L’hypertension artérielle féline : signes oculaires - Le Point Vétérinaire n° 226 du 01/06/2002
Le Point Vétérinaire n° 226 du 01/06/2002

Se former

COURS

Auteur(s) : Bernard Clerc*, Sabine Chahory**

Fonctions :
*Service d’ophtalmologie, ENVA,
7, avenue du Général de Gaulle,
94704 Maisons-Alfort Cedex

Lors de cécité et/ou d’hémorragie oculaire, il convient de suspecter une hypertension artérielle. Un traitement à base d’amlodipine peut se révéler bénéfique pour recouvrir la vision, dans certains cas.

Les hémorragies oculaires et la perte de vision brutale sont des motifs de consultation fréquents chez le chat âgé. Néanmoins, la cause la plus répandue est de loin l’hypertension artérielle (HTA) [12]. Depuis les premières descriptions en ophtalmologie vétérinaire [a], cette affection est de mieux en mieux connue.

La mesure de la pression artérielle n’est pas encore courante en clientèle vétérinaire, ce qui explique en partie que l’HTA est sous-diagnostiquée. Le pourcentage de chats hypertendus est probablement plus élevé que supposé, ainsi que le montre la mesure systématique de pression artérielle (PA) chez les chats âgés de plus de dix ans.

Les mesures indirectes de tension artérielle (TA) sont effectuées soit par l’utilisation d’un capteur Doppler, soit par la méthode oscillométrique. La première méthode, la plus employée, indique une valeur systolique moyenne de 118 mm chez le chat sain [12]. Les valeurs de pression systolique supérieures à 170 mm de mercure sont considérées comme pathologiques [11].

Les modifications oculaires sont souvent un signe d’alerte pour les propriétaires. L’examen ophtalmologique externe est facilement réalisable. Cependant, les lésions les plus caractéristiques siègent sur le fond d’œil [3, 6, 14]. Son exploration suppose donc une bonne habitude de son examen en ophtalmoscopie directe et mieux, en ophtalmoscopie indirecte. Elle suppose également de bonnes connaissances en sémiologie oculaire (voir l’ENCADRÉ “Rappels de sémiologie”).

Le motif de consultation est la cécité ou l’hémorragie oculaire chez un animal dont l’état général est déficient. L’examen ophtalmologique conduit au diagnostic présomptif d’hypertension artérielle. Ce diagnostic est confirmé par une mesure de la tension artérielle, quand cela est possible. Dans tous les cas, le diagnostic des autres causes d’hémorragie ou de vasculopathies est évoqué. Un court chapitre sur le pronostic et sur le traitement rend compte de notre expérience dans le suivi de ces animaux.

Motif de consultation

L’hypertension artérielle féline est une affection générale désormais fréquemment diagnostiquée, comme en témoignent les nombreuses publications sur le sujet [2, 3, 4, 12]. Les animaux atteints aboutissent au service d’ophtalmologie dans deux circonstances :

- soit parce qu’ils présentent un “œil rouge” (hémorragie oculaire, parfois uvéite), perçu par le propriétaire ;

- soit parce que les propriétaires ont remarqué une baisse ou une perte de la vision, ce qui traduit une atteinte des deux yeux.

Dans les deux cas, les lésions oculaires conduisent au diagnostic d’hypertension artérielle. Il est intéressant d’effectuer un examen du fond d’œil qui peut orienter plus précisément le diagnostic. Toutes les lésions décrites ne sont pas forcément retrouvées sur un seul animal.

Méthodologie, symptômes et lésions

Il est impossible de dissocier l’examen ophtalmologique de l’examen général de l’animal. Les chats sont souvent en mauvais état général, avec un poil terne et cassant. La majorité d’entre eux sont aveugles au moment de la consultation et la perte de vision remonte en général à une huitaine de jours, dans le cadre de notre consultation.

Des hémorragies peuvent quelquefois être observées directement, soit sous les muqueuses ou dans la chambre antérieure, soit dans le vitré. La fonction visuelle est souvent altérée ou supprimée [observations personnelles].

L’examen oculaire est conduit classiquement. Après l’appréciation fonctionnelle (réflexe photomoteur, test de la boule de coton, réflexe de clignement à la menace), l’examen oculaire est poursuivi à l’aide du transilluminateur et/ou à la lampe à fente. Il permet d’observer les modifications de la chambre antérieure, de l’iris, du cristallin et du vitré.

