Ocytocine et PGF2α suffisent en première intention - Le Point Vétérinaire n° 231 du 01/12/2002
Le Point Vétérinaire n° 231 du 01/12/2002

NON-DÉLIVRANCE CHEZ UNE VACHE

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SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Jean-Claude Desfontis

Fonctions : Unité de pharmacologie et toxicologie, ENVN

Lors de non-délivrance chez une vache, des antibiotiques injectables peuvent être associés lors d’infection utérine sévère.

Une vache laitière prim’holstein âgée de quatre ans et pesant 500 kg présente une absence de délivrance deux jours après la mise bas. Sa température rectale est normale et son comportement général n’est pas altéré. Un traitement médical est préféré à la délivrance manuelle.

Wombyl G.A.® : Pour les amateurs de complexe homéopathique

La solution injectable pour bovins Wombyl G.A.® est un complexe homéopathique (actea racemosa et aletris farinosa à la dilution de 4 CH). Celui-ci est connu pour ses propriétés toniques et métaboliques générales, ainsi que pour combattre la congestion et le spasme de la matrice. Un essai clinique comparatif récent (non publié) conclut à l’efficacité de ce complexe.

Estrumate® : Pour favoriser la lutéolyse et l’involution utérine

Le cloprosténol, contenu dans la solution injectable Estrumate®, est un analogue puissant de la prostaglandine F2α (PGF2α). La PGF2α et ses analogues de synthèse possèdent des propriétés responsables de la lutéolyse, de l’involution utérine et des contractions utérines. En effet, physiologiquement, la lyse progressive des caroncules utérins est à l’origine d’une augmentation de la concentration plasmatique de PGF2α pendant la parturition. D’une part, la concentration plasmatique de PGF2α ou de son métabolite, le 13,14-dihydro 15-kéto PGF2α, maximale trois à quatre jours après le part, permet une involution utérine rapide. D’autre part, elle participe à la baisse de la progestéronémie ; cette diminution s’accompagne d’une élévation des concentrations plasmatiques d’œstrogènes qui est responsable de la sensibilisation des fibres musculaires utérines aux agents contracturants.

La non-délivrance est fréquemment consécutive à un vêlage précoce dans un environnement hormonal inadapté au désengrènement correct des cotylédons placentaires. Dans ce cas, un abaissement de la concentration plasmatique de PGF2α ou de son métabolite a été noté. Bien que la non-délivrance ne soit pas une indication d’Estrumate®, sa prescription dans le cas présent est justifiée car le cloprosténol favorise la lutéolyse et l’involution utérine le plus tôt possible après le part. Une seconde administration de PGF2α treize jours après la première n’est pas toujours indispensable ; elle se justifie seulement si la délivrance provoquée par la première injection a été lente. Les autres prostaglandines, naturelles (dinoprost, Dinolytic®, Enzaprost®) ou de synthèse (étiproston, Prostavet® ; luprostiol, Prosolvin® ; alfaprostol, Alfabédyl®), auraient pu être prescrites à la place du cloprosténol (commercialisé aussi sous la marque d’Uniandine®) dans la même indication.

Ocytovem® : Pour ses propriétés utérotoniques

L’ocytocine est une hormone posthypophysaire qui présente une forte activité contracturante sur les fibres musculaires lisses utérines sensibilisées par un environnement estrogénique pendant l’œstrus et le part. Lors de non-délivrance, elle facilite l’évacuation mécanique des lochies qui restent dans l’utérus. Son administration doit être répétée en raison de sa courte durée d’action (trois à quatre heures). Elle participe également à la contraction des cellules myoépithéliales des acini mammaires, favorisant ainsi l’éjection du lait. Pour cette raison, les administrations de 7 h à 19 h doivent être de préférence réalisées au plus tôt, quinze minutes avant le début de la traite.

Antibiothérapie : Plutôt par voie parentérale

Dans ce cas, le choix a été de ne pas associer d’antibiothérapie. En l’absence de souillure manifeste des voies génitales, l’antibiothérapie ne s’impose pas d’autant que le traitement mis en place vise à rétablir un environnement hormonal mieux adapté à l’involution utérine, donc peu propice au développement de micro-organismes pathogènes. Lors de souillure manifeste des voies génitales, l’antibiothérapie par voie générale est préférée à l’antibiothérapie locale sous forme d’oblets. En effet, cette dernière est susceptible d’être mal tolérée (inhibition potentielle de la lyse des villosités) ne diffuse pas mieux dans l’endomètre que les antibiotiques par voie parentérale et peut être inactivée dans la lumière utérine.

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