Diagnostic des affections nasosinusales par rhinoscopie - Le Point Vétérinaire n° 265 du 01/05/2006
Le Point Vétérinaire n° 265 du 01/05/2006

ENDOSCOPIE CHEZ LE CHIEN ET CHEZ LE CHAT

Pratiquer

IMAGERIE

Auteur(s) : Luc-André Fribourg-Blanc

Fonctions : Clinique vétérinaire,
5, place Cauchoise,
76000 Rouen
59, rue de la République
76520 Boos

Lors d’une épistaxis ou d’un jetage, une rhinoscopie précoce permet souvent d’instaurer un traitement avant l’extension de l’affection sous-jacente.

La rhinoscopie consiste à introduire un appareil d’imagerie dans les cavités nasales afin d’explorer les voies respiratoires hautes : cavités nasales, sinus frontaux et nasopharynx. Cet examen est avant tout un outil diagnostique efficace et atraumatique, parfois même curatif pour certaines affections. Les principaux symptômes qui incitent à pratiquer une rhinoscopie sont les jetages, séreux à mucopurulents, accompagnés ou non d’épistaxis. Ils sont souvent associés à des troubles respiratoires hauts (respiration buccale, ronflements, éternuements, reverse sneezing (ou reniflement inverse) : mouchage, etc.). Les principales maladies des cavités nasales sont les cancers, les rhinites, qu’elles soient lymphoplasmocytaires, plasmocytaires, éosinophiliques ou primitivement bactériennes, l’aspergillose nasosinusale, les rhinites à corps étranger et les fistules oronasales (voir la FIGURE “Répartition des différentes causes de rhinite”).

L’examen des voies respiratoires supérieures par endoscopie peut être réalisé chez le chat et chez le chien, sans exception de taille, en fonction du matériel disponible (voir les ENCADRÉS “Les différents types de rhinoscope” et “Le matériel annexe indispensable”).

Indications dans la démarche diagnostique

Le diagnostic des affections des sinus et des cavités nasales est difficile à établir sans recourir à des examens complémentaires (voir l’ENCADRÉ “Rappels anatomiques chez le chien et chez le chat”). Les symptômes (épistaxis, jetage séreux, muqueux ou mucopurulent, toux, éternuements, reniflement inverse, frottements, etc.) sont peu spécifiques. Les examens complémentaires simples, comme la radiographie des cavités nasales, les prélèvements du liquide de jetage en vue d’une cytologie ou d’une culture et la sérologie aspergillose, sont souvent délicats à interpréter et ne permettent que rarement un diagnostic de certitude.

1. Conduite diagnostique

• Le diagnostic différentiel chez un chien qui présente une affection nasale chronique caractérisée par un jetage ou une épistaxis commence par un examen clinique soigneux incluant une exploration bucco-gingivale complète.

• Lors d’épistaxis, un second temps consiste à éliminer les causes extra-nasales, en particulier celles qui induisent des troubles de la coagulation ou une hypertension artérielle [13].

• Si la maladie chronique paraît d’origine nasale, la rhinoscopie est l’examen le plus complet, qui permet à la fois une observation de la cavité nasale, le recueil de prélèvements et, éventuellement, un traitement concomitant. Le scanner et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont également des examens sources de précieux renseignements pour l’établissement du diagnostic et indispensables lors du bilan d’extension des tumeurs.

Les radiographies, obligatoirement pratiquées sous anesthésie générale pour être de bonne qualité, sont en revanche souvent d’interprétation difficile et peuvent représenter une perte de temps. La précocité de la rhinoscopie améliore le pronostic de l’affection.

• Le choix concernant l’analyse des différents prélèvements (examens histopathologique, mycologique, bactériologique, etc.) est fait en fonction des lésions observées.

2. Intérêt de la rhinoscopie

• La rhinoscopie est un examen atraumatique qui permet d’obtenir un diagnostic dans la quasi-totalité des cas, souvent même avant d’avoir les résultats des analyses. Une étude personnelle portant sur 154 rhinoscopies chez des chiens et des chats atteints d’affection chronique des cavités nasales montre que, dans 94 % des cas, la rhinoscopie, associée à des analyses des différents prélèvements effectués, aboutit à un diagnostic de certitude.

• La rhinoscopie permet également un traitement immédiat de certaines affections.

