Décoder le RCP des médicaments vétérinaires immunologiques - Le Point Vétérinaire n° 273 du 01/03/2007
Le Point Vétérinaire n° 273 du 01/03/2007

PHARMACIE VÉTÉRINAIRE

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NOUVEAUTÉS

Auteur(s) : Caroline Guittré*, Pierre Chenuaud**, Catherine Cougé***, Céline Lorteau****, Christine Miras*****, Jean-Claude Rouby******

Fonctions :
*Afssa-ANMV, BP 90203
35302 Fougères Cedex

Le contenu des RCP des médicaments vétérinaires immunologiques est très codifié, mais il apporte des informations utiles au praticien.

La notice et l’étiquetage d’un médicament vétérinaire découlent d’un document approuvé par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) : le résumé des caractéristiques du produit (RCP). Ses informations sont issues d’une évaluation scientifique et de la procédure d’autorisation de mise sur le marché (AMM).

Comment est établi le RCP ?

L’AMM d’un médicament vétérinaire est obtenue par une procédure nationale ou européenne. Lors d’une procédure européenne, le RCP résulte d’un consensus obtenu après discussion entre les pays concernés par le dossier. À l’issue de ces procédures, il est approuvé par l’ANMV.

Le contenu du RCP est défini à l’article 14 de la directive n° 2001/82/CE dont l’annexe I expose le contenu du dossier d’AMM [1]. Pour les médicaments immunologiques, elle précise les essais analytiques à réaliser en cours de production et sur le produit fini, et les études destinées à démontrer l’innocuité et l’efficacité du produit.

L’objectif du RCP est de fournir une information détaillée et objective sur les conditions de l’AMM. Pour les médicaments vétérinaires les plus récents autorisés en France, le RCP complet est disponible sur un site spécifique. Cent douze médicaments immunologiques sont recensées. Pour les médicaments plus anciens, le but de l’ANMV est de les réévaluer pour disposer d’un RCP validé pour chacun d’eux.

Que comprend le RCP ?

1 Dénomination du médicament vétérinaire. Elle ne doit pas prêter à confusion pour la composition et l’effet thérapeutique du produit, ni avec une autre spécialité.

2 Compositions qualitative et quantitative. Elles sont fournies pour les principes actifs et les excipients dont la connaissance est importante pour le bon usage du médicament. Pour les vaccins, la nature des adjuvants et des conservateurs est signalée. Pour les principes actifs, la composition qualitative indique si le germe (virus, bactérie, champignon) est vivant ou inactivé, et la souche utilisée.

La composition quantitative est donnée en valeur minimale par dose, si possible en unités internationales. La directive n° 2001/82/CE rend obligatoire l’application des monographies de la Pharmacopée européenne pour la préparation des demandes d’AMM. Actuellement, 67 vaccins et quatre immunosérums font l’objet d’une monographie. Elle précise les modalités de production du médicament, les contrôles à effectuer sur le produit fini et fixe des exigences minimales d’acceptabilité.

Le demandeur d’AMM signale le contrôle réalisé sur le médicament et détermine les unités utilisées pour définir la quantité. De son côté, l’ANMV vérifie la cohérence et la validité du contrôle et de ces unités.

3 Forme pharmaceutique. Elle correspond aux termes définis par la Pharmacopée européenne. Elle fournit une description de l’apparence des produits, comme la couleur.

4 Informations cliniques

• Les espèces, voire les sous-catégories (par exemple, porc charcutier), sont indiquées.

• Les indications sont pré­cisées par espèce cible et étayées par les données d’efficacité du dossier d’AMM. Afin de standardiser les revendications des vaccins, le groupe de travail Immunologie a élaboré une ligne directrice qui définit la terminologie à utiliser en fonction des résultats fournis (voir l’ENCADRÉ « Groupe de travail Immunologie ») [2]. Le médicament est destiné à :

- prévenir la mortalité, les signes cliniques et/ou les lésions dus à la maladie ;

- prévenir l’infection ;

- réduire la mortalité, les signes cliniques et/ou les lésions dus à la maladie ;

- réduire l’infection.

La mise en place de l’immunité et la durée de celle-ci sont aussi mentionnées.

L’ensemble des essais d’innocuité et d’efficacité doivent avoir été menés sur les espèces retenues dans cette rubrique.

