Nutrition clinique : quels sont les pièges à éviter ? - Le Point Vétérinaire n° 237 du 01/07/2003
Le Point Vétérinaire n° 237 du 01/07/2003

NUTRITION DU CHIEN ET DU CHAT

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EN QUESTIONS -RÉPONSES

Auteur(s) : Géraldine Blanchard

Fonctions : Unité d'alimentation
École nationale
vétérinaire d'Alfort
7, av. du Général-de-Gaulle
94704 Maisons-Alfort Cedex

L’alimentation du chien et du chat peut être adaptée à de nombreuses affections : insuffisance cardiaque ou rénale, urolithiases, etc. L’élaboration des rations repose alors sur des règles précises et spécifiques.

Lors de situations pathologiques courantes chez le chien et chez le chat, telles une insuffisance cardiaque ou rénale, ou des urolithiases, l’alimentation de l’animal doit être adaptée.

De même, lors de survenue d’une affection ostéo-articulaire chez un animal obèse, il est souhaitable de faire précéder le traitement orthopédique d’un amaigrissement.

Après une intervention chirurgicale, l’animal doit être nourri dès que possible, avec un aliment choisi selon le type d’opération (digestive ou non).

Aliments pour insuffisants cardiaques : pourquoi les refusent-ils ?

Lors de la survenue d’une insuffisance cardiaque, l’enjeu est sérieux et l’adaptation du régime alimentaire est conseillée.

Si les aliments destinés aux insuffisants cardiaques sont le plus souvent adaptés à cette affection, c’est-à-dire principalement appauvris en sodium et enrichis en potassium, deux difficultés apparaîssent.

• Ces aliments sont pour la plupart pauvres en protéines, ce qui n’est pas justifié par l’état d’insuffisance cardiaque. La seule justification de cet appauvrissement est de les rendre acceptables pour un animal qui présente également une insuffisance rénale. Dans ce cas de figure, il est préférable de prescrire directement un aliment pour insuffisants rénaux qui, le plus souvent, est plutôt pauvre en sodium et riche en potassium.

• Les aliments pour insuffisants cardiaques, en raison de leur pauvreté en sodium (autour de 0,1 % de la matière sèche (MS)), sont moins appétents que l’aliment habituel. Lorsque ce dernier est un produit en boîte de la grande distribution, sa teneur en sodium est le plus souvent supérieure à 1 % de la MS, soit dix fois plus. Cette teneur, si elle est néfaste pour un insuffisant cardiaque, confère à l’aliment une grande appétence. Il est alors difficile de faire consommer l’aliment diététique à l’animal, d’autant plus qu’il est également pauvre en protéines, facteur d’appétence pour les carnivores.

L’appétit d’un animal insuffisant cardiaque est souvent défaillant lorsque la maladie progresse, alors que le risque qui le guette est la cachexie. Quelques astuces favorisent la prise d’aliment et diminuent ce risque.

Lorsqu’un signe précurseur de défaillance cardiaque est détecté, comme un souffle cardiaque sans signe clinique associé, il est possible de passer à un aliment à teneur modérée en sodium, soit autour de 0,4 % de la MS. Cette teneur est celle qui est présente dans de nombreux produits des gammes physiologiques disponibles chez les vétérinaires et elle doit être vérifiée sur les fiches techniques de ces aliments.

Une transition progressive vers ces aliments est assez facilement acceptée par l’animal, quel que soit le produit industriel qu’il consommait auparavant.

Si l’insuffisance cardiaque progresse, il est alors plus facile de passer à un aliment pour insuffisants cardiaques, réellement appauvri en sodium (autour de 0,1 % de Na/MS).

• Lorsque le chien ou le chat est habitué à une ration ménagère, il est souvent illusoire de lui faire accepter un aliment diététique. Cela n’est d’ailleurs pas nécessaire si les ingrédients de la ration sont bien choisis.

Une ration constituée de viande, d’huile végétale, de légumes verts frais ou surgelés, de riz ou de pâtes cuits sans sel ajouté, d’un complément calcique (Calcidose® (1) et d’un complément minéral et vitaminé (CMV) sans sodium qui apporte oligo-éléments et vitamines (Tonivit®) est aussi pauvre en sodium que les aliments diététiques pour insuffisants cardiaques.

