Mammite gangreneuse chez la chienne reproductrice - Le Point Vétérinaire n° 276 du 01/06/2007
Le Point Vétérinaire n° 276 du 01/06/2007

Reproduction de la chienne

Mise à jour

LE POINT SUR…

Auteur(s) : Emmanuel Fontaine*, Marie-Laure Tanneur**, Alexandre Josien***

Fonctions :
*Cerca-ENVA
7, avenue du Général-de-Gaulle
94700 Maisons-Alfort
**19, route de Léguevin
31820 Pibrac
***19, route de Léguevin
31820 Pibrac

Les mammites gangreneuses sont souvent très spectaculaires. Elles ont des répercussions sur l’état général de la chienne et une intoxication des chiots est possible par ingestion du lait.

Les mammites septiques, inflammations des glandes mammaires d’origine bactérienne, peuvent atteindre une ou plusieurs mamelles, mais aussi une ou plusieurs parties de la glande, en raison de la séparation de la mamelle en plusieurs systèmes sécrétoires indépendants.

Elles sont rares chez la chienne et touchent essentiellement les animaux lors de la lactation. Elles sont rarement associées à une pseudo-gestation (seulement 2 % des cas) [8, 12].

Ces mammites aiguës peuvent évoluer soit en mammites chroniques, soit en mammites gangreneuses. Il convient de toujours s’intéresser aux chiots car, s’ils ont consommé du lait, ils sont susceptibles d’être également touchés et de développer un syndrome du lait toxique [6].

Cet article développe les principales caractéristiques de cette affection ainsi que les possibilités diagnostiques et thérapeutiques. La mise en œuvre pratique de ces connaissances théoriques est illustrée à l’aide d’un cas clinique.

Symptômes

1. Chez la mère

La mère présente les symptômes habituels d’une infection bactérienne : abattement, léthargie, hyperthermie (température souvent supérieure à 40 °C). Elle ne s’occupe plus de ses chiots et les empêche parfois de téter [5, 7, 17].

Une atteinte générale plus marquée est possible dans les cas plus graves : diarrhée, vomissements, muqueuses sèches et congestionnées, pétéchies, hématurie, méléna. Les symptômes locaux sont soit localisés à la base ou au voisinage du trayon, soit étendus à toute la mamelle. Ils sont semblables à tout signe d’inflammation : mamelle chaude, œdématiée, douloureuse, ferme à la palpation (photo 1). Le trayon est turgescent, la peau de la mamelle est rouge, luisante, tendue et sensible.

L’aspect du lait n’est pas un critère objectif. Parfois normal, il peut être purulent, jaune verdâtre ou marron rougeâtre. Les sécrétions des différents ostiums ne sont pas toujours toutes modifiées.

2. Chez les chiots : le syndrome du lait toxique

À la suite d’une mammite, une mortalité néonatale peut survenir chez des chiots normaux à la naissance, de quelques heures à quelques jours après la tétée [7, 9]. Les chiots sont faibles, gémissent et refusent de téter. Ils ne prennent pas de poids et présentent parfois une diarrhée plus ou moins verdâtre, ainsi que des signes de septicémie (refroidissement débutant par les extrémités, congestion violacée de la peau et des muqueuses, déshydratation, pneumonie), ce qui aboutit à la mort. Un signe caractéristique est la protrusion de la muqueuse anale, qui apparaît alors violacée.

Les bactéries présentes dans le lait ne sont pas toujours directement responsables de l’état du chiot.

Dans certains cas, ces bactéries et/ou les toxines transmises lors de la tétée sont à l’origine d’une dépression immunitaire, prédisposant le chiot à d’autres infections bactériennes ou virales [4, 14, 15].

Les chiots nouveau-nés (entre 3 et 14 jours) sont les plus sensibles à ce type d’affection qui peut cependant atteindre des animaux plus âgés.

Évolution

1. Chez la mère

Les mammites septiques aiguës peuvent évoluer de deux façons : soit chronique, soit en mammite gangreneuse [7, 8].

