Évaluation de la fonction reproductrice du taureau - Le Point Vétérinaire n° 242 du 01/01/2004
Le Point Vétérinaire n° 242 du 01/01/2004

REPRODUCTION BOVINE

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COURS

Auteur(s) : Pierre Duclos

Fonctions : les Berlières,
71520 Matour

L’examen général du taureau, l’examen spécial de son appareil génital, celui de son comportement sexuel et l’examen microscopique du sperme permettent d’évaluer à la ferme son aptitude à la fonction reproductrice.

Avoir un taureau reproducteur en pleine possession de ses moyens est primordial pour un éleveur, que ce soit au moment d’un achat ou au niveau de la bonne marche de la reproduction du troupeau. C’est principalement dans ces deux cas de figures que le contrôle de la fécondité des taureaux est requis, ainsi que pour la confection de paillettes d’insémination artificielle.

La durée du cycle évolutif d’un spermatozoïde à partir d’une spermatogonie de base en passant par le spermatocyte et la spermatide est d’environ 65 jours. Cette notion est capitale : il est essentiel de connaître l’historique de l’animal deux mois avant la collecte car tout stress ou toute maladie à cette époque est susceptible d’avoir des répercussions sur la reproduction.

Examen clinique du taureau

1. Examen général

L’examen physique général du taureau est important, car pour être un bon reproducteur, celui-ci doit être en forme et ne pas présenter de tare. L’examen concerne l’état général et tout particulièrement l’état d’entretien : le taureau ne doit être ni trop maigre, signe d’une sous-alimentation ou d’une maladie parasitaire ou autre, ni trop gras, signe d’une suralimentation néfaste à une bonne reproduction. Il convient d’être également très attentif aux aplombs, en particulier à ceux des membres postérieurs, sur lesquels l’animal devra se dresser, et au dos.

L’examen clinique peut être complété par la recherche sérologique, virologique ou bactériologique de certaines maladies sexuellement transmissibles comme la BVD, l’IBR ou la trichomonose, sans oublier le contrôle des documents sanitaires relatifs aux maladies réputées contagieuses.

2. Examen spécial de l’appareil génital

Appareil génital externe

Une première approche permet de détecter une éventuelle dissymétrie des testicules et de leurs annexes. Puis une palpation attentive permet d’identifier les différents organes :

• Les bourses scrotales doivent être souples, non-adhérentes aux testicules. L’existence d’une éventuelle thélite scrotale ou d’une autre affection cutanée et de lésions cicatricielles anciennes est recherchée. Il conviendra dans ces différents cas de figure de s’assurer de l’impact des lésions sur l’activité du testicule.

• Les testicules, dont la taille, la tonicité et la mobilité doivent être appréciées. Avec un minimum d’habitude, il est facile de détecter très rapidement des hypoplasies ou des hypertrophies testiculaires. Ces dernières doivent être bien identifiées pour différencier les hypertrophies “physiologiques” (avec fonctionnement normal de la glande) des hypertrophies inflammatoires ou infectieuses, qui sont en général reconnaissables à un défaut de mobilisation des différentes structures et à leur tonicité particulière. Cette impression doit toujours être confirmée par la mesure de la circonférence scrotale, qui se fait sur le plus grand diamètre du scrotum, les deux testicules étant maintenues au fond des bourses. La circonférence scrotale est bien corrélée avec le poids testiculaire et la quantité de spermatozoïdes produite. C’est donc une bonne mesure d’appréciation de l’activité testiculaire, facile à mettre en œuvre dans la pratique courante. La mesure de la hauteur du testicule gauche est aussi possible.

La tonicité est également un bon signe d’appréciation de la fonction testiculaire. Des testicules mous ou peu toniques en période d’activité sexuelle sont en général synonymes de stérilité plus ou moins complète. En cas de doute, il est possible de matérialiser cette mesure avec un tonomètre.

La mobilité des testicules doit être totale, c’est-à-dire qu’il doit être possible de les remonter et de les tourner facilement.

• L’épididyme est facile à palper sur un animal sain. Il est possible d’identifier une hypoplasie, mais surtout une hypertrophie ou d’éventuelles indurations. Pour des doigts avertis, il est possible de repérer le canal déférent qui court le long du cône vasculaire et du plexus pampiniforme.

• Le fourreau est palpé pour apprécier toute anomalie : induration, douleur, etc.

