Les protocoles de vaccination des chevaux - Le Point Vétérinaire n° 238 du 01/08/2003
Le Point Vétérinaire n° 238 du 01/08/2003

IMMUNOLOGIE ÉQUINE

Se former

EN QUESTIONS-RÉPONSES

Auteur(s) : Anne Thébault

Fonctions : 23, rue de la Fontaine,
35290 Saint-Onen-La-Chapelle

En France, pour l’espèce équine, quatre maladies graves peuvent être évitées grâce à la vaccination : la grippe équine, la rhinopneumonie équine, le tétanos et la rage.

Grâce aux progrès des biotechnologies, des vaccins fiables et efficaces sont disponibles pour les chevaux. L’utilisation raisonnée de ces vaccins permet une diminution de l’incidence et de la prévalence de quelques maladies infectieuses, ce qui évite des séquelles physiques graves pour les animaux et des pertes économiques lourdes pour les propriétaires. Avant de détailler de façon précise les différents vaccins équins et leur utilisation, un rapide rappel des particularités immunologiques du cheval est effectué. L’aspect légal de la vaccination est également présenté car des changements sont intervenus cette année.

L’objectif de la vaccination est d’induire l’immunisation statistiquement probable d’un sujet ou d’une collectivité contre une ou plusieurs maladies (voir l’ENCADRÉ “Rappels d’immunologie” ;) [2]. Cet acte, en apparence simple, engage cependant la responsabilité du praticien, qui est donc plus ou moins soumis à une obligation de résultats. La vaccination doit faire l’objet, de la part du propriétaire d’un “consentement éclairé” ; : elle implique que le praticien informe celui-ci des avantages, des inconvénients, des limites et des risques encourus lors de cet acte [4].

À quel âge vacciner un cheval ?

Le poulain naît dépourvu de défenses immunitaires. Les faibles taux d’IgM synthétisés in utero ne permettent pas une protection immunitaire contre les germes du milieu extérieur. En effet, durant la gestation, le poulain est protégé des germes par la barrière placentaire. Les compétences de son système immunitaire ne sont donc pas sollicitées. Il est “agammaglobulinémique” ; car la barrière placentaire empêche le passage des anticorps ou immunoglobulines. Les anticorps ne sont transférés au poulain que par le biais du colostrum, via les cellules épithéliales de la glande mammaire. Ce colostrum, particulièrement riche en immunoglobulines, est sécrété dans les deux à quatre semaines qui précèdent le poulinage [1].

L’établissement d’un programme vaccinal doit donc tenir compte à la fois de la maturité du système lymphoïde immunitaire du poulain (capacité à produire des anticorps) et de l’immunité d’origine colostrale acquise par une vaccination correcte de la mère [6] :

- avant l’âge de deux mois, le système immunitaire est inefficace, par immaturité ou par l’action inhibitrice des anticorps d’origine maternelle.

- après l’âge de trois mois, le système immunitaire est compétent par maturité tissulaire et disparition des anticorps maternels.

Le praticien doit donc décider de la date de la primovaccination en fonction du statut vaccinal de la mère, de la prise de colostrum ou non par le poulain et du milieu environnant (cheval isolé ou effectif important, menace d’épizootie, exigence économique, etc.).

Quels sont les vaccins équins commercialisés en France ?

En France, pour l’espèce équine, quatre maladies graves peuvent être évitées grâce à la vaccination : la grippe équine, la rhinopneumonie équine, le tétanos et la rage (voir le TABLEAU “Les vaccins équins commercialisés en France en octobre 2002” ;) [8].

Ces vaccins sont tous des vaccins inactivés ; les agents pathogènes sont exposés à un agent physique (chaleur) ou chimique (formol, bétapropiolactone, éthylène-imine, etc.) qui entraîne une perte totale du pouvoir infectieux sans dénaturer le pouvoir immunogène. Devenus non-infectants, l’immunité que ces vaccins induisent doit être soutenue par une augmentation des titres antigéniques, l’addition d’un adjuvant (tels que l’hydroxyde ou le phosphate d’aluminium, l’ISCOM ou l’immuno stimulating complex, qui stimulent les réponses humorales et cellulaires, de façon à amplifier et à prolonger la réponse immune) et la multiplication des sollicitations vaccinales. Leur préparation est plus coûteuse que celle des vaccins vivants, mais ils permettent de supprimer tout risque pathogène résiduel (à l’exception, rarissime, d’un défaut d’inactivation) [6].