Dans ce cas, les symptômes généraux sont accentués, des signes locaux caractéristiques apparaissent, dont un sillon disjoncteur, et la peau recouvrant les mamelles devient alors noirâtre. Un sphacèle se forme, puis s’ouvre et laisse s’écouler un pus noirâtre contenant des débris de tissus nécrosés (photo 2). La suppuration se prolonge jusqu’à l’élimination complète du tissu nécrosé (photo 3), puis les symptômes régressent et la plaie cicatrise. Lors de guérison, la cicatrisation est complète. Une deuxième mamelle est parfois atteinte. Dans de rares cas, ces mammites gangreneuses peuvent entraîner un choc endotoxinique fatal [5]. La mort survient alors dans les deux à cinq jours.

2. Chez les chiots

L’évolution, très variable, dépend surtout de la quantité de lait toxique ingérée. Si les chiots présentent des signes évocateurs du syndrome du lait toxique, ils dépérissent et, sans traitement, la mort peut s’ensuivre [10].

Étiologie

1. Mode de contamination

• Chez la mère, les mammites septiques sont liées à la pénétration de germes, par voie ascendante ou descendante [8].

• De façon ascendante, des lésions créées sur les trayons et la peau par l’intermédiaire des chiots ou de la chienne elle-même, qui se lèche, constituent une porte d’entrée pour les bactéries. Ceux-ci proviennent le plus souvent de l’environnement : une mauvaise maîtrise de l’hygiène de la maternité accentue les risques. En raison de la douleur, la chienne refuse de se laisser téter, ce qui entraîne une rétention lactée qui favorise la multiplication bactérienne.

• Par la voie descendante, la contamination s’effectue par voie hématogène ou lymphatique. Le développement important de l’irrigation du tissu mammaire pendant la lactation favorise ce type de dissémination. Un processus infectieux associé, comme une métrite aiguë, peut être à l’origine d’unetelle contamination. Les mammites septiques en péripartum sont souvent les complications les plus fréquentes des métrites puerpérales. En effet, lors de pyohémie puerpérale d’origine utérine, des germes sont embolisés et vont atteindre les organes les plus irrigués, dont les mamelles au moment de la lactation [1].

2. Bactériologie

Dans la majorité des cas, les bactéries isolées lors de cultures bactériennes dans le lait de chiennes à mammites sont des staphylocoques, Escherichia coli et des streptocoques β-hémolytiques [13].

Les staphylocoques, coques à Gram+, sont responsables de 80 % des mammites. Beaucoup sont commensaux de la peau et des muqueuses : les mamelles peuvent donc être facilement souillées. Ils pénètrent essentiellement par voie lymphatique lors de lésions cutanées. La majorité des mammites gangreneuses sont liées à des staphylocoques plus virulents qui ont la capacité de sécréter des hémolysines.

Les plus fréquemment isolés sont Staphylococcus intermedius, Staphylococcus aureus (responsable de gangrène), Staphylococcus pyogenes et des staphylocoques hémolytiques.

Les streptocoques, autres coques à Gram+, sont beaucoup moins fréquents et essentiellement responsables des mammites d’origine hématogène rencontrées lors de métrite. Dans la majorité des cas, Streptococcus canis est isolé.

D’autres germes sont retrouvés, notamment Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Proteus mirabilis.

Les différentes bactéries citées peuvent être retrouvées seules ou en association.

Examens complémentaires

Les examens de choix à réaliser sont :

- une échographie utérine pour rechercher des signes de métrite associée ;

- un examen bactériologique [7, 13].

Le prélèvement doit être réalisé dans les conditions les plus stériles possible. La glande atteinte est désinfectée (nettoyage à la polyvidone iodée savon, rinçage au sérum physiologique).

Par pression sur la mamelle, les sécrétions sont récoltées sur un support ouaté stérile à l’exception de la première goutte qui doit être éliminée ; ni la peau, ni les poils ne doivent être touchés afin de ne pas contaminer le prélèvement.

Ce dernier est envoyé au laboratoire. Le résultat est considéré comme négatif si aucune culture bactérienne n’est visible après 96 heures.

Lors de mortalité néonatale, une bactériologie doit aussi être réalisée le plus rapidement possible sur les cadavres, en prélevant notamment l’encéphale, la moelle osseuse, la rate, le foie, le cœur, le rein et le poumon [13]. À moins de disposer d’un laboratoire à proximité capable de prendre en charge très rapidement le cadavre, il est préférable de réaliser soi-même les prélèvements pour éviter les contaminations bactériennes liées à l’autolyse post-mortem.