Le libellé découle des résultats obtenus dans les essais d’efficacité effectués par le demandeur de l’AMM. Le plus souvent, des animaux de l’espèce cible sont vaccinés avec la dose minimale selon le protocole recommandé, puis subissent une épreuve virulente après un délai variable (proche de la vaccination pour définir le moment de la mise en place de l’immunité, plus éloigné dans le temps pour la durée d’immunité).

Les conditions de laboratoire doivent se rapprocher au maximum de la réalité : statuts immunitaires variés des animaux et souches d’épreuve correspondantes à des souches de terrain.

• Les contre-indications et les défauts d’innocuité dus à l’administration à certaines catégories de l’espèce cible sont décrits : maladie, âge ou sexe.

• Les mises en garde particulières à chaque espèce cible sont citées, ainsi que les modalités pratiques : manipulation des animaux, usage correct du médicament ou tout élément ayant un impact sur l’innocuité et l’efficacité du produit.

• Les précautions particulières d’emploi sont détaillées :

- chez l’animal, pour assurer l’innocuité du médicament et prévenir les risques liés à l’emploi hors AMM ;

- pour le manipulateur du médicament (port d’un masque et de gants, par exemple), notamment en raison d’un état particulier (femme enceinte, personne immunodéprimée, enfant).

En cas d’injection accidentelle du produit, notamment si le vaccin contient de l’huile minérale, un libellé explicite l’importance du suivi médical.

Les interactions potentielles du médicament avec l’environnement sont mentionnées.

• Les effets indésirables (fréquence et gravité) sont exposés. Ils sont issus des essais de laboratoire et de terrain du dossier d’AMM effectués en utilisant la dose maximale, avec un suivi des réactions locales et générales. Les réactions à fréquence d’apparition très faible ne sont pas mentionnées. Cette rubrique peut être modifiée après l’AMM (pharmacovigilance).

• L’utilisation du médicament lors de gravidité, de lactation ou de ponte est autorisée si des essais sont fournis.

• Les interactions médicamenteuses et autres sont analysées. Le groupe de travail Immunologie a défini les termes utilisés dans cette rubrique. L’administration concomitante recouvre deux possibilités : soit l’emploi de deux ou de plusieurs médicaments au même moment, mais sur des sites d’administration distincts, soit celui de deux ou de plusieurs médicaments à des moments différents sur le même site d’administration ou sur plusieurs sites. L’emploi simultané correspond à l’administration de deux ou de plusieurs médicaments au même moment et au même site d’administration, c’est-à-dire à l’usage de médicaments mélangés.

Lorsque le dossier d’AMM ne démontre pas que le médicament peut être utilisé en association avec un autre produit, le libellé indique : « Aucune information n’est disponible quant à l’innocuité et à l’efficacité du vaccin lors d’une utilisation concomitante avec un autre vaccin. Par conséquent, il est recommandé de n’administrer aucun autre vaccin dans les 14 jours précédant ou suivant la vaccination avec ce produit. » Cette durée résulte d’un consensus européen et ne repose sur aucune donnée scientifique issue du dossier d’AMM. Lorsque ce dernier présente des essais avec l’association de deux ou de plusieurs médicaments, ces données sont reprises dans le RCP.

Les interactions avec des médicaments chimiques tels les antibiotiques sont également notées dans cette rubrique.

• La dose, la voie, le site d’administration, les modalités de préparation du vaccin, ainsi que tout équipement particulier à l’administration sont indiqués. Lorsque le vaccin est utilisé via l’abreuvement, la nourriture ou par nébulisation, les conditions optimales pour une vaccination de masse sont spécifiées.

La dose doit être respectée car elle garantit l’innocuité et l’efficacité de la vaccination.

Le protocole vaccinal précise l’âge de l’animal, les modalités de la primovaccination et du rappel. Il est établi à partir du dossier d’AMM et le moment du rappel découle des études fournies.

L’impact de la présence des anticorps maternels doit être indiqué dans cette section.

• Le surdosage (symptômes, conduite d’urgence, antidotes) est, si nécessaire, développé. Les effets d’une surdose sont évalués pour apprécier son impact lors d’une erreur de manipulation. Ils sont étudiés chez l’espèce cible, en laboratoire, par administration de dix fois la posologie maximale pour un vaccin vivant et de deux fois pour un vaccin inactivé.