L’avenir de la vaccination repose probablement sur l’utilisation des vaccins vivants recombinants (insertion d’un gène d’un agent pathogène dans un vecteur d’expression vivant hétérologue, capable de se multiplier, ou du moins de s’exprimer, dans les cellules de l’espèce cible) ; le virus rabique et les herpèsvirus sont particulièrement concernés.

Quelles précautions respecter ?

1. Protocoles de vaccination

En général, le protocole de vaccination est le suivant :

- une ou deux injections pour la primovaccination, qui ont pour but de parvenir à une immunisation active après la disparition des anticorps maternels ;

- puis des rappels de vaccination, effectués de façon régulière (tous les six mois, tous les ans ou tous les trois ans).

Ce protocole correspond à une situation générale, mais il n’est pas immuable. En effet, dans des situations particulières (chevaux vivant en collectivité, exposés à un risque particulier ou participant à des concours, poulinières, etc.), le praticien doit adapter ce guide à la situation à laquelle il est confronté.

Après la vaccination, le praticien remplit le carnet de vaccination ou, pour la plupart des chevaux français, les feuillets “vaccination” ; du livret signalétique (ce dernier est le seul document valide pour la vaccination obligatoire contre la grippe), sur lesquels doivent figurer la date, sa signature et son cachet. Il précise les valences utilisées et colle les vignettes fournies avec les vaccins.

2. Voie d’administration et asepsie

Selon les vaccins, les injections peuvent être effectuées par voie sous-cutanée ou intramusculaire (se reporter aux notices). Chez le cheval, elles sont réalisées dans la moitié supérieure de l’encolure, dans la croupe ou éventuellement au poitrail (se reporter également aux notices). Dans tous les cas, il convient de réaliser une désinfection locale et d’utiliser un matériel d’injection stérile.

3. Contre-indications d’emploi

Les vaccins ne doivent pas être administrés à des animaux malades, parasités, ou en cours de traitement par des immunodépresseurs, d’où la nécessité, avant la vaccination, d’un examen clinique général et d’un recueil de commémoratifs auprès du propriétaire.

Il convient de se reporter aux AMM de chaque vaccin pour vérifier une éventuelle contre-indication pour les femelles gestantes. En France, les vaccins disponibles ne sont pas contre-indiqués, mais il convient d’éviter le stress lors de la vaccination des juments en état de gestation avancée.

Si possible, les chevaux sont laissés au repos pendant une semaine après la vaccination.

4. Contre-indications et effets indésirables

Deux types d’accidents postvaccinaux peuvent être distingués. Ils sont rares et les risques encourus sont faibles par rapport aux bénéfices de la vaccination.

• Des accidents locaux peuvent survenir lors de contamination septique, qui entraîne la formation d’abcès. Certains vaccins peuvent en outre entraîner au point d’injection l’apparition d’un nodule inflammatoire (réaction inflammatoire à l’adjuvant, en particulier à l’hydroxyde d’aluminium) bénin et transitoire. Il convient toutefois de prévenir le propriétaire d’une telle éventualité (obligation d’information de la part du praticien).

• Les réactions générales sont des réactions d’hypersensibilité (ou choc anaphylactique : chute brutale avec perte de conscience, baisse de la tension artérielle). Elles sont très rares et nécessitent l’administration rapide d’adrénaline (adrénaline injectable au 1/1000 : 4 à 8 ml par voie sous-cutanée) ou de corticoïdes (méthylprednisolone, Solumédrol® ; : 0,5 mg/kg par voie intraveineuse).

Les hyperthermies transitoires dans les douze heures qui suivent la vaccination sont plus fréquentes [8].

5. Échecs

Les échecs correspondent à l’apparition de la maladie malgré la vaccination.

Ils sont dus :

• soit à l’animal lui-même : mauvais état de santé de l’animal, maladie déjà en incubation, animal immunodéprimé ou ayant subi des administrations de corticoïdes, animal vacciné trop jeune (le vaccin est alors neutralisé par les anticorps circulants d’origine maternelle) ;

• soit au vaccin : vaccin non conservé au froid ou conservé en présence d’agents inactivants (tels que la lumière, la chaleur, les rayons UV), non-respect de la dose ou de la voie d’administration, mauvaise homogénéisation du vaccin au moment de l’administration (“bien agiter le flacon avant emploi” ;). Certains vaccins ont également une efficacité intrinsèque moins élevée : l’immunisation acquise par les vaccins contre la rhinopneumonie est ainsi souvent considérée comme moyennement efficace.

