Les gales et les poux chez les bovins - Le Point Vétérinaire n° 234 du 01/04/2003
Le Point Vétérinaire n° 234 du 01/04/2003

ECTOPARASITES

Se former

COURS

Auteur(s) : Bertrand Losson

Fonctions : Faculté de médecine vétérinaire,
Université de Liège,
20, boulevard de Colonster,
4000 Liège, Belgique

En dépit de la banalisation des traitements “endectocides”, les agents des gales, et les poux dans une moindre mesure, continuent d’exercer un impact économique non négligeable sur le cheptel bovin de nos pays.

Les acariens agents de gales et les poux comptent parmi les ectoparasites le plus souvent observés au niveau de la peau des bovins. Ces agents pathogènes et les maladies associées sont souvent négligés, les helminthoses digestives et respiratoires constituant aux yeux des vétérinaires et des éleveurs la principale menace parasitaire pour le cheptel, du moins en régions tempérées.

La mise au point au cours des quatre dernières décennies de programmes de prophylaxie anthelminthique de plus en plus efficaces a pourtant permis de constater que les arthropodes parasites pouvaient représenter des contraintes sérieuses, voire majeures, pour l’élevage bovin. L’intensification de ce dernier et la sélection de plus en plus poussée de races à très haut rendement n’y sont sans doute pas étrangères.

Force est également de constater qu’en dehors des études d’efficacité thérapeutique, de grosses lacunes persistent sur la connaissance de ces agents pathogènes, tant au niveau de leur biologie, de l’épidémiologie des affections qu’ils induisent, que des relations hôte/parasite.

Les gales bovines

1. Étiologie

Les bovins sont affectés par quatre types de gale, qui sont responsables d’atteintes cutanées d’allure clinique variable. On distingue en fonction de l’agent étiologique responsable :

- la gale sarcoptique (Sarcoptes scabiei var. bovis) ;

- la gale psoroptique (Psoroptes ovis) ;

- la gale chorioptique (Chorioptes bovis) ;

- la démodécie (Demodex bovis).

Ces maladies sont importantes pour plusieurs raisons :

- elles induisent souvent des pertes économiques élevées ;

- elles sont responsables d’une souffrance marquée chez les animaux atteints ;

- elles nécessitent l’utilisation de molécules acaricides diverses dont les effets potentiels sur l’environnement ou la santé publique sont préoccupants.

La biologie des parasites, en particulier leur localisation par rapport au revêtement cutané et leur mode de nutrition, conditionne largement le rôle pathogène et les symptômes liés aux différentes gales (voir le TABLEAU “Caractères différentiels des principaux agents de gale bovine”).

Le cycle des agents des gales se déroule entièrement au niveau du revêtement cutané. Chez Sarcoptes, Psoroptes et Chorioptes, le cycle, de l’œuf à l’adulte, dure de 10 à 21 jours selon le genre et les conditions environnantes. L’œuf donne naissance à une larve hexapode, suivie des proto- et trito-nymphes puis de l’adulte. À partir du stade nymphal, il est possible de distinguer les sexes. Une mue a lieu entre chaque stade pendant laquelle l’acarien entre dans une phase quiescente (chez Psoroptes, cette période peut durer 12 à 48 heures). Lors de cette phase, les acariens sont immobiles et ne se nourrissent pas. La femelle est fécondée une seule fois, elle vit environ quarante jours et pond un à deux œufs par jour. Les chorioptes vivent très superficiellement à la surface de la peau et sur le pelage, tandis que les psoroptes vivent en contact étroit avec l’épiderme.

Le cycle du sarcopte est un peu différent : la femelle creuse des galeries dans la couche cornée de l’épiderme. Le tunnel contient les matières fécales et les œufs qui sont déposés isolément. L’œuf éclôt après 50 à 53 heures et libère la larve hexapode qui gagne la peau pour s’y réfugier dans un follicule pileux. Les mues successives ont lieu à cet endroit pour donner un mâle ou une femelle. L’accouplement a lieu à la surface de la peau. La femelle fécondée creuse alors un tunnel à l’intérieur duquel elle grossit pour atteindre 300 à 500 µ après trois à quatre jours et pond un à trois œufs par jour pendant environ deux mois.

Le demodex vit dans les follicules pileux et les glandes sébacées. Il est le plus souvent considéré comme un commensal. La durée du cycle est mal connue. L’œuf est de forme très typique : étiré aux deux extrémités, il mesure environ 90 µ et ressemble à un citron. Il en sort une larve qui mue en nymphe. Celle-ci gagne la peau pour donner un adulte. Après accouplement, le mâle meurt tandis que la femelle fécondée gagne un follicule adjacent.

2. Épidémiologie

Transmission

Les gales sont très contagieuses. La transmission peut se réaliser par contact direct ou par l’intermédiaire de l’environnement.

Les contacts directs entre animaux sont le plus souvent incriminés. Ils expliquent la fréquence et la rapide extension des gales au sein des rassemblements d’animaux. Ces contacts ne doivent pas nécessairement être prolongés : au cours d’essais expérimentaux, un contact accidentel de quelques minutes entre un bovin atteint de gale psoroptique et un animal indemne s’est révélé suffisant.

La transmission via l’environnement (locaux, clôture, matériel d’élevage) est parfaitement possible. La survie des acariens dans l’environnement a fait l’objet de nombreuses études qui visaient à déterminer la nécessité d’assurer un vide sanitaire ou de traiter le milieu environnant [11, 19, 30]. De ces études, nous retiendrons que la congélation a toujours un effet létal et que, en régions tempérées, les psoroptes restent infestants pendant un maximum de dix-sept jours, la température optimale de survie se situant entre 5 et 10 °C. Un vide sanitaire de trois semaines est donc prudent en ce qui concerne les genres Psoroptes et Chorioptes. Peu de données sont disponibles sur la survie de S. scabiei var. bovis dans le milieu extérieur. Chez le porc, un vide de six jours est insuffisant, mais la survie des sarcoptes ne dépasserait pas trois semaines lorsque la température est maintenue entre 10 et 15 °C sous une atmosphère à saturation d’humidité. À 20 °C et sous 25  % d’humidité relative, la survie diminue à deux jours seulement [1]. Les acariens meurent donc sans doute très rapidement, mais les œufs résistent mieux. En l’absence de traitement du milieu, certains auteurs recommandent un vide sanitaire de trente jours.

Les demodex sont très sensibles à la dessiccation et leur transfert se réalise exclusivement par contact direct.

Morbidité et mortalité

Chez les bovins, les gales sarcoptique et psoroptique sont particulièrement contagieuses. L’ensemble des animaux d’un troupeau est souvent affecté. La gale chorioptique et la démodécie sont d’évolution plus lente et génèrent des lésions plus localisées. Elles peuvent passer longtemps inaperçues. Les mortalités sont en général rares et consécutives le plus souvent à une maladie intercurrente chez les animaux débilités.

Influence de la race

La race influence de manière considérable la réceptivité aux différentes espèces d’acariens et conditionne souvent la gravité des atteintes cliniques. Si la majorité des essais thérapeutiques vis-à-vis de C. bovis et S. scabiei concerne le bétail laitier, la gale psoroptique s’observe essentiellement chez les races à viande : hereford aux États-Unis, charolais en France, blanc bleu belge en Belgique [12], cette dernière race étant tout particulièrement sensible. Ces observations conduisent à penser que des facteurs comportementaux et/ou immunologiques interviennent dans le déterminisme de la réceptivité aux agents de gale.

Influence de l’âge

Toutes les catégories d’âge sont réceptives. Néanmoins, les jeunes souffrent en général plus que les adultes. La malnutrition et la surpopulation aggravent les symptômes et favorisent la transmission.

