Les bienfaits bronchodilatateurs de l’aérosolthérapie - Le Point Vétérinaire n° 279 du 01/10/2007
Le Point Vétérinaire n° 279 du 01/10/2007

Coryza chez un lapin

Pratique

SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Adeline Linsart*, Hervé Pouliquen**

Fonctions :
*41, rue du Président-Roosevelt, 78500 Sartrouville
**Unité de pharmacologie et de toxicologie, ENV de Nantes

Lors d’affection respiratoire chez les petits mammifères, l’aérosolthérapie, facile à utiliser et pratiquement dépourvue d’effets secondaires, permet une excellente bronchodilatation.

Un lapin âgé de six mois est suivi pour un coryza grave. L’instauration d’un traitement antibiotique (enrofloxacine : Baytril 5 %®(1), 10 mg/kg, deux fois par jour per os) et expectorant (acétylcystéine : Exomuc 200 mg®(2) 10 mg/kg, deux fois par jour per os) a permis une légère régression des symptômes, mais de nombreux éternuements et un jetage purulent persistent. Des séances d’aérosolthérapie sont prescrites en complément.

Bonnes pratiques de l’aérosolthérapie

À la clinique, il est possible d’utiliser des cuves de nébulisation qui s’adaptent sur la sortie “oxygène” des appareils d’anesthésie gazeuse. Le propriétaire peut louer en pharmacie un dispositif pneumatique qui délivre des particules médicamenteuses.

Les solutions déposées dans la cuve de nébulisation doivent être stériles, isotoniques, de pH neutre, et ne pas présenter d’incompatibilités médicamenteuses.

La réponse thérapeutique à l’administration par nébulisation semble relativement rapide. Lors d’aérosolthérapie dans une cage, les molécules nébulisées se déposent sur le pelage de l’animal. Il convient donc de préférer des molécules hydrosolubles dont la nébulisation est excellente, mais qui sont peu résorbées par voie orale.

Lors des séances d’aérosolthérapie, l’animal est placé dans un environnement calme afin de limiter le stress.

La durée des séances ne doit pas excéder 20 minutes pour réduire le stress et éviter une fluidification excessive des sécrétions bronchiques.

L’administration d’un mucolytique (acétylcystéine) par voie orale est recommandée.

Pul Phyton®(1) : Une alternative aux corticoïdes sans AMM

Pul Phyton®, à base d’huiles de girofle et d’eucalyptus, est présenté par le laboratoire comme un produit d’hygiène. Il ne nécessite pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM). L’utilisation de composés huileux par aérosol est normalement proscrite en raison du risque de pneumonie lipidique. Il est préférable d’employer des produits dont l’industriel prévoit un usage par voie respiratoire.

Pul Phyton® exercerait une action antiseptique et décongestionnante sur les muqueuses respiratoires. Il permettrait d’optimiser la diffusion de l’antibiotique et de limiter l’utilisation des anti-inflammatoires stéroïdiens. En effet, les corticoïdes, très mal tolérés chez le lapin, peuvent être intéressants dans les affections respiratoires (bronchodilatation), même si leur administration est discutable dans un contexte infectieux (immunodépression).

Septigen 10®(1) : Des effets secondaires négligeables par voie respiratoire

Septigen 10® est une spécialité pharmaceutique vétérinaire injectable contenant de la gentamicine. Cet antibiotique de la famille des aminosides est couramment employé dans les aérosols. La gentamicine hydrosoluble est faiblement résorbée par voie pulmonaire et les effets secondaires toxiques habituellement associés à son utilisation (ototoxicité, néphrotoxicité) sont très limités. Par ailleurs, son action bactéricide de large spectre, notamment sur les pasteurelles, staphylocoques, bordetelles et klebsielles, est intéressante dans les affections respiratoires du lapin.

L’association de la gentamicine par voie pulmonaire et de l’enrofloxacine par voie orale permet une synergie des deux antibiotiques tout en diminuant les doses, donc les effets secondaires associés. Quelle que soit la molécule, la quantité de médicament à administrer par nébulisation n’est pas clairement établie. Il convient de tenir compte de la posologie par voie parentérale (gentamicine : 4 mg/kg/j par voie intramusculaire chez le lapin) et du volume à nébuliser (volume minimal pour le fonctionnement de la cuve à nébulisation). Un diluant stérile, isotonique et de pH neutre est utilisé si nécessaire.

  • (1) Les fiches des médicaments et produits d’hygiène sont consultables sur le site planete-vet.com, rubrique DMV.

  • (2) Médicament à usage humain.

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