Les protocoles sont-ils les mêmes pour toutes les maladies ?

1. Vaccination antigrippale

La grippe équine est une infection répandue dans le monde, caractérisée par une toux, une fièvre intense (plus de 40 °C) et un abattement des animaux. Les complications sont fréquentes : bronchite chronique et surinfection peuvent provoquer un œdème pulmonaire ou une bronchopneumonie. Chez les animaux faibles et les poulains, l’issue peut être fatale. Chez les autres, la convalescence est longue et nécessite un isolement des animaux pendant trois semaines, ainsi qu’un lourd traitement médical. La vaccination antigrippale constitue actuellement le seul moyen de prévention de la grippe.

Vaccins disponibles

Le virus de la grippe (Myxovirus influenza A) correspond à deux sous-types de virus spécifiques dont l’un présente la particularité de muter au cours du temps. Les souches vaccinales doivent donc être régulièrement actualisées. Des vaccins inactivés sont élaborés actuellement à partir des virus A1 Prague/56 et A2 Newmarket/2/93 (Equiffa® ; et Gripiffa-T® ;) ou A1 Prague et A2 Lexington (Fluvac® ; T) ou A1 Newmarket/77 et A2 Brentwood/79 et A2 Boïlange/91 (Equip® ; F et Equip® ; FT). Une protection efficace n’est obtenue qu’à partir de vaccins qui intègrent les deux sous-types du virus.

Si la vaccination annuelle a permis une certaine immunisation de masse et probablement la disparition des grandes épizooties, la faible persistance d’anticorps (en particulier les anticorps A Equi 2, car les anticorps vis-à-vis de A1 demeurent à un niveau élevé) induits par les virus grippaux impose de préconiser, pour une protection individuelle correcte, des rappels vaccinaux tous les six mois (aux États Unis, certains éleveurs n’hésitent pas à vacciner trois ou quatre fois par an) [11].

Protocole préconisé

La vaccination est possible chez tous les chevaux (voir les TABLEAUX “Protocole de vaccination contre la grippe” ; et “Tableau récapitulatif des primovaccinations et des vaccinations” ;).

Selon certains auteurs, les anticorps maternels dirigés contre le virus de la grippe persistent jusqu’à l’âge de six mois chez le poulain et il serait donc inefficace de vacciner contre la grippe avant cet âge [6].

La vaccination antigrippale des équidés est obligatoire pour les étalons soumis à la monte publique, pour les animaux présentés à des concours d’élevage, pour la participation à toute compétition organisée par la délégation nationale aux sports équestres, pour les chevaux de course en compétition (vaccination rendue obligatoire par le code des courses) [11].

Des rappels antigrippaux s’imposent en cas de foyers de grippe :

- chez les chevaux adultes dont le dernier rappel remonte à plus de deux à trois mois ;

- chez les jeunes chevaux vaccinés depuis plus d’un mois.

Cette vaccination d’urgence induit une relance de l’immunité au bout de huit jours [8, 11]. Il convient, bien entendu, de la généraliser à l’ensemble de l’effectif, de façon à limiter la prolifération du virus.

2. Vaccination antirhinopneumonie équine

Il existe trois formes de rhinopneumonie [9].

• La forme respiratoire ressemble parfois à la grippe équine. Après une phase d’hyperthermie, toux et jetage par les naseaux apparaissent puis régressent en dix à quinze jours. L’infection est enzootique dans la plupart des populations équines ; les adultes sont souvent infectés de façon inapparente.

• Lors de forme abortive, l’avortement survient dans la deuxième moitié de la gestation (entre le 8e et le 11e mois). C’est la première cause d’avortement d’origine infectieuse. Si le poulain naît vivant, il peut mourir dans les 48 heures qui suivent sa naissance.

• La forme nerveuse est la forme la plus grave, mais aussi la plus rare, et constitue souvent une complication des deux formes précédentes. Elle se caractérise par une paralysie du train postérieur, progressivement ascendante, qui peut régresser ou évoluer vers la mort par l’impossibilité de se relever ou une paralysie respiratoire.