Spécificité

Il n’existe qu’une seule espèce de sarcopte (S. scabiei), mais il y a de nombreuses souches adaptées aux différents animaux domestiques et à l’homme [9]. Le transfert d’une espèce hôte à l’autre est donc possible, mais il donne lieu à une atteinte limitée qui guérit le plus souvent spontanément. La situation est plus confuse en ce qui concerne le genre Psoroptes. En particulier, le transfert de la souche ovine de P. ovis chez le bovin et vice-versa fait l’objet de données contradictoires. Si le statut des différentes espèces ou variétés du genre Psoroptes reste incertain, il existerait des souches adaptées à leur hôte. Roberts et Meleney [22] ont observé des différences entre les lignées qui tenaient, selon eux, à leur capacité à survivre à la période estivale, à leur résistance aux acaricides ou à leur capacité d’induire des lésions.

L’étude du comportement alimentaire des psoroptes donne un autre éclairage à ces notions de variétés ou de lignées. La variété ovine de P. ovis se nourrit de globules graisseux. Cette même variété adaptée au bovin et au lapin devient respectivement modérément ou fortement hématophage. À l’intérieur d’une population, l’adaptation de P. ovis à un nouvel hôte (des bovins aux ovins par exemple) s’effectuerait grâce à une sélection naturelle ou artificielle (médicamenteuse par exemple) favorisant les individus qui présentent les structures nécessaires et éliminant les autres [12].

Il semble néanmoins que, dans les conditions de la pratique, le transfert entre les bovins et les ovins ou vice-versa n’a pas de rôle épidémiologique [20]. Une seule espèce est décrite au sein du genre Chorioptes. Elle circulerait au sein des espèces domestiques réceptives (ovins, caprins, bovins, équins).

3. Pathogénie

Les gales sont des dermatites allergiques : les acariens au contact de la peau déposent des allergènes essentiellement représentés par leurs matières fécales. Après diffusion au travers du derme, ces allergènes induisent des réactions d’hypersensibilité immédiate et retardée [4, 12, 18]. Le prurit qui s’ensuit renforce l’inflammation et l’exsudation, elle-même responsable de la formation de croûtes plus ou moins épaisses. Les complications bactériennes sont fréquentes et induisent souvent des adénites satellites. Les cas chroniques conduisent à de l’hyperkératose et à des dépilations étendues. L’induction de réactions d’hypersensibilité nécessite une période la sensibilisation [28].

Chez les bovins infestés par P. ovis, l’image histopathologique [24], la production d’IgE spécifiques mise en évidence par la technique d’anaphylaxie passive cutanée [18], les tests d’intradermoréaction (photo 1) [18], l’éosinophilie locale et sanguine [16], l’hypergammaglobulinémie [12], indiquent la forte immunogénicité et le caractère allergène des acariens et de leurs produits. Il est probable que dans le cas des gales moins sévères, comme la gale chorioptique, la localisation très superficielle et le mode de nutrition de l’acarien ne favorisent pas l’exposition du système immunitaire aux allergènes potentiellement présents.

Sarcoptes scabiei se nourrit de kératine, mais aussi de lymphe, alors que les chorioptes prélèvent uniquement les produits de la desquamation épidermique et que le demodex ingère les sécrétions sébacées. P. ovis se nourrit essentiellement des lipides sur son hôte ovin, mais de lymphe et de globules rouges chez les bovins. Ces différences qui peuvent paraître subtiles ont une grande importance lors du choix de certains acaricides(1).

4. Symptômes

Gale sarcoptique

La gale sarcoptique débute au niveau de la tête et des faces latérales du cou. À ce niveau, l’œdème et l’inflammation entraînent la formation de plis verticaux très caractéristiques (PHOTO 2). La maladie se généralise très rapidement. Le prurit est marqué et entraîne la formation de lésions mécaniques. L’état général est fortement affecté et l’animal peut mourir.

Gale psoroptique

La gale psoroptique frappe surtout les races allaitantes. Elle débute au garrot et sur la base de la queue. Les lésions confluent rapidement pour couvrir tout le dos, puis le reste du corps (PHOTO 3). Le prurit est intense : l’animal se lèche, se gratte contre les objets environnants. L’exsudation intense entraîne la formation de grosses croûtes purulentes. Une pyodermite est très souvent observée. L’état général est fortement affecté. Certains animaux débilités meurent de maladies intercurrentes.

Gale chorioptique

La gale chorioptique est cosmopolite. C’est en général une gale bénigne qui peut passer inaperçue. Elle touche essentiellement la base de la queue, la face interne des cuisses, la face postérieure du pis et le creux interne des jarrets (photo 4). Les croûtes éventuelles sont sèches. Le prurit est modéré et l’état général n’est pas affecté. Les lésions à localisation mammaire peuvent interférer avec la traite. De rares cas de gale chorioptique généralisée sont décrits ; ils sont alors très difficiles à différencier sur le plan clinique d’une atteinte de gale psoroptique.

Démodécie

La démodécie est probablement très répandue, mais se manifeste cliniquement en régions tropicales surtout. Les lésions se présentent sous la forme de petits nodules de 1 à 10 mm de diamètre localisés principalement au niveau du cou et du fanon. Un pertuis central permet d’exprimer le contenu épais et jaunâtre très riche en acariens. L’impact est surtout économique par la dévalorisation des cuirs.

5. Lésions

Les lésions de la gale se limitent essentiellement au revêtement cutané. Elles sont en relation directe avec les réactions d’hypersensibilité induites par les sécrétions ou excrétions des acariens [24, 25]. Les infestations graves et étendues peuvent s’accompagner d’effets systémiques [26].

Lésions cutanées

• Macroscopiquement, on observe de l’érythème souvent accompagné de papules et/ou de pustules, la formation de croûtes adhérentes et très épaisses, surtout lors de gale psoroptique ou chorioptique. Le prurit entraîne des lésions mécaniques souvent surinfectées. La pyodermite peut être très importante, surtout lors d’infestation par P. ovis. Cette dernière complication est à l’origine des hypertrophies ganglionnaires parfois très marquées.

• Microscopiquement, on note le plus souvent des lésions de dermatite exsudative. L’acanthose et l’hyperkératose sont souvent très visibles, ainsi que l’œdème. Les plasmocytes, éosinophiles et mastocytes sont très nombreux et s’accumulent non seulement dans les zones périvasculaires, mais également au sein des couches superficielles du derme. Les neutrophiles peuvent être très nombreux surtout en cas de surinfections bactériennes. Toutes ces observations sont compatibles avec le développement de réactions d’hypersensibilité.

Modifications systémiques

En cas de gale psoroptique étendue, Stromberg et al. [24] ont observé de l’anémie et de la lymphopénie légères ainsi qu’une neutropénie prononcée accompagnée d’une éosinophilie variable. Une augmentation du fibrinogène et de la fraction gammaglobuline sont également notées.

6. Diagnostic

Le diagnostic clinique repose sur la constatation d’une dermatose contagieuse et souvent prurigineuse. La localisation et l’aspect des lésions peuvent orienter utilement le diagnostic étiologique. Néanmoins, ce dernier fait essentiellement appel à l’examen microscopique d’un prélèvement cutané.

Diverses techniques sérologiques de type immunoenzymatique ont vu le jour au cours des dernières années, notamment chez le porc (S. scabiei) [2, 3], le mouton (P. ovis) [29] et le bovin (P. ovis) [10, 13].

Ces techniques permettent une détection précoce d’anticorps spécifiques. Elles sont surtout utilisées lors d’études épidémiologiques ou lors de campagne d’éradication à l’échelle régionale ou nationale.

Chez les bovins, la lente décroissance des anticorps après traitement [14] pose un problème d’utilisation pratique sur le terrain. Néanmoins, la détermination du titre en anticorps par dilution permet, lors d’essais thérapeutiques, de dépister les animaux qui hébergent encore des acariens vivants susceptibles de réinfester l’ensemble du troupeau [14]. Le diagnostic différentiel comprend essentiellement les dermatophytoses ou teignes (Trychophyton verrucosum), la dermatophilose à Dermatophilus congolensis et les infestations par diverses espèces de poux.

En cas de doute, l’examen microscopique de préparations sans coloration (dermatophytes) ou colorées au Giemsa (D. congolensis) permet de trancher. Les poux sont observables à l’œil nu.

7. Impact économique des gales

Les gales sont souvent responsables de pertes importantes par leur impact négatif sur la croissance et la productivité des animaux. En outre, les animaux affaiblis et débilités par l’atteinte cutanée sont souvent victimes de maladies intercurrentes qui peuvent entraîner des mortalités (pneumonie suite aux pertes thermiques au niveau de la peau et à l’hypothermie qui en résulte, attaque d’agents de myiases au niveau des lésions cutanées, hématomes étendus suite au grattage, etc.).

Sur le terrain, Tobin [27] a relevé la diminution de la consommation alimentaire de jeunes bovins dès la quatrième semaine qui suivait l’infestation. Il en a extrapolé une perte moyenne maximale de 240 g/jour/animal. Tous les auteurs s’accordent sur une perte de poids proportionnelle au développement des lésions, mais cette relation est souvent difficile à définir en raison du petit nombre d’animaux expérimentaux et de la variabilité individuelle observée. Pour Cole et al. [5], les pertes sont incontestables lorsque les lésions couvrent plus de 15  % de la surface corporelle, mais elles sont déjà chiffrables en dessous de ce seuil [6]. Ces derniers auteurs ont comparé les différences entre animaux infestés par P. ovis et les animaux indemnes dans des groupes recevant des rations alimentaires différentes. Sur neuf semaines et avec une alimentation de croissance, ils ont obtenu une réduction du gain quotidien moyen par rapport aux témoins de 230 g/jour (85  % de la surface corporelle atteinte en moyenne à la neuvième semaine). Avec un régime d’entretien, la perte moyenne était de 400 g/jour (99  % de la surface corporelle atteinte en moyenne).

Plus récemment, les relations entre l’étendue des lésions, les gains quotidiens moyens et le titre spécifique anti-P. ovis ont été étudiés au cours des différents essais thérapeutiques réalisés sur le terrain [15]. Une analyse par régression multiple sur l’ensemble de la période de suivi des animaux a permis de relever une diminution significative du gain quotidien moyen en fonction de l’étendue des lésions exprimée en pourcentage de surface corporelle atteinte. Cette différence entre animaux en croissance traités et non traités se situe aux alentours de 30 g par jour et par point de pourcentage de surface corporelle atteinte.

En ce qui concerne la variété bovine de S. scabiei, les conséquences sont au moins aussi graves (voir le TABLEAU “Effets sur la croissance d’une infestation naturelle par ).

Infestation des bovins par les poux

1. Étiologie

Les poux appartiennent à l’ordre des Phtiraptères, qui comprend environ 3 500 espèces parmi lesquelles vingt à trente ont une importance économique marquée. Les anoploures, ou poux piqueurs, se nourrissent de sang. Les mallophages, ou poux broyeurs, se nourrissent de kératine [23].

Un seul pou broyeur infeste le bétail : Damalinia bovis. C’est une espèce extrêmement fréquente qui affectionne surtout le sommet de la tête, le cou, les épaules, le dos et la croupe des bovins. En cas de fortes infestations, le reste du corps peut être envahi. La reproduction parthénogénétique est fréquente.

Quatre espèces de poux piqueurs s’observent chez les bovins :

Haematopinus eurystemus est plus fréquent chez les adultes. On le considère comme le pou le plus important des bovins et il s’observe n’importe où sur le corps. Il peut induire de l’anémie.

H. quadripertusus a une distribution surtout tropicale ou subtropicale. On le trouve essentiellement à la base de la queue chez les zébus.

Linognathus vituti se trouve le plus souvent sur les épaules, le cou et la croupe des jeunes animaux.

