Amaigrissement et dysurie chez un alpaga - Le Point Vétérinaire n° 267 du 01/07/2006
Le Point Vétérinaire n° 267 du 01/07/2006

PETITS CAMÉLIDÉS

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CAS CLINIQUE

Auteur(s) : Sébastien Buczinski*, Anne-Marie Bélanger**

Fonctions :
*Département des sciences
cliniques, Faculté de médecine
vétérinaire
3200 rue Sicotte,
Saint-Hyacinthe, J2S 7C6,
Québec, Canada
**Département des sciences
cliniques, Faculté de médecine
vétérinaire
3200 rue Sicotte,
Saint-Hyacinthe, J2S 7C6,
Québec, Canada

Les signes cliniques de péritonite sont peu spécifiques. La valeur de l’animal permet des examens complémentaires sans recours à une laporotomie, risquée dans cette espèce et lors de péritonite localisée.

En France, deux mille alpagas et autant de lamas sont recensés par l’Association des lamas et alpagas, d’après le Fichier national des petits camélidés, conservé à la Bergerie nationale de Rambouillet. Il conviendrait d’y ajouter les animaux non enregistrés (chez les particuliers ou dans les élevages non officiels). Certains élevages, principalement en Bretagne et dans le Sud-Ouest, réalisent une sélection génétique poussée, et importent notamment des mâles du Pérou ou des États-Unis.

Une femelle alpaga vaut au minimum 4 500 € en France, et un mâle reproducteur 10 000 €. La valeur des lamas est moindre, mais bien supérieure à celle d’un petit ruminant (femelle à partir de 1 500 €, mâle à partir de 1 200 €). Les prix varient en fonction de la qualité génétique de l’individu et du troupeau d’origine.

Le vétérinaire praticien peut donc être amené à soigner un petit camélidé en France. Les moyens qu’il doit mettre en œuvre peuvent dépasser ceux utilisés pour traiter la même affection chez un mouton, voire chez une vache multipare “tout-venant”, comme l’illustre ce cas, chez un alpaga reproducteur de grande valeur commerciale, mais aussi affective.

Cas clinique

1. Anamnèse et commémoratifs

Un alpaga mâle reproducteur de haute valeur génétique (PHOTO 1) est présenté en raison d’un amaigrissement chronique, d’une anorexie et de difficultés à uriner. Il est âgé de dix ans et provient d’un troupeau d’une trentaine d’animaux. Trois ans puis un an auparavant, il a été traité pour des suspicions de pneumonie avec du florfénicol (Nuflor®(1), à la même dose que chez les bovins, 40 mg/kg par voie sous-cutanée, deux fois à trois jours d’intervalle). Au printemps et à l’automne de cette année, il a été vermifugé à l’aide d’ivermectine injectable ; la dernière injection remonte à seulement une semaine. Aucun autre animal du troupeau ne semble malade. Il est alimenté avec du foin et des concentrés spécifiquement formulés pour alpaga, en plus du pâturage libre.

Sa dernière saison de monte s’est déroulée normalement, mais l’éleveur rapporte un appétit légèrement diminué pour le grain. L’animal est en outre beaucoup plus facile à manipuler depuis quelques jours d’après son propriétaire et le vétérinaire référent. Des épisodes d’hyperthermie à 40° C environ sont rapportés. En raison de l’inefficacité des différents traitements antibiotiques administrés sur l’amaigrissement chronique, de l’anorexie et des difficultés à uriner (suspicion de cystite) et de la grande valeur de l’animal (environ 10 000 €), ce dernier est référé afin d’approfondir les investigations.

