CÉSARIENNE CHEZ UNE VACHE
Pratiquer
SUR ORDONNANCE
Auteur(s) : Jean-Dominique Puyt
Fonctions : Unité de pharmacologie et toxicologie, ENV de Nantes
Tous les médicaments qui peuvent demeurer à l’état de résidus doivent figurer sur l’ordonnance, y compris ceux administrés par le praticien.
Une césarienne est réalisée chez une vache de 600 kg sous sédation au Rompun® et sous anesthésie locale à base de Xylovet®. Après l’intervention, qui a eu lieu dans des conditions d’asepsie imparfaites, le praticien, par précaution, effectue une injection d’Intramicine®.
Intramicine® est une suspension injectable aqueuse à base de deux antibiotiques : la pénicilline G à spectre étroit, active surtout sur les bactéries à Gram positif, et la dihydrostreptomycine bactéricide, à spectre plus large et davantage orienté contre les bactéries à Gram négatif. Le spectre d’activité de l’association est donc large et permet de prévenir d’éventuelles complications infectieuses dues à des bactéries classiques.
Cette association de base, qui utilise des antibiotiques traditionnels, est consacrée par l’usage pour la prévention des complications infectieuses post chirurgicales. Son utilisation en prévention est recommandée car l’asepsie en médecine bovine sur le terrain est imparfaite. Son administration préventive, avant que toute colonie bactérienne n’ait eu le temps de se multiplier, donc un foyer infectieux d’apparaître, a toutes les chances d’être efficace.
La législation exige que tous les médicaments susceptibles de demeurer à l’état de résidus toxiques ou dangereux dans les denrées alimentaires d’origine animale (alinéa e de l’article L. 5144-1 du Code de la santé publique), y compris ceux qui ont été directement administrés par le praticien, soient mentionnés sur l’ordonnance, même si leurs temps d’attente sont nuls. Ainsi, Rompun®, à base de xylazine, Xylovet®, à base de lidocaïne, de même que les 60 ml d’Intramicine® injectés par le vétérinaire, doivent être inscrits sur l’ordonnance.
La fonction informative de l’ordonnance est une évidence. Elle détaille la conduite du traitement au détenteur des animaux. En revanche, il convient de ne pas oublier une autre fonction de l’ordonnance, tout aussi importante, qui concerne la sécurité sanitaire des aliments. L’ordonnance numérotée extraite de carnets à souche à duplicata constitue une trace écrite des traitements que l’animal de production a reçus. Les temps d’attente doivent y être mentionnés et les praticiens y sont bien habitués. Mais il convient de ne pas oublier de mentionner, pour les médicaments injectables, le lieu précis de l’injection, ce qui a été oublié dans le cas de l’Intramicine® et doit être précisé dans les cas de Rompun® et de Xylovet®.
La prescription rédigée sur une ordonnance à duplicata et numérotée dispense le vétérinaire de la tenue d’un ordonnancier. L’original est remis à l’éleveur et conservé pendant cinq ans dans le registre d’élevage et la copie est conservée pendant dix ans par le praticien.
La mention “renouvellement interdit” est obligatoire sur l’ordonnance. Le renouvellement est interdit en raison du risque de résidus toxiques ou dangereux. L’éleveur ne doit donc pas pouvoir obtenir à nouveau les médicaments prescrits en présentant cette ordonnance à un pharmacien. C’est pourquoi, bien qu’en théorie les ordonnances numérotées et à duplicata ne peuvent être exécutées qu’une fois, puisque le duplicata est gardé par l’exécutant, il est obligatoire que le vétérinaire qui les exécute y porte une mention claire relative à la délivrance des médicaments.
Rompun® est une spécialité pharmaceutique vétérinaire à base de xylazine, un sédatif analgésique classiquement utilisé pour les césariennes chez la vache. Son temps d’attente pour le lait est nul et il est de deux jours pour la viande et les abats. Son inscription et son instruction doivent figurer sur l’ordonnance, ce qui n’a pas été fait ici.
Xylovet® est une spécialité pharmaceutique vétérinaire à base de lidocaïne, un anesthésique local utilisé en complément de la sédation et de l’analgésie à la xylazine dans les césariennes chez la vache. Son temps d’attente est nul. Son inscription et son instruction auraient dû figurer sur l’ordonnance.
- Pinault L, Pouliquen H, Vandaele E. Vade-mecum de législation en pharmacie vétérinaire. Les Éditions du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort. 2006:488 pages.