Elle est due à deux virus du genre herpès dénommés EHV-1 (responsable des formes abortive, néonatale et nerveuse et parfois respiratoire) et EHV-4 (responsable de la forme respiratoire). Ils présentent la particularité de subsister dans l’organisme à l’état latent, après une infection qui peut passer inaperçue, et d’être excrétés dans le milieu extérieur de façon intermittente.

Vaccins disponibles

Plusieurs vaccins mono ou plurivalents sont actuellement commercialisés en France.

Grâce à l’induction d’anticorps neutralisants, ces vaccins limitent la multiplication et l’excrétion virales au niveau des muqueuses naso-pharyngiennes. Cependant, les anticorps induits par les herpèsvirus, peu immunogènes, ne persistent à des taux élevés que pendant quelques mois, d’où la nécessité de rappels fréquents et réguliers [9].

Les vaccins sont élaborés à partir de virus inactivés de souche 1 (Equiffa® ;, Pneumabort® ; K et Pneumequine® ;) ou de souche 1 et 4 (Duvaxyn® ; EHV 1,4). La seule valence EHV-1 est plutôt indiquée dans la prévention des formes abortives, alors que la bivalence (EHV1 et 4) induit une immunisation contre les symptômes respiratoires.

Protocole préconisé

Un protocole particulier est préconisé chez les reproductrices (voir le TABLEAU “Protocoles de vaccination contre la rhinopneumonie” ;) :

Au haras, une attention particulière est portée à la vaccination antirhinopneumonie, notamment au moment de la saillie, de façon à éviter l’infection de la jument par un virus EHV-1 (puis un éventuel portage latent) et à la moitié de la gestation (période de sensibilité maximale du fœtus à ce virus).

3. Vaccination antirabique

La rage est une maladie qui concerne tous les mammifères, y compris l’homme.

La contamination se fait par morsure. Le cheval enragé devient très excitable et indocile. Il est sujet à des spasmes musculaires, à une paralysie du train postérieur et cesse de s’alimenter.

Les résultats de la vaccination antirabique des animaux domestiques et des animaux sauvages sont excellents [7]. L’année 2001 a confirmé la disparition de la rage vulpine sur la totalité du territoire national ; le statut de “département officiellement déclaré atteint de rage” ; est levé par l’arrêté du 30 avril 2001 pour les cinq derniers départements concernés.

Vaccins

La vaccination est la seule arme contre la rage ; elle protège efficacement tous les individus. Tous les vaccins produits en France (Enduracell® ; Mono, Nobivac® ; Rage, Rabigen® ; Mono, Rabisin® ; et Unirab® ;) sont des vaccins à virus inactivés.

Protocole préconisé

La vaccination antirabique (voir le TABLEAU “Protocoles de vaccination contre la rage” ;)

est attestée par l’un des documents suivants :

- un certificat de vaccination des animaux domestiques (feuille rose ou bleue) ;

- le document d’accompagnement d’après le Système d’information relatif aux équidés (SIRE) ou le livret signalétique ;

- un passeport donné par la Fédération équestre internationnal (FEI) ;

- un certificat de vaccination du cheval rédigé en anglais et en français et approuvé par le ministère de l’Agriculture.

4. Vaccination antitétanique

Maladie redoutable et fréquemment mortelle, le tétanos est dû à un bacille, Clostridium tetani, présent dans l’environnement (terre, fumier, sable des pistes, etc.). Très résistant, il se multiplie au niveau des plaies et sécrète une toxine (la tétanospasmine), qui provoque des contractions ou tétanies musculaires. Les symptômes de la maladie sont des spasmes musculaires, une procidence de la troisième paupière lorsque la tête est touchée, une expression d’anxiété, un raidissement progressif des membres, une alimentation difficile, de la température et de la sueur. L’animal meurt de paralysie respiratoire ou par bronchopneumonie due à une “fausse route” ;.

En prévention, la vaccination antitétanique assure une protection efficace. Elle peut être pratiquée chez le cheval dès l’âge de trois mois.