• Les lésions observées, contrairement aux symptômes, sont spécifiques lors d’affection tumorale, d’aspergillose, de fistule oronasale ou de corps étranger. Seule la rhinite chronique idiopathique reste un diagnostic par défaut dont l’étiologie est incertaine et ne peut être affinée que par l’examen histopathologique des biopsies et, éventuellement, par l’examen bactériologique.

3. Limites de la rhinoscopie

Lors de lésions en début d’évolution, un utilisateur peu expérimenté est susceptible de ne pas évaluer des modifications discrètes de l’anatomie des cavités nasales. Des corps étrangers de petite taille, enkystés depuis longtemps dans la muqueuse nasale, peuvent également ne pas être visibles, même pour un manipulateur exercé [8].

Comme pour tout examen qui requiert une anesthésie générale, le recours à la rhinoscopie n’est envisagé que si l’état général de l’animal est bon et si aucun trouble de la coagulation n’est rapporté.

Réalisation pratique de la rhinoscopie

1. Préparation de l’animal

Une anesthésie générale est indispensable. Il convient donc d’effectuer au préalable une numération-formule sanguine, un bilan biochimique et un bilan de coagulation, recommandé en raison des risques de saignements occasionnés par cet examen.

• Il n’existe pas de protocole type pour l’induction, mais un relais gazeux est vivement recommandé en raison de la nécessité d’une anesthésie profonde qui annule tous les réflexes d’éternuements et de reniflements liés à la grande sensibilité de la muqueuse nasale et du nasopharynx [8]. Une anesthésie trop légère empêcherait un examen correct. La durée de celui-ci est en outre variable selon les affections.

• L’intubation trachéale avec un ballonnet gonflé empêche tout écoulement de sang, de sécrétions ou de liquide de rinçage dans l’arbre respiratoire. Des compresses peuvent également être placées dans le fond de la gueule. La sonde d’intubation est attachée à la mandibule afin de libérer un accès large au nasopharynx et à la cavité buccale.

• Un monitorage cardiaque et respiratoire est normalement mis en place.

• Le chien est disposé en décubitus sternal, la tête surélevée, maintenue à l’aide d’un matelas de contention par dépression, le chanfrein légèrement incliné vers le haut par rapport à l’horizontale. Un pas-d’âne est laissé en place afin d’éviter que l’animal ne morde accidentellement le fibroscope (PHOTO 5).

• Les cavités nasales sont préparées par l’instillation dans chaque narine de 0,5 à 5 ml de xylocaïne naphazolinée®(1) (association d’anesthésique local et de vasoconstricteur local) qui permet de limiter les saignements et la diminution du volume des cornets [8]. L’administration peut être renouvelée au cours de l’examen si nécessaire.

En cas de saignement, la cavité nasale peut être irriguée par l’intermédiaire du canal opérateur à l’aide d’une solution saline isotonique glacée additionnée de xylocaïne naphazolinée(1).

2. Déroulement de l’examen

La rhinoscopie doit être précédée d’un examen soigneux de la cavité buccale qui inclut un sondage systématique des poches parodontales afin d’éliminer l’hypothèse d’une fistule oronasale [8].

Si des radiographies sont prévues, elles sont effectuées avant la rhinoscopie en raison des modifications susceptibles d’être engendrées par l’examen rhinoscopique et qui peuvent compliquer l’interprétation des clichés.

Rhinoscopie rétrograde

La rhinoscopie rétrograde est pratiquée en premier pour éviter de souiller le nasopharynx par des sécrétions ou des saignements issus des cavités nasales.

L’intervention consiste à béquiller à 180° vers le haut l’extrémité distale du fibroscope souple en avant du larynx et à la faire passer dans le nasopharynx jusqu’aux choanes. Il est également possible, dans certains cas, de remonter jusqu’au méat nasopharyngien et d’examiner la partie caudale des cornets ventraux et dorsaux (PHOTO 6).

Des actes thérapeutiques et des biopsies peuvent alors être pratiqués.

La pince à biopsie doit impérativement être insérée dans le canal opérateur de l’endoscope avant de le béquiller afin de ne pas l’endommager.

Rhinoscopie “antérograde”

Lors de rhinite unilatérale, le côté sain est observé en premier.

• L’entrée dans les cavités nasales par les narines peut être rendue malaisée par le contournement du cartilage alaire [1]. Le septum, qui apparaît lisse et plat sur le côté de l’image, est alors visualisé afin de repérer les différents cornets. Les méats dorsaux, moyens et ventraux peuvent être explorés jusqu’au méat nasopharyngien et aux volutes ethmoïdales. Les méats apparaissent fins et plats.