L’examen ophtalmoscopique est pratiqué après la mesure de la tension oculaire (habituellement normale) et la dilatation de l’iris à l’aide d’un collyre mydriatique (administration de tropicamide : Mydriaticum®(1)). Il est le plus riche d’enseignement, car l’hypertension artérielle (HTA) s’accompagne fréquemment d’hémorragies du fond d’œil et/ou de décollement de rétine (voir l’ENCADRÉ “Manifestations oculaires de l’HTA chez le chat” et “Les décollements de rétine et les lésions oculaires de l’hypertension artérielle féline en images”).

Diagnostic

1. Diagnostic présomptif

Les lésions oculaires de l’hypertension observées chez des chats âgés (habituellement de onze à dix-sept ans), présentés pour hémorragie ou pour troubles de la vision, sont un premier élément d’orientation. Au service d’ophtalmologie de l’école vétérinaire d’Alfort, l’hypothèse diagnostique est systématiquement confirmée par une mesure de la tension artérielle, obtenue à l’aide d’un capteur Doppler (voir la FIGURE “Mise en place du capteur Doppler” et les PHOTOS 13 et 14). Des mesures répétées sont réalisées dans une pièce calme, en présence du propriétaire.

La valeur moyenne de la tension artérielle est de 265 mm Hg sur vingt et un cas étudiés. Elle est parfois supérieure à 300 mm Hg (sept fois sur vingt et un cas dans notre étude). Les hémorragies du fond d’œil indiquent que les cas correspondent à des hypertensions artérielles particulièrement graves qui évoluent probablement depuis de nombreux mois. Chez ces animaux, un examen clinique qui comporte une auscultation est systématiquement effectué. Un mauvais état général et la coexistence fréquente d’un souffle cardiaque sont alors souvent constatés. Un bilan échocardiographique est réalisé ultérieurement (service de cardiologie).

Lors de la première consultation, un examen biochimique du sérum est en outre effectué : l’urémie, la créatininémie, la glycémie et l’hormone thyroïdienne T4 sont dosées. L’urémie et la créatininémie du sang sont souvent supérieures à la normale (voir l’ENCADRÉ “Bilan de l’examen de 28 chats atteints d’hypertension artérielle présentés à la clinique d’ophtalmologie de l’École vétérinaire d’Alfort”).

2. Diagnostic différentiel

La mesure de la tension artérielle est le moyen de certitude pour confirmer le diagnostic présomptif. D’autres affections vasculaires, sanguines ou inflammatoires, peuvent cependant générer des hémorragies, des décollements de rétine, des modifications vasculaires. Les aspects des modifications vasculaires sont relativement spécifiques et peuvent aider à établir le diagnostic étiologique (voir le TABLEAU “Diagnostic différentiel des causes d’hémorragie du fond d’œil”). Chez le chat âgé, la probabilité pour que les lésions soient dues à l’HTA est statistiquement de 90 %.

• Polyglobulie et myélome [10] augmentent la viscosité sanguine et provoquent un accroissement de la taille des vaisseaux, en particulier des veines. Ces atteintes vasculaires se compliquent rarement d’hémorragies. La dilatation est uniforme tout le long des vaisseaux. Elle demeure modeste dans les cas de polyglobulie.

• Artérite, vasculite diabétique [9]. Les lésions microvasculaires du diabète sucré évolué sont parfaitement connues et ont été reproduites expérimentalement. Des anévrismes capillaires et des hémorragies périvasculaires en manchons sont classiquement décrits et les manifestations ophtalmologiques peuvent mimer celles de l’HTA avec des hémorragies intrarétiniennes ponctiformes, en flamme, etc. L’étendue des hémorragies est souvent limitée. Le diabète sucré grave est beaucoup plus fréquent chez le chien que chez le chat.

• Les troubles de l’hémostase sont également à l’origine d’hémorragies. Les conséquences de ces troubles peuvent se manifester partout dans l’organisme, ce qui justifie un examen attentif de toutes les muqueuses. La localisation oculaire apparemment exclusive des hémorragies est cependant possible et peut prêter à confusion. Une numération et une formule sanguines, complétées par l’exploration des voies endogène et exogène de l’hémostase, permettent d’établir le diagnostic différentiel.

• Les uvéites aiguës [13] sont également à inclure dans le diagnostic différentiel de l’hypertension artérielle. L’uvéite est en effet une dominante de la pathologie oculaire féline. Des formes graves peuvent accompagner des maladies infectieuses, parasitaires, bactériennes ou virales (FeLV, FIV). La péritonite infectieuse féline est également responsable de vascularite : elle est probablement responsable de la majorité des diagnostics erronés, car il est fréquent que les exsudats soient, dans ce cas, riches en hématies (PHOTOS 15 et 16).

Le contexte inflammatoire oculaire initial, signe de l’uvéite, est un excellent élément d’orientation diagnostique. L’examen de l’humeur aqueuse révèle également que l’épanchement n’est pas constitué de sang, mais d’un exsudat riche en hématies.

Les examens complémentaires, numération et formule sanguines, ainsi que les dosages des anticorps correspondant aux maladies suspectées, permettent le diagnostic différentiel.

Pronostic et traitement

D’une façon générale, les chats présentés en consultation pour une perte de vision dont la cause se révèle être une HTA présentent une atteinte vasculaire évoluée (tension égale ou supérieure le plus souvent à 250 mm/Hg). Il s’agit donc de formes dont le pronostic est défavorable car l’affection, même traitée, laisse des séquelles importantes. Un pourcentage restreint (estimé selon nous entre 10 et 20 %) des chats recouvrent de la vision après l’administration d’un inhibiteur des canaux calciques (amlodipine) et la mise en place d’un régime pauvre en sel.

Les modifications du fond d’œil indiquant un pronostic a priori plus favorable sont les décollements bulleux de la rétine. Cette forme de transsudat sous-rétinien correspond, dans nos observations, à des formes rapidement réversibles.

Le traitement mis en œuvre, même lorsque la mesure de la tension est différée, consiste à administrer de l’amlodipine (Amlor®(1), habituellement à la dose initiale de 0,6 mg/jour pour un chat pesant 4 kg, soit 1/8 de comprimé, voire de 0,9 mg pour un chat de plus grand format) [3, 7, 11, 16]. Ce traitement, qui constitue une mesure d’urgence, ne dispense pas d’effectuer une exploration cardiologique complète et de déterminer la cause de l’hypertension ultérieurement. Six chats sur les onze qui ont bénéficié d’un suivi ont répondu rapidement. La posologie est augmentée à 0,9 ou 1,25 mg si la réponse est insuffisante.

L’administration d’autres médicaments, tels que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, ont été décevants chez le chat. Ils trouvent leur indication dans le traitement de certaines causes de l’hypertension artérielle, mais il est alors nécessaire de les associer à l’amlodipine.

Aucun effet défavorable de l’utilisation de l’amlodipine n’est observé, comme cela a été constaté par d’autres auteurs [3, 7, 11, 16]. La mesure de la tension artérielle pendant le traitement initial est nécessaire pour apprécier l’efficacité thérapeutique. Le traitement permet la disparition des épanchements et des hémorragies ; les propriétaires ont régulièrement signalé une amélioration de l’état général. La récupération de la vision est cependant liée à la gravité des lésions résiduelles et des cicatrices : 50 % de récupération visuelle chez les animaux traités a été rapporté [2]. Notre pourcentage estimé est cependant nettement plus faible (inférieur à 20 %). Le pourcentage de récupération visuelle dépend ainsi de la rapidité du diagnostic et de la précocité du traitement des animaux. Un important effort de dépistage et de diagnostic précoce reste à faire pour éviter des séquelles graves chez les animaux atteints d’HTA.

Conclusion

Chez le chat, les lésions oculaires ou la perte de vision dues à l’hypertension artérielle sont souvent des signes d’appel révélateurs de l’hypertension artérielle. L’examen du fond d’œil fournit des renseignements complémentaires et le diagnostic est confirmé par la mesure de la pression artérielle systolique. L’administration rapide d’un hypotenseur vasculaire permet parfois la récupération visuelle, ce qui justifie de suspecter systématiquement l’HTA lors de lésions ophtalmologiques évocatrices.