Le sérum antitétanique contient des anticorps qui neutralisent la toxine tétanique produite par le bacille du tétanos. Il peut être utilisé seul à titre préventif, uniquement chez le poulain nouveau-né, en prévention du tétanos ombilical. En revanche, chez le cheval blessé, il est associé à une injection de vaccin.

Vaccins disponibles

Les vaccins sont élaborés à partir d’anatoxines tétaniques purifiées (Tetapur® ;, Equip® ; FT, Fluvac® ; T Et Grippifa-T® ;).

Protocole préconisé

Outre le protocole classique (voir le TABLEAU “Protocoles de vaccination contre le tétanos” ;), il est conseillé, chez la jument poulinière, d’effectuer un rappel deux à six semaines avant la mise bas.

Il convient de nettoyer et de désinfecter soigneusement toute plaie du cheval, même minime. Un cheval blessé doit subir une sérovaccination : il reçoit une injection de sérum antitétanique, pour assurer la neutralisation de la toxine et une injection de vaccin antitétanique (ces deux injections sont effectuées en deux points séparés). Une immunisation rapide est ainsi obtenue car la protection conférée par le sérum est immédiate mais ne dure que vingt et un jours ; les injections de vaccin antitétanique sont ensuite poursuivies pour stimuler les défenses immunitaires, à raison de trois injections à quatre à cinq jours d’intervalle [5, 8]. Chez un cheval correctement vacciné, une injection vaccinale de rappel peut suffire.

Quelle est la législation en matière de vaccination en France ?

Certaines vaccinations sont nécessaires, d’autres sont rendues obligatoires par la législation.

1. La vaccination contre la grippe

Selon l’arrêté ministériel du 17/01/92, “la vaccination contre la grippe est obligatoire pour participer à toute compétition équestre” ; (voir le TABLEAU “Protocole légal de vaccination contre la grippe pour prendre part à une compétition équestre” ;).

Selon le code des courses du 4/12/80, “la vaccination grippe est obligatoire pour accéder aux terrains d’entraînement, aux hippodromes et aux établissements appartenant aux sociétés de courses” ; (voir le TABLEAU “Protocole de vaccination contre la grippe du code des courses” ;).

En outre, “aucun cheval ne peut être admis à courir s’il a reçu une injection de vaccin dans les sept jours précédant l’épreuve, quelle que soit la maladie contre laquelle il a été vacciné” ;.

2. La vaccination antirabique

L’éradication totale de la rage du renard est acquise en France. L’arrêté ministériel du 17 janvier 1992, qui imposait de vacciner les chevaux de sport contre la rage avant toute compétition et les chevaux accessibles au public, a été abrogé par l’arrêté du 6 juin 2002.

Il convient de toujours adapter le protocole de vaccination, sous contrôle d’un praticien, à la diversité des maladies concernées et au mode de vie du cheval. Toutefois, cet acte ne doit pas faire oublier les mesures d’hygiène élémentaires, qui permettent, elles aussi, de diminuer l’incidence des maladies : limiter la contamination environnementale (élimination des crottins, etc.), désinfection des box et diminution de l’empoussièrement de l’environnement, réduction de la densité des chevaux, etc. [6]. Dans le futur, les progrès visent à améliorer le pouvoir protecteur et la souplesse d’emploi des vaccins actuels et à proposer des vaccins pour d’autres maladies virales ou bactériennes, pour lesquelles la prophylaxie médicale est peu satisfaisante. En particulier, dans les haras, il serait utile de disposer de vaccins inactivés dirigés contre les agents pathogènes à l’origine de septicémies (Escherichia coli, Actinobacillus equuli, les streptocoques β-hémolytiques, Klebsiella sp., Staphylococcus sp., Pasteurella spp.), de bronchopneumonies (Rhodococcus equi, Streptococcus equi) ou de gastro-entérites (Rotavirus, Clostridium difficile, etc.) qui atteignent les poulains peu après leur naissance [6].

Rappels d’immunologie

Le principe de la vaccination est simple : il s’agit de créer artificiellement une immunité contre les maladies infectieuses. Le vaccin sollicite une réaction de l’organisme, lequel répond à l’agression vaccinale par l’établissement de moyensdedéfense susceptibles de le protéger, ultérieurement, contre une infection par le même germe ou apparenté que celui qui a servi à la préparation du vaccin (production d’anticorps).

Cette immunité, dite “active” ;, ne s’établit que lentement : il est donc nécessaire d’avoir recours à plusieurs administrations de vaccins pour obtenir un niveau convenable de protection. Elle est durable, mais la durée de cette immunité varie selon de nombreux facteurs et il est souvent impossible de la prévoir en toute sécurité, d’où la nécessité de rappels de vaccination, selon une périodicité évaluée par les méthodes statistiques, après expérimentation [3].

Points forts

→ La vaccination n’est, en aucun cas, un acte banal : c’est un acte médical, au même titre quela prescription d’un traitement.

→ Le protocole de vaccination doit être régulier, sous le contrôle d’un vétérinaire, pour chaque maladie, en tenant compte des différentes situations épidémiologiques.

→ Tous les vaccins commercialisés en France pour l’espèce équine sont des vaccins inactivés.

→ Aucun vaccin disponible en France n’est contre-indiqué chez la jument gestante.

→ Une vaccination correcte des poulinières avant la mise bas assure une protection maximale du poulain, via le colostrum.

→ Il n’existe pas en France de vaccins contre la leptospirose et la piroplasmose pour l’espèce équine.

Autres vaccins

Il existe d’autres vaccins équins qui ne sont pas ou peu utilisés en France.

→ Il est possible de faire préparer un autovaccin contre la gourme, mais l’efficacité est discutable et les effets secondaires sont marqués [11]. Ils se pratiquent au niveau d’un individu ou d’un élevage.

→ Contre la peste équine, il existe, en particulier en Afrique et en Espagne, des vaccins à virus vivants atténués, qui ne sont pas nécessaires en France car cette maladie n’existe pas [10].

→ Il existe des vaccins aux États-Unis contre l’artérite virale, mais en France, la prévalence de cette maladie est trop faible pour que la prophylaxie médicale soit indiquée [12].

→ Les seuls vaccins contre la leptospirose en France sont réservés à l’espèce canine. Enoutre, le nombre de sérovars impliqués rend difficile la mise au point des vaccins [11].

→ Il n’existe pas de vaccin en France contre les rotavirus du poulain [11].

→ Il n’existe pas de vaccin contre la piroplasmose pour l’espèce équine.

  • 1 - Chavatte Palmer P, Clément F, Betsch J-M. Les échecs de transfert passif de l’immunité chez le poulain. Prat. Vét. Equine, 1999 ; 31(122) : 53-62.
  • 2 - Desmettre P, Chappuis G. Vaccins et vaccination. Dans : Immunologie animale de PP Pastoret, Paris, Flammarion, 1990 : 699-708.
  • 3 - Fontaine M. Vade-Mecum du vétérinaire. 15e édition. Ed. Vigot. 1987 : page 560.
  • 4 - Fournier J. La faute professionnelle du vétérinaire, ses conséquences juridiques. Point Vét. 1993 ; 25(152) : 139-146.
  • 5 - Laboratoire MERIAL. (Page consultée le 28 septembre 2002). France. Merial, [en ligne]. Adresse URL : http ://fr.merial.com/equine/disease/vaccination_cheval.html
  • 6 - Taouji S, Puyalto-Moussu C. La vaccination du poulain : stratégies et applications pratiques. Prat. Vét. Equine, 2001 ; 33(132) : 59-65.
  • 7 - Toma B, Aubert M. La vaccination rabique des animaux. Point Vét. 1992 ; 24(146) : 305-316.
  • 8 - Veillet F, Vandaële É. Dictionnaire des Médicaments Vétérinaires. 11e édition, Maisons-Alfort. Éditions du Point Vétérinaire, 2001 : 1814 pages.
  • 9 - Zientera S. La rhinopneumonie équine : épidémiologie moléculaire, diagnostic et prophylaxie. Point Vét. 1993 ; 24(150) : 737-742.
  • 10 - Zientara S. La peste équine : quoi de neuf sur cette maladie ancienne ? Point Vét. 1996 ; 28(176) : 149-157.
  • 11 - Zientara S, Plateau É. Vaccins et vaccination chez le cheval. Point Vét. 1993 ; 24(149) : 601-610.
  • 12 - Zientara S, Labie J, Gicquel B et coll. L’artérite virale des équidés : revue et bilan d’une enquête sérologique en France de 1996 à 1997. Point Vét. 1998 ; 29(190) : 247-253.
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr