Quelles options vaccinales contre la fièvre catarrhale ? - Le Point Vétérinaire n° 282 du 01/01/2008
Le Point Vétérinaire n° 282 du 01/01/2008

MALADIES ANIMALES RÉPUTÉES CONTAGIEUSES

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question de lecteur

Auteur(s) : Béatrice Bouquet

Fonctions : 8, rue des Déportés
80220 Gamaches

Une vaccination généralisée dès 2008 paraît inimaginable. Les modalités vaccinales dépendent de l’objectif recherché.

S’il est indispensable de vacciner contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8, apparue au nord de l’Europe depuis 2006, la question des modalités pratiques de cette vaccination se pose.

« Il paraît irréaliste de penser qu’on aura la capacité de vacciner tous les bovins et ovins de France en 2008 », avance Barbara Dufour à l’occasion des Rencontres autour des recherches sur les ruminants, à Paris, le 7 décembre dernier. La vaccination doit-elle être effectuée seulement chez les ovins ? En Belgique, cette piste est envisagée. Est-il judicieux de créer une barrière de ruminants vaccinés pour limiter l’extension du front ? En ce qui concerne la situation en France, cette idée séduit les épidémiologistes belges afin de limiter l'impact éventuel d’une rencontre “recombinante” entre sérotypes (le 1 au sud-ouest et le 8 qui descend du nord). En France, elle laisse sceptique : le sérotype 8 pourrait déjà s’être étendu à tout le territoire lorsque des vaccins seront disponibles.

Trois firmes implantées en France préparent des vaccins (inactivés) contre le “nouveau” sérotype 8 (Merial, Intervet et Fort Dodge), a priori disponibles au second semestre 2008. Quelques incidents apparus avec des vaccins vivants en Corse incitent à rester prudent, rappelle le virologue français Stéphan Zientara. Si la disponibilité vaccinale était de 100 %, la vaccination généralisée serait-elle pour autant justifiée ? « Vacciner collectivement et d’une manière généralisée contre une MARC (maladie animale réputée contagieuse) répond théoriquement à un objectif d’éradication », rappelle Barbara Dufour. Or la FCO a peu de traits épidémiologiques communs avec sa “cousine” clinique la fièvre aphteuse. Elle est transmise par des vecteurs (méconnus), ubiquistes pour le sérotype 8, impossibles à éradiquer.

Vacciner pour diminuer l’impact clinique et subclinique pourrait néanmoins se justifier car les pertes financières associées sont importantes. Toutefois, l’évolution temporelle de l’impact clinique est encore méconnue pour le sérotype 8 dans des conditions de production occidentales. La loi des 80 % de individus immuns pour une protection clinique efficace à l’échelle d'une population s’applique-t-elle ici ? Les études sur l’impact clinique et zootechnique démarrent à peine en Belgique. En France, les équipes de recherche qui travaillent sur les conséquences du virus sur la reproduction esquissent seulement des projets. Des échos de terrain néerlandais font état d'un impact clinique “gaussien” : léger la première année, plus marqué la deuxième, mais limité la troisième année, en raison de phénomènes liés à la fois au vecteur et à l’hôte. Il pourrait en découler une décision de vacciner seulement les génisses. L’effet de l’immunité acquise reste néanmoins à préciser.

En première approche, une vaccination au cas par cas pourrait se justifier, d’après des épidémiologistes français. Elle serait réservée aux élevages où l’impact clinique ressenti est fort, tout en restant sous le contrôle des autorités sanitaires. Une telle solution impliquerait pour l’État de laisser au tandem vétérinaires sanitaires/éleveurs un pouvoir décisionnel jamais délégué pour une MARC.

Le débat sur la justification du statut de MARC de la FCO mérite d’être ouvert car les pertes associées à cette maladie sont aussi dues aux restrictions de mouvements d’animaux imposées par celui-ci.

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