Souffle basal exploré par examen écho-Doppler chez un boxer - Le Point Vétérinaire n° 275 du 01/05/2007
Le Point Vétérinaire n° 275 du 01/05/2007

Cardiologie du chien

Pratique

CAS CLINIQUE

Auteur(s) : François Serres*, Valérie Chetboul**, Carolina Carlos Sampedrano***, Vassiliki Gouni****, Jean-Louis Pouchelon*****

Fonctions :
*Unité de cardiologie, ENV d’Alfort
**Unité de cardiologie, ENV d’Alfort, UMR INSERM-ENVA U841
***Unité de cardiologie, ENV d’Alfort, UMR INSERM-ENVA U841
****Unité de cardiologie, ENV d’Alfort, UMR INSERM-ENVA U841
*****Unité de cardiologie, ENV d’Alfort, UMR INSERM-ENVA U841

Une chienne boxer non stérilisée de 18 mois est présentée pour un examen écho-Doppler afin de réaliser un dépistage de cardiopathie congénitale.

Une semaine avant la consultation, un souffle basal de faible intensité a été détecté par le vétérinaire traitant, faisant suspecter la présence d’une sténose aortique. Aucun antécédent pathologique n’est rapporté par la propriétaire ; l’animal est sportif et en excellente condition physique.

L’examen cardiovasculaire révèle une fréquence cardiaque normale (95 battements par minute) associée à un rythme régulier et à un pouls frappé, synchrone. Lors de l’auscultation, les bruits cardiaques sont d’intensité normale et le souffle systolique basal gauche de faible intensité (1/6) est retrouvé.

Diagnostic

Un examen échocardiographique est décidé pour explorer l’origine de ce souffle. Il ne montre aucune hypertrophie pariétale ni aucune dilatation cavitaire. Enmode Doppler couleur, pulsé et continu, l’examen révèle des flux aortique et pulmonaire laminaires, de vélocités normales (Vmax = 1,8 m/s et 1,6 m/s, respectivement), sans signe d’obstruction (figure 1). En mode bidimensionnel du septum, il indique la présence d’une communication interatriale (CIA) de petit diamètre (3 mm). Un shunt gauche-droit est confirmé en mode Doppler couleur (figure 2). Cette anomalie mineure est bien tolérée, aucun signe d’hypertension artérielle pulmonaire secondaire n’est mis en évidence. L’animal est classé indemne de sténoses aortique et pulmonaire.

Discussion

• La formation du septum séparant les atria s’effectue par des phénomènes complexes de prolifération/résorption tissulaires. La persistance d’une communication est fréquente et correspond à diverses anomalies du développement embryonnaire.

Les CIA de type ostium secondum, dans lesquelles la communication est située dans la portion moyenne du septum interatrial, sont les plusfréquentes chez les carnivores domestiques [1]. Elles sont le plus souvent bien tolérées, et constituent dans la grande majorité des cas une découverte fortuite au cours d’un examen échocardiographique.

• Le boxer présente une très nette prédisposition à laCIA. Dans une étude récente, l’anomalie est indétectable cliniquement dans les trois quarts des cas. Le principal signe décrit est une intolérance à l’effort. L’auscultation ne révèle un souffle basal gauche, toujours de faible intensité (< 3/6), que chez un quart des animaux [1]. Cette discrétion clinique, associée à la nécessité de réaliser un examen écho-Doppler attentif pour établir le diagnostic, explique la méconnaissance de cette affection, dont l’incidence a longtemps été sous-estimée, comme chez l’homme.

• La découverte d’un souffle chez un boxer ne peut donc en aucun cas constituer un élément suffisant pour établir le diagnostic d’une sténose aortique. La prévalence d’un souffle basal est extrêmement élevée dans cette race (56 à 77 % des animaux) [2].

Dans une étude portant sur 105 cas de malformation congénitale détectée chez des boxers présentés à l’Unité de cardiologie de l’ENV d’Alfort, les sténoses sous-aortiques sont moins fréquentes que les communications interatrialeset les dysplasies mitrales [3].

• Dans 49,5 % des cas, deux cardiopathies ou plus sont associées chez le même animal. L’exemple du boxer souligne la nécessité de réaliser un examen écho-Doppler complet et rigoureux lors du dépistage d’une cardiopathie congénitale.

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