Quelle place pour les Campylobacter ? - Le Point Vétérinaire n° 279 du 01/10/2007
Le Point Vétérinaire n° 279 du 01/10/2007

BACTÉRIOLOGIE DU VEAU

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QUESTION DE LECTEUR

Auteur(s) : Jacquemine Vialard

Fonctions : Pathologie infectieuse
ENV de Lyon
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-L'Étoile

Le rôle pathogène de Campylobacter coli et C. jejuni est à relativiser, mais leur antibiorésistance est surveillée.

Comme les calicivirus, les parvovirus ou les colibacilles entérovirulents, les Campylobacter ont une place mal définie au sein des entérites néonatales bovines. C. jejuni et C. coli sont régulièrement isolés chez des veaux présentant une entérite, mais ils sont aussi présents dans le tube digestif de jeunes ruminants sains. Les études de prévalence sur l’existence d’entérites à Campylobacter chez le veau donnent des résultats contradictoires (tableau complémentaire “Les Campylobacter sont-ils pathogènes dans les entérites néonatales bovines ?”, sur planete-vet.com). C. jejuni présente des capacités modérées d’adhésion et produit une toxine distendant le cytosquelette des entérocytes (CDT), mais en quantité variable selon les souches. Il est difficile de lui attribuer un pouvoir pathogène systématique [2].

Par analogie avec l’association entre Helicobacter pylori et l’ulcère gastrique chez l’homme, l’intervention de Campylobacter ou de bactéries apparentées a aussi été évoquée dans les abomasites ulcératives chez les veaux et les bovins adultes, mais elle n’a jamais été démontrée.

La prévalence des Campylobacter chez les bovins est méconnue en raison de difficultés diagnostiques. Ces bactéries peuvent être recherchées à partir de matières fécales ou d’écouvillons rectaux, mais les prélèvements doivent être acheminés sur un milieu de transport (écouvillon Amies ou Cary-Blair), en moins de 48 heures, et sous couvert du froid positif (+4°C). La recherche de ce genre bactérien doit être spécifiée au laboratoire car son isolement nécessite des milieux et des conditions de culture particuliers. Le diagnostic d’espèce, rarement réalisé en routine, reste délicat et nécessite des tests complémentaires ou des techniques de biologie moléculaire. Aucun test sérologique n’est disponible en routine.

Le cycle épidémiologique de C. jejuni et de C.coli inclut de nombreuses espèces animales et l’environnement. Le rôle des bovins n’y apparaît pas prépondérant. Toutefois, C. jejuni diffuse régulièrement au sein des élevages où il est isolé.

C. jejuni et C. coli sont la principale cause de diarrhée bactérienne humaine en pays industrialisés (environ 20 à 30 cas pour 10 000 habitants chaque année en France, (encadré complémentaire “La campylobactériose humaine”, sur planete-vet.com). Certains cas sont liés à la consommation de viande et lait d’origine bovine, mais celle de viande de volaille est le plus souvent en cause (encadré complémentaire “Campylobactériose-zoonose : facteurs de risque identifiés”, sur planete-vet.com). Les études d’épidémiologie moléculaire ne privilégient pas les ruminants comme source de contamination humaine.

L’antibiorésistance des Campylobacter jejuni et coli est surveillée dans l’espèce humaine et chez les animaux de production. Les Campylobacter sont généralement sensibles à la plupart des antibiotiques, mais des résistances acquises sont signalées vis-à-vis des macrolides, des aminosides, des ß-lactamines, des tétracyclines et des quinolones. L’antibiorésistance vis-à-vis des fluoroquinolones s’est nettement développée dans les années 90, puis s’est stabilisée, probablement grâce à l’arrêt de leur emploi comme facteurs de croissance.

L’antibiorésistance et la multirésistance sont relativement plus fréquentes chez C. coli que chez C. jejuni. Le profil d’antibiorésistance diffère peu entre les souches d’origine humaine et animale, sauf pour la résistance aux tétracyclines, qui prédomine chez l’animal [3, 4].

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