2. Examen clinique

À son arrivée au Centre hospitalier universitaire vétérinaire, l’animal est légèrement abattu. L’abondance de son pelage, appelé fibre plutôt que laine, gêne la perception de son état d’embonpoint, mais il pèse 59 kg et l’ensemble des reliefs osseux est palpable, ce qui dénote un état cachectique. Il se couche fréquemment et peine à se tenir debout. Lorsqu’il marche, une légère boiterie du membre postérieur droit est notée. Sa température rectale (38,5º C ; normales 37,5 à 38,9º C) ainsi que ses fréquences cardiaque (62 battements par minute, normales 60 à 90) et respiratoire (28 respirations par minute ; normales 10 à 30) sont normales [9]. L’auscultation pulmonaire met en évidence des bruits respiratoires d’intensité augmentée, mais pas de bruits anormaux. L’état d’hydratation est normal. La muqueuse buccale paraît pâle, mais le temps de remplissage capillaire est inférieur à deux secondes. L’auscultation des pré-estomacs (voir l'ENCADRÉ “Particularités de l’examen de l’appareil digestif des camélidés d’Amérique du Sud”) démontre une hypomotilité du premier compartiment gastrique (C1). Une seule contraction par minute est mise en évidence (normales 3 ou 4 par minute). L’abdomen est tendu, mais aucune sensation de ballottement liquidien n’est perçue. Les fèces sont normales. La palpation du pénis, du scrotum et des anneaux inguinaux ne révèle aucune anomalie ni aucun signe de douleur. Une miction est observée ; elle s’accompagne de dysurie et de strangurie, mais le débit urinaire paraît normal. Malgré la boiterie, l’examen de l’appareil musculosquelettique est normal.

3. Diagnostic différentiel

Lors d’amaigrissement et d’anorexie, de fièvre (rapportée dans l’anamnèse) chez un alpaga mature, le diagnostic différentiel inclut les processus inflammatoires chroniques (péritonite, abcès, pneumonie), les ulcères du troisième compartiment digestif (C3), des processus néoplasiques et, plus rarement, des anomalies de la denture (abcès, fracture) [4]. La présence d’une dysurie et d’une strangurie évoque une urolithiase [13], un traumatisme en région urétrale, une tumeur vésicale ou une atteinte de la moelle épinière caudale [7].

Une paratuberculose peut également être à l’origine de l’amaigrissement observé [16]. Les différentes causes de boiterie ou de faiblesse postérieure doivent aussi être envisagées.

4. Examens complémentaires

Différents examens complémentaires sont envisageables pour préciser le diagnostic. Il sont justifiés chez un tel animal, de haute valeur génétique, commerciale et affective.

• Une coproscopie ne révèle aucun parasite.

• Une radiographie pulmonaire ne met en évidence que quelques artefacts, liés à l’abondance de fibre cutanée (PHOTO 2). Le cœur est de taille normale et aucun nœud lymphatique thoracique n’est visible.

• L’alpaga est tranquillisé pour réaliser une prise de sang et un examen échographique (butor­phanol(1), à la dose de 0,3 mg/kg, par voie intramusculaire, puis xylazine(2) à la dose de 0,5 mg/kg, par voie intramusculaire).

À la faveur de la tranquillisation obtenue, un examen buccal est effectué à l’aide d’une lampe de poche et d’un spéculum. Aucune anomalie qui pourrait expliquer la dysphagie observée n’est mis en évidence.

• Une prise de sang veineux jugulaire est réalisée au tiers distal de l’encolure (voir l'ENCADRÉ “Prise de sang et pose d’un cathéter intraveineux chez les camélidés”).

Le profil biochimique sanguin ne révèle qu’une hypo-albuminémie et une hyperglobulinémie, compatibles avec un processus inflammatoire chronique. L’hypocalcémie observée est vraisemblablement secondaire à l’anorexie et à l’hypo-albuminémie (voir le TABLEAU “Résultats de la biochimie sanguine”). La formule sanguine met en évidence un foyer inflammatoire actif (hyperfibrinogénémie) et sévère (leucopénie, granules toxiques au sein des neutrophiles, formes immatures de neutrophiles en circulation) (voir le TABLEAU “Résultats des numérations et formules sanguines”).

• Un examen échographique abdominal est réalisé. L’animal est placé en décubitus latéral droit, puis gauche afin d’explorer l’ensemble de la cavité abdominale [5]. Les anses intestinales sont mobiles et de faible diamètre (inférieur à 1,5 cm). Aucune zone de liquide n’est visualisée à proximité du compartiment gastrique C3. La rate et le foie sont également visualisés, sans anomalie notable. L’abdomen caudal est ensuite exploré (PHOTOS 3A ET 3B). La vessie est visualisée. Un liquide en suspension l’entoure. Il est d’aspect hétérogène et parsemé de nombreux filaments hyperéchogènes. Il n’est plus observé à quelques centimètres crânialement au pôle vésical. Les reins ne sont pas impliqués dans cette zone liquidienne. Leur échogénicité est normale. Les uretères ne sont pas visibles.