• Le prépuce est examiné attentivement pour détecter un éventuel rétrécissement congénital ou acquis, une inflammation, voire une infection localisée. En cas de suspicion infectieuse, la meilleure technique de prélèvement en vue d’un diagnostic consiste en une irrigation préputiale avec du liquide physiologique.

• La verge est palpable par voie transcutanée jusqu’au S pénien, situé entre les cordons testiculaires. L’extériorisation permet d’appréhender sa mobilité, son aspect et sa sensibilité. Elle est facilitée par l’érection en présence d’une femelle en chaleur ou par l’électroéjaculateur. En dehors de ces cas, il n’est pas toujours facile d’extérioriser le pénis sans médication. Il est intéressant d’utiliser de l’acépromazine à raison de 0,1 à 0,2 mg/kg par voie intraveineuse.

Appareil génital interne

L’examen de l’appareil génital interne se fait par voie rectale. Il est parfois rendu délicat, en particulier chez les taureaux âgés, à cause du rétrécissement du sphincter anal souvent lié à des hémorroïdes volumineuses.

• Le bulbe du pénis, qui se poursuit en avant sur le plancher du bassin par le muscle urétral, est aisément perceptible.

• Les vésicules séminales se situent plus en avant encore. Ce sont des glandes formant un V ouvert vers l’avant, de longueur, de largeur et d’épaisseur variables (voir le tableau “Dimensions des vésicules séminales en fonction de l’âge”). Leur palpation permet d’en apprécier la taille, la consistance et la sensibilité. Physiologiquement, elles sont irrégulières, bosselées et non sensibles. Toute dissymétrie et toute sensibilité doit être relevée. Leur massage délicat provoque l’émission de liquide séminal limpide, aqueux, facile à différencier du liquide spermatique, blanc laiteux riche en spermatozoïdes.

• La prostate est située juste en arrière du V constitué par les vésicules séminales. Sa palpation permet d’identifier une glande lisse de 3 à 4 cm de largeur sur 1 cm de longueur, et de repérer toute anomalie.

• Les canaux déférents provenant du trajet inguinal se réunissent au niveau de la prostate par les deux ampoules déférentielles. Leur palpation, en fin d’examen, n’est pas toujours aisée à cause de leur faible diamètre. Toutefois, sur des animaux calmes, à péristaltisme rectal peu important, il est possible de masser les ampoules déférentielles pour en extraire le sperme.

Examen du comportement sexuel

Même si l’examen physique du taureau est favorable, cela ne signifie pas nécessairement que celui-ci est capable de saillir. Il convient donc, avant de décider des ses aptitudes, d’apprécier son comportement sexuel. Toutes les phases décrites ci-dessous sont importantes à examiner pour affirmer qu’un taureau est apte à la reproduction en monte naturelle.

1. Libido

L’appétit sexuel du mâle est déterminé par son temps de réaction en présence d’une femelle en œstrus (voir le TABLEAU “Évaluation de la libido”). Il convient donc pour l’évaluer, d’être très discret et de ne pas modifier de façon trop importante les habitudes du taureau. En effet, certains animaux timides ou jeunes seront toujours perturbés par le bruit, l’agitation, les personnes étrangères à son environnement habituel. Il convient parfois aussi d’user d’artifices, comme la mise en compétition de plusieurs mâles en présence d’une femelle.

La libido varie selon les races [3]. Les Prim’Holstein sont les plus ardents, alors que les Normands sont les plus lents et les Charolais les plus tardifs.

2. Aptitude au saut

Après l’examen physique, l’aptitude au saut fait partie de l’examen fonctionnel. Le taureau doit monter franchement et bien encadrer la femelle au niveau des côtes ou des reins.

3. Intromission

Il est important d’examiner l’intromission. Celle-ci est facilitée par une bonne érection et par l’absence de phimosis ou d’adhérences d’origine post-infectieuse ou post-traumatique.

4. Éjaculation

L’éjaculation est rapide et souvent synchrone avec le “coup de rein”.

Prélèvement de sperme

Avant d’examiner la semence, il convient de la collecter et, pour ce faire, plusieurs méthodes sont possibles. Quelle que soit la technique utilisée, il importe de collecter un sperme non souillé et dans les meilleures conditions possibles, notamment en ce qui concerne les risques de choc thermique.

1. Prélèvement au vagin artificiel

Matériel

Le vagin artificiel est constitué d’un cylindre caoutchouté rigide de 30 à 36 cm de long et de 6,5 cm de diamètre (PHOTO 1). Ce cylindre est doublé à l’intérieur d’une membrane caoutchoutée souple, finement striée, rabattue et fixée à chaque extrémité. Ces deux parois caoutchoutées créent une chambre dans laquelle est introduite de l’eau chaude à 39-42°C, de sorte à porter l’intérieur du vagin, qui va recevoir le pénis du mâle, à environ 40 °C. L’une des deux extrémités du vagin cylindrique est fermée par une membrane conique relativement souple, ou “capote”, au bout de laquelle est fixé un tube gradué qui recevra le sperme.

L’ensemble doit être maintenu à bonne température pour, d’une part, éviter de stresser le mâle lors du saut par une chaleur excessive ou insuffisante, d’autre part pour éviter tout choc thermique à la semence. Il convient également de surveiller la pression à l’intérieur du vagin : la chambre ne doit pas être remplie complètement et, surtout, la soupape de sécurité qui équipe le dispositif doit être laissée en position ouverte. Pour collecter du sperme propre et utilisable, il est important d’utiliser du matériel stérilisé et bien rincé afin d’éviter tout risque septique.

Technique de collecte

Avant de procéder à la collecte de la semence, le taureau est préparé en réalisant une toilette attentive de la zone préputiale. Après la coupe du toupet de poils, toute la zone est nettoyée et désinfectée avec des produits non spermicides, tels que le citrate de soude à 3 %, puis essuyée avec précaution (les désinfectants à base d’ammonium quaternaire doivent être évités).

Dès que le matériel et le taureau sont prêts, ce dernier est mis en présence d’une vache en œstrus. Le taureau doit alors s’exciter en évitant toute copulation. L’idéal est laisser le mâle tenter de monter sur la vache de une à trois fois. Avec des taureaux vifs, toute l’habilité du meneur est requise pour éviter la saillie. Dès lors, tout est prêt pour la collecte et il ne reste plus qu’à choisir un endroit propre, non glissant, pour éviter tout accident. L’opérateur se tient selon son habitude, à droite ou à gauche du taureau, légèrement en retrait et s’avance avec lui, sans brusquerie pour ne pas l’effrayer ou le distraire. Dès que le taureau se cabre, l’opérateur se cale contre son flanc, en évitant de se faire marcher sur les pieds (des bottes de sécurité sont souhaitables) et, avec sa main gauche s’il est à droite, il dévie le pénis vers l’extérieur (par taxisme sur le fourreau et non pas par contact direct avec la verge), tandis que sa main droite amène le vagin artificiel au contact du gland (PHOTOS 2a ET 2b).

Si la température est adaptée, si le vagin est orienté avec un angle vertical de 45 °C, le taureau réalise l’intromission et éjacule presque immédiatement lors d’un coup de rein vigoureux que l’opérateur doit prévoir et suivre pour éviter tout traumatisme pénien. Aussitôt, l’opérateur renverse le vagin, le tube collecteur vers le bas, et, par une flexion de la membrane conique, vient plaquer le tube de collecte contre la chaleur du vagin pour, d’une part, éviter le choc thermique et, d’autre part, éviter le passage de souillures dans le sperme.

Quand la vache est bien en chaleur et stable et que le taureau est vigoureux, ce prélèvement requiert très peu de temps. Toutefois, les conditions ne sont pas toujours optimales.

2. Prélèvement par électroéjaculation

Matériel

Le matériel comprend (PHOTO 1) :

- un électroéjaculateur, sonde rectale de forme ogivale de 52 cm de longueur et de 6,5 cm de diamètre, munie de trois électrodes longitudinales, alimentées par un courant continu d’intensité moyenne (0,3 A), mais de bas voltage (6 à 21 V) ;

- un transformateur, qui permet d’obtenir une tension continue à partir du courant électrique habituel ;

- un générateur d’impulsions avec un interrupteur pour la mise sous tension et en arrêt de l’appareil ;

- un manchon de prélèvement et un porte-manchon, ou “épuisette”, qui permet à l’opérateur de tenir le manchon en place tout en restant à distance du taureau ;

- un tube gradué en verre, de 10 à 15 ml, destiné à recueillir le sperme.

Technique de collecte

Quand cela est possible, le taureau est, introduit dans une cage de contention disposant d’un accès facile sur la partie droite, où se postera l’opérateur. Les membres postérieurs sont contenus grâce à une corde fixée aux montants de la cage et une sangle est passée sous le poitrail pour soutenir l’avant de l’animal. En l’absence de cage de contention, il est possible de collecter l’animal simplement contenu par une mouchette contre un mur, pour éviter des mouvements latéraux toujours gênants.

Après une toilette identique à celle de la technique de collecte au vagin artificiel, l’animal est préparé par une vidange du rectum et par un massage délicat des vésicules séminales. Une érection partielle se manifeste souvent et un écoulement de liquide aqueux, clair, apparaît.

La sonde rectale préalablement lubrifiée est alors introduite, en prenant la précaution de la faire maintenir en place par un aide, car les contractions musculaires provoquées par les impulsions électriques pourraient l’éjecter.

L’interrupteur est activé. Les impulsions électriques durent 1,5 seconde et sont espacées de 1,5 seconde. Le voltage augmente régulièrement de 6 à 21 V en une trentaine d’impulsions.

Les premières impulsions, de faible voltage, permettent au taureau de s’habituer progressivement à la stimulation électrique. Dès la 4e à la 6e impulsion, un liquide aqueux, transparent, provenant de la prostate, est émis. Il convient d’éviter de collecter ces premières émissions. Très rapidement, à partir de la 8e à la 10e impulsion, des écoulements plus laiteux et plus épais apparaissent. Ils proviennent de la contraction des ampoules déférentielles et correspondent à la fraction riche en spermatozoïdes, qu’il convient de récolter dans le tube gradué fixé sur le manchon en caoutchouc, lui-même tenu à distance grâce au porte-manchon.

Les émissions produites par les dernières impulsions ne doivent pas être collectées, car le sperme est alors dilué par les sécrétions des différentes glandes annexes : vésicules séminales, glandes bulbo-urétrales.

Au cours de cette opération, il peut arriver que les impulsions électriques tétanisent plus ou moins le taureau en particulier au niveau des membres postérieurs, qui peuvent être portés violemment vers l’arrière de façon rythmique, provoquant parfois l’affaissement de l’animal. Bien que cette complication opératoire soit spectaculaire, elle est en général sans conséquence, si ce n’est le fait de devoir tout recommencer, sans oublier la toilette. J.-L. Piétremont [4] relate que sur un grand nombre de prélèvements à l’électroéjaculateur, aucune conséquence pathologique n’a pu être identifiée, ce que je peux personnellement confirmer.

3. Prélèvement par massage transrectal

Le prélèvement par massage transrectal est une technique assez peu usitée car elle nécessite un certain doigté. Elle est cependant possible et consiste en un massage successif et répété de l’avant vers l’arrière des vésicules séminales, des deux ampoules déférentielles et de la prostate.

Examen du sperme

1. Examen direct

Volume

Le volume de sperme recueilli est apprécié directement par la lecture sur le tube gradué qui a servi à la collecte. Habituellement, le volume moyen est de 3 à 8 cm 3, avec des disparités importantes allant de rien ou presque à plus de 15 cm3. Il ne s’agit que d’un élément quantitatif, sans incidence sur la qualité du sperme. Les jeunes taureaux fournissent un volume généralement faible.

Couleur

Le sperme est normalement blanchâtre. Une coloration jaunâtre n’a pas de signification pathologique, contrairement aux colorations brunâtres liées à la présence de souillures (sang par exemple).

Opacité

L’opacité du sperme est bien corrélée avec sa concentration en spermatozoïdes : plus le sperme est opaque et épais, plus la concentration est importante. Il existe toute une palette d’appréciation allant du clair et aqueux au crémeux en passant par l’opalescent et le laiteux.

L’appréciation sur le terrain se fait à l’œil et est donc toujours subjective, mais il est facile avec un peu d’expérience de se faire par ce moyen une bonne idée préalable sur la concentration effective du sperme.

La semence doit être homogène. Tout grumeau ou filament doit être considéré comme anormal.

2. Examens microscopiques de routine

Motilité massale

La motilité massale s’apprécie au grossissement x 100 sur une goutte de sperme non dilué (PHOTO3) placée sur une platine chauffante à 37°C. Les mouvements d’ensemble repérés sont codifiés sur une grille de notation allant de 0 à 5 (voir l’ENCADRÉ “Grille de notation de la motilité massale du sperme”).

Motilité individuelle

Pour déterminer la motilité individuelle, le sperme doit être dilué au 1/10e avec du sérum physiologique tamponné, du soluté isotonique de chlorure ou de citrate de sodium, et être examiné toujours sur platine chauffante entre lame et lamelle, au grossissement x 400.

La proportion de spermatozoïdes vivants par rapport aux spermatozoïdes morts est évaluée dans un premier temps. Les spermatozoïdes doivent se déplacer en ligne droite et de façon rapide : il s’agit de spermatozoïdes fléchants ou traceurs. Tout déplacement lent, ou ondulatoire, voire en rond, est anormal. Un sperme normal ne doit pas présenter de phénomène d’agglutination de spermatozoïdes.

Il convient d’insister sur le fait que toute manipulation intempestive et anarchique de la semence est susceptible d’intervenir sur l’interprétation du résultat de la motilité individuelle, d’où l’importance de réaliser un bon prélèvement et de le maintenir dans des conditions optimales en évitant choc thermique, pollution physique et chimique.

Sur un sperme de bonne qualité, la motilité individuelle se maintient entre lame et lamelle pendant plusieurs minutes.

Concentration

Le premier examen visuel concernant la viscosité et l’opacité du sperme doit être complété par un comptage sous microscope. La détermination de la concentration est importante si l’on désire réaliser des paillettes d’insémination, car elle permet de décider de la dilution.

En pratique courante, l’impossibilité d’utiliser des appareils à néphélométrie ou à comptage électronique contraint à réaliser la numération par hématimètre, à l’aide d’une cellule de Malassez, de Thoma ou de Mac Master. Le sperme doit être dilué au préalable au 1/100e ou au 1/200e à l’aide d’une pipette de Potain, avec une solution de NaCl à 3 %, qui tue les spermatozoïdes sans les détruire. Une goutte de sperme dilué est déposée dans la chambre de l’hématimètre, qui est recouverte d’une lamelle. Le comptage peut alors se faire après un temps de décantation. Dans chaque case sont comptés les spermatozoïdes qui se situent à l’intérieur de la case et ceux qui se trouvent sur deux des quatre côtés de la case. Des formules permettent de déduire la concentration de la semence à partir du nombre de spermatozoïdes comptés dans les cases (voir l’ENCADRÉ “Détermination de la concentration du sperme, exemple de calcul avec la cellule de Thoma”).

La concentration normale du sperme chez le taureau varie de 800 000 à 1 000 000 de spermatozoïdes par mm3 avec des valeurs extrêmes allant de 0 à 2 000 000.

3. Examens complémentaires

Spermatozoïdes morts

La coloration vitale permet de différencier les spermatozoïdes vivants des spermatozoïdes morts par des colorants qui ne traversent que les membranes des cellules mortes (éosine, rose Bengale, vert de crésyl) et un colorant de fond (bleu de méthylène, nigrosine). Il suffit alors de compter les spermatozoïdes colorés, qui sont morts, par rapport aux spermatozoïdes non colorés, vivants (PHOTO 4). Un sperme satisfaisant doit avoir moins de 40 % de spermatozoïdes morts.

Le colorant le plus couramment utilisé est l’éosine-nigrosine. La solution n’est pas stable dans le temps, il est donc recommandé de la renouveler tous les mois.

Pour faciliter l’examen, il est préférable de diluer le sperme avant coloration, à raison de deux gouttes de sperme dans 0,5 ml de sérum physiologique. En pratique, une goutte de sperme dilué et deux gouttes d’éosine-nigrosine sont déposées sur la lame. Après une à deux minutes un étalement est réalisé à l’aide d’une lamelle, puis la lame est rapidement séchée par agitation.

Spermatozoïdes anormaux

La coloration vitale permet également d’évaluer le nombre de spermatozoïdes anormaux.

Il est important de dénombrer ces derniers et de déterminer le type d’anomalies (anomalies de la tête, de la pièce intermédiaire ou du flagelle et décapitation). Un sperme normal ne doit pas compter plus de 15 % à 20 % de spermatozoïdes anormaux.

Cellules étrangères

Les cellules étrangères sont repérées sur frottis coloré par la méthode de May-Grünwald-Giemsa (MGG) et doivent être en petit nombre. Des cellules épithéliales et des débris épithéliaux provenant des muqueuses des voies urogénitales, avec parfois même quelques hématies, n’ont pas de signification pathologique. Ces cellules épithéliales sont beaucoup plus grandes que les têtes des spermatozoïdes et de forme variable.

La présence de polynucléaires est pathologique, de même que la présence de germes. Les leucocytes peuvent être mis en évidence par le test de Schalm, correspondant au Leucocytest® utilisé pour la détection des mammites.

Il est également possible d’identifier de volumineuses cellules germinales immatures, observables lors d’affections testiculaires.

ATTENTION

La libido varie selon les races [3]. Les Prim’Holstein sont les plus ardents, alors que les Normands sont les plus lents et les Charolais les plus tardifs.

Prélèvement du sperme au vagin artificiel ou à l’électroéjaculateur : avantages et inconvénients

Le prélèvement au vagin artificiel requiert un savoir-faire et une technique précise. En présence d’un mâle en forme, cette technique présente l’avantage d’être rapide et assez proche des conditions naturelles et doit être privilégiée chaque fois que cela est possible.

La récolte n’est cependant pas toujours aisée, surtout avec des taureaux timides ou peureux, qui n’ont pas l’habitude de saillir en main. Il est parfois indispensable de recourir à la compétition entre plusieurs taureaux pour les inciter à saillir. Néanmoins, dans ces conditions, les risques d’accidents sont élevés : les meneurs doivent être très vigilants.

En outre, la présence d’une vache en chaleur est nécessaire. Malgré les différentes techniques d’induction d’œstrus, il n’est pas toujours facile d’avoir une vache “idéale”, qui se laisse chevaucher sans bouger. En effet, si la femelle se défend, la collecte devient aléatoire et surtout beaucoup plus dangereuse. Enfin, cette méthode nécessite de bien contrôler la température du vagin, car certains taureaux refusent un vagin trop chaud ou trop froid .

Le prélèvement au vagin artificiel est la méthode utilisée dans les centres d’insémination artificielle en France.

La technique de l’électro-éjaculation peut être inquiétante pour le propriétaire, qui voit son taureau secoué par des impulsions électriques de plus en plus intenses. Cependant, ces impulsions sont en général sans incidence sur l’animal, qui peut saillir dans les heures qui suivent. Cette méthode est plus simple à mettre en œuvre que la collecte au vagin artificiel, mais n’est pas toujours efficace avec certains mâles qui se retiennent et n’éjaculent pas.

Son avantage principal réside dans la possibilité de collecter des taureaux qui ne peuvent pas saillir. Le coût du matériel peut être considéré comme un inconvénient.

Le prélèvement par électro-éjaculateur est la méthode utilisée dans les centres d’insémination artificielle aux États-Unis et au Canada.

ATTENTION

Le volume moyen de sperme collecté est de 3 à 8 cm3. Sa couleur est banchâtre et l’opacité corrélée à la concentration en spermatozoïdes.

Grille de notation de la motilité massale du sperme

- 0 : aucun mouvement

- 1 : mouvements légers

- 2 : -mouvements nets, sans vague

- 3 : -début de vagues (c’est la qualité minimum pour la congélation)

- 4 : vagues très nettes

- 5 : tourbillons

Détermination de la concentration du sperme, exemple de calcul avec la cellule de Thoma

Soit le nombre de spermatozoïdes comptés sur N grandes cases. Il y a 16 petites cases dans une grande case et 400 petites cases sur l’ensemble de la cellule. Soit 1/a le taux de dilution, 1/10e mm3 le volume de liquide déposé au-dessus de l’hématimètre et V le volume de l’éjaculat.

Le nombre moyen de spermatozoïdes sur une grande case est : n/N.

Le nombre moyen de spermatozoïdes sur une petite case est : n/N x 1/16.

Le nombre moyen de spermatozoïdes sur l’ensemble des cases est : n/N x 1/16 x 400.

Le nombre moyen de spermatozoïdes contenus dans 1 mm3 est : n/N x 1/16 x 400 x 10 = 250 n/N.

Le nombre de spermatozoïdes contenus dans 1 cm3 de sperme dilué est : 250 n/N x 1 000 = 250 000 n/N.

Le nombre de spermatozoïdes contenus dans la semence pure est : 250 000 n/N x a.

Le nombre moyen de spermatozoïdes contenus dans l’éjaculat est : 250 000 n/N x a x V.

À lire également

- Courouble F, Bohy A, Desanlis R, Grosbois E, Laurent JL. Appréciation de la qualité du sperme chez les taureaux. Point Vét. 2003 ; 34(239) : 54-55.

- Dumont P. Appréciation de la fonction sexuelle du taureau reproducteur. Point Vét. 1997 ; 28(185) : 1617-1630.

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