Amputation de la queue chez un bovin adulte - Le Point Vétérinaire n° 277 du 01/07/2007
Le Point Vétérinaire n° 277 du 01/07/2007

Chirurgie des bovins laitiers

Pratique

PAS À PAS

Auteur(s) : Anne-Marie Bélanger*, Sébastien Buczinski**

Fonctions :
*Faculté de médecine vétérinaire
3200 rue Sicotte, J2S 7C6 St-Hyacinthe, Québec, Canada
**Faculté de médecine vétérinaire
3200 rue Sicotte, J2S 7C6 St-Hyacinthe, Québec, Canada

La caudectomie est indiquée après certains traumatismes et utilisée en élevage laitier lors de traite par l’arrière.

Certaines situations cliniques requièrent une amputation de la queue chez les bovins, par exemple une fracture des vertèbres coccygiennes ou une lacération cutanée profonde.

L’Amérique du Nord et certains pays européens disposent d’un certain recul sur la caudectomie bovine. En effet, ce geste y est fréquemment pratiqué en élevage de bovins laitiers, pour améliorer le confort du trayeur, surtout dans les salles de traite avec abord par l’arrière de l’animal(1).

Une justification hygiénique a parfois été avancée pour la caudectomie de convenance, la mamelle restant plus propre, mais cela ne semble pas avéré [1].

• La méthode traditionnelle de caudectomie consiste à poser un anneau élastique de castration sur la queue du jeune bovin, ce qui provoque une nécrose sèche aseptique. Cette technique est très rapide et efficace, mais comporte le désavantage d’être inesthétique à court terme, encore plus chez l’adulte (deux mois peuvent s'écouler avant que la queue ne tombe) [2]. D’autres techniques, telles que l’usage de la pince à castrer Burdizzo, peuvent aussi être employées pour la caudectomie.

• Lorsqu’une caudectomie chirurgicale est envisagée chez un bovin adulte, il convient de disposer d’une vingtaine de minutes. Un matériel chirurgical standard suffit. Quelques soins de plaie post-opératoires s’imposent, principalement si la plaie n’a pas été gardée assez propre et s’infecte (rinçage de plaie, exceptionnellement hydrothérapie).

Selon notre expérience, une antibiothérapie prophylactique ou curative est rarement nécessaire. Une injection prophylactique antitétanique peut être administrée, selon le contexte épidémiologique.

• La hauteur de l’incision est adaptée à la situation (site de fracture, de plaie, hauteur souhaitée par le vacher).

Il convient si possible de garder une longueur de queue permettant de couvrir la vulve. Cela permet d’éviter les coups de soleil sur cette zone et facilite la détection d’écoulements vaginaux ou utérins. Couper une queue près de son attache prive aussi l’éleveur d’un moyen de contention appréciable. Les saignements peropératoires ont tendance à être plus abondants pour des coupes hautes [2].

À l’inverse, si la plaie d’amputation est trop distale, elle est plus exposée aux infections (la queue touche le sol lorsque la vache est couchée). Les queues amputées, mais laissées trop longues, peuvent paradoxalement devenir une source d’inconfort pour le trayeur ou celui qui manipule les animaux.

Avec un bon contrôle des mouches dans les locaux d’élevage, la caudectomie ne semble pas perturber le comportement des vaches [1].

  • (1) Note de la rédaction : aucun interdit législatif européen ne vise les actes de convenance pratiqués chez les bovins laitiers (écornage, caudectomie). Le cahier des charges bio encourage à ne pas réaliser la caudectomie systématiquement, mais sans l’interdire.

EN SAVOIR PLUS

Ducharme GD. Sacral fracture. In: Fubuni SL, Ducharme NG. Farm animal surgery. Saunders, St-Louis. 2004:312-313.

Références

  • 1 - Aubry P. Routine surgical procedure in dairy cattle under field conditions: abomasal surgery, dehorning and tail docking. Vet. Clin. North Am. Food Anim. Pract. 2005;21:55-72.
  • 2 - Stull LC, Payne AM, Berry LS, et coll. Evaluation of the scientific justification for tail docking in dairy cattle. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2002;220(9):1298-1303.
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