Le chat et la toxoplasmose humaine : quel risque ? - Le Point Vétérinaire n° 281 du 01/12/2007
Le Point Vétérinaire n° 281 du 01/12/2007

Question de lecteur

Auteur(s) : Lénaïg Halos

Fonctions : Service de parasitologie, ENV d’Alfort, 7, avenue du Général-de-Gaulle, 94704 Maisons-Alfort

La toxoplasmose est une zoonose parasitaire cosmopolite dont la prévalence chez l’homme est élevée en France. En effet, près de 50 % de la population est porteuse du parasite. L’affection est en général bénigne chez les individus immunocompétents, mais elle peut se révéler gravissime pour les personnes immunodéprimées et lors de transmission materno-foetale du parasite chez les femmes enceintes qui contractent une primo-infection durant leur grossesse. Toxoplasma gondii est un protozoaire caractérisé par un cycle de transmission complexe qui comprend des stades digestifs chez un hôte définitif (un chat ou un autre félidé) et un stade tissulaire sous forme de kystes à bradyzoïtes chez un hôte intermédiaire (tout animal homéotherme et l’homme). La contamination s’effectue par consommation, soit d’aliments ou d’eau souillés par des oocystes émis par un félidé, soit de viande crue ou insuffisamment cuite contenant des kystes à bradyzoïtes.

Le chat excrète des oocystes peu de temps au cours de sa vie, en général une seule fois, lors de sa primo-infection. Des épisodes de ré-excrétions sporadiques sont possibles, mais les facteurs qui les favorisent ne sont pas tous connus. L’excrétion dure une vingtaine de jours au maximum, et conduit à l’émission d’un très grand nombre d’oocystes extrêmement résistants dans l’environnement et potentiellement contaminants. En dehors de cette période, le chat ne représente pas de risque pour son entourage.

La gestion du risque de toxoplasmose chez les personnes immunodéprimées ou les femmes enceintes qui possèdent un chat peut être entièrement contrôlée par le propriétaire. Le changement journalier systématique de la litière de l’animal, et le nettoyage complet avec des gants de la boîte et de tous les instruments en contact avec les fèces du chat à l’eau chaude (température supérieure à 70 °C) permettent d’éliminer les oocystes avant qu’ils n’acquièrent leur pouvoir infectieux (en 24 heures au minimum). Il convient d’éviter que cette opération ne soit réalisée par la personne à risque.

Selon de nombreuses enquêtes épidémiologiques, la possession d’un chat n’est pas considérée comme un facteur de risque de la toxoplasmose. En revanche, la consommation de viande insuffisamment cuite ou de crudités préparées hors du domicile représente un facteur de risque majeur. Les recommandations alimentaires prodiguées aux personnes à risque sont de cuire la viande à coeur, d’éviter la consommation de produits crus non lavés, de pratiquer toute activité en contact avec le sol (jardinage, etc.) avec des gants.

Le chat constitue une source initiale de T. gondii, à l’origine d’une contamination environnementale. Il intervient principalement de manière indirecte dans la contamination humaine. Ce rôle ne doit pas être négligé, mais la prise en charge d’un chat domestique par une personne à risque peut être rationnalisée.

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