L’apport de potassium dans la ration ménagère est assuré par la viande et les légumes verts. Cependant, il peut être augmenté en remplaçant une part de riz par un peu de banane fruit.

• En l’absence d’insuffisance rénale associée, la prescription d’un aliment diététique pour insuffisants cardiaques constitue une ration de base, à laquelle sont ajoutés un peu de viande maigre et, éventuellement, d’huile de colza (voir le TABLEAU “Rations ménagères équilibrées pour chiens et chats atteints d’insuffisance cardiaque chronique”).

Si les ingrédients sont bien mélangés afin d’éviter le tri (éventuellement en humidifiant les croquettes avant de les mélanger), cet aliment constitue une solution économiquement intéressante.

Aliments pour insuffisants rénaux : comment les faire consommer ?

Lors de la survenue d’une insuffisance rénale, la règle est la prescription d’un aliment spécifique. Cependant, même si des progrès ont été accomplis concernant l’appétence des aliments pour insuffisants rénaux chroniques, en pratique, ils restent encore souvent délaissés par l’animal. Le propriétaire a alors tendance à ajouter “un peu” de viande ou de fromage pour faire manger son chien ou son chat. Le risque lié à cet ajout est double :

- la quantité de viande n’est pas connue et tend à augmenter avec le temps, au détriment du régime diététique réellement bénéfique ;

- la richesse de la viande en protéines, qui la rendent appétente, et sa teneur en phosphore ruinent les effets bénéfiques du régime diététique initial.

Il est possible de limiter les conséquences de ces ajouts.

• Les aliments pour insuffisants rénaux, en particulier pour chiens, sont très pauvres en protéines mais également, pour la plupart, en sodium, ce qui diminue leur appétence pour des animaux déjà souvent dysorexiques en raison de crises urémiques. La faible teneur sodée est justifiée par l’hypertension souvent associée à l’insuffisance rénale chronique. Il est souhaitable de vérifier sur les fiches techniques que la teneur en sel ne dépasse pas 0,4 % de la MS ou 1 g/Mcal d’énergie métabolisable (EM). L’ajout, en quantité maîtrisée, de viande maigre de bonne qualité, telle que du steak haché pur bœuf à 5 % de matière grasse ou du blanc de volaille, et d’huile de colza augmente l’appétence, sans rendre l’aliment diététique déséquilibré et inutile (voir le TABLEAU “Caractéristiques de rations semi-industrielles pour chiens atteints d’insuffisance rénale chronique”).

• La transition vers un aliment pour insuffisants rénaux (comme lors d’insuffisance cardiaque) est plus facile lorsque l’état de l’animal n’est pas encore trop dégradé. Des contrôles réguliers de la fonction rénale, lors de la visite vaccinale annuelle par exemple, permettent de passer progressivement d’un aliment de la grande distribution vers un aliment de gamme physiologique distribué par le vétérinaire. Ce dernier contient des apports protéiques plus proches des besoins de l’animal et de meilleure qualité. En outre, la qualité des ingrédients, plus pauvres en os que les aliments bas de gamme, limite le taux de phosphore, ce qui préserve la fonction rénale. Ensuite, lorsque l’insuffisance rénale s’installe, il est temps de passer, toujours de manière progressive, à un aliment diététique.

Les urolithiases : quel aliment et pour quels calculs ?

1. Principes de base

Les urolithiases ont longtemps été synonymes de struvites (ou phosphates ammoniaco magnésiens) chez le chat. Chez le chien, si l’association calcul et infection urinaire est également connue, elle donne peu souvent lieu à une réflexion sur l’alimentation la mieux adaptée et quelques points doivent être clarifiés.

• Seule l’analyse quantitative et par couches de la composition d’un calcul urinaire permet d’en connaître la composition exacte.

• Les urolithiases félines sont aujourd’hui majoritairement des struvites et des oxalates, dans des proportions équivalentes. Ils représentent respectivement environ 43 % de l’ensemble des calculs rencontrés (voir la FIGURE “Répartition des urolithiases félines selon leur nature”).

