de l’analyse et n’est souvent pas nécessaire.

Culture sur milieu non spécifique

La couleur des colonies, contrairement à ce que la dénomination de l’espèce pourrait laisser penser (staphylocoque doré), ne constitue pas un caractère d’identification. En effet, sur une gélose au sang, les colonies sont le plus souvent grises ou blanches, mais pas jaunes. La couleur jaune est une caractéristique d’un autre staphylocoque : S. chromogenes. C’est l’hémolyse partielle des hématies présentes dans le milieu qui constitue un critère important d’identification de S. aureus (). L’hémolysine β est souvent produite par les souches de S. aureus d’origine animale, en particulier par plus de 90 % des souches responsables de mammites.

Tests additionnels

• Classiquement, les staphylocoques sont des cocci Gram+. Dans les conditions de la réalisation de la coloration de Gram, à partir de colonies isolées sur gélose, les staphylocoques ne présentent pas l’aspect caractéristique décrit dans la littérature “en grappes de raisin” (). Celui-ci est seulement observé après une culture en milieu liquide qui permet la croissance des bactéries dans plusieurs dimensions de l’espace.

• Le test de la catalase (enzyme qui décompose l’eau oxygénée) permet de différencier les staphylocoques, catalase +, des streptocoques, catalase –. Après dissociation d’une colonie dans de l’eau oxygénée déposée sur une lame de verre, la présence de la catalase se traduit par la production immédiate et abondante de bulles d’oxygène. Comme les résultats du Gram, ceux de la catalase sont constants.

• Le test de la coagulase libre est, avec le clumping factor, une référence pour l’identification de S. aureus (). La coagulase libre, comme son nom l’indique, est produite dans le milieu de culture. Elle a la propriété de se lier à la prothrombine, entraînant la polymérisation du fibrinogène en fibrine et la formation d’un caillot. Pour la réalisation du test, du plasma de lapin est incubé à 37 °C avec une culture en bouillon de 16 à 24 heures. Le caillot apparaît le plus souvent en quatre heures.

Le test de la coagulase libre est positif pour 99 % des souches de S. aureus. S. intermedius et certaines souches de S. hyicus donnent aussi un résultat positif, mais elles sont rarement impliquées dans les mammites.

• Le clumping factor (parfois appelé coagulase liée) tire son nom de sa capacité à former des agglutinats lors de la réalisation du test. C’est un récepteur au fibrinogène présent à la surface de S. aureus.

Le test est réalisé sur une lame de verre en moins d’une minute, soit avec du plasma de lapin, soit avec des réactifs du commerce comportant des hématies ou des billes de latex porteuses de fibrinogène. Le clumping factor est présent sur la paroi et spécifique de S. aureus. Il est parfois masqué par une capsule polyosidique.

Cela conduit à un test négatif pour environ 5 % des souches. Toutefois, la présence simultanée d’une coagulase libre et de clumping factor est presque toujours considérée comme suffisante pour l’identification de S. aureus [11].

Galeries commerciales

Des tests additionnels sont faciles à réaliser avec des réactifs ou des galeries du commerce. Ainsi, il est possible d’effectuer une recherche combinée par co-agglutination de la protéine A, du clumping factor et d’une capsule polyosidique. Des galeries API (API 20 Staph ou ID 32 Staph) permettent, si nécessaire, une identification plus complète, mais pas toujours fiable à 100 %, des différentes espèces de staphylocoques.

  • (1) Voir l’article “Prélever du lait pour rechercher Staphylococcus aureus”, du même auteur dans ce numéro.

VOIR AUSSI

- Salat O. Gestion des mammites à S. aureus. Point Vét. 2008 ;282 :43-50.

- Schmitt Van De Leemput E, Schmitt-Beurrier A. Bactériologie sur le lait en clientèle bovine. Point Vét. 2005 ;36(255) :52-53.

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