La cytologie sur le lait présente peu d’intérêt chez le chien. En effet, la quantité de polynucléaires retrouvés dans le lait n’est pas prédictive et des laits normaux peuvent en contenir de grandes quantités.

Pronostic

Lors de mammite aiguë non compliquée, le pronostic est en général bon pour la mère car le traitement est relativement facile. Lors d’une mammite gangreneuse, une résorption de produits toxiques peut survenir, ce qui entraîne des lésions hépatiques. Le pronostic est alors beaucoup plus sombre. L’animal doit être hospitalisé jusqu’à l’apparition du sphacèle. Pour les chiots, le pronostic dépend de leur état général et de la quantité de lait toxique qu’ils ont pu consommer.

Traitement

1. Traitement général

• Une antibiothérapie systémique est instaurée pendant dix jours [6, 8, 11]. Le choix de l’antibiotique dépend des résultats de l’antibiogramme et de la décision de laisser ou non les chiots à la mamelle. La céfalexine (30 mg/kg/j), très bien tolérée par les chiots, est donc à privilégier lorsqu’ils continuent à téter [9].

Une antibiothérapie de première intention doit être mise en place en attente des résultats bactériologiques. Elle tient compte du fait que les bactéries à Gram+ sont le plus souvent responsables de mammites, et fait appel à des céphalosporines de première génération ou à des pénicillines résistantes aux β-lactamases (céfalexine, amoxicilline-acide clavulanique).

• Si les chiots continuent à téter, certains antibiotiques sont à proscrire :

- les tétracyclines, à l’origine de malformations osseuses, de décoloration jaunâtre et de dysplasie dentaire ;

- les fluoroquinolones car leur innocuité chez le chiot n’est pas prouvée ; elles pourraient être à l’origine de perturbation des cartilages de croissance et ne doivent donc pas être prescrites tant que ces derniers ne sont pas fermés ;

- les antibiotiques ne doivent pas entraîner un dérèglement de la flore bactérienne digestive des chiots, ce qui peut survenir avec l’association amoxicilline-acide clavulanique.

2. Traitement local

Dans la phase aiguë, des compresses froides sont appliquées sur la mamelle afin de réduire la gêne et la congestion. Dans un second temps, une fois le sillon disjoncteur apparu, des compresses chaudes permettent de faire mûrir le sphacèle.

3. Traitement chirurgical

Lors de mammite gangreneuse, l’état général de l’animal s’améliore après la formation du sphacèle. Il est donc préférable de laisser celle-ci s’effectuer plutôt que de pratiquer rapidement une ablation de la mamelle.

Les plaies sont drainées chirurgicalement et irriguées, puis traitées comme une plaie ouverte. Si la perte tissulaire n’est pas trop importante, une cicatrisation par seconde intention peut être envisagée.

4. Retrait des chiots

Les chiots doivent être retirés de la mamelle lors de mammite gangreneuse. Ils sont isolés et nourris avec un lactoremplaceur, même une fois l’antibiothérapie mise en place.

L’allaitement artificiel est très contraignant, surtout si le nombre de chiots est élevé : un chiot de moins de deux semaines doit être nourri toutes les trois heures. Si les chiots sont suffisamment âgés (à partir de trois semaines), il est conseillé de les sevrer.

Dans un contexte d’élevage, l’utilisation d’une nourrice peut être envisagée.

5. Arrêt de la lactation

La lactation doit être arrêtée lorsque les chiots sont séparés de la mère. La diète hydrique et alimentaire est déconseillée chez une chienne qui a présenté une infection, car elle pourrait favoriser la résorption de toxines. Elle est donc réalisée par un traitement médical à base d’antiprolactiniques, par exemple la cabergoline, à la dose de 5 µg/kg/j pendant sept jours.

Prévention

La prévention du risque de mammite passe par des gestes simples que le praticien doit signaler au propriétaire avant la mise bas [3, 4, 16].

La première étape est de prendre garde à ce que l’hygiène de la pièce qui fait office de maternité soit bonne. Ce lieu doit pouvoir être facilement nettoyé et désinfecté (privilégier un endroit carrelé), tout en permettant le confort de la mère et des chiots. Nettoyage et désinfection sont réalisés au moins une fois par jour. Les caisses en carton ou en bois non traité où les bactéries s’incrustent plus facilement sont à proscrire.

