Chez le chat, l’insuline s’administre deux fois par jour… - Le Point Vétérinaire n° 235 du 01/05/2003
Le Point Vétérinaire n° 235 du 01/05/2003

UN CHAT DIABÉTIQUE NE SE TRAITE PAS COMME UN CHIEN

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NOUVEAUTÉS

Auteur(s) : Éric Vandaële

L’insulinothérapie permet d’obtenir des rémissions totales dans 20 % des cas et un retour à un état général “normal” dans 90 % des cas.

Depuis quelques mois, la seule insuline vétérinaire disponible — Caninsulin®, Intervet — bénéficie d’une extension d’indication aux chats, mentionnée dans son résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP). Chez les chats, le diabète est plus fréquemment de type II (anciennement diabète non insulino dépendant ou DNID), alors qu’il est de typeI chez le chien. Les diabètes de type II ont pour origine, d’une part une, insulinorésistance (les récepteurs à l’insuline des tissus cibles, muscle, foie et tissus adipeux, résistent l’insuline), d’autre part des cellules pancréatiques β “épuisées” qui sont incapables de sécréter suffisamment d’insuline pour surmonter cette résistance. En outre, le glucose (l’hyperglycémie) a un pouvoir toxique sur les cellules β, qui contribue à diminuer à terme la sécrétion d’insuline par le pancréas.

Les diabètes sucrés de type I ou II sont diagnostiqués lorsque 80 à 90 % de la capacité de sécrétion des cellules β sont dégradés.

Les hypoglycémiants oraux sont décevants

L’insulinothérapie constitue un traitement contraignant (deux injections par jour chez le chat), mais efficace. Chez le chat, les essais réalisés avec les hypoglycémiants oraux, qui stimulent l’activité résiduelle des cellules β dans les diabètes de type II, sont plutôt décevants : au mieux 20 à 25 % de résultats satisfaisants, mais sans rémission possible. L’insuline permet en revanche de ne pas épuiser davantage les cellules β et d’obtenir des rémissions dans 20 % des cas ou, à défaut, un retour à un état général normal dans la quasi-totalité des cas.

Insuline porcine intermédiaire

La seule insuline vétérinaire (Caninsulin®) est d’origine porcine et de type intermédiaire : elle se compose en effet pour 30 % d’une fraction amorphe d’action courte et pour 70 % d’une forme cristalline d’action plus lente et durable. Chez le chat, l’insulinémie est maximale (Cmax) 1,5 heure après injection (voir la FIGURE “Glycémie et insulinémie chez un chat diabétique”). La durée d’activité est en moyenne de 10 heures : entre 5 et 12 heures. Deux injections par jour sont donc nécessaires chez le chat.

Hyperglycémie de stress

Les doses initiales (voir le TABLEAU “Principales caractéristiques comparées des diabètes sucrés des chiens et des chats”) sont ajustées après une période d’adaptation au traitement de sept jours minimum. Chez le chat, l’état général de l’animal, la reprise d’appétit, de poids et une consommation normale en eau, sont des bons témoins de l’équilibre retrouvé. Dans les essais cliniques sur douze semaines, 88 à 96 % des chats traités présentent une évolution favorable des critères cliniques. Alors que, lors des contrôles de glycémie, l’hyperglycémie de stress (jusqu’à 2,5 à 3,6 g/l, soit 15 à 20 mmol/l), stress lié à la consultation vétérinaire et aux manipulations, peut faire penser que l’animal est mal équilibré et nécessite de plus fortes doses d’insuline. Un dosage des fructosamines (reflet des quinze derniers jours de glycémie) permet alors d’exclure cette hyperglycémie de stress : un animal équilibré présente une concentration sérique en fructosamines inférieure à 450 à 475  μmol/l. En outre, à défaut d’une courbe de glycémie, il est aussi possible d’ajuster les doses d’insuline à partir d’un prélèvement réalisé au pic maximal d’activité de l’insuline (glycémie minimale ou Nadir), soit, chez le chat, environ 4 heures après l’injection. Une glycémie comprise entre 0,9 et 3,2 g/l (< 18 mmol/l) peut être considérée comme satisfaisante.

« Les montagnes russes »

« Un chat diabétique, c’est un peu comme les montagnes russes », confie Jean-Pierre Cotard, professeur de médecine et propriétaire d’un chat diabétique. Il peut y avoir des rémissions, totales, mais avec une rechute possible après « trois semaines, trois mois, deux ans… ». L’insulinothérapie devient inutile, voire dangereuse car à l’origine d’hypoglycémies à répétition. Il est donc recommandé de surveiller la glycémie tous les mois pendant les six premiers mois au cours desquels ces guérisons sont plus fréquemment observées. Dans les essais cliniques, 20 % des chats diabétiques traités par Caninsulin® ne nécessitent plus de traitement après les trois premiers mois.

Soigner un chat diabétique ne coûte pas cher (le flacon de 2,5 ml, soit 100 UI, revient à moins de 5 euros), mais il implique une forte motivation du propriétaire.

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