• Les urolithiases canines sont aujourd’hui majoritairement des struvites (voir la FIGURE “Répartition des 15 259 urolithiases canines analysées en 1997 à l’Université du Minnesota selon leur nature”). Cependant, la proportion d’oxalates de calcium ne cesse de progresser : de moins de 20 % à 35 % en seulement dix ans [4].

• La majorité des cas d’urolithiases canines s’accompagne d’une infection du tractus urinaire, qu’il s’agisse de calculs de struvite, d’oxalate de calcium, d’urate, d’apatite, etc. La réalisation d’un examen cytobactériologique urinaire, avec un antibiogramme si nécessaire, doit donc systématiquement accompagner la prise en charge des urolithiases canines, avant l’instauration de tout traitement antibiotique. Ce dernier doit en outre être poursuivi jusqu’à disparition des calculs (car ceux-ci peuvent contenir des bactéries), notamment lors de dissolution de calculs de struvite à l’aide d’un aliment qui acidifie les urines.

• La présence simultanée de cristaux et de calculs urinaires ne signifie pas systématiquement que leur nature respective est la même.

Lorsque la nature des calculs est connue, l’alimentation est adaptée de manière, soit à les dissoudre lorsqu’il s’agit de struvites, soit à prévenir une récidive après l’ablation chirurgicale du ou des calculs.

2. Quel aliment distribuer dans l’attente des résultats d’analyse ?

Dans l’attente des résultats d’analyse de calculs, de cristaux urinaires ou de bouchons urétraux, ou du prochain épisode de syndrome urologique lorsque les calculs n’ont pas été prélevés, l’alimentation peut être modifiée afin de prévenir les récidives. Il convient alors :

- de stimuler la prise d’eau, de manière à augmenter le volume urinaire et à diminuer la concentration des urines en sels susceptibles de cristalliser. En pratique, le plus efficace est de choisir un aliment humide, dont il est possible d’augmenter encore l’humidité par l’ajout d’eau ;

- de diminuer au maximum les variations du pH urinaire par la distribution d’un aliment en plusieurs petits repas ;

- de maîtriser le pH urinaire, qu’il est souhaitable de maintenir légèrement acide (soit entre 6 et 6,5) par la distribution d’un aliment formulé à ce dessein dont la composition est stable ;

- de tenter de solubiliser au maximum les oxalates urinaires avant la constitution de cristaux, par ajout de citrate de potassium, ce qui permet de former des sels solubles d’oxalate de potassium. Une spécialité humaine (Foncitril 4000®(1)) peut être prescrite. Un sachet est dilué dans 10 ml d’eau ; une dose de 1 ml/kg de poids vif est administrée chaque jour, en deux prises, à distance des repas. D’autres spécialités sont plus alcalinisantes et sont réservées aux cas de récidives d’urolithiases à oxalates de calcium.

Peu d’aliments disponibles sur le marché correspondent à ce cahier des charges. Le Renal Canine ® de Royal Canin ou le Hill’s c/d ®, sous forme humide ou humidifiée, peuvent être utilisés dans l’attente des résultats d’analyse de calculs. Une fois ces derniers connus, l’aliment peut être modifié.

Dans tous les cas, il convient de favoriser l’abreuvement en humidifiant l’aliment et la ration doit être fractionnée en trois repas par jour au moins.

3. Une ration ménagère peut-elle être proposée ?

Il est souhaitable d’opter pour une ration ménagère lorsque l’animal refuse l’aliment industriel.

• Les rations ménagères classiques, c’est-à-dire composées de viande maigre de bonne qualité, d’huile végétale, de légumes verts frais ou surgelés choisis sans oxalates (courges, courgettes, voire son de blé), de riz très cuit, d’un peu de sel et d’un CMV adapté, sont aussi bénéfiques que les aliments industriels : elles sont pauvres en minéraux, dépourvues d’oxalates et humides. Le fractionnement des repas reste indispensable.

Les aliments à éviter sont ceux qui contiennent des oxalates : épinards, oseilles, mais également aubergines, haricots verts et carottes (même si ces deux derniers en contiennent peu).

• Le pH urinaire doit être surveillé à l’aide de bandelettes, préférentiellement sur l’urine de la nuit, lorsque l’animal est à jeun depuis la veille au soir, dans la mesure où ce pH est plus alcalin en période postprandiale.

