Fatigabilité et dysorexie chez un chat - Le Point Vétérinaire n° 256 du 01/06/2005
Le Point Vétérinaire n° 256 du 01/06/2005

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CARDIOLOGIE

Auteur(s) : Jean-François Rousselot*, Daniel Hervé**

Fonctions :
*414 A, chemin des Canniers, Quartier Lagoubran, 83190 Ollioules
**61, rue Émile-Raspail, 94110 Arcueil

Un chat qui se bat souvent avec ses congénères selon ses propriétaires, est amené à la consultation pour une fatigabilité marquée avec dysorexie depuis dix jours.

→ Un chat mâle castré européen âgé de quatre ans, pesant 4 kg, se bat régulièrement avec d’autres chats. Il a présenté de nombreux abcès par morsures et griffades. Un abcès récent n’a pas été traité.

→ L’examen clinique révèle un animal en mauvais état général car amaigri et hyperthermique (39,7 °C). La couleur des muqueuses et le temps de recoloration capillaire sont normaux. La palpation du choc précordial indique une fréquence cardiaque de 160 à 180 coups par minute, le rythme est régulier. Son intensité est normale et constante. Le pouls fémoral semble diminué, mais sans déficit. La fréquence respiratoire, discrètement augmentée, s’accélère lors des manipulations.

→ L’auscultation cardiaque confirme la fréquence cardiaque de 160 à 180 bpm. Un bruit surajouté de souffle holosystolique médiothoracique gauche d’intensité 3/6 à 4/6 est audible, avec un son « piaulant ». Le rythme est régulier. Ce souffle n’a jamais été entendu auparavant. L’auscultation pulmonaire attentive ne révèle pas de bruits adventices.

Examens complémentaires

→ Unhémogramme (motivé par l’hyperthermie), un électrocardiogramme (tachycardie), des radiographies et des échocardiographies (souffle cardiaque) sont réalisés.

→ L’hémogramme montre une leucocytose nette avec une granulocytose. Le chat est testé négatif vis-à-vis de la leucose féline et du FIV.

→ L’électrocardiogramme met en évidence un rythme sinusal avec une fréquence de 185 bpm (à la limite de la tachycardie sinusale).

→ Des radiographies thoraciques de face et de profil ne montrent aucune anomalie de la silhouette cardiaque ni des champs pulmonaires.

→ À l’échocardiographie bidimensionnelle, les ventricules et les oreillettes apparaissent non dilatés. Leurs parois sont d’aspect normal, légèrement hétérogènes. Le péricarde est normal. Une masse très échogène de 5,4 par 7,3 mm encombre en revanche la région du sinus aortique en partie supérieure de la chambre de chasse du ventricule gauche, dans la région de la valve aortique non coronaire (ÉCHOGRAPHIES 1 ET 2). Les valvules mitrales sont normales, ainsi que leur appareil sous-valvulaire. Le ventricule et l’atrium droits ne sont pas dilatés ; les valvules tricuspides sont normales. Il n’existe pas d’épanchement.

→ Les mesures réalisées en mode temps-mouvement confirment l’absence de modifications de taille des cavités cardiaques et des parois, avec une fraction de raccourcissement de 47 %.

→ L’examen Doppler des différents orifices est normal, excepté au niveau aortique où le flux est fortement perturbé avec une vélocité augmentée à 3,70 m/s (ÉCHOGRAPHIE 3), soit un gradient de 55 mm Torr. Ce gradient est lié à l’obstruction de la voie d’éjection aortique. Il est responsable du bruit surajouté. Il existe également un flux diastolique avec une vélocité de 3,60 m/s qui correspond à une insuffisance aortique non perçue lors de l’auscultation.

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