• Le temps d’attente pour les médicaments vétérinaires immunologiques est généralement nul pour les espèces de production et sans objet pour les autres. Les différents composants de ces médicaments sont couverts par la réglementation sur les limites maximales de résidus (LMR). Néanmoins, quelques vaccins vivants atténués contenant des germes zoonotiques ont un temps d’attente, en raison de la persistance du germe dans l’organisme, surtout au point d’injection. Bien qu’il n’existe aucun lien avec les LMR, la mention d’un temps d’attente pour ces vaccins apparaît ici, faute d’une rubrique appropriée.

5 Propriétés immunologiques. Cette rubrique con­tient une description des propriétés immunologiques et des caractéristiques du principe actif.

→Informations pharmaceutiques

• La liste des excipients est présente.

• Les incompatibilités sont indiquées. Le mélange avec un autre produit n’est autorisé que si des essais satisfaisants sont fournis dans le dossier d’AMM. Sinon il est spécifié de ne pas effectuer de mélange.

• La durée de conservation est déterminée par une étude de stabilité en temps réel sur trois lots de vaccin. Les paramètres les plus importants sont contrôlés à intervalles réguliers. Une marge de sécurité est prévue afin de garantir la qualité à l’issue du stockage. Dans le cas de flacons multiponctionnables, une étude montre pendant combien de temps le produit reste stable après ouverture du flacon et cette durée doit être mentionnée dans le RCP. En l’absence d’étude, il est indiqué que le vaccin doit être utilisé immédiatement après l’ouverture du flacon.

• Les précautions particulières de conservation sont précisées. Le libellé pour les médicaments immunologiques est : « Conserver et transporter à une température comprise entre +2°C et + 8 °C, à l'abri de la lumière. » Une température élevée ou la lumière sont susceptibles d’altérer l’antigène, voire l’adjuvant contenus dans le vaccin. L’impact d’autres conditions de stockage sur la qualité n’est pas connu.

• La nature et la composition du conditionnement primaire sont spécifiées.

• Le libellé des précautions particulières lors de l’élimination de médicaments non utilisés ou de déchets dérivés de leur emploi est le suivant :

« Les conditionnements vides et tout reliquat de produit doivent être éliminés suivant les pratiques en vigueur régies par la réglementation sur les déchets. »

7 Titulaire de l’autorisation de mise sur le marché. L’adresse sur le RCP français correspond au titulaire d’AMM situé sur le territoire national, même si le résumé est issu d’une procédure européenne gérée par la “firme mère”.

8 Numéro(s) d’AMM. Chaque présentation du médicament a un numéro d’autorisation (code CIP).

9 Classement du médicament en pour sa délivrance. Le libellé est le suivant : « Vaccin : délivrance soumise à ordonnance. »

En raison de l’augmentation du niveau d’exigence pour l’AMM, les informations disponibles sont de plus en plus nombreuses et il n’est pas facile de les retranscrire sur un document aussi synthétique que le RCP. Une directive européenne prévoit que les autorités compétentes mettent à la disposition du public le rapport d’évaluation du médicament après suppression de toute information présentant un caractère de confidentialité commerciale. Ces données sont déjà disponibles sur le site Internet de l’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA), pour ceux qui ont obtenu une AMM par le biais d’une procédure centralisée.

Groupe de travail Immunologie

Le Règlement (CE) n° 726/2004 institue un comité des médicaments vétérinaires (CVMP) relevant de l’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA). Pour les médicaments immunologiques, le CVMP s’appuie sur le groupe de travail Immunologie (IWP) composé d’un président et d’un expert par État membre. Ce groupe fournit des recommandations sur tous les sujets qui concernent de façon directe ou indirecte le médicament immunologique. Il élabore des lignes directrices relatives au contenu du dossier d’AMM afin d’harmoniser les exigences des différents États membres et de faciliter les procédures européennes d’obtention d’une AMM. Ces lignes directrices sont consultables sur le site Internet de l’EMEA.

En savoir plus

- Les RCP des médicaments récemment autorisés en France sont disponibles sur le site http ://ircp.anmv.afssa.fr/

- Les rapports publics d’évaluation des médicaments disposant d’une AMM via une procédure centralisée sont accessibles sur le site http ://www.emea.eu.int/

  • 1 - Guideline on the summary of product characteristics for immunological veterinary medicinal products EMEA/CVMP/064/05- http ://www.emea.eu.int/
  • 2 - Revised position paper on indications for veterinary vaccines EMEA/CVMP/042/97.
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