• Le pH urinaire recherché doit être :

- compris entre 6 et 6,5 afin de ne pas favoriser la formation des struvites ou des oxalates de calcium ;

- légèrement inférieur ou égal à 6 pour dissoudre des struvites ;

- proche de 6,5 afin d’éviter les récidives de calculs d’oxalate ;

- proche de 6,5 à 7 pour ne pas favoriser les urolithiases à urates ou à cystine.

4. Comment modifier le pH urinaire avec une ration ménagère ?

• Pour acidifier le pH urinaire induit par une ration stable, il convient d’ajouter de l’acide phosphorique à la ration (Phosoforme®(1), à la dose d’une goutte par kg de poids vif et par jour pour acidifier fortement). Il est préférable de commencer par une goutte pour 2 kg pour éviter les excès. Le produit doit être dilué dans de l’eau avant d’être mélangé à la ration, sous peine de provoquer des ulcères buccaux.

• Pour alcaliniser les urines, il convient d’ajouter Alcaphor®(1), qui contient des citrates de sodium et de potassium, ainsi que du trométamol(1), au pouvoir tampon et alcalinisant, à raison de 1 ml pour 5 kg de poids vif.

• Du Foncitril 4000®(1) peut être administré afin d’ajouter des citrates sans trop alcaliniser les urines. Sa posologie chez le chien et chez le chat est encore mal définie ; il est possible de commencer par un demi-sachet à un sachet par jour pour 20 kg de poids vif, dilué dans de l’eau, à faire avaler à l’animal après les repas.

Dans tous les cas, après quelques jours, le pH urinaire doit à nouveau être recherché plusieurs matins de suite pour permettre un ajustement de la dose.

5. Quelle eau est-il préférable de donner à un animal

qui présente des urolithiases ?

Lors d’urolithiases, l’eau de boisson la moins minéralisée possible est conseillée ; il convient donc d’éviter toutes les eaux minérales. La composition de l’eau du robinet est disponible auprès de la mairie de la ville ou directement auprès du gestionnaire du réseau. En Ile-de-France, ces informations sont également disponibles sur le site Web du Syndicat des eaux d’Ile-de-France(2). Les eaux de source sont généralement peu minéralisées. Pour avoir une idée de leur contenance, il suffit de regarder sur leur étiquette le résidu sec à 180 °C et de rechercher des valeurs basses, inférieures à 350 mg/l.

Que faire lors de rupture de ligaments croisés chez un chien obèse ?

1. Faut-il opérer d’emblée ?

Il est souhaitable de commencer par un amaigrissement de l’animal avant toute intervention chirurgicale pour trouble ostéo-articulaire (excepté pour les affections comme les fractures). Le surpoids constitue en effet un facteur aggravant, voire déterminant. L’amaigrissement est généralement accepté plus facilement par le propriétaire lorsqu’il est associé à une maladie avérée. Il n’est pas rare de voir des chiens atteints de boiterie, référés pour amaigrissement, n’être finalement jamais opérés lorsque l’amaigrissement est obtenu. Si l’intervention reste toutefois nécessaire, les chances de guérison sont plus élevées lorsque le chien est mince que lors de surpoids [1].

2. Comment faire maigrir un chien ?

L’amaigrissement est à envisager en accord avec le propriétaire, en fixant un poids idéal à atteindre, de préférence par paliers de 20 % (poids objectifs successifs) à partir du poids de départ. Un aliment hypocalorique le plus pauvre possible en calories est prescrit (moins de 2,7 kcal/g dans le cas des aliments secs pour chiens), suffisamment riche en protéines pour limiter la fonte musculaire, soit au moins 100 g de protéines/1 000 kcal EM, c’est-à-dire, pour un aliment qui contient 265 kcal/100 g, au moins 26,5 % de protéines.

Il convient d’expliquer clairement que le régime prescrit doit être suivi avec exactitude.

La ration est fractionnée en trois repas par jour, afin de répondre à la faim de l’animal autant que possible. Lorsque le propriétaire est absent dans la journée, les trois repas se déclinent de la manière suivante : préparation de la ration quotidienne en une fois, et distribution d’un tiers le matin, d’un tiers lorsque le propriétaire rentre chez lui en fin de journée et d’un tiers plus tard dans la soirée.

Dans le cas d’aliments riches en fibres, il est essentiel de prévenir le propriétaire que son chien va boire davantage et que les sorties hygiéniques doivent être plus fréquentes (volume de selles augmenté).

3. Quelle quantité d’aliment pour faire maigrir un chien ?

La quantité d’aliment nécessaire à l’amaigrissement d’un chien dépend de deux facteurs : l’apport calorique souhaité et la densité énergétique de l’aliment.

• L’apport énergétique doit représenter 60 % du besoin énergétique du chien pour son poids objectif, soit 156 x P0,67 x 0,6 kcal (P : le poids objectif en kg). Lorsque le chien est de race nordique, éventuellement castré, ou qu’un amaigrissement rapide est souhaité en raison de difficultés locomotrices majeures, cet apport peut encore être réduit de 20 %, soit un apport énergétique quotidien égal à 156 x P0,67 x 0,48 kcal EM/j (PHOTOS 1 et 2).

Par exemple, un labrador mâle entier âgé de huit ans, qui se déplace avec difficulté et qui pèse 50 kg, reçoit :

- dans un premier temps, pour atteindre 50 - 20 % = 40 kg :

156 x 400,67 x 0,48 = 916 kcal EM ;

- une fois les 40 kg atteints, l’objectif est de 40 - 20 % = 32 kg.

Il reçoit alors 156 x 320,67 x 0,48 = 763 kcal.

Si le chien a très faim, le rythme d’amaigrissement peut être légèrement ralenti. Il reçoit alors 156 x 320,67 x 0,6 = 954 kcal.

Une fois les 32 kg atteints, si le poids idéal est de 30 kg, l’animal reçoit donc 156 x 300,67 x 0,6 = 914 kcal EM.

Si l’aliment prescrit contient 2,8 kcal/g, il convient d’apporter successivement 916/2,8 = 325 g/j, puis 275 g/j, puis 340 g/j et, à nouveau, 325 g/j.

• Lorsque le poids idéal est atteint, sa stabilisation implique la prise en compte des caractéristiques physiologiques (race nordique, castration éventuelle, etc.) et le passé d’obésité, qui diminue le besoin énergétique d’entretien de l’animal. Il est nécessaire de choisir un aliment à densité énergétique faible afin de délivrer une quantité d’aliment raisonnable. Chez ce labrador, 156 x 300,67 x 0,8 (race nordique) = 1 218 kcal sont apportées. Ce total peut éventuellement être minoré de 20 % en raison du passé d’obésité :1 218 x 0,8 = 975 kcal, fournies par exemple grâce à un aliment sec “allégé” ou “light”, qui contient autour de 320 kcal/100 g, soit entre 380 et 300 g/j. L’aliment choisi après la période d’amaigrissement est peu calorique, mais contient des protéines en quantité assez élevée pour compenser l’apport calorique diminué. Un ratio protidocalorique d’environ 80 g de protéines/Mcal peut être recherché.

• Il est important de suivre l’animal régulièrement afin de conseiller le propriétaire pour éviter toute reprise de poids et d’ajuster les quantités d’aliment aux variations de poids, car l’activité du chien est difficile à évaluer. Au cours de la période d’amaigrissement, le suivi du poids est donc à la carte : le propriétaire doit revenir consulter lorsque chaque poids objectif est atteint. Une fois l’amaigrissement obtenu, un suivi mensuel pendant quelques mois permet d’ajuster les quantités d’aliment avant toute dérive. La reprise de quelques centaines de grammes est toujours plus facile à gérer que celle de quelques kilos, qui oblige à recommencer une phase d’amaigrissement, ce qui est toujours mal vécu par le propriétaire.

Comment réalimenter un animal après une intervention chirurgicale ?

L’état général d’un animal qui n’est pas nourri ne peut que se dégrader et la guérison en est retardée. Il convient donc de nourrir le plus tôt possible un chien ou un chat après une intervention chirurgicale, dès qu’il est vigile et capable de se tenir en décubitus sternal ou debout, selon les cas.

Le délai entre la fin de l’intervention et le premier repas ne devrait pas excéder douze heures, vingt-quatre heures étant un maximum, excepté lors d’obstruction digestive persistante (normalement levée par l’intervention !), de vomissements incœrcibles ou de pancréatite.

Deux cas de figure se présentent quant au choix de l’aliment à proposer en phase postopératoire, selon que l’intervention concerne ou non le tube digestif.

1. Quel aliment proposer à un animal lors d’intervention non digestive ?

• Si l’opération n’est pas digestive, un aliment de bonne qualité, adapté au statut physiologique de l’animal, suffit. Sa teneur en protéines peut être relativement élevée, compte tenu du stress représenté par l’intervention chirurgicale et par l’hospitalisation, ou adaptée au statut sanitaire de l’animal si cela est justifié.

Le transit peut être ralenti en période postopératoire : un aliment humide ou humidifié quitte plus rapidement l’estomac qu’un aliment sec.

• Après la stabilisation chirurgicale d’une fracture, si l’animal n’est pas insuffisant rénal, il est possible de distribuer un aliment pour jeunes en croissance à un adulte. Ce produit peut ainsi être distribué pendant les quelques semaines qui suivent afin de faciliter la reconstruction osseuse.

La fracture du bassin constitue une exception à cette règle. Dans ce dernier cas, il est en effet préférable de choisir un aliment “hyperdigestible”, qui entraîne peu de résidus et qui diminue le volume et la quantité des selles. Un aliment hyperdigestible riche en fibres solubles permet en outre l’obtention de selles pas trop dures, donc émises plus facilement.

Si l’aliment distribué ne permet pas l’obtention de selles peu dures, l’ajout de lactulose(1) (Duphalac®, en commençant par 1 ml/5 kg de poids vif, matin et soir ; à ajuster) remplit cet office, par fermentation du lactulose(1) dans le côlon et appel d’eau.

Le fractionnement des repas est toujours souhaitable. La quantité d’aliment à distribuer est ajustée selon la durée de la diète préopératoire.

2. Quel aliment proposer à un animal lors d’intervention digestive ?

Si l’intervention concerne l’appareil digestif, certains ajustements sont judicieux selon la portion du tube digestif concernée.

• l’intervention est maxillo-faciale et dans tous les autres cas pour lesquels une alimentation entérale spontanée n’est pas possible, une sonde naso-œsophagienne, d’œsophagostomie, de gastrotomie, voire de jéjunostomie, est mise en place lors de l’anesthésie. L’aliment qui est alors délivré, dès que l’animal est capable de se tenir au moins en décubitus sternal, est donc liquide et adapté à son statut physiopathologique.

• Si l’intervention touche l’œsophage ou l’estomac, il est souhaitable de proposer un aliment liquide pendant les premiers jours postopératoires : ce type d’aliment n’a pas d’effet abrasif sur la muqueuse et quitte l’estomac rapidement. Sinon, un aliment humide est distribué sous forme de soupe tiède en le mélangeant à de l’eau chaude avant la distribution. Si un aliment sec est la seule option possible, il convient également de le rendre fluide par l’ajout d’eau.

• Si l’intervention lèse le pylore, l’aliment est choisi comme lors d’une intervention gastrique, c’est-à-dire très liquide, car l’estomac ne peut plus retenir le bol alimentaire le temps de son imbibition. Cette adaptation dure longtemps après l’intervention car l’absence de pylore est définitive. Le fractionnement de la ration est en outre impératif, avec au moins six repas par jour dans un premier temps, afin de ne pas laisser une trop grande quantité d’aliment atteindre le duodénum en un temps limité. Ces repas peuvent être distribués à intervalles d’au moins une heure, et en deux ou trois séquences dans la journée : par exemple, deux repas le matin et quatre en fin de journée.

• Si l’intervention est intestinale, avec résection d’une portion d’intestin, l’aliment choisi est de préférence “hyperdigestible” et il est distribué de façon très fractionnée, afin de permettre la digestion de chaque repas, car les sécrétions digestives et/ou la surface d’absorption ne permettent plus le traitement d’une grande quantité d’aliment et de nutriments.

• Si l’intervention concerne le côlon, un aliment hyperdigestible, qui contient une faible part de cellulose brute, est nécessaire pour limiter la quantité de résidus alimentaires, tout en permettant de texturer les selles. La fibre soluble a un effet trophique sur les colocytes et elle est donc souhaitable. En revanche, lors de colectomie, les excès de fibres solubles sont à éviter car l’appel d’eau créé par la fermentation n’a pas le temps d’être résorbé dans un côlon raccourci.

• Si l’intervention affecte la zone anale ou péri-anale, l’aliment choisi est hyperdigestible afin de diminuer les résidus et enrichi en fibres solubles, qui permettent l’obtention de selles pas trop dures afin de prévenir des ruptures de sutures.

3. Quelle est l’influence de la durée de la diète préopératoire ?

Quelle que soit l’intervention chirurgicale effectuée, la durée de la diète qui l’a précédée (qui inclut une éventuelle période d’anorexie) modifie l’alimentation postopératoire (voir la FIGURE “Plan de réalimentation de l’animal hospitalisé après une diète ou une anorexie, en % du besoin énergétique d’entretien”).

Les cas de figure présentés ne prétendent pas à l’exhaustivité mais traduisent l’importance de l’adaptation de ration alimentaire lors d’affections fréquemment rencontrées chez le chien et le chat.

  • (1) Médicament à usage humain.attention

  • (2) http ://www.sedif.com.

attention

Teneur en Na en % de la MS = (% brut de Na/% de MS) x 100.

• Si un aliment sec à 92 % de MS contient 0,35 % de Na, il renferme (0,35/92) x 100 = 0,38 % de Na/MS.

• Si un aliment humide à 28 % de MS contient 0,18 % de Na, il renferme (0,18/28) x 100 = 0,6 % de Na/MS.

attention

Chez un chien de grand format, l’aliment diététique peut être prescrit sous forme de croquettes qui sont humidifiées de manière à former une soupe, distribuée en trois repas par jour au moins.

Points forts

→Un aliment en boîte de la grande distribution a une teneur en sodium souvent supérieure à 1 % de la matière sèche, soit dix fois plus que celle d’un aliment pour insuffisants cardiaques.

→L’apport de potassium dans la ration ménagère est assuré par la viande et les légumes verts. Cependant, il peut être augmenté en remplaçant une part de riz par un peu de banane fruit.

→Les aliments diététiques distribués par les vétérinaires, plus pauvres en os que les aliments bas de gamme, permettent de limiter le taux de phosphore, ce qui préserve la fonction rénale.

→Dans tous les cas d’urolithiases, il convient de favoriser l’abreuvement en humidifiant l’aliment et la ration quotidienne doit être fractionnée en trois repas au moins.

→Le délai entre la fin d’une intervention chirurgicale digestive et le premier repas ne devrait pas excéder douze heures, vingt-quatre heures au maximum, sauf lors d’obstruction digestive persistante, de vomissements incoercibles ou de pancréatite.

En savoir plus

- Gaschen F. Actualités sur les urolithiases félines. Point Vét. 2001 ; 32(N° spécial “Urologie et néphrologie clinique du chien et du chat”) : 104-107.

- Vedrenne N, Cotard J-P, Paragon B. L’urolithiase féline : actualités épidémiologiques. Point Vét. 2003 ; 34(232): 44-48.

  • 1 - Blanchard G. Traitement de l’obésité des carnivores domestiques. Point Vét. 2001 ; 213 : 26-31.
  • 2 - Blanchard G, Paragon BM. L’alimentation de l’animal hospitalisé. Nouv. Prat. Vét. Hors série “Hospitalisation de chien et du chat”. 2002 : 25-29.
  • 3 - Martin L, Loukil L, Dumon H et coll. Recommandations nutritionnelles dans le traitement des principales affections du chat. Point Vét. 1996 ; 178 : 35-44.
  • 4 - Osborne CA, Lulich JP, Bartges JW et coll. Canine and feline urolithiases : relationship of etiopathogenesis to treatment and prevention. In : Canine and feline urology. Osborne CA & Finco DR. Baltimore. Ed. Williams & Wilkins. 1995 : 798-888.
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