Sutures vésicales chez le chien et chez le chat - Le Point Vétérinaire n° 224 du 01/04/2002
Le Point Vétérinaire n° 224 du 01/04/2002

PRINCIPES DE CHIRURGIE VÉSICALE

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Auteur(s) : Emmanuelle Garnier

Fonctions : consultante en chirurgie, Place de la Liberté, 05700 Serres

Lors de cystorraphie, un choix raisonné de la technique de suture, qui tient compte des particularités de la cicatrisation vésicale, est indispensable pour obtenir un bon résultat.

Les indications de la chirurgie vésicale sont nombreuses : lithiases urinaires, rupture vési­cale, tumeurvésicale, mise en place d'une sonde decystotomieantépubienne etplusrarement, traite­ment d'affec­tions congé­nitales, commel'uretère ecto­pique ou la persistance d'un diverticuleducanalde l'ouraque.

L'actechirurgicaldoit cepen­danttoujoursêtre replacédanslecontexte médical, car cer­tains facteurs peuvent entraîner un retard de cicatrisation ou une déhis­cence de plaie (infection, hypoprotéi­némie, etc.).

La cicatrisation vésicale

Le choix de la technique de suture est conditionné par le mode de cicatrisation de la vessie. Comme le côlon proximal, cet organe fait partie des plus fragiles, mais possède de grandes capacités cicatricielles. La vessie récupère ainsi 80 % de sa résistance en tension dès quatorze jours après une suture et 100 % en vingt et un jours.

La cicatrisation vésicale comprend trois phases :

- la première phase dure trois à quatre jours après la chirurgie et correspond à la période de plus grande fragilité des tissus. La formation d'un caillot de fibrine apporte une solidité minimale. La solidité de la plaie dépend alors de l'apposition de ses marges et de la résistance du fil de suture ;

- ladeuxièmephasese déroule du 4e au 14e jour postopératoire et correspond à une accélération de la prolifération fibroblastique, avec une augmentation exponentielle de la solidité de la plaie. À la fin de cette phase, la vessie a retrouvé 80 % de sa solidité ;

- la troisième phase, ou phase de maturation, a lieu du 14e au 70e jour postopératoire et correspond à une maturation des fibres de collagène qui se réorganisent, ce qui entraîne une diminution de la taille de la cicatrice.

Complication

La principale complication est la déhiscence de la plaie, qui entraîne une libération d'urine dans l'abdomen (uropéritoine). Elle peut se produire dans les quatorze jours qui suivent l'intervention.

• Les symptômes sont la diminution de l'état général, une douleur abdominale, un épanchement abdominal (uropéritoine), l'hématurie et la dysurie (signes inconstants), voire une insuffisance rénale.

• Le diagnostic repose sur les commémoratifs, l'examen clinique et la réalisation d'examens complémentaires :

- biochimiesanguine : augmentation de l'urémie et de la créatininémie ;

- cystographie : mise en évidence de la fuite vésicale ;

- échographie : mise en évidence de l'épanchement abdominal ;

- paracentèse abdominale positive avec la présence d'urée et de créatinine dans l'épanchement abdominal (taux de créatinine de l'épanchement > créatininémie).

• Le traitement de la déhiscence de suture vésicale fait appel à la réanimation médicale et à une nouvelle intervention chirurgicale : parage des marges de la plaie vésicale, suture vésicale, épiploïsation.

Lors de lésion étendue de la paroi vésicale, une dérivation temporaire de la diurèse doit être réalisée (sonde de cystotomie antépubienne).

En savoir plus

- Christie BA. Principles

of urinary tract surgery.

In : Slatter, Textbook of small animal surgery, 2nd edition. Philadelphia, Saunders co. 1993 : 1415-1426.

- Fossum TW. Surgery of the urinary bladder and urethra. In : Textbook of small animal surgery. Philadelphia, Mosby. 1997 : 481-514.

- Radasch RM. Cystotomy closure. Vet. Surgery. 1990 ; 19(4) : 283-288.

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