L’examen est délicat et peut occasionner des saignements des muqueuses principalement lors de l’examen de cavités nasales saines. Il doit être méthodique et inclure toutes les parties de la cavité nasale [8].

• Lors d’affections qui provoquent une atrophie suffisante des cornets ou chez les chiens de race de grande taille, le sinus frontal peut être observé avec un fibroscope souple en passant par l’ostium nasosinusal.

Les cornets nasaux aux contours incurvés apparaissent lisses, réguliers, avec un fin réseau capillaire sous-muqueux. La couleur de la muqueuse varie du rose au rouge [8]. La présence et la nature des sécrétions sont notées, et elles sont aspirées si nécessaire. Toutes les modifications de la taille des méats et de la forme et de l’aspect des cornets et volutes sont relevées (PHOTO 7a et 7b).

Cette voie peut aussi être utilisée pour réaliser des prélèvements et des actes thérapeutiques.

• Les hémorragies représentent la complication la plus fréquente. Elles sont le plus souvent peu abondantes et rétrocèdent à l’application de vasoconstricteurs locaux. Dans le cas rare d’une hémorragie sévère, une ligature de la carotide interne peut être réalisée [7]. D’autres complications peuvent être dues à de fausses déglutitions à la suite d’un ballonnet de sonde trachéale insuffisamment gonflé.

Aspect des principales lésions

Les principales modifications portent sur la forme, la couleur, l’aspect atrophié, congestionné ou hyperhémié des cornets nasaux, la présence de mucus, de liquide de jetage, de sang, de proliférations, de colonies fongiques ou de parasites, etc. [9].

1. Tumeur des cavités nasales

• Les tumeurs des cavités nasales sont, en grande majorité, malignes [11]. Il s’agit le plus souvent d’adénocarcinomes, de carcinomes, de chondrosarcomes et de lymphomes (voir la FIGURE “Répartition des différents types de néoplasie des cavités nasales”).

Elles sont généralement visibles par la voie rétrograde, faisant saillie au niveau d’un choane ou même parfois bilatérales en fonction de l’évolution de la maladie (PHOTO 8a et 8b). Elles sont en effet souvent caudales dans les cavités nasales.

En vision rostrale, elles sont généralement bien délimitées et envahissent rapidement la totalité des méats en provoquant une perte d’architecture. Elles peuvent être richement vascularisées, de forme ou de consistance variable.

• Après aspiration des liquides de jetage, et éventuellement irrigation, l’aspect est caractéristique d’un envahissement néoplasique par l’observation d’une prolifération tissulaire anarchique, souvent très vascularisée, envahissant tout ou partie de la cavité nasale.

• Des biopsies soigneusement étagées, destinées à l’histopathologie, permettent de caractériser la nature de la tumeur et son grade. Elles doivent être nombreuses (au moins cinq) et suffisamment profondes, de quelques millimètres au-delà de la surface de la tumeur (l’idéal est de voir disparaître la totalité de l’extrémité de la pince à biopsie) pour éviter des faux négatifs par un prélèvement dans la zone inflammatoire qui peut entourer la partie tumorale (PHOTO 9a et 9b).

• L’aspect des polypes nasopharyngés est variable. Ces derniers peuvent provoquer une occlusion complète du nasopharynx. Ils sont retirés à l’aide d’une anse à polypectomie diathermique. Ils sont plus fréquemment décrits chez le chat. Certains polypes non pédiculés ou trop volumineux et mal individualisés peuvent exceptionnellement nécessiter une rhinotomie pour leur ablation.

2. Aspergillose nasosinusale

• Lors d’exploration rostrale, l’aspergillose est caractérisée par une augmentation de la taille des méats et une exploration facile, liée à la destruction des cornets par les toxines aspergillaires. Les deux cavités nasales sont souvent en communication par la destruction du septum nasal. Une destruction partielle des cornets est associée à une congestion et à une inflammation de la muqueuse nasale, et à l’apparition de formations granulomateuses (PHOTO 10a et 10b) [4].

• Des amas aspergillaires sont systématiquement retrouvés. Ils sont d’aspect blanc cotonneux en début d’évolution, ou dur et jaunâtre ou verdâtre lorsqu’ils sont plus anciens. L’érosion est souvent tellement avancée qu’il est possible de pénétrer sans difficulté dans les sinus frontaux par l’ostium nasosinusal.

• L’aspect est caractéristique et suffisant pour établir un diagnostic d’affection aspergillaire. Une mise en culture de biopsies de muqueuse et de prélèvements des placards fongiques permet de confirmer le diagnostic (PHOTO 11a et 11b).

• Les plaques aspergillaires sont parfois visibles par les choanes.

• La rhinoscopie permet également d’effectuer un curetage des sinus et des cavités nasales. Le traitement par balnéation est plus efficace après le nettoyage et la disparition de tous les amas aspergillaires.

• Les lésions des autres mycoses nasales (rhinosporidiose, cryptococcose) sont moins spécifiques et leur diagnostic repose principalement sur l’histopathologie.

3. Corps étranger nasal

Un corps étranger nasal est généralement directement visible au niveau des méats. Comme il peut également siéger au niveau du nasopharynx, les deux abords de la cavité nasale sont indispensables. L’extraction est le plus souvent simple, au moyen d’une pince alligator ou d’une pince triple. Dans de rares cas, elle peut se révéler minutieuse et longue. Exceptionnellement, en cas d’échec, un corps étranger trop volumineux peut nécessiter une rhinotomie par voie ventrale.

La muqueuse nasale apparaît congestionnée, le plus souvent recouverte d’un tapis muqueux à mucopurulent épais. Il est parfois nécessaire d’aspirer le liquide de jetage et de nettoyer la cavité nasale par irrigation afin de visualiser le corps étranger. L’examen de la cavité nasale doit être complet afin de ne pas oublier de débris (cas des épillets) (PHOTO 12et 12b).

4. Fistule oronasale

Les fistules oronasales sont le plus généralement diagnostiquées par un examen gingival, mais leur existence peut être confirmée par rhinoscopie [8]. L’abord est antérograde, et montre des lésions de congestion et de surinfection de la cavité nasale. Un nettoyage par aspiration est le plus souvent nécessaire à l’observation de la cavité nasale. Le passage d’une sonde parodontale par voie buccale le long d’une racine dentaire peut être suivi par rhinoscopie (PHOTO 13 et 13b).

5. Rhinites parasitaires

Les rhinites parasitaires sont rares en France. Elles sont mises en évidence par l’examen direct des parasites dans la cavité nasale.

• L’acariose à Pneumossoides caninum est caractérisée par la présence d’arthropodes de 1 à 1,5 mm sur les cornets et au niveau des choanes.

• La linguatulose à Lingutula serrata est mise en évidence par la visualisation directe du parasite (environ 10 cm) dans les cavités nasales [5, 6].

6. Rhinite chronique idiopathique

Le diagnostic de rhinite chronique idiopathique est établi après l’élimination de toutes les autres causes de rhinite.

Les lésions sont le plus souvent bilatérales, même lors d’écoulement nasal unilatéral, et sont caractérisées par une inflammation épithéliale et une augmentation de la sécrétion de mucus, accompagnée ou non d’une épistaxis, qui peut aller jusqu’à la destruction de cornets nasaux [14].

L’analyse de biopsies permet d’avérer une rhinite chronique lymphoplasmocytaire, souvent sous-diagnostiquée [14]. La mise en culture permet également de caractériser une rhinite ou une sinusite bactérienne (PHOTO 14a et 14b).

La rhinoscopie permet d’établir un diagnostic fiable dans la plupart des cas de rhinite, voire de traiter l’animal. Elle peut aussi être efficacement associée à d’autres examens, comme le scanner ou l’IRM des cavités nasales, ce qui permet un bilan d’extension plus précis, une exploration plus profonde de la cavité nasale et de ses annexes, ou une localisation des sites de biopsie [10].

  • (1) Médicament à usage humain.

Les différents types de rhinoscopece

Deux types d’endoscope sont utilisés en rhinoscopie.

Le rhinoscope rigide est de type arthroscope. De 2,7 mm de diamètre, il est glissé dans une chemise munie d’un canal qui permet l’irrigation et l’aspiration. L’optique présente un angle qui varie de 0 à 30°. L’image obtenue est de bonne qualité en raison de la visualisation directe au travers de lentilles, mais la rigidité de l’endoscope limite l’examen en profondeur et ne permet pas l’exploration du nasopharynx (PHOTO 1).