  • (1) Médicament à usage humain.

Bilan de l’examen de 28 chats atteints d’hypertension artérielle présentés à la clinique d’ophtalmologie de l’École vétérinaire d’Alfort

Age moyen des animaux : 14,3 ans

Motif de consultation :

- hémorragie oculaire : 7/28

- cécité : 17/28

- autre : 4/28 (oeil rouge, mydriase, anisocorie, cause neurologique).

Signes cliniques oculaires :

- perte de vision : 25/28

- hémorragie oculaire : 22/28

- décollement de rétine : 19/28

Urée et créatinine (sur 21 cas) :

- urémie (g/l) :

< 0,7 (5/21)

0,7 à1 (6/21)

> 1 (10/21)

- créatininémie (mg/l) :

< 20 (7/19)

20 à 25 (5/19)

> 25 (7/19)

D’autres examens ont été effectués dans les autres services médicaux.

Manifestations oculaires de l’HTA chez le chat

Manifestations oculaires fréquentes

- Hyperémie

- Hémorragie

- Exsudat en houppe de coton

- Décollement limité

- Décollement total

- Hémorragie péri-artérielle en manchon

- Dégénérescence choroïdienne

Manifestations oculaires rares d’HTA

- Glaucome

- Uvéite antérieure

- Choriorétinite

- Dégénérescence rétinienne

- Oedème de la papille

Points forts

Chez le chat âgé, l’hypertension artérielle est la cause la plus fréquente lors d’hémorragies oculaires dans la chambre antérieure ou postérieure et lors de perte de vision.

Un examen du fond d’oeil est conseillé pour mettre en évidence les lésions les plus caractéristiques et évaluer le pronostic.

La mesure de la tension artérielle est l’examen qui permet le diagnostic de certitude.

Les décollements bulleux de la rétine semblent d’un pronostic plus favorable que les autres lésions du fond d’oeil dues à l’hypertension artérielle.

Il convient d’inclure dans le diagnostic différentiel : la polyglobulie, le myélome, l’artérite et la vasculite diabétique, les troubles de l’hémostase, les uvéites aiguës.

Remerciements : au service de cardiologie de l’École vétérinaire d’Alfort qui a effectué les examens cardiovasculaires.

Congrès

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En savoir plus

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- Chetboul V. Cardiologie des carnivores domestiques. Mesure de la pression artérielle chez le chien et chez le chat. Point Vét. 2002 ; 33(223) : 12-13.

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Rappels de sémiologie

Intérêt de l’examen du fond d’oeil

Le fond d’oeil est l’image de la partie postérieure de l’oeil observée en ophtalmoscopie. Anatomiquement, cette portion est constituée de trois tuniques, dont deux (la rétine et la choroïde) sont partiellement transparentes (dans la majorité des cas, les vaisseaux choroïdiens ne sont pas visibles). Ces tuniques sont parcourues par de nombreux vaisseaux identifiables qui constituent des points de repère pour localiser des lésions. Une extravasation sanguine peut se situer sur, sous ou à l’intérieur de ces différentes tuniques. L’aspect de l’hémorragie est en rapport avec sa localisation. L’examen ophtalmologique permet donc de situer le site d’une hémorragie et ainsi, d’en déduire l’origine. L’angiographie fluorescéinique peut également apporter des informations complémentaires.

Les structures vasculaires apparaissent en rouge lors d’éclairage en lumière blanche, ce qui permet de les identifier. L’hémorragie est naturellement de couleur rouge, mais cette teinte peut être modifiée par l’interposition de structures incomplètement transparentes, comme l’épithélium pigmentaire, ou même la rétine.

Décollement et soulèvement des lames tissulaires

Les vaisseaux rétiniens sont toujours visibles en position superficielle dans la rétine transparente. Ils sont de bons témoins du soulèvement rétinien, car leur déplacement suit celui de la rétine.

Si une hémorragie est située en avant d’eux, ils sont masqués ; si elle se produit sous la rétine, ils sont soulevés.

Si une hémorragie se situe sous la choroïde, l’ensemble des deux tuniques internes est soulevé sans que la modification ne se traduise par un changement évident d’aspect du fond d’oeil. Il est donc possible de distinguer des hémorragies prérétiniennes, sous-rétiniennes ou choroïdiennes. Leur couleur varie du rouge vif pour les premières, au rouge éteint pour les secondes.

