Les indications de l’électrodiagnostic chez le chien et le chat - Le Point Vétérinaire n° 254 du 01/04/2005
Le Point Vétérinaire n° 254 du 01/04/2005

AFFECTIONS NERVEUSES PÉRIPHÉRIQUES OU MUSCULAIRES

Éclairer

NOUVEAUTÉS

Lors de dysfonctionnement neuromusculaire, l’électrodiagnostic définit la localisation et la gravité de la lésion. Il permet souvent un diagnostic et un pronostic.

L’électrodiagnostic consiste à enregistrer l’activité électrique des muscles, spontanée ou après stimulation nerveuse. Il contribue au diagnostic différentiel lors de suspicion de neuropathie périphérique, d’affection de la jonction neuromusculaire et de myopathie.

Objectif : localiser et caractériser la lésion

L’électrodiagnostic permet :

- de dépister une affection neuromusculaire (nerf rachidien crânien, muscle ou jonction neuromusculaire) ;

- de localiser la lésion nerveuse (atteinte nerveuse proximale ou distale) et d’en préciser la sévérité ;

- de déterminer l’étendue des anomalies (membres antérieurs, postérieurs, larynx, sphincter anal, face) ;

- de distinguer une atteinte nerveuse motrice d’une atteinte sensitive ;

- de caractériser la nature de la lésion (atteinte de l’axone ou de la gaine de myéline) ;

- et d’en suggérer l’origine.

Trois étapes

L’examen électrodiagnostique est réalisé en plusieurs temps [1].

• La première étape consiste en l’enregistrement de l’activité spontanée (voir la FIGURE complémentaire “Exemple d’activité spontanée anormale, fibrillation” sur planete-vet) au sein des muscles (sans aucune stimulation nerveuse) à l’aide d’une électrode bifilaire. Elle permet de confirmer l’existence, soit d’une affection musculaire (myopathie), soit d’une d'énervation (neuropathie axonale, traumatisme, etc.). Appliquée à l’ensemble des muscles des membres, de la colonne vertébrale, du larynx ou de la tête, elle permet de réaliser une cartographie des sites affectés.

• La deuxième étape, applicable uniquement aux membres, consiste à stimuler un nerf avec des électrodes monoculaires et à enregistrer la réponse motrice (potentiel d’action composé d’unités motrices = PAUM) dans le muscle (voir la FIGURE complémentaire “Potentiel d’action évoqué moteur d’unité motrice” sur planete-vet). La forme des potentiels et la vitesse de conduction nerveuse apportent des informations sur la nature de la lésion nerveuse (axonale ou démyélinisante). Par diverses techniques, notamment via l’étude des ondes tardives, la localisation de la lésion (proximale ou distale) peut être appréciée. La conduction des fibres sensitives peut également être explorée par stimulation de dermatomes et enregistrement du potentiel au niveau du nerf.

• Une dernière étape peut explorer les maladies de la jonction neuromusculaire (myasthénie ou botulisme). Suite à des stimulations répétitives à des fréquences variables, un décrément ou un incrément (variation de plus de10 % de l’aire sous la courbe dès le troisième potentiel évoqué musculaire) peuvent révéler une jonctionopathie (voir la FIGURE complémentaire “Décrément observé après stimulation répétitive à 5 Hz du nerf fibulaire” sur planete-vet).

L’électromyogramme (EMG) aide ainsi au diagnostic des neuropathies, des affections jonctionnelles neuromusculaires et des myopathies.

Traumastismes nerveux périphériques

Lors de traumatisme du plexus brachial ou lombosacré suite à un accident de la voie publique, l’examen clinique ne permet pas de déterminer la gravité d’une lésion nerveuse périphérique s’exprimant par une monoplégie ou une monoparésie. L’intérêt de l’électrodiagnostic est donc d’établir précocement l’étendue de la lésion (un ou plusieurs nerfs touchés), la sévérité de la lésion (neurapraxie, axonotmésisou neurotmésis, voir la FIGURE complémentaire “Différents types de lésions nerveuses périphériques traumatiques” sur planete-vet), donc le pronostic de récupération. Un traitement adapté peut alors être proposé (rééducation, neurotisation croisée ou amputation). Il est conseillé d’attendre cinq à six jours après l’accident pour réaliser cet examen [1]. Les lésions nerveuses sont souvent associées à des lésions orthopédiques (fractures, luxation) et peuvent donc être masquées par ces dernières. En cas de doute, un examen électrodiagnostique est recommandé pour évaluer l’intégrité des nerfs, avant de réaliser la réduction chirurgicale de la fracture.

• L’EMG est utile lors de traumatisme iatrogène post chirurgical. Le nerf le plus fréquemment atteint suite à une intervention chirurgicale est le nerf sciatique, qui peut être lésé lors de hernie périnéale (compression par un fil de suture), lors d’un abord de la région fémoro-acétabulaire (section du nerf, compression par un syndrome de loge, irritation par des esquilles osseuses, etc.), ou suite à la migration d’un implant osseux.

Le but de l’examen est d’apprécier la gravité et la réversibilité de la lésion donc de déterminer l’indication d’une exploration chirurgicale au niveau du site opératoire.

Syndrome de la queue-de-cheval

Le syndrome de la queue-de-cheval résulte d’une atteinte intrarachidienne des racines des nerfs qui émergent en arrière de L6 (nerfs sciatique, pelvien, honteux interne et caudaux). Les signes cliniques sont variés (parésie des postérieurs avec hyporéflexie sciatique, hyperesthésie, déficit du réflexe périnéal, perte de sensibilité ou de motricité de la queue, incontinence urinaire ou fécale). Il es souvent difficile de différencier une faiblesse des postérieurs liée à un syndrome queue-de-cheval, à une dysplasie ou à une myélopathie dégénérative, notamment chez le berger allemand. L’examen de choix pour confirmer un dysfonctionnement de conduction sciatique est l’électrodiagnostic. L’origine du dysfonctionnement est alors à explorer par imagerie médicale de la jonction lombosacrée (instabilité, tumeur, spondylodiscite, hernie discale, etc.).

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