Solenopotes capillatus se trouve en groupes sur le museau, le cou, les épaules, le dos et la croupe. Les poux sont des insectes hautement adaptés à la vie parasitaire chez les homéothermes. On les observe très souvent en nombre plus ou moins important chez les différentes espèces domestiques. Contrairement aux puces et aux tiques, les poux séjournent de manière permanente au niveau du revêtement cutané de leur hôte, ne le quittant que pour infester un autre animal. Ce sont, en outre, des parasites très spécifiques qui vont même jusqu’à préférer, chez un animal déterminé, certaines parties de la surface corporelle.

La femelle dépose ses œufs par lots de 50 à 100. Chaque œuf ou lente, fixé sur le poil par une substance collante, est visible à l’œil nu. Après une à deux semaines, la nymphe, qui ressemble à l’adulte en plus petit, sort de l’œuf. Elle mue trois à cinq fois pour donner un adulte. Le cycle complet nécessite quatre à six semaines. Les adultes vivent probablement un mois et la femelle produit un œuf toutes les 24 à 48 heures. Certaines espèces peuvent réaliser une reproduction parthénogénétique, ce qui explique l’apparition de populations importantes en peu de temps.

2. Épidémiologie

Transmission

Les poux des bovins sont très spécifiques de leur hôte et recherchent même certaines parties de la surface corporelle. Ils sont incapables de survivre plus d’un à deux jours en dehors de l’animal. La transmission se réalise essentiellement par contact direct étroit. Les poux répondent à la chaleur, l’humidité et certains composants olfactifs. Ils fuient la lumière directe et sont attirés par les surfaces foncées. La localisation sur l’animal répond aux conditions microclimatiques régnant en un endroit particulier. Leur caractère grégaire explique leur répartition très irrégulière sur l’animal.

Morbidité et mortalité

Les infestations par les poux, ou phtirioses, sont très fréquentes chez le bétail. En cas d’introduction dans un troupeau, la plupart des animaux sont atteints, mais à des degrés très variables : certains individus sont massivement infestés, d’autres presque pas. Les lésions cutanées induites sont trop superficielles pour menacer la vie de l’animal.

Autres facteurs épidémiologiques

Toutes les catégories d’âge sont réceptives. Néanmoins, les jeunes animaux souffrent en général plus que les adultes. La malnutrition et la surpopulation aggravent les symptômes et favorisent la transmission.

3. Pathogénie

Le rôle pathogène est direct (lésions cutanées, prélèvements sanguins) ou indirect (transmission d’agents pathogènes), mais son importance repose surtout sur les dommages directs que les poux peuvent induire chez leur hôte. L’effet pathogène est en relation avec le nombre de parasites. Quelques poux peuvent passer inaperçus et constituent alors une partie de la faune normale de la peau. Les fortes infestations provoquent du prurit, des alopécies, des excoriations et de l’automutilation. Ceci entraîne souvent une diminution de la productivité. Les infestations sévères par les anoploures induisent de l’anémie.

4. Diagnostic

Le diagnostic de l’infestation par les poux ne pose en général aucun problème particulier car les insectes et leurs lentes sont observables à l’œil nu. Afin d’appliquer une thérapeutique appropriée, il est avant tout nécessaire de différencier les poux broyeurs des poux piqueurs. Avec un peu d’habitude, on peut y arriver à l’œil nu. Les poux broyeurs sont très mobiles, de couleur claire et leur tête est arrondie. Les poux piqueurs sont peu mobiles, de couleur foncée et souvent fichés au sein du revêtement cutané(1).

Sur le plan clinique, les phtirioses peuvent être confondues avec certaines gales. Un examen attentif à l’œil nu, puis au microscope s’impose donc.

5. Impact économique

Les poux sont des parasites cosmopolites très répandus. Les infestations massives par H. eurystemus entraînent de l’anémie qui se manifeste par une chute de 9 à 30 % de l’hématocrite. Cette anémie s’accompagne de retards de croissance et d’un manque de vigueur [7]. L’effet de cette même espèce sur le gain quotidien moyen fait l’objet de données contradictoires. En général, les effets les plus marqués sont observés lorsque la ration alimentaire est insuffisante ou déséquilibrée.

  • Voir l’article “Lutte contre les ectoparasites des bovins” dans ce numéro.

ATTENTION

Un contact accidentel de quelques minutes entre un bovin atteint de gale psoroptique et un bovin indemne peut suffire pour assurer la contagion.

Les gales bovines d’un coup d’œil

Sarcoptes scabiei, l’agent de la gale sarcoptique, peut induire des atteintes graves, voire mortelles. La répartition géographique de la maladie est très large et irrégulière. Dans certaines régions d’Europe, elle est très fréquente alors qu’elle est absente ou a été éradiquée dans d’autres. Toutes les races sont réceptives à cet acarien qui creuse des galeries dans les couches superficielles de l’épiderme. Le dépôt de matériel allergénique à ce niveau est responsable du développement de réactions d’hypersensibilité qui se caractérisent par du prurit, de l’inflammation et la formation de lésions d’origine mécaniques. L’affection débute en général sur la tête et le cou et les complications bactériennes sont habituellement absentes.

Psoroptes ovis provoque une atteinte grave du revêtement cutané. Il vit à la surface de la peau, mais y prélève de la lymphe et même du sang. Les lésions débutent en général au niveau des épaules et de la fosse ischio-anale, mais la tendance à la généralisation est très marquée. C’est une maladie typique des races à viande chez qui les formes chroniques caractérisées par de l’hyperkératose et de la pyodermite sont fréquemment observées. La pathogénie est liée aux réactions d’hypersensibilité immédiate et retardée. L’évaluation des pertes économiques a pu être réalisée chez les animaux en croissance. Elle est toujours importante.

Chorioptes bovis est le plus souvent responsable d’une atteinte cutanée très fréquente, mais bénigne. Cet acarien vit à la surface de la peau où il se nourrit de kératine et de débris épidermiques. Chez les animaux atteints, les lésions se trouvent au niveau des jarrets, de la mamelle et de la base de la queue. Les croûtes sont habituellement sèches et peu adhérentes. Il n’y a pas ou peu de prédisposition raciale et, la plupart du temps, les conséquences économiques sont limitées.

La démodécie due à Demodex bovis est relativement rare. Elle se caractérise par des petits nodules cutanés dont le contenu gras et épais est très riche en parasites. La principale conséquence en est la dépréciation du cuir.

ATTENTION

La souche bovine de S. scabiei peut s’installer chez l’homme de manière passagère et induire une dermatose prurigineuse.

ATTENTION

Le diagnostic clinique fait essentiellement appel à l’examen microscopique d’un prélèvement cutané.

ATTENTION

Quatre espèces de poux piqueurs s’observent chez les bovins :

Haematopinus eurystemus est plus fréquent chez les adultes. Il s’observe n’importe où sur le corps.

H. quadripertusus a une distribution surtout tropicale ou subtropicale.

Linognathus vituti se trouve le plus souvent sur les épaules, le cou et la croupe des jeunes animaux.

Solenopotes capillatus se trouve en groupes sur le museau, le cou, les épaules, le dos et la croupe.

Points forts

Le cycle des agents des gales se déroule entièrement au niveau du revêtement cutané.

Un vide sanitaire de trois semaines est nécessaire pour assurer la disparition des psoroptes et des chorioptes dans l’environnement.

Pour les sarcoptes, en l’absence de traitement de l’environnement, un vide sanitaire de trente jours peut être nécessaire.

La gale psoroptique concerne essentiellement les races allaitantes.

Le transfert de Psoroptes ovis entre les bovins et les ovins ne semble pas jouer de rôle épidémiologique.

Les gales sont des dermatites allergiques provoquées par des réactions d’hypersensibilité immédiate et retardée.

Les poux séjournent de manière permanente au niveau du revêtement cutané de leur hôte.

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