Prothèse lors de rupture du ligament croisé cranial - Le Point Vétérinaire n° 274 du 01/04/2007
Le Point Vétérinaire n° 274 du 01/04/2007

CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE CANINE

Pratiquer

EN IMAGES

Auteur(s) : Jean-Guillaume Grand

Fonctions : service de chirurgie du Centre hospitalier vétérinaire de Nantes, ENVN

Une prothèse extra-articulaire latérale placée par une technique de Flo modifiée lors de rupture du ligament croisé cranial stabilise l’articulation.

La rupture du ligament croisé cranial (RLCC) est la cause de boiterie la plus fréquente chez le chien [9]. De nombreuses techniques chirurgicales ont été utilisées et, malgré des arguments en faveur et contre chacune de ces procédures, la meilleure reste encore à déterminer. De manière générale, deux grands types de méthodes chirurgicales peuvent être distingués : les techniques de stabilisation passives et les techniques de stabilisation dynamiques.

Les procédures de stabilisation passives ont pour objectif de rétablir la fonction du ligament croisé cranial rompu et stabilisent l’articulation du grasset pendant les deux temps de la marche (phases de soutien et d’appui) en annulant le signe du tiroir antérieur. Elles utilisent soit une prothèse biologique de fascia lata à trajet intra-articulaire (technique “over the top”) ou extra-articulaire, soit une prothèse synthétique extra-articulaire, soit les deux simultanément. Elles visent à stabiliser l’articulation le temps que la fibrose péri-articulaire se mette en place et confère une stabilité à long terme. Le premier objectif du traitement chirurgical est de stabiliser l’articulation du grasset pour ralentir la progression de l’ostéoarthrose, mais celle-ci s’étend inévitablement, avec ou sans intervention [8]. Deux voies d’abord de l’articulation du grasset sont décrites pour la mise en place d’une prothèse extracapsulaire latérale (voir le tableau complémentaire “Comparaison de différentes voies d’abord de l’articulation du grasset” sur planete-vet.com) [2, 4]. Cet article décrit la mise en place d’une prothèse extra-articulaire latérale de nylon par une arthrotomie latérale sur un grasset droit.

À l’inverse, les techniques de stabilisation dynamiques stabilisent le grasset uniquement lors de la mise en charge du membre. Ce sont les techniques d’ostéotomie de nivellement du plateau tibial (TPLO en anglais), d’ostéotomie en coin du plateau tibial (CTWO en anglais) ou d’avancement de la tubérosité tibiale (TTA en anglais) [3, 6, 7, 9]. Bien que le choix de la stratégie chirurgicale soit fonction des préférences du chirurgien, un certain nombre de considérations peuvent servir de guide dans l’approche thérapeutique :

- une étude a démontré que la technique chirurgicale influence le pronostic postopératoire [1]. Les résultats de récupération fonctionnelle à deux et à six mois post­opératoires des stabilisations par prothèse synthétique extra-articulaire latérale et par TPLO sont significativement supérieurs à ceux obtenus par des techniques intra-articulaires 

- les points d’ancrage d’une prothèse synthétique extra-capsulaire varient selon les chirurgiens, mais ils ne semblent pas influencer l’ampleur du signe du tiroir [5] 

in vitro, aucune différence significative n’a été observée concernant l’importance de la translation craniale du tibia par rapport au fémur entre des prothèses extra-articulairesbiologiques (fascia lata/ligament tibio-rotulien) ou synthétiques [5]. Cependant, cette étude ne renseigne pas sur la perte de résistance en tension de ces prothèses avec le temps 

- l’évolution arthrosique ne diffère pas entre la TPLO et une stabilisation extra-capsulaire par prothèse synthétique [8].

Une antibiothérapie est instaurée lors de l’induction de l’anesthésie (céfalexine, 20> mg/kg). Sa poursuite postopératoire n’est pas justifiée si les principes d’asepsie ont été respectés.

Une immobilisation par un pansement de type Robert Jones est mise en place pour 24 à 48heures.

L’analgésie est assurée par de la morphine (0,2> mg/kg par voie intraveineuse ou sous-cutanée) durant les 48 premières heures et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (carprofène, Rimadyl®, 4> mg/kg par voie intraveineuse ou sous-cutanée) pendant une semaine.

Un repos strictdoitêtre observé durant deux mois.

Matériel nécessaire

Matériel classique de chirurgie générale

Solution de rinçage isotonique (Ringer lactate ou NaCl 0,9 %)

Un mandrin de Jacob

Une broche de Kirshner de diamètre 1,6 à 2

Un écarteur de Gelpi

Un rétracteur de Senn

Un levier de Hohmann

Une suture irrésorbable tressée (ici, une bande de polyamide, Ercelacs®)

Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr