Consultation du hérisson européen - Le Point Vétérinaire n° 266 du 01/06/2006
Le Point Vétérinaire n° 266 du 01/06/2006

FAUNE SAUVAGE

Se former

COURS

Auteur(s) : Didier Boussarie

Fonctions : CHV Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil

Les caractères biologiques, l’examen clinique, les soins à effectuer ou à éviter et les dominantes pathologiques du hérisson sont successivement abordés, ainsi que la thérapeutique et l’anesthésiologie.

Le hérisson n’est pas à proprement parler un animal de compagnie puisqu’il s’agit d’une espèce protégée. Le praticien est toutefois régulièrement sollicité pour apporter ses soins à des hérissons orphelins, blessés ou malades. Dans les conditions conformes à la législation actuelle, il se doit de les soigner, sous réserve de les diriger ultérieurement vers un centre de soins agréé ou de les relâcher dans la nature.

Le praticien peut aussi être sollicité pour un hérisson dit “de compagnie” trouvé occasionnellement en animalerie : le hérisson africain ou hérisson à ventre blanc (Atelerix albiventris). Ce petit hérisson est l’objet d’un engouement outre-atlantique (African hedgehog) et cette mode peut gagner l’Europe, malgré les réserves formulables sur le plan éthique.

Cet article traite essentiellement du hérisson européen (Erinaceus europaeus).

Caractéristiques zoologiques

1. Classification des hérissons

• Le hérisson européen est un insectivore qui appartient à la famille des Erinaceidae (voir l’ENCADRÉ complémentaire “Classification du hérisson européen” sur Planète-vet).

• Le hérisson africain ou hérisson à ventre blanc (Atelerix albiventris) est réparti en Afrique sur une zone longitudinale depuis la zone subsaharienne jusqu’à l’Afrique australe.

• Le hérisson d’Afrique du Nord ou hérisson d’Algérie (Erinaceus algirus) a été signalé autrefois sur le pourtour méditerranéen, mais sa présence en France n’a fait l’objet d’aucune observation récente.

2. Aire de répartition et biotope

Le hérisson commun est présent en Europe du Centre et de l’Ouest, en Russie, au Royaume-Uni, en Irlande, en Sicile, en Sardaigne, en Corse, jusqu’à 1000 mètres d’altitude. Il est répandu en France métropolitaine, mais n’est pas présent sur certaines îles de l’Atlantique (Ouessant, Yeu, Sein). Il a été introduit en Nouvelle-Zélande au début du XXe siècle par des colons anglais, ainsi qu’en Chine [14, 20].

Il affectionne les forêts à sous-bois dense, les bocages, les jardins, les haies et les parcs urbains. Il recherche la présence d’abris (tas de branches, vieux murs, broussailles).

3. Statut juridique

Le hérisson européen est une espèce protégée selon la réglementation française (arrêté ministériel du 17 avril 1981) et certains textes européens (Convention de Berne). Il n’est pas inscrit à la Convention de Washington (voir l’ENCADRÉ “Statut juridique et conséquences pratiques”).

Le hérisson européen peut être pris en charge en urgence dans un cabinet ou une clinique vétérinaire, mais il doit ensuite être dirigé vers un centre de soin faune sauvage dès que son état le permet. Il ne peut en aucun cas être soigné comme un animal familier.

Le cas du hérisson africain (Atelerix albiventris) est différent : il peut être considéré comme un NAC, mais son acquisition n’est pas conseillée pour des raisons biologiques (espèce nocturne et solitaire qui vit cachée le jour) et éthique (risques de relâcher et de compétition avec le hérisson européen).

4. Particularités anatomiques et physiologiques

Le hérisson possède un grand nombre de caractères primitifs retrouvés chez les autres insectivores (voir les ENCADRÉS “Paramètres biologiques du hérisson européen” et “Physiologie de la reproduction du hérisson européen” et l’ENCADRÉ complémentaire “Caractères anatomiques” sur Planète-vet). Il diffère radicalement des rongeurs, des lagomorphes et des carnivores.

Le poids du hérisson augmente sans interruption jusqu’à la fin de sa vie, sauf en période de disette (800 à 1200 g pour un mâle ; 400 à 800 g pour une femelle).

Il n’existe pas de mue saisonnière : les piquants se renouvellent selon leur propre rythme de croissance, plusieurs fois au cours de la vie.

Ostéologie

Les seules particularités de l’anatomie du hérisson sont externes, à savoir ses piquants et sa peau (voir l’ENCADRÉ “Phénomène d’enroulement” et l’ENCADRÉ complémentaire “Les piquants” sur Planète-vet) [15].

Son squelette correspond au squelette type du mammifère qui existait déjà il y a 50 millions d’années, excepté la brièveté du cou qui lui permet de se rouler en boule. La formule vertébrale est : 7C 13T 6L 4S 10Co.

Le membre antérieur et le membre postérieur comprennent cinq doigts (PHOTO 1).

Le crâne est large et carré, contrairement à celui des musaraignes et des taupes.

Dentition

Les premières dents lactéales apparaissent vers l’âge de quatorze jours et commencent à tomber à partir de huit semaines [14, 18]. La dentition adulte est formée avant l’âge d’un an (voir le TABLEAU “Formule dentaire”).

Les dents sont très irrégulières. Les incisives médianes inférieures sont presque plates et dirigées vers l’avant, elles servent à attraper les proies. Leur bord n’est pas très coupant et la morsure du hérisson est bénigne. Il mord en outre rarement car ses piquants constituent son moyen de défense.

Les incisives supérieures sont très espacées. Les canines sont petites et en position très postérieure. Les prémolaires et molaires sont pointues (PHOTO 2).

Appareil digestif

L’estomac du hérisson est volumineux et l’intestin mesure plus d’un mètre de long. Les sucs digestifs sont très actifs, ce qui permet le régime omnivore [14]. Le cadavre d’un animal mort se décompose très rapidement et dégage une puanteur caractéristique.

Organes sensoriels

Le cerveau est primitif, sans circonvolutions cérébrales (espèce lissencéphale). Les sens, également primitifs, sont davantage axés sur l’odorat que sur la vision.

L’odorat est essentiel. La truffe est toujours humide à l’état physiologique, grâce à l’activité des glandes muqueuses qui assurent l’humidification de la muqueuse pituitaire.

L’ouïe est également très fine, avec une bonne perception des ultrasons [14, 18, 20, 24]. Tout bruit sec ou anormal est suivi d’un sursaut et d’un réflexe d’enroulement en boule.

La salivation du hérisson est intense et physiologique : elle ne doit pas être confondue avec un état pathologique tel que la rage ou une intoxication. Le hérisson possède en effet un organe voméro-nasal sensible aux stimuli olfactifs ou gustatifs intenses ou nouveaux, qui induit la production de salive (phénomène d’autolubrification) [9]. Cette salive abondante est répartie sur tout le corps par léchage.

Alimentation du hérisson

L’alimentation doit être adaptée en fonction de l’âge et de l’état du sujet.

Le hérisson adulte malade doit être alimenté à l’aide d’un aliment énergétique et hyperdigestible : Fortol® C+, Nutri Plus® Gel, Hill’s a/d®, etc. Lors d’anorexie, cet aliment doit être donné à la seringue.

Les hérissons orphelins doivent faire l’objet de soins spécifiques adaptés à leur âge.

1. En milieu naturel

Le hérisson a une alimentation de type omnivore, avec une forte prédominance des aliments d’origine animale [7, 9, 10, 14] :

- vers de terre, mille-pattes, limaces, petits escargots (moins de 18 mm), grenouilles, œufs, cadavres d’animaux (oiseaux), mammifères, araignées, poissons, jeunes congénères à l’occasion ;

- insectes : coléoptères (hannetons, charançons, bousiers, scarabées), sauterelles, fourmis, larves de lépidoptères et de diptères, hyménoptères ;

- fruits (fraises, prunes, pommes, poires), graines, champignons, herbes en petite quantité.

Les préférences alimentaires du hérisson vont aux lombrics et aux coléoptères.

2. En captivité

Il est indispensable de varier la nourriture en captivité. Outre les aliments précités et consommés en milieu naturel, l’alimentation est assurée par : des pâtées pour chiens, du lait en petite quantité (risque de diarrhée) et du pain. En Allemagne, de la nourriture en boîte pour hérissons (Igelfutter) est vendue [9, 14, 20].

3. Élevage des hérissons orphelins

La prise en charge des hérissons orphelins est délicate. Il est conseillé de peser l’animal deux fois par jour, à heures régulières, et d’effectuer une coproscopie deux fois par semaine.

• Il convient d’assurer une source de chaleur en raison des risques d’hypothermie : bouillotte, lampe infrarouge. La température ambiante doit être de l’ordre de 25° C et toujours inférieure à 28° C.

• Les orphelins âgés de moins de quatorze jours (yeux fermés) doivent être nourris à la seringue ou au biberon jusqu’à l’âge de trois semaines, toutes les deux à trois heures, entre 7 heures et 23 heures. Les nouveaux-nés doivent recevoir en plus deux tétées par nuit.

• Le meilleur aliment est un mélange de lait de chèvre et de colostrum (deux doses de lait pour une dose de colostrum), administré frais ou fraîchement décongelé, à raison de 3 ml par tétée. Il convient d’éviter le lait maternisé pour carnivores (digestion ralentie, météorisation, risque de mort). Il n’est pas facile de se procurer du colostrum, c’est pourquoi le mélange précité peut être remplacé par :

- du lait de chèvre pur : le lait de chèvre est beaucoup plus digeste que le lait de vache, générateur de diarrhées parfois fatales ;

- ou par un produit de substitution constitué d’un demi-litre de lait de chèvre entier, d’un quart de litre d’eau, d’un œuf cru et d’une demi-cuillerée à café d’huile de ricin ;

- ou par un complément pour carnivores de type Fortol® C+ : trois voire quatre repas/jour à raison de 1 à 2 ml/20 g de poids/tétée.

Le manque d’anticorps maternels est probablement la principale cause de mortalité des hérissons élevés artificiellement avec des substituts de lait en poudre. Le colostrum améliore considérablement leur survie.

• Il est nécessaire de faire uriner et déféquer après chaque repas en massant le périnée (avec un linge humide), rôle habituellement dévolu à la mère.

• Dès l’âge de trois semaines, il convient de présenter du Fortol® C+ à laper avec quelques morceaux de viande.

• Le nourrissage doit être effectué avec une seringue de 1 ml ou un compte-gouttes en plastique équipé d’une aiguille hypodermique épointée recouverte d’un caoutchouc. Le bébé hérisson est tenu dressé, un peu penché vers l’avant, le dos contre la paume de la main, ce qui lui permet de pédaler avec ses pattes avant contre le pouce. Un excès de lait peut provoquer une fausse déglutition, principale cause de mortalité des bébés nourris artificiellement.

• La surveillance des selles est primordiale : les premières peuvent être de couleur vert sombre (car imprégnées de bile à la suite d’un jeûne prolongé). La couleur redevient ensuite vert-jaune vif. De petites traces de sang indiquent une coccidiose probable. Une couleur claire et une consistance mastic sont ensuite normales avant l’alimentation à base de viande. Une couleur brun foncé est signe d’entérite.

• Un suivi individuel est nécessaire :

- un bébé hérisson double son poids en une semaine et le multiplie par dix en six semaines ;

- la courbe de poids doit faire apparaître une prise de poids tous les jours, sauf pendant les premiers jours ;

- il convient de vérifier une éventuelle dilatation de l’estomac.

• Les orphelins âgés de plus de quatorze jours (yeux ouverts) peuvent être nourris par :

- du Fortol® C+ ou du lait de chèvre ;

- puis de la nourriture solide : aliment pour chatons, arthropodes séchés (daphnies, gammares), avec de l’eau fraîche et un mélange de lait et de colostrum.

• Les petits sont capables de s’alimenter seuls dès l’âge de trois semaines.

• Un jeune peut être relâché en milieu naturel s’il pèse au moins 500 g.

Prise en charge d’un hérisson malade

1. Anamnèse

Un hérisson est le plus souvent apporté par un particulier, par un organisme de protection animale ou par un centre de soins. La première question du praticien doit porter sur l’endroit où il a été trouvé afin d’orienter les investigations et le diagnostic.

L’examen d’un hérisson malade s’effectue de préférence avec des gants en raison des risques zoonotiques, notamment les salmonelloses et les teignes (voir l’ENCADRÉ “Les zoonoses transmissibles par les hérissons”).

2. Déterminer l’âge du hérisson

• Les yeux s’ouvrent à quatorze jours (voir le TABLEAU complémentaire “Caractères anatomiques et biologiques du jeune hérisson européen”, sur Planète-vet).

• Les premières dents lactéales apparaissent vers l’âge de trois semaines, tombent à partir de huit semaines et jusqu’à l’âge de quatre mois.

Les premières dents adultes sortent à partir de la huitième semaine et la dentition adulte est formée avant l’âge d’un an. Les dents sont brachyodontes.

• Les petits sont nidicoles, ils naissent nus, roses et aveugles. Les piquants, blancs puis bruns, apparaissent au bout de quelques jours (PHOTO 4).

Les petits qui pèsent 12 à 20 g à la naissance, prennent ensuite 40 à 50 g par semaine. Le hérisson a un aspect d’adulte miniature à quatre semaines.

• Il est également possible d’apprécier l’âge des hérissons par deux méthodes. La première est utilisable sur des sujets morts : elle consiste à observer les stries de croissance sur des sections de mandibule. Chaque bande sombre correspond à une période d’arrêt de croissance périostée, pendant l’hibernation. La seconde, applicable aux animaux vivants, consiste à utiliser la radiographie pour évaluer le niveau de soudure des cartilages épiphysaires [17].

3. Faire dérouler le hérisson

La contention et l’examen clinique du hérisson sont rendus difficiles par la présence de piquants et l’aptitude à se rouler en boule.

Diverses méthodes, plus ou moins efficaces, existent pour faire dérouler le hérisson. Patience, calme et douceur sont de rigueur et il suffit parfois d’attendre quelques minutes pour que le hérisson le fasse seul, ce qui permet de l’observer. Il peut également être placé sur une bouillotte d’eau chaude ou être caressé vigoureusement d’avant en arrière (pour déclencher le déroulement). Il convient ensuite de placer ses doigts sous l’orbicularis en région postérieure et de saisir les membres postérieurs par les jarrets pour les maintenir surélevés. Une autre méthode consiste à mettre le hérisson sur le dos, à plat sur la table d’examen en maintenant la peau et les piquants sur la circonférence.

Ces méthodes ne sont toutefois pas toujours efficaces et il est souvent nécessaire de recourir à une anesthésie flash gazeuse, à l’isoflurane de préférence, dans une boîte à induction (voir le TABLEAU “Anesthésiologie et analgésie du hérisson”) (PHOTO 5). Un petit masque conique permet l’arrivée directe des gaz anesthésiques sur le museau du hérisson, même si ce dernier est complètement roulé en boule : une sédation complète est ainsi obtenue en quelques minutes.

En l’absence d’anesthésie gazeuse, une anesthésie fixe est également utilisable : médétomidine 100 µg/kg + kétamine 5 mg/kg par voie intramusculaire. Le réveil est assuré par l’atipamézole, en injectant un volume identique à celui de la médétomidine.

4. Premiers soins

Le hérisson blessé ou malade doit être placé dans une pièce calme, sans bruit aigu. Il doit être réchauffé à l’aide de serviettes chaudes, d’une bouillotte, d’une lampe infrarouge ou d’un tapis chauffant.

La déshydratation de l’animal s’apprécie par l’examen des piquants : ils apparaissent dans ce cas peu toniques et restent couchés lorsqu’ils sont aplatis. La réhydratation est effectuée avec du soluté de glucose isotonique à 5 % : 50 à 80 ml/kg/j par voie sous-cutanée, trois fois, sans dépasser 3 ml par site d’injection (voir l’ENCADRÉ “Les sites d’injection chez le hérisson”).

Un hérisson trouvé froid l’hiver en train d’hiberner sous un tas de feuilles ne doit pas être réchauffé, mais replacé au plus vite dans son nid.

5. Examens complémentaires

• Les prélèvements de sang s’effectuent sous anesthésie flash à la veine jugulaire (PHOTO 6) (peu profonde, elle est recherchée à l’aveugle en arrière du bord mandibulaire après une compression de la base du cou) ou à la veine céphalique (après une pause de garrot). Une seringue d’1 ml et une aiguille de 25 G sont conseillées. La veine cave crâniale et la veine fémorale sont également utilisables pour recueillir de grandes quantités de sang [3, 12].

• Les radiographies sont effectuées sous anesthésie flash en utilisant des constantes pour chien de taille moyenne.

• Les selles pour un examen coprologique sont recueillies spontanément dans la boîte de transport ou à la faveur d’une anesthésie générale.

• Pour le recueil des sécrétions bronchiques, le hérisson est anesthésié, puis l’orifice trachéal est visualisé après ouverture de la cavité buccale et extériorisation de la langue. Une sonde trachéale de 2,5 mm, sans ballonnet, équipée d’un mandrin est introduite dans la trachée, ce qui est possible chez les sujets qui pèsent plus de 300 g. Le hérisson se met à tousser à travers la sonde trachéale en place, il est alors extubé et les sécrétions respiratoires sont recueillies par rinçage de l’extrémité distale de la sonde. Un examen microscopique direct permet l’observation éventuelle d’œufs et de formes larvaires ou adultes de nématodes respiratoires. Il est également possible d’effectuer une cytologie à partir d’un étalement sur lame ou d’une mise en culture [8].

• Des examens cutanés peuvent être réalisés : recueil de squames, de piquants malades, raclage cutané entre les piquants ou biopsie de peau.

Dominantes pathologiques

1. Traumatismes

• Les accidents de la route sont fréquents : un à cinq hérissons sont écrasés par kilomètre et par an sur les routes. Un hérisson sur cinq meurt de cette façon [9, 17]. Ces accidents entraînent souvent la mort du sujet, parfois des lésions osseuses ou des tissus mous (hémorragies internes, contusions ou éclatements viscéraux).

• Les noyades sont provoquées par les travaux d’aménagement du sol (fossés de drainage, puits, etc.) ou par les piscines.

• En dépit de leurs systèmes de défense (épines, enroulement), les hérissons sont vulnérables à de nombreux prédateurs, surtout en période d’hibernation ou s’ils sont accidentés ou affaiblis : l’homme, certains rapaces nocturnes (hibou grand duc, hibou moyen duc), les morsures de rat (Rattus norvegicus), de serpents et surtout de carnivores domestiques ou sauvages (renard roux, divers Mustélidés dont principalement le blaireau) [9, 17].

2. Intoxications

Les hérissons sont très résistants aux venins de serpents ou d’hyménoptères, ainsi qu’aux toxines (voir l’ENCADRÉ complémentaire “Résistance aux venins et aux toxines” sur Planète-vet). Ils semblent en revanche très sensibles aux pesticides et aux autres produits de traitement, en raison de leur mode de vie naturel et de leur régime alimentaire. Les principaux toxiques sont les molluscicides (métaldéhyde), les taupicides (crimidine), les raticides (à action anticoagulante), les insecticides (organochlorés et organophosphorés), les métaux lourds (plomb, mercure, cadmium). Le métaldéhyde semble le principal responsable des intoxications aiguës, par l’absorption d’escargots eux-mêmes empoisonnés [4, 6, 9, 20, 24].

Les signes cliniques évocateurs d’une intoxication sont : une paralysie totale ou partielle, parfois des convulsions, des troubles digestifs (entérite) et une hypothermie. La suspicion d’intoxication, souvent hâtive, peut toutefois être confirmée par la mise en évidence du toxique sur les prélèvements post-mortem (par analogie à celle effectuée chez d’autres mammifères).

3. Affections respiratoires

Les pneumonies d’origine parasitaire représentent l’entité pathologique la plus fréquemment rencontrée chez le hérisson. Elles sont dues à l’action conjointe ou séparée de deux nématodes, Crenosoma striatum et Capillaria aerophila [8, 20, 24] (PHOTO 7).

• Crenosoma striatum est un strongle respiratoire qui vit à l’état adulte dans les bronches du hérisson. La femelle (12 à 13 mm de long) est vivipare : elle pond des larves au stade I (300 µm de long) qui sont rejetées dans les expectorations ou éliminées dans les selles (PHOTO 8). La contamination s’effectue par l’ingestion d’un mollusquehôte intermédiaire (escargot ou limace).

Capillaria aerophila est un capillaire respiratoire qui vit également à l’état adulte dans les bronches. La contamination s’effectue par l’ingestion directe d’œufs infestants (PHOTO 9) ou par la consommation de vers de terre (Lombricus terrestris) hôtes paraténiques (stockage et dissémination des œufs embryonnés). La période prépatente supposée est de trois semaines et l’infection a tendance à perdurer en captivité.

• Les hérissons infestés présentent un mauvais état général, une perte de poids, des accès de toux sèche, une dyspnée, des râles inspiratoires et un jetage nasal. Des complications bactériennes dues à Pasteurella multocida, Bordetella bronchiseptica et Corynebacterium pneumoniae sont à l’origine d’abcès pulmonaires ou de pleuropneumonies fibrineuses qui aboutissent généralement à la mort de l’animal.

• Un examen clinique complet doit être associé à des clichés radiographiques pulmonaires. L’examen coprologique (recherche des œufs de Capillaria aerophila et des larves de Crenosoma striatum) permet de confirmer le diagnostic. Cet examen ne semble toutefois positif que chez un tiers des hérissons infestés, car les œufs et les larves sont excrétés de façon irrégulière, surtout après une crise de toux.

Une autre technique de diagnostic beaucoup plus fiable consiste à recueillir et à analyser les sécrétions bronchiques après intubation endotrachéale [8].

• Le traitement de la pneumonie parasitaire n’est efficace que chez des sujets faiblement infestés et avant l’apparition des complications bactériennes pleuropulmonaires. L’anthelminthique de choix est le lévamisole injectable (solution à 10 %, diluée dans trois fois son volume de sérum physiologique) à raison de 20 à 25 mg/kg/jour pendant trois jours, puis une fois/semaine pendant deux semaines. L’ivermectine semble inefficace. Les benzimidazoles (fébantel, fenbendazole, oxfendazole) sont efficaces à la posologie de 100 mg/kg/jour pendant sept jours : ils permettent un traitement plus facile des hérissons qui s’alimentent.

Un antibiotique à large spectre (enrofloxacine, marbofloxacine, doxycycline, chloramphénicol, céfalexine) permet de traiter les infections bactériennes secondaires (voir le TABLEAU “Posologies et voies d’administration des anti-infectieux chez le hérisson”). Un traitement complémentaire bronchodilatateur (terbutaline(1), Bricanyl®) et mucolytique (bromhexine, Flubron®) est utile. Les corticoïdes sont contre-indiqués.

4. Affections digestives

Les agents pathogènes responsables des affections digestives sont essentiellement les salmonelles et les capillaires.

La salmonellose

Les salmonelles (essentiellement Salmonella enteritidis et S. typhimurium) seraient responsables de près de 50 % des morts d’origine bactérienne chez les hérissons [20]. L’affection, qui peut aussi être inapparente, se traduit par de l’anorexie, une diarrhée mucoïde verdâtre, de la déshydratation, une perte de poids, parfois un prolapsus rectal et de la dyspnée. La mort peut survenir brutalement chez les jeunes non sevrés.

Le diagnostic peut être confirmé par une bactériologie.

Les salmonelloses constituent une zoonose majeure confirmée.

Le traitement fait appel au chloramphénicol ou aux fluoroquinolones.

La capillariose

Les capillaires intestinaux (Capillaria erinacei, Capillaria ovoreticulata) ont un cycle de développement similaire à celui des capillaires respiratoires, direct ou indirect par le biais d’un ver de terre hôte paraténique. L’infestation peut être subclinique ou clinique en cas d’infestation massive chez les jeunes : entérite verdâtre et mucoïde, déshydratation, perte de poids et mort.

Le diagnostic est confirmé par un examen coprologique (mise en évidence de deux types d’œufs par flottation), mais il est difficile de distinguer les œufs de Capillaria digestifs de ceux de Capillaria pulmonaires. Les vers peuvent aussi être mis en évidence à l’autopsie à partir d’un raclage de la muqueuse intestinale (dilution dans du sérum physiologique et examen sur fond noir).

Le traitement est identique à celui utilisé lors de capillariose respiratoire [20, 24].

La coccidiose

Les coccidies (Isospora rastegaivae, Isospora erinacei, Isospora schmalrzi, Eimeria perardi, Eimerai ostertagia, Eimeria sp., Yakimovella erinacei) peuvent aussi jouer un rôle pathogène.

L’affection est souvent subclinique mais les orphelins élevés à la main peuvent déclarer une entérite hémorragique grave, accompagnée d’une perte de poids et de déshydratation [20, 24].

Les ookystes, très résistants, sont excrétés pendant six à sept jours et sporulent dans le milieu extérieur en 24 à 48 heures.

Le diagnostic est confirmé par l’examen des selles (mise en évidence des ookystes sporulés ou non par flottation).

Le traitement utilise la sulfadiméthoxine ou les sulfamides potentialisés (Océcoxil®, Septotryl®).

Autres agents à l’origine d’entérites

• Les autres agents parasitaires à l’origine d’entérites sont [17, 18, 20] :

- d’autres nématodes : spirures gastriques (Physaloptera dispar, hôte intermédiaire (HI) : insectes), spirures œsophagiens (Gongylonema mucronatum, G. neoplasticum, HI : insectes) ;

- des acanthocéphales parasites des intestins (Moniliformis erinacci, Moniliformis major, Prosthenorchis sp, Echinorhynchus rosai, HI : insectes) ou du mésentère (Echinorhynchus amphipachus, HI : insectes) ;

- des trématodes : Brachylaemus erinacei (HI : escargots), Euparyphium melis (HI : limaces, amphibiens). Ces douves sont des parasites des voies biliaires responsables d’entérite hémorragique. Les œufs sont mis en évidence dans les selles ;

- des cestodes : Rodentolepis (Hymenolepis) erinacei (HI : coléoptère, myriapodes : ce taenia dont l’infestation est souvent asymptomatique peut provoquer diarrhée et perte de poids), Davaina parva, Staphylocystis bacillaris, Oochoristica erinacei, Raillietina voluta.

• Les autres agents bactériens à l’origine d’entérites sont : Escherichia sp, Clostridium perfringens, Yersinia pseudotuberculosis, Coxiella burnetti.

Conduite à tenir devant un hérisson atteint de diarrhée

• Il convient d’apprécier l’état général de l’animal (déplacements, rapidité de l’enroulement, station debout ou décubitus latéral) et de rechercher une éventuelle déshydratation (perte de tonus des piquants).

• Un examen coprologique direct, puis par flottation (Ovassay®) sont effectués pour rechercher des œufs de capillaires, de trématodes ou des ookystes coccidiens.

• Un antidiarrhéique est administré si la diarrhée est aiguë et profuse (bromure de prifinium, Prifinial®, 3,5 mg/kg).

• Un anthelmintique est indispensable (voir le TABLEAU “Posologie des antifongiques et des antiparasitaires chez le hérisson”) :

- du lévamisole est administré par voie sous-cutanée lors d’anorexie, sinon un anthelmintique par voie orale pendant sept jours : fenbendazole, mébendazole, etc. à renouveler deux semaines plus tard ;

- du praziquantel (Droncit®) si des œufs de cestodes ou de trématodes sont retrouvés dans les selles.

• Un antibiotique à large spectre est associé : sulfamide potentialisé en première intention (méthoxypyridazine/triméthoprime : Septotryl®, Océcoxil®). Si les troubles persistent après six jours de traitement, du chloramphénicol (Mycolicine®) est administré pendant une à deux semaines, ou de l’enrofloxacine associée à du métronidazole (Flagyl®(1)) pendant une semaine.

• Un pansement intestinal peut être administré : Kaomycine® deux à trois fois par jour ou Smectivet®.

• La réhydratation est indispensable lors d’anorexie et de faiblesse. Une alimentation de soutien est instaurée lors d’anorexie.

5. Affections cutanées

Affections parasitaires

Les affections parasitaires doivent être systématiquement suspectées lors de prurit [17, 18, 20].

• Les hérissons peuvent héberger des puces en grand nombre. Archeopsylla erinacei est spécifique de l’espèce. La puce du rat (Nosopsyllus fasciatus), la puce de l’homme (Pulex irritans), la puce de divers petits mammifères sauvages (Ctenocephalides agyrtes) ou celles du chien et du chat (Ctenocephalides canis et Ct. felis) peuvent également infester le hérisson. Ces puces sont surtout situées sur le cou, sur le poitrail, sur l’abdomen et entre les piquants. Parasites hématophages, elles peuvent provoquer du prurit et un état d’anémie par spoliation de sang. Elles sont aussi vecteurs de divers agents pathogènes (Pasteurella notamment). Le traitement fait appel à l’ivermectine ou à la sélamectine.

• Les hérissons peuvent être infestés par diverses espèces d’acariens à l’origine de gales ou d’acarioses. Demodex erinacei, agent de la gale folliculaire et parasite des follicules pileux, provoque du prurit, de l’hyperkératose et des lésions squamocroûteuses, de même que Caparinia tripilis, agent de la gale psoroptique, ou d’autres acariens, tels Notoedres cati (agent d’une gale d’oreille du hérisson), Notoedres spp., Sarcoptes sp., Erinaceus concolor et Hemiectinus auritus. Ces parasites sont facilement mis en évidence par raclage cutané et ils sont sensibles à l’ivermectine ou à la sélamectine.

• Les tiques peuvent être présentes une grande partie de l’année, surtout au printemps et à la fin de l’été. Ixodes hexagonus et Ixodes ricinus, deux tiques dures, sont les espèces les plus fréquentes mais d’autres peuvent être rencontrées (Dermacentor sp, Haemaphysalis sp, Rhipicephalus sp, etc.). Elles parasitent les hérissons surtout au niveau des zones recouvertes de poils fins (bouche, oreilles, abdomen), mais aussi entre les piquants. Elles provoquent un prurit violent et un affaiblissement parfois marqué par spoliation de sang. Elles peuvent facilement être extraites par traction mécanique à la pince car, contrairement à ce qui se passe chez les chiens et les chats, le rostre ne reste pratiquement jamais dans la peau du hérisson.

• Les aoûtats (larves de Thrombicula automnalis) sont à l’origine d’un prurit violent en période estivale. Elles se localisent surtout au niveau des pavillons auriculaires et des espaces interdigités.

• Les larves de mouches (Lucilia sp.) se développent l’été à partir d’œufs pondus parfois en grand nombre sur les plaies, mais aussi au niveau de la bouche, du nez, de l’anus, et du conduit auditif de sujets jeunes ou malades. Les organophosphorés et les perméthrines sont efficaces mais leur toxicité n’est pas négligeable ; le brossage et l’extirpation des asticots à la pince sont préférables.

• Trichophyton mentagrophytes var. erinacei est assez souvent rencontré. Ce dermatophyte occasionne des lésions croûteuses et prurigineuses, surtout sur la tête (truffe, chanfrein, oreilles) et sur les membres antérieurs ; les surinfections bactériennes sont fréquentes. Microsporum sp. peut également être observé.

Le traitement fait appel aux bains d’énilconazole et au kétoconazole.

Autres affections cutanées

• Les plaies sont souvent souillées et fréquemment envahies d’asticots en période estivale (PHOTO 10). Les solutions de Lotagen® ou de Dermaflon® donnent de bons résultats lorsque ces plaies sont sales, croûteuses ou surinfectées, car elles permettent l’élimination des tissus nécrosés.

• Les pyodermites sont consécutives à des morsures, à des piqûres septiques ou à des dermatophyties. Staphylococcus coagulase +, Pseudomonas putrida et Klebsiella oxytoca sont les germes les plus souvent rencontrés. Les quinolones et les betalactamines sont à utiliser en priorité.

• Les brûlures sont occasionnées par les feux de brindilles ou d’autres détritus végétaux. Le traitement est le même que chez les autres espèces : détersion, désinfection, pommade antibiotique et vitaminée ou Dermaflon®, associées à une antibiothérapie par voie générale.

• Les chutes de piquants peuvent être dues à une gale (psoroptique ou démodécique) ou à un état carentiel.

• Les sutures, lorsqu’elles sont nécessaires, doivent être précédées d’un parage minutieux et être réalisées sur une plaie saine ou préalablement assainie. Plusieurs plans sont nécessaires, avec des points séparés (à l’aide d’un monofil irrésorbable déc. 2), car les sutures lâchent facilement lorsque le hérisson s’enroule [17, 18].

6. Affections de l’appareil locomoteur

Parésie ou paralysie postérieure

Les parésies et les paralysies sont assez fréquentes chez le hérisson, notamment au niveau des membres postérieurs [17, 18, 20]. Un recueil des commémoratifs et des examens radiographiques s’avèrent nécessaires pour en préciser l’origine.

• Si le hérisson a été trouvé dans la nature, les causes suivantes sont à envisager en priorité :

- traumatisme externe : fracture (rachis, bassin, membre), traumatisme vertébral ou (et) médullaire, luxation coxofémorale, contusion musculo-tendineuse, etc. ;

- intoxication par des pesticides ou des molluscicides (métaldéhyde) ;

- affection neuromusculaire : myosite ou lésions dégénératives des fibres musculaires des extrémités, des plaques motrices ou des nerfs périphériques de la musculature atrophiée. L’étiologie est mal connue mais une origine toxique est probable.

• Si le hérisson est détenu en captivité, les causes principales sont :

- d’origine nutritionnelle : surtout chez les jeunes hérissons en croissance et ceux recueillis avant l’hiver, en particulier à la suite d’un gain de poids trop rapide. Une alimentation inappropriée (pauvre en lest), des carences, le manque d’exercice et un engraissement excessif, sont déterminants ;

- d’origine environnementale : un manque d’exercice associé à un enclos exigu ou une nourriture excessive ou inapropriée, peuvent être en cause ;

- l’arthrose vertébrale, qui s’observe fréquemment chez des sujets sédentaires avec une surcharge pondérale.

Lésions squelettiques

• Les ostéites et les ostéomyélites font suite à une morsure, à une plaie infectée, ou se développent sur un foyer de fracture ouvert ou mal consolidé.

• Le traitement des fractures doit tenir compte des particularités anatomiques du hérisson. Les fractures des os longs doivent être traitées le plus rapidement possible par un enclouage centromédullaire. Les fixateurs externes et les pansements ne sont pas indiqués. La position particulière et l’angulation des rayons osseux, ainsi que la force musculaire mise en jeu par le muscle orbicularis lorsque le hérisson se met en boule, rendent difficiles la fixation et la stabilisation [18, 24].

Les fractures de la mandibule peuvent être traitées si elles ne sont pas infectées. La meilleure méthode consiste à immobiliser le foyer de fracture en utilisant un ciment dentaire composite, qui permet de fixer mandibule et maxillaire jusqu’à consolidation. Le ciment est placé sur les dents rostrales intactes, de façon à laisser suffisamment d’espace pour que la langue puisse fonctionner sans nécessiter un nourrissage à la main [17].

7. Autres affections

Tartre dentaire

Des dépôts de tartre sont fréquemment observés chez des sujets âgés libres ou chez des sujets captifs nourris avec des aliments en boîte. Ces dépôts de tartre sont souvent associés à une gingivite, voire à une pyorrhée alvéolodentaire ou au développement de néoformations tumorales étendues jusqu’au sinus nasal et à la cavité orbitaire [17, 18, 24].

Le traitement consiste à effectuer un détartrage ultrasonique, à extraire les dents déchaussées, et à prescrire de la vitamine C et l’association métronidazole/spiramycine (Stomorgyl® PA 1 cp/kg/jour pendant dix jours). La nourriture fournie en captivité, trop molle, ne correspond pas au besoin de mastication du hérisson : il convient de lui préférer un aliment plus ferme, du type croquettes, complété par des insectes à cuticule.

Affections ophtalmiques

Les cataractes et les kératoconjonctivites sèches sont fréquentes. L’origine semble traumatique et surtout nutritionnelle (par carence en vitamine A), qu’il s’agisse d’une carence d’apport ou d’utilisation.

  • (1) Médicament à usage humain.

Statut juridique et conséquences pratiques

Le hérisson européen est une espèce protégée selon la réglementation française. Deux textes principaux fixent cette protection.

L’arrêté ministériel du 17 avril 1981 donne la liste des mammifères protégés en France. À ce titre « sont interdits, sur le territoire national et en tout temps, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la naturalisation, le transport, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat » des hérissons.

L’arrêté ministériel du 11 septembre 1992 porte sur les règles de fonctionnement et les caractéristiques des établissements qui pratiquent des soins sur les animaux de la faune sauvage. Complété par une circulaire d’application de 1993, il précise le cadre légal auquel le praticien doit se conformer pour soigner un hérisson trouvé :

- article 1 : « les établissements conformes aux dispositions du présent arrêté sont seuls habilités à héberger, soigner et entretenir les animaux de la faune sauvage momentanément incapables de pourvoir à leur survie dans le milieu naturel » ;

- article 2 : tout animal de la faune sauvage recueilli dans un centre de soins agréé « doit y être traité en vue de son insertion ou de sa réinsertion dans le milieu naturel » ;

- article 6 : Les hérissons sont « placés dans des installations compatibles avec leurs impératifs biologiques ». L’annexe à l’article 6 précise que les hérissons « doivent être hébergés dans un local calme et d’un nettoyage aisé ; le logement doit permettre d’obtenir une température stabilisable à plus ou moins 2° C près ».

En pratique, un vétérinaire sollicité pour soigner un hérisson doit en tout état de cause en référer à l’ONC Faune sauvage ou à la DDSV (direction départementale des services vétérinaires), et renvoyer l’animal vers un Centre de soins faune sauvage agréé et titulaire d’une autorisation d’ouverture. Le vétérinaire intervenant dans un tel centre doit être titulaire d’un certificat de capacité “Élevage centre de soins”. Les soins de première urgence peuvent être réalisés dans ses locaux professionnels, mais dans un local prévu à cet effet. Il lui appartient alors de faire installer dans l’établissement agréé une salle de soins et, éventuellement, de chirurgie. Il doit aussi veiller à ce que l’établissement dispose du minimum de matériel et de médicaments nécessaires aux soins les plus courants.

Le hérisson européen n’est pas protégé par la Convention de Washington et il n’est pas inscrit sur la liste rouge de l’UICN des espèces menacées en France. Il est en revanche inscrit sur l’annexe III de la Convention de Berne, donc à ce titre protégé, mais sa “chasse” (terme employé dans les textes) peut être autorisée.

Paramètres biologiques du hérisson européen

Mode de vie crépusculaire et nocturne. Déplacements rapides et bruyants : un hérisson peut parcourir 1 à 2 kilomètres d’une traite (une vitesse de 7,2 km/heure a été contrôlée). Il est bon nageur, mais n’aime pas l’eau. Il peut grimper sur des murs, mais se laisse tomber en boule pour descendre. Se met en boule s’il est inquiété ou sollicité. Recherche sa nourriture la nuit à l’odorat, le museau au ras du sol.

Nids d’herbes sèches, de feuilles mortes et de branchages dans un buisson, un terrier ou une cavité sous abri.

Femelles sédentaires toute l’année, mâles itinérants.

Hibernation dès la fin de l’automne (quand la température descend en dessous de 11° C) jusqu’au mois d’avril, dans un nid de feuilles sèches. Cette hibernation s’effectue selon des phases successives de cinq à six jours, espacées de courtes périodes de réveil avec réchauffement en deux à trois heures (25 réveils en moyenne). Un réveil par semaine est vital pour éliminer l’acidose qui s’installe durant les phases d’hypothermie. Chaque réveil s’accompagne toutefois d’une mobilisation progressive des réserves lipidiques qui peuvent s’épuiser dangereusement. La température corporelle descend de 20° C pour se maintenir 2 à 3 degrés au-dessus de la température extérieure. La fréquence cardiaque descend à 10 battements par minute au cours de cette période. Dès qu’il gèle à l’extérieur, le hérisson se réveille automatiquement. La mortalité atteint 20 % chez les jeunes au nid et 75 % chez les jeunes de moins d’un an. Un jeune doit peser au moins 450 g pour rentrer en hibernation. Ceux qui passent l’hiver ont de bonnes chances de survivre trois ans et plus, mais chaque hibernation est une nouvelle épreuve. L’espérance de vie statistique est de 362 sur 1000 sujets à l’âge d’un an, 31 ‰ à l’âge de 4 ans, 8 ‰ à l’âge de 6 ans et 0 ‰ à l’âge de 10 ans [14].

Estivation possible mais exceptionnelle, en cas de sécheresse prolongée. Le hérisson creuse un tunnel d’un mètre de longueur dans un bois ou occupe le terrier d’un lapin. Cette estivation peut durer plusieurs semaines.

Sons émis : possibles en cas d’affrontement (caquètements), de peur (sifflements), de stress (pépiements) ou de chasse (ronflements bruyants, soupirs).

Bon sens de l’orientation : un hérisson retrouve son gîte après un déplacement de plusieurs kilomètres.

Température environnementale de confort : 22 à 27 °C.

Température corporelle : 35 °C.

Fréquence cardiaque : 180.

Volume sanguin : 70 à 75 ml/kg de poids.

Pression sanguine : 113 mmHg.

Longévité : 7 à 10 ans (5 ans en captivité).

D’après [1, 5, 9, 14, 19].

Physiologie de la reproduction du hérisson européen

Sexe mâle : testicules intra-abdominaux, fourreau au milieu du ventre (PHOTO 3).

Âge de la maturité sexuelle : 8 à 12 mois.

Saison sexuelle : mars à septembre (période la plus favorable mai/juin).

Nature du cycle : diœstrien saisonnier. Premier œstrus en mai/juin, deuxième en août/septembre.

Durée du cycle oestral : 8 à 10 jours. Danse nuptiale complexe (arcs de cercle) et prolongée (plusieurs heures).

Accouplement classique des mammifères ; la femelle rabat ses piquants et les couche vers l’arrière.

Ovulation spontanée.

Durée de la gestation : 35 à 42 jours.

Date de la mise bas : mi-mai à mi-septembre.

Poids à la naissance : 12 à 20 g. Les petits prennent ensuite 40 à 50 g par semaine en moyenne.

Nombre de petits par portée : 3 à 7 (5 en moyenne).

Nouveau-nés : aveugles, glabres, couverts de piquants mous et blanchâtres.

Ouverture des paupières : 14 jours (12 à 18).

Àge du sevrage : 45 jours. La mère peut perdre jusqu’à 30 % de son poids durant la lactation. En cas de dérangement, la mère transporte les petits dans un nid de secours ; elle peut aussi les abandonner ou les manger.

Nombre de paires de mamelles : 5.

Nombre de portées par an : une à deux. La survie de la portée automnale est compromise par l’arrivée de la saison hivernale qui laisse peu de temps aux jeunes pour accumuler des réserves graisseuses en vue de l’hibernation. Les statistiques indiquent 20 % de mortalité infantile avant le sevrage.

Composition du lait :

- eau : 79 % ;

- lipides : 10,1 % ;

- protéines : 7,2 % ;

- glucides : 2 % ;

- minéraux : 0,75 %.

D’après [2, 5, 9, 12,18, 21].

Phénomène d’enroulement

Les hérissons peuvent se rouler en boule grâce à des muscles particuliers. Un volumineux muscle peaucier, le panniculus carnosus, s’étend sous la peau sur toute la moitié dorsale du corps. Il est davantage développé à sa périphérie où il constitue une bande circulaire ou orbicularis.

Lorsque le hérisson veut s’enrouler, deux petits muscles tirent la peau et l’orbicularis vers la croupe et vers la tête. Lorsque l’orbicularis se contracte, il agit alors à la manière du cordon circulaire d’un sac et la peau couverte de piquants vient recouvrir la presque totalité du corps du hérisson, ne laissant subsister qu’une ouverture du diamètre d’un doigt.

La position en boule peut persister pendant des heures, sans occasionner la moindre fatigue.

D'après [5, 9, 14, 20]

Les zoonoses transmissibles par les hérissons

Zoonoses confirmées

• Bactéries

Salmonella spp(1)

Yersinia pseudotuberculosis(2)

Mycobacterium marinum

• Virus

- Virus rabique

- Virus herpès (dont Herpes simplex humain)

• Champignons

Trichophyton mentagrophytes erinacei(1)

Microsporum spp(2)

Zoonoses potentielles ou à confirmer

• Bactéries

Chlamydophila psittaci

Coxiella burnetii

Yersinia pestis

• Virus

Arbovirus

Virus de l’encéphalite à tique

Fièvre hémorragique Crimée-Congo (CCHF)

Tahyma virus

Bhanja virus

Paramyxovirus

Morbillivirus

• Protozaires

Cryptosporidium spp

Toxoplasma gondii

• Champignons

Candida albicans

(1) Zoonoses les plus communes.

(2) Zoonoses assez communes.

D’après [19].

Les sites d’injection chez le hérisson

Voie sous-cutanée

• Au niveau des flancs.

• Saisir et soulever la peau de la région postéro-inférieure du corps à l’aide d’une pince à griffes. Les fluides sont absorbés lentement, de grands volumes sont possibles (jusqu’à 100 ml/kg). La couche de graisse sous-cutanée est importante.

Voie intramusculaire

Muscles cruraux, muscle poplité externe

Voie intrapéritonéale

Au niveau de l’ombilic

Voie intraveineuse

Veine saphène externe, veine céphalique, veine jugulaire

Points forts

L’examen d’un hérisson malade s’effectue de préférence avec des gants en raison des risques zoonotiques, notamment les salmonelloses et les teignes.

La salivation du hérisson est intense et physiologique : elle ne doit pas être confondue avec un état pathologique tel que la rage ou une intoxication.

Les hérissons sont très résistants aux venins de serpents ou d’hyménoptères, ainsi qu’aux toxines. Ils semblent en revanche très sensibles aux pesticides et aux autres produits de traitement.

Les pneumonies d’origine parasitaire représentent l’entité pathologique la plus fréquemment rencontrée chez le hérisson.

Les salmonelles seraient responsables de près de 50 % des morts d’origine bactérienne chez les hérissons.

Plusieurs plans de suture sont nécessaires, avec des points séparés (à l’aide d’un monofil irrésorbable déc. 2), car les sutures lâchent facilement lorsque le hérisson s’enroule.

À lire également

21 - Risi E. Consultation du hérisson : les particularités physiologiques et pathologiques à connaître. La Dépêche Vétérinaire. 2001;682:16-17.

  • 2 - oussarie D. Mémento thérapeutique des NAC. Med’Com Ed. Paris. 2003:55-58.
  • 3 - Boussarie D, Schilliger L, Rival F. Vade-Mecum d’anesthésie des NAC. Med’Com Ed. Paris. 2002:32.
  • 4 - Brown S, Rosenthal K. Small Mammals. Manson Publishing Ed. London. 1997:192pages.
  • 5 - Burton M. Le hérisson. Stock Ed. Collection Livres de nature. Paris. 1970:154 pages.
  • 9 - Deom P. Le hérisson. La Hulotte. Passerage Ed., Boult aux bois. 1999(77):52 pages.
  • 14 - Morris P, Berthoud G. La vie du hérisson. Ed. Delachaux et Niestlé, Paris. 1987:127pages.
  • 16 - Nowak R. Walker’s Mammals of the World. VI Ed. The Johns Hopkins University Press. 1999:114-123.
  • 1 - Poduschka W, Saupe E. Dans : Consultation des nouveaux animaux de compagnie. Éd. Point Veterinaire, Maisons-Alfort. 1992:75-96.
  • 19 - Riley Y, Chomel B. Hedgehog zoonoses. Emerging Infectious Diseases. 2005;11(1):1-5.
  • 22 - Robinson I, Routh A. Veterinary care of the hedgehog. In Practice. 1999:128-137.
  • 23 - Scott Larsen R, Carpenter JW. Usbandry and medical management of African hedgehogs. Vet. Med. 1999:877-888.
  • 24 - Stocker L. The complete hedgehog. Chatto and Windus Ltd. ed., London. 1987:175pages.
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