• Une ponction du liquide périvésical est réalisée, après une anesthésie locale (2 ml de lidocaïne 2 %) et une préparation chirurgicale de l’abdomen caudal. Le liquide récolté est trouble et jaune citrin (PHOTO 4). Son analyse cytologique est compatible avec un exsudat suppuré (protéines 44 g/l, 33 x 109 cellules nucléées par litre, dont 92 % de neutrophiles non à modérément dégénérés, 6 % de macro­phages et 2 % de petits lymphocytes). La créatinémie, mesurée dans un échantillon de ce liquide recueilli sur tube sec, est de 225 mmol/l, ce qui est proche de la créatinémie sérique normale (172 mmol/l). Un uropéritoine est donc exclu. La mise en culture se révèle stérile a posteriori.

Un diagnostic de péritonite abdominale caudale est établi.

5. Démarche thérapeutique

Plusieurs options sont envisageables lors de péritonite localisée [8]. Le premier objectif est de ne pas étendre la péritonite (notamment en région intestinale, où elle pourrait compromettre la contractilité des anses en créant des adhérences). Un traitement antibiotique à large spectre est proposé à l’éleveur, en première intention. Une exploration chirurgicale à visées diagnostique et thérapeutique (lavage péritonéal) est envisagée. Toutefois, il est décidé de ne l’entreprendre que si l’antibiothérapie se révèle inefficace. Un cathéter est mis en place à demeure dans la veine jugulaire droite de l’alpaga après une tranquillisation et la préparation chirurgicale du site. Une solution d’ampicilline sodique(3) est administrée par voie intraveineuse à la dose de 20 mg/kg/8 h.

L’administration d’un anti-inflammatoire non stéroïdien, débutée à la ferme, n’est pas poursuivie car l’animal est anorexique et dans une situation jugée stressante, donc exposé aux ulcères du compartiment gastrique C3, particulièrement à craindre chez les camélidés [15]. L’animal est alimenté avec du foin et du grain mélassé (500 g deux fois par jour). Sa température rectale est mesurée deux fois par jour, afin d’évaluer le contrôle du foyer inflammatoire par l’antibiothérapie.

6. Évolution

L’animal ne recommence à manger du foin et des concentrés qu’après trois jours de traitement. Il est également fréquemment observé en train de ruminer. La production de fèces et d’urine augmente. Il se tient de plus en plus fréquemment debout. La numération-formule sanguine est réévaluée le 4e jour. Elle confirme une nette amélioration ; le fibrinogène plasmatique a diminué, le “virage à gauche” a disparu, ainsi que les neutrophiles à granulations toxiques. L’amélioration clinique se poursuit jusqu’à la date de sa sortie de l’hôpital, après dix jours de traitement. L’animal n’a ni grossi, ni maigri durant son séjour. Il ne présente plus de boiterie, ni de dysurie, ni d’anorexie. Son comportement redevient normal, il se laisse moins facilement manipuler, crache de plus en plus fréquemment lors des examens. L’antibiothérapie est poursuivie à la ferme pendant deux semaines supplémentaires par le cathéter à demeure, toujours à raison de trois administrations quotidiennes (le matin vers 6 h, en début d’après-midi et le soir vers 22 h). Une numération-formule sanguine de contrôle est réalisée par le vétérinaire référent. L’animal est en bonne forme d’après le propriétaire, son appétit est satisfaisant, il a repris du poids (5 kg en deux semaines) et urine normalement. Le fibrinogène est redevenu normal (5 g/l), ce qui signe le contrôle complet du foyer inflammatoire. L’antibiothérapie est donc arrêtée. Trois mois plus tard, selon les informations communiquées par l’éleveur, l’animal a repris un poids normal (69 kg, soit + 10 kg). Son état général et son appétit sont bons. Sa libido et sa capacité de monte ont été jugées satisfaisantes également : il a récemment pu saillir une femelle. La gestation n’a toutefois pas encore été confirmée (il convient d’attendre 11 mois chez une multipare). Deux mois plus tard, soit sept mois après l’hospitalisation initiale, le propriétaire note une légère baisse de forme et d’appétit. Une formule sanguine révèle une hyperfibrinogénémie (9 g/l). Un traitement antibiotique est instauré (ampicilline à la même dose, pendant quatre semaines) à l’issue duquel l’animal recouvre la santé. Un nouvel examen échographique abdominal ne révèle aucune anomalie.