La liaison vitré-rétine étant très lâche, le sang peut former une poche de décollement vitro-rétinien avec un niveau horizontal qui traduit la sédimentation des hématies (aspect en carène de bateau). En raison de la transparence de la rétine, les hémorragies rétiniennes sont visibles et peuvent également être localisées avec précision.

Le sang diffuse entre les cellules rétiniennes qui sont dissociées. Les hémorragies qui s’étendent aux couches rétiniennes superficielles diffusent entre les cellules ganglionnaires qui forment un feutrage fibrillaire à disposition horizontale, qui converge vers le nerf optique. Les hémorragies y ont la forme de pinceaux ou de flammes. Les cellules bipolaires et les cellules des photorécepteurs, qui ont une disposition en colonnes perpendiculaires à la surface de la rétine, limitent la diffusion sanguine. Les hématies restent emprisonnées entre ces colonnes et forment des taches hémorragiques ponctiformes.

Les images d’hémorragie périvasculaire en manchon sont facilement identifiables par leur localisation et leur aspect en boudin ou parfois moniliforme (voir la FIGURE “Localisation des hémorragies du fond d’oeil”).

Modifications de la morphologie des vaisseaux

• Dilatation diffuse

L’augmentation diffuse de taille des vaisseaux rétiniens résulte d’une difficulté d’écoulement du contenu vasculaire (syndrome d’hyperviscosité sanguine et polycythémie). L’hypertension artérielle produit plutôt des dilatations localisées des vaisseaux.

• Dilatation localisée des vaisseaux : les anévrismes

Les anévrismes artériels sont des dilatations localisées des artères mises en évidence par l’élargissement de l’image vasculaire. Ils siègent préférentiellement sur les capillaires. Chez le chien, ils sont habituellement subcliniques. Ils apparaissent aussi lors de diabète sucré, après plusieurs années d’évolution.

Les premiers stades de l’hypertension artérielle provoquent une modification du calibre des vaisseaux, avec un écrasement des veines du fond d’oeil. Ultérieurement, des hémorragies complètent les modifications du fond d’oeil. Si le sang ne circule plus dans les vaisseaux, ceux-ci perdent leur couleur rouge. L’image du vaisseau peut être masquée par un manchon, ce qui fait croire à une variation de calibre du vaisseau.

Les hémorragies du fond d’oeil

Les hémorragies du fond d’oeil, conséquence d’une rupture vasculaire, se présentent en nappe, en flaque ou sont localisées.

• Hémorragies en nappe, en flaque

Les hémorragies se présentent en nappe ou en flaque lorsqu’elles se développent entre des couches tissulaires.

Elles sont qualifiées de :

- prérétiniennes lors d’épanchement se développant entre le vitré et la rétine, elles ont une teinte rouge vif et, si elles sont étendues, un niveau horizontal visible sur animal debout. Les vaisseaux rétiniens sont masqués ;

- sous-rétiniennes lors d’épanchement entre neurorétine et épithélium pigmentaire ou sous l’épithélium pigmentaire, elles ont une teinte différente, rouge “éteint”, en raison de l’absorption de la lumière par la rétine, et les vaisseaux rétiniens demeurent visibles.

• Hémorragies localisées

Les hémorragies intrarétiniennes, si elles sont petites, suivent la structure des tissus rétiniens :

- périvasculaires : superficielles, elles suivent le trajet des vaisseaux ;

- en flamme, en éventail : superficielles, elles se trouvent dans la couche des cellules ganglionnaires ;

- en points : en situation intermédiaire, elles sont emprisonnées entre les colonnes formées par les cellules bipolaires.

Lors de dissociation tissulaire marquée, elles ont une forme variée. Les photographies de l’article illustrent ces différents aspects des modifications vasculaires.

Les modifications périvasculaires

Les modifications périvasculaires, appelées “nodules cotonneux”, sont des réactions autour de vaisseaux malades lors de troubles qui provoquent une ischémie microvasculaire comme l’hypertension, le diabète sucré, le lupus érythémateux. L’artère est engainée dans une réaction tissulaire qualifiée de “nodule cotonneux”.

Bibliographie

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