Il convient de couper les ongles des chiots régulièrement, de façon à ce qu’ils ne provoquent pas de lésions de la mamelle, portes d’entrée pour les bactéries.

Un contrôle quotidien de la mamelle en palpant et en extrayant une petite quantité de lait pour s’assurer de sa consistance et de sa couleur peut être réalisé, mais dans des conditions d’hygiène rigoureuse, de façon à ne pas favoriser la pénétration de bactéries présentes sur les mains.

La mammite gangreneuse est facile à reconnaître. Sa bonne gestion clinique conditionne la survie des chiots, qui ne doivent pas être omis dans le traitement. Une chienne qui a subi une mammite gangreneuse peut être remise à la reproduction sans que de nouvelles complications ne surviennent. Néanmoins, les mamelles inguinales étant généralement les plus touchées, donner le biberon aux chiots sera certainement nécessaire.

Cas clinique

Une chienne labrador âgée de trois ans en lactation est présentée en urgence pour une diarrhée mucoïde aiguë associée à un abattement sévère.

1. Commémoratifs

Cette chienne, correctement vaccinée et vermifugée, a mis bas sa deuxième portée cinq semaines plus tôt. Celle-ci était composée de neuf chiots, dont sept sont actuellement à la mamelle, deux étant morts dans les jours qui ont suivi leur naissance. Les sept chiots sont en parfaite santé et n’ont présenté aucun trouble jusqu’ici.

2. Anamnèse

La propriétaire rapporte de nombreux épisodes de diarrhée depuis le début de la journée. Elle décrit également un état d’abattement de plus en plus prononcé, ainsi qu’une boiterie d’appui du membre postérieur gauche.

3. Examen clinique

La chienne est très abattue et se déplace difficilement. Les principaux signes cliniques relevés lors de l’examen sont :

- une température rectale de 40,6 °C ;

- des muqueuses oculaires et buccales pâles ;

- la présence sur les mamelles de lésions de griffure et d’irritation, liées certainement aux griffes des chiots. La mamelle M5 gauche est hypertrophiée, chaude et très douloureuse, ce qui signe une mammite aiguë ; aucune anomalie n’ayant été décelée à l’examen orthopédique, celle-ci est certainement à l’origine de la boiterie observée. Le lait de cette mamelle est de couleur blanche et d’aspect macroscopique normal.

Un épisode de vomissements et de diarrhée a lieu dans la salle de consultation, un peu de sang en nature est retrouvé dans le vomitat et les excréments. La diarrhée est de type mucoïde, orange et nauséabonde.

Quelques minutes après son arrivée, la chienne est en décubitus latéral sur la table de consultation. Les symptômes s’aggravent : vasoconstriction périphérique intense avec muqueuses blanches, refroidissement des extrémités, tachycardie dépassant les 180 battements par minute.

Avant toute investigation complémentaire et en raison d’une forte suspicion de choc septique, des premiers soins sont mis en place en urgence : perfusion de chlorure de sodium isotonique à un débit de 90 ml/kg/h, injection de marbofloxacine (Marbocyl®) à la dose de 2 mg/kg par voie intraveineuse.

4. Hypothèses diagnostiques

Les commémoratifs et les signes cliniques orientent le diagnostic vers un choc septique, complication systémique d’un foyer infectieux qui semble d’origine mammaire. Les signes digestifs ne peuvent écarter l’hypothèse d’un foyer digestif primaire.

5. Examens complémentaires

Les examens complémentaires réalisés sont détaillés dans l’encadré. Leurs résultats confirment l’hypothèse d’un foyer infectieux primaire d’origine mammaire.

6. Traitement et évolution

• La chienne étant stabilisée, elle est hospitalisée et maintenue sous perfusion à un débit de 4 ml/kg/h pour compenser la déshydratation.