Discussion

1. Péritonite et choix thérapeutique

Les cas de péritonite non chirurgicale sont rares chez les lamas et les alpagas, à l’inverse des bovins. Peu de cas ont été décrits [1, 14]. La conduite de ce cas a donc été adaptée à partir des connaissances chez les autres espèces de ruminants [8]. Il convient avant tout de caractériser la péritonite : son extension (localisée ou diffuse) et sa durée (suraiguë, aiguë ou chronique). L’alpaga présentait ici une péritonite localisée caudalement et chronique (pas de fièvre lors de son admission). La boiterie constatée est peut-être liée aux signes d’inflammation mis en évidence dans l’abdomen caudal (douleur, voire adhérences).

La proximité du foyer de péritonite avec l’appareil urinaire et la présence d’anomalies de la miction pouvaient faire suspecter son implication dans l’apparition de la péritonite. Cette hypothèse n’a pas pu être vérifiée. La mise en place d’un traitement antibiotique de spectre relativement large constitue une seconde étape lors de péritonite. Le péritoine enflammé est perméable aux antibiotiques circulants, surtout à ceux liés aux protéines, qui se retrouvent alors dans l’exsudat péritonéal. Aucun antibiotique n’est spécifiquement indiqué pour les camélidés d’Amérique du Sud (hors AMM), tant en Amérique du Nord, où ce cas a été suivi, qu’en France. En outre, peu d’études pharmacologiques ont été réalisées chez ces animaux. Récemment, l’ampicilline, la gentamicine et l’enrofloxacine ont été étudiées pour valider leurs caractéristiques pharmacocinétiques chez le lama. Dans notre cas, l’ampicilline a été choisie en raison de sa très faible toxicité, de sa capacité à se concentrer dans le système urinaire, comme toute bêta-lactamine, et de son spectre large contre les Gram+, élargi aux Gram–. Cet antibiotique semble en outre efficace lors de péritonite chronique chez les bovins selon notre expérience au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV Saint-Hyacinthe, Québec). La gentamicine n’a pas été utilisée en raison du risque de néphrotoxicité. La fluoroquinolone n’a pas été utilisée en première intention pour satisfaire à des exigences de bonne pratique de la prescription d’antibiotiques fixées implicitement au CHUV. En Amérique du Nord, les associations à large spectre pénicilline-gentamicine, ou ceftiofur-gentamicine sont également souvent utilisées chez les camélidés [Dr Sylvain Nichols, Ohio State University, communication personnelle].

La ponction péritonéale s’est avérée stérile, même après enrichissement du milieu de culture. L’administration d’antibiotiques longue action 48 heures avant la paracentèse peut expliquer ce résultat dans la mesure où un antibiotique peut empêcher des bactéries de croître même si ces dernières y sont résistantes. Cela n’a pas permis de vérifier le bien-fondé bactériologique de l’option choisie en termes d’antibiothérapie. Néanmoins, la plupart des cas de péritonite chez les ruminants sont septiques, et l’ampicilline a été choisie pour son spectre large (Gram– et +). Le problème des résidus ne se posait pas car l’alpaga n’est pas élevé pour sa viande.

2. Origine de la péritonite

L’origine de la péritonite chez cet alpaga reste difficile à déterminer. Le moyen de diagnostic réputé le plus efficace (laparotomie exploratrice) n’a pas été entrepris en première intention. Ouvrir et explorer un abdomen contaminé augmentent le risque d’étendre la péritonite. La laparotomie exploratrice, acte bénin chez les bovins, est une intervention bien plus risquée chez les camélidés. Ces derniers, comme le cheval, ont tendance à produire de nombreuses adhérences lors d’interventions abdominales, avec des signes de colique souvent discrets (prostration, décubitus) [3].

Un examen laparoscopique de la cavité abdominale aurait pu être proposé comme une étape préalable à une laparotomie si l’antibiothérapie seule s’était révélée inefficace. L’aspect laparoscopique de la cavité abdominale des camélidés a été récemment décrit [18]. Une urographie intraveineuse aurait également pu être réalisée afin de s’assurer de l’absence de rupture des voies urinaires. Néanmoins, la valeur basse de créatinine du liquide de paracentèse n’était pas en faveur d’un uropéritoine (rapport créatinine du liquide péritonéal/ créatinine sanguine < 2). Une extension d’une infection de l’appareil reproducteur (urètre, prostate ou ampoule déférentielle) vers la cavité péritonéale pourrait aussi expliquer l’apparition de cette péritonite. Enfin, une cystite chronique avec extension de l’inflammation en dehors de la vessie, bien que rare dans cette espèce, pourrait également être responsable de la péritonite chez cet animal.

