Traitement antibiotique dans le cas d’une otite récidivante - Le Point Vétérinaire n° 222 du 01/01/2002
Le Point Vétérinaire n° 222 du 01/01/2002

OTITE BILATÉRALE CHRONIQUE

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SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Jean-Dominique Puyt

Fonctions : unité de pharmacologie et toxicologie, ENVN

Lors d’otite récalcitrante aux traitements locaux, des examens complémentaires, comme l’isolement des bactéries, suivi d’un antibiogramme, se révèlent utiles.

Ulbrac, un chien de race cocker, âgé de neuf ans, est atteint depuis plusieurs mois d’une otite infectieuse récidivante. Après deux traitements locaux inefficaces, l’association d’un traitement local et oral est alors mise en œuvre pour une durée de douze jours. Aucun isolement bactérien n’est réalisé. L’origine allergique est écartée. La guérison est obtenue à la fin de cette troisième thérapie.

Otolane® : Nettoyage préalable indispensable

Considéré comme un produit d’hygiène (sans AMM), Otolane® est une solution auriculaire à base de gluconate de chlorhexidine. Son spectre d’activité est large, plus orienté sur les bactéries à Gram positif qu’à Gram négatif, et sur les champignons. Son action est considérée comme plus puissante que celle des iodophores sur Staphylococcus aureus. Néanmoins, l’action antibactérienne demande tout de même un temps d’application de quelques minutes. Le principe de faire agir le produit pendant quinze minutes est alors approprié et correspond aussi au temps nécessaire à la pénétration (lente) de l’antiseptique dans les champignons.

Ce nettoyage est particulièrement important et constitue l’essentiel du succès du traitement. La production de sérosités purulentes et de cérumen constitue, en effet, une barrière à l’accès des anti-infectieux et des antifongiques aux bactéries et aux champignons.

Surolan® : Association d’antibactériens et d’antifongiques justifiée

Surolan® est une suspension auriculaire antibactérienne, antifongique et anti-inflammatoire, à base de polymyxine B, de miconazole et d’acétate de prednisolone. Le spectre antibactérien de la polymyxine B est étroit, dirigé quasi exclusivement sur les bactéries à Gram négatif. Le miconazole est antifongique et possède une certaine activité sur les bactéries à Gram positif, ce qui compense en partie le spectre étroit de la polymyxine B.

Les otites infectieuses du chien sont souvent à la fois d’origine bactérienne et d’origine fongique. Des champignons sont, en effet, associés dans environ 35 % des cas (Malassezia