En raison de la mammite clinique, un traitement antibiotique à base de céfalexine (Rilexine®) à la dose de 30 mg/kg par voie intraveineuse deux fois par jour est instauré. Les symptômes de gastro-entérite cessent dès le début de l’hospitalisation. Un traitement à base de cimétidine (Tagamet®(1)) à raison de 10 mg/kg par voie intraveineuse trois fois par jour et de métoclopramide (Primpérid®) à la dose de 0,5 mg/kg par voie sous-cutanée trois fois par jour est cependant poursuivi pendant 48 heures. Pour lutter contre l’hyperthermie et l’inflammation de la mamelle, de l’acide tolfénamique (Tolfédine®) est administré, à raison de 4 mg/kg/j par voie sous-cutanée pendant quatre jours. Des compresses froides sont placées sur la mamelle douloureuse pour diminuer l’inflammation.

L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peut être discutée. En effet, les toxines staphylococciques sont hypothermisantes et la chute de la température est donc un signe d’aggravation de l’affection. Leur emploi pourrait ainsi leurrer le praticien en lui faisant croire à une amélioration.

• L’état général de l’animal s’améliore progressivement, pour devenir satisfaisant après 48 heures, jusqu’à justifier sa sortie de l’hôpital, la propriétaire étant à même de réaliser le traitement.

Les chiots sont alors âgés de quatre semaines et ne présentent aucun signe clinique. Ils sont sevrés avec un aliment adapté (Starter Royal Canin®). Celui-ci est tout d’abord donné sous forme de bouillie (croquettes mixées), mélangée à du lait maternisé. Le passage aux croquettes sèches est réalisé peu à peu sur une semaine.

La mamelle atteinte a évolué de la façon suivante :

- à T0 + 6 h, elle est œdématiée et indurée (photo 4) ;

- à T0 + 18 h, un sillon disjoncteur de couleur violacée apparaît en arrière de M5 gauche (photo 5) ;

- à T0 + 24 h, la zone délimitée par le sillon disjoncteur prend une couleur lie-de-vin (photo 6) ;

- à T0 + 27 h, la nécrose tissulaire conduit à la formation d’un liquide contenu par l’épiderme (photo 7) ;

- à T0 + 36 h, le volume de la collection liquidienne a augmenté et du liquide séro-hémorragique commence à s’écouler, marquant le début de l’abcédation (photo 8) ;

- à T0 + 72 h, la mamelle s’est gangrenée au niveau du sillon disjoncteur (photo 9).

Devant l’importance de la perte tissulaire, un traitement chirurgical est décidé.

Lors d’une première anesthésie, la mamelle et les tissus dévitalisés adjacents sont retirés. Pour favoriser la détersion, des points d’appui transcutanés sont placés autour de la plaie pour réaliser un pansement en anse de corbeille. La plaie est drainée localement avec du sérum physiologique deux fois par jour, jusqu’à disparition complète du tissu nécrosé. Le pansement est constitué chaque fois de compresses sèches. Après une semaine de soins locaux, la détersion est jugée suffisante et la décision de refermer la plaie est prise. Celle-ci est parée sous anesthésie et suturée. La cicatrisation se réalise sans difficulté et la chienne se rétablit.

La mammite gangreneuse est une affection spectaculaire dont les répercussions sur l’état général de la mère et sur les chiots sont graves. Sa gestion est simple et conduit à une guérison sans conséquences ultérieures.

  • (1) Médicament à usage humain.

POINTS FORTS

• La mammite gangreneuse associe des symptômes locaux (inflammation de la mamelle, suivie de gangrène) et des répercussions sur l’état général.

• Il convient d’empêcher les chiots de téter pour éviter le risque de syndrome du lait toxique.

• Le traitement associe une antibiothérapie générale, un traitement local de plaie et l’arrêt de la lactation.

• La prévention requiert une bonne hygiène de la mise bas et du post-partum.

Encadré : Résultats des examens complémentaires

• Numération et formule sanguines : leucopénie à 3 200 cellules/l, probablement liée à une consommation de leucocytes dans le foyer infectieux.

• Bilan biochimique et électrolytique : aucune anomalie notable.

• Échographie abdominale : cet examen est réalisé pour rechercher un autre foyer infectieux ; aucune anomalie n’est notée, en particulier aucune trace de métrite, ce qui est en faveur d’un foyer mammaire primaire.

• Écouvillonnage rectal pour PCR (polymerase chain reaction) parvovirose : cet examen est réalisé en raison de l’association des signes digestifs et de la leucopénie. Le résultat est négatif.

Références

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