PRÉLÈVEMENT DE LIQUIDE CÉPHALORACHIDIEN CHEZ LE BOVIN ADULTE
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Auteur(s) : Raphaël Guatteo
Fonctions : chargé de consultations en pathologie médicale du bétail, École vétérinaire de Nantes
L’analyse du liquide céphalo-rachidien chez le bovin adulte permet de confirmer une atteinte du système nerveux central.
L’analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR) chez le bovin adulte peut aider à établir un diagnostic définitif lors de phénomène inflammatoire, tumoral, dégénératif ou encore infectieux. Elle est particulièrement indiquée lors de suspicion de méningite aiguë : listériose et encéphalite virale notamment. Un agent infectieux est rarement mis en évidence directement dans le LCR car le moment du prélèvement peut être inadéquat. Sa présence peut toutefois être fortement suspectée à partir de la composition du LCR : une monocytose est, par exemple, fortement évocatrice de listériose.
Elle peut aussi permettre d’objectiver une nécrose du cortex.
Elle n’est mise en œuvre qu’après avoir écarté de manière quasi certaine une suspicion d’encéphalopathie spongiforme bovine.
Deux zones de ponction sont possibles : la jonction atlanto-occipitale et la jonction lombosacrée. La composition du LCR dans ces deux régions est presque identique, sauf lors de phénomène compressif sur le trajet médullaire [2, 5].
Chez l’adulte, seule la ponction lombosacrée est réalisable en pratique, sans danger pour l’animal [1, 2].
Ce site peut également être utilisé chez le veau, même si ce n’est pas habituel ; il est ainsi impérativement utilisé lorsqu’une hypertension intracrânienne est suspectée(1). Une ponction atlanto-occipitale “classique” risque en effet de provoquer une herniedes hémisphères cérébraux sous la tente du cervelet lors d’hypertension intracrânienne chez un veau.
Pour une ponction de LCR en zone lombosacrée, le bovin adulte est en station debout. Le jeune animal est en revanche positionné en décubitus sternal avec les membres postérieurs tendus vers l’avant le long des flancs [1].
Chez l’adulte, une contention simple dans un travail ou au cornadis suffit la plupart du temps. Pour limiter les réactions lors de la ponction, une anesthésie locale du site de ponction est conseillée à l’aide, par exemple, de deux à cinq millilitres de lidocaïne à 2 % [1, 2, 3].
Cette procédure est obligatoirement complétée par une sédation chimique si l’animal tremble, s’il est trop vif, etc. (par exemple, xylazine à la dose de 0,05 mg/kg par voie intraveineuse).
Le liquide prélevé doit être conditionné dans un tube approprié. Les analyses de routine (numération et formule sanguines, glycorraphie, taux de protéines et d’albumine sériques) peuvent être réalisées sur tube sec si elles sont effectuées rapidement. Un tube EDTA ou hépariné est préféré, notamment en cas de pollution du prélèvement par du sang (ponction accidentelle d’un vaisseau lors de la traversée de l’aiguille).
Compte tenu du caractère hypotonique du LCR, il est conseillé d’effectuer les analyses dans la demi-heure qui suit le prélèvement. Si celui-ci n’est pas contaminé par du sang, il peut être conservé à 4 °C pendant vingt-quatre heures sans répercussion majeure sur les résultats obtenus. Lorsque le laboratoire est trop éloigné, il convient de faire sédimenter soi-même les cellules sur une lame avant l’envoi au laboratoire [1]. Les analyses les plus couramment effectuées sur ce type de prélèvement sont le dénombrement des globules rouges et blancs, la formule leucocytaire, le dosage des protéines et du glucose. La bactériologie est une méthode peu sensible.