Le fibroscope souple est de type bronchoscope pédiatrique humain. Il en existe de différents types. Pour un usage courant, un appareil de 5 mm de diamètre et de 50 cm de long est utilisé, muni d’un canal opérateur de 2,2 mm de diamètre qui autorise des biopsies de taille suffisante et l’insertion d’outils de fort diamètre pour effectuer divers actes endoscopiques. Chez les chats de petite taille et les très petits chiens, un fibroscope souple de 2,8 mm de diamètre muni d’un canal opérateur de 1,2 mm de diamètre est nécessaire. L’inconvénient de ce fibroscope est la taille réduite de l’image obtenue et un canal qui ne permet que des biopsies de très petite taille, plus difficilement exploitables. Plus le diamètre de l’endoscope est petit, plus l’image et le canal opérateur sont petits. L’irrigation, l’aspiration ou le nettoyage sont réalisés par le canal opérateur (PHOTO 2).

L’avantage du fibroscope, par rapport à l’endoscope rigide, réside dans sa flexibilité, ce qui permet d’avancer dans la cavité nasale en respectant le caractère sinueux des méats, d’explorer, dans certains cas, les sinus frontaux, et surtout le nasopharynx et les choanes par rétroflexion du fibroscope. En revanche, la qualité de l’image, en raison de sa transmission par des fibres optiques, est de moins bonne qualité.

La technique d’avenir, encore trop onéreuse en clientèle courante, est le vidéo-rhinoscope, dont la caméra est directement située à l’extrémité de l’endoscope.

Les fibroscopes souples permettent également une utilisation en bronchoscopie lors d’affections respiratoires profondes.

Ces appareils sont fragiles, et nécessitent une manipulation et un entretien délicats. Le matériel est systématiquement nettoyé à l’aide d’un produit protéolytique (Alkazyme®) et désinfecté (Alcacide®) après chaque examen.

Le matériel annexe indispensable

Le générateur de lumière. L’endoscope est relié par l’intermédiaire d’un faisceau de fibres optiques à un générateur de lumière froide de type halogène 150 watts. Il existe également des sources de lumière à arc au xénon, plus puissantes, mais également plus chères. Elles permettent un meilleur rendu d’image et une vision plus profonde dans les cavités. Leur acquisition n’est pas indispensable en rhinoscopie (PHOTO 3).

L’aspirateur chirurgical. Relié à l’endoscope, l’aspirateur chirurgical est indispensable pour aspirer les sécrétions et effectuer des nettoyages soigneux des cavités nasales. Désolidarisé de l’endoscope, il permet la vidange de la cavité buccale lors de “flushing” (injection avec force et récupération par aspiration d’une solution saline) de la cavité nasale ou de saignements trop abondants.

Les outils perendoscopique. Un jeu de pinces à biopsie de tailles et de types différents, une anse diathermique pour l’exérèse des polypes par “électrosection” et une pince préhensile pour l’extraction des corps étrangers complètent le matériel (PHOTO 4).

Le système d’irrigation est constitué d’une poche et d’une tubulure de perfusion reliée à l’endoscope.

Un bistouri électrique à commande par pédale est nécessaire à l’utilisation des anses diathermiques.

Matériel facultatif. Il convient d’ajouter à ce matériel de base indispensable une caméra CCD d’endoscopie et un moniteur couleur, permettant de travailler de façon plus confortable et plus précise. La connexion de la caméra à un ordinateur, à une imprimante vidéo couleur ou à un magnétoscope permet d’obtenir des images ou des séquences d’images des sites d’intervention, ce qui permet un archivage ou une présentation des lésions au propriétaire de l’animal.

Rappels anatomiques chez le chien et le chat

Les cavités nasales sont les parties les plus crâniales de l’arbre respiratoire [7]. Elles s’étendent des narines à la lame criblée de l’ethmoïde et aux choanes qui les mettent en relation avec le nasopharynx. Elles sont divisées en deux parties, droite et gauche, par le septum nasal qui repose ventralement sur le vomer [3]. Le septum nasal est une lame cartilagineuse sur sa plus grande longueur, à l’exception d’une partie membraneuse rostrale et d’une partie osseuse caudale. Les cavités nasales sont limitées sur le côté, dorsalement et ventralement, par l’os maxillaire nasal et palatin.

Chaque cavité nasale est occupée par de fines lamelles cartilagineuses enroulées sur elles-mêmes : les cornets nasaux. Le cornet dorsal est principalement développé en région caudale. Le cornet ventral est très volumineux et ramifié. Il occupe presque totalement la partie rostrale de la cavité nasale. La partie caudale de la cavité nasale est constituée par les volutes ethmoïdales issues de l’ethmoïde. Les espaces délimités par les cornets et les cloisons forment les méats nasaux [2, 3].

Les sinus paranasaux sont au nombre de trois (récessus maxillaire, sinus frontal et récessus sphénoïdal). Le sinus frontal est divisé en trois parties (rostrale, médiale et latérale) en communication avec la cavité nasale par l’ostium nasosinusal. Les sinus frontaux sont partiellement comblés par les cornets ethmoïdaux (voir la FIGURE “Coupe sagittale d’un crâne de chien”) [2, 3].

Les cavités nasales du chat possèdent la même organisation que celles du chien, avec des rapports de taille différents entre les cornets nasaux. Il n’existe en revanche qu’un seul sinus frontal.

La muqueuse nasale, la sous-muqueuse et les glandes nasales ont un rôle prépondérant d’humidification et de thermorégulation de l’air inspiré. La muqueuse olfactive recouvre les volutes ethmoïdales. L’ensemble de la vascularisation est issu de l’artère maxillaire, issue elle-même de la carotide interne [3].

Points forts

La rhinoscopie et ses examens complémentaires permettent d’établir un diagnostic précis dans la majorité des cas, d’évaluer le pronostic et d’instaurer un traitement de l’affection des cavités nasales.

L’examen des cavités nasales doit être méthodique, rigoureux et standardisé.

Le diagnostic des affections des cavités nasales est impossible à établir sans examens complémentaires.

Le matériel nécessaire à la rhinoscopie est spécifique et représente un investissement de base d’un coût élevé.

L’utilisation d’un endoscope souple permet une exploration à la fois des cavités nasales et du nasopharynx.

  • 1 - Anchierri Piazza A. Place de l’examen endoscopique de la cavité nasale des carnivores domestiques. Thèse vétérinaire. ENV de Lyon. 2002 : 232p.
  • 2 - Bardet JF. La chirurgie des cavités nasales sous guidage endoscopique. Point Vét. 1999 ; 30(196) : 25-32.
  • 3 - Barone R. Anatomie comparée des mammifères domestiques. 3e éd. Ed. Vigot, Paris. 1986 : 761.
  • 4 - Bergeaud P. Aspergillose nasale. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp. 2000 ; 35 : 541-544.
  • 5 - Bourdeau P. Autres parasites de l’appareil respiratoire. Encyclopédie vétérinaire. Parasitologie. Ed. Elsevier, Paris. 1992 ; 900 : 2p.
  • 6 - Bourdoiseau G. Les affections respiratoires parasitaires du chien. Point Vét. 1995 ; 27(n° spécial “Pathologie respiratoire des carnivores domestiques”) : 449-458.
  • 7 - King LG. Textbook of respiratory disease in dogs and cats. Elsevier ed., St Louis. 2004 : 665.
  • 8 - Hennet P. Examen rhinoscopique et chirurgie des cavités nasales. Encycl. Méd. Chir. Chirurgie des tissus mous. Ed. Elsevier, Paris. 2004 ; 1100 : 7p.
  • 9 - Lecoindre P, Bergeaud P. Diagnostic des affections nasosinusales : intérêt de la rhinoscopie. Étude rétrospective de 324 cas. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp. 2003 ; 38 : 263-275.
  • 10 - Lefebvre J, Kuehn NF, Wortinger A. Computed tomography as an aid in the diagnosis of chronic nasal disease in dogs. J. Small Anim. Pract. 2005 ; 46 : 280-285.
  • 11 - Parodi AL. Tumeurs des cavités nasales et des sinus chez le chien. Caractères lésionnels et données épidémiologiques. Point Vét. 1987 ; 19(103) : 5-10.
  • 12 - Ruel Y. Imagerie des cavités nasales et des sinus chez le chien et chez le chat. Point Vét. 2005 ; 256 : 74-79.
  • 13 - Savary-Bataille K. Diagnostic d’une épistaxis chez le chien et chez le chat. Point Vét. 2002 ; 231 : 40-42.
  • 14 - Windsor RC, Johnson LR, Herrgesell EJ, et coll. Idiopathic lymphoplasmocytic rhinitis in dogs : 37 cases (1997-2002). J. Am. Vet. Med. Assoc. 2004 ; 224(12) : 1952-1957.
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