3. Avenir reproducteur

Lors de péritonite caudale chez un ruminant, le pronostic reproducteur est toujours réservé. Il est en effet difficile de prévoir les répercussions fonctionnelles à long terme de l’infection et des adhérences péritonéales sur les voies génitales et les glandes annexes. La régression des signes cliniques et de la dysurie est encourageant. Les glandes annexes, les conduits déférents n’ont pas pu être évalués précisément chez cet alpaga. Le fait que ce dernier, près de quatre mois après son hospitalisation, ait été capable de saillir une femelle est bon signe, même si la gestation n’a pas encore été confirmée. La récidive six mois après l’épisode initial confirme cependant l’incertitude du pronostic à long terme. L’aspect échographique normal de la cavité abdominale à l’issue d’un nouveau traitement prolongé est néanmoins encourageant.

Les petits camélidés ne doivent donc pas être appréhendés cliniquement comme des petits bovins. La prise en charge de certaines affections, dont la péritonite, présente des spécificités qu’il convient de connaître ou de suspecter : en particulier, la laparotomie n’est pas sans risque, comme chez les équins. Les données pharmacologiques manquent encore pour conforter la prescription du praticien, dans ce type d’espèce “orpheline” en termes d’AMM. Toutefois, le problème des résidus ne se pose pas. Certaines des données cliniques et pharmacologiques collectées chez le dromadaire “de l’ancien monde” pourraient être extrapolées aux petits camélidés “du nouveau monde”

  • (1) Non disponible en France.

  • (2) Hors RCP dans cette espèce.

  • (3) Hors RCP, des solutions d’ampicilline sodique sont disponibles en France, mais elles ne sont pas destinées à être administrées par voie intraveineuse, ni chez cette espèce.

Particularités de l’examen de l’appareil digestif des camélidés d’Amérique du Sud

Le lama, l’alpaga, la vigogne et le guanaco, bien que considérés comme des ruminants, ne sont pas comparables aux bovins, ovins et caprins.

Ils ne possèdent que trois pré-estomacs qui sont appelés compartiments 1, 2 et 3. Le premier et le deuxième ont des caractéristiques proches du rumen et du réseau. Ils agissent en cuve de fermentation pour digérer la cellulose. C1 occupe la majeure partie du flanc gauche, C2 émerge craniodorsalement à C1. C3, qui est extrêmement glandulaire et s’apparente à la caillette, se prolonge à droite de C2. Le pH du contenu de C1 et de C2 se situe entre 6,4 et 7, alors qu’il est inférieur à 2 ou à 3 pour C3. L’auscultation digestive à gauche ne permet pas de mettre en évidence de belles vagues de contraction comme celles du rumen. Les contractions de C1 dans le flanc gauche sont rapides et fréquentes (3 ou 4 par minute). La particularité des camélidés est d’avoir des saccules ventralement à C1 et à C2.

Points forts

Avant de traiter une péritonite, il convient de définir son extension (localisée ou diffuse) et sa durée (suraiguë, aiguë ou chronique).

L’antibiothérapie a été poursuivie pendant trois semaines, dont deux à la ferme, grâce à la pose d’un cathéter à demeure.

L’ampicilline a été choisie en raison de sa faible toxicité, de sa capacité à se concentrer dans le système urinaire, de son spectre large et des bons résultats observés sur les péritonites chroniques chez les bovins.

Des données pharmacocinétiques récentes sont disponibles sur l’ampicilline, la gentamicine et l’enrofloxacine chez le lama. En Amérique du Nord, les associations pénicilline-gentamicine ou ceftiofur-gentamicine sont également souvent utilisées chez les camélidés.

Prise de sang et pose d’un cathéter intraveineux chez les camélidés

La réalisation d’une prise de sang veineux jugulaire, comme la pose d’un cathéter intraveineux, doit tenir compte des particularités anatomiques des petits camélidés. La peau est extrêmement épaisse. Une incision préalable au bistouri est nécessaire si un cathéter doit être posé. La veine jugulaire est enchâssée dans les apophyses latérales des vertèbres cervicales le long de son chemin dans l’encolure. Elle ne peut donc être ponctionnée que sous l’angle de la mandibule et dans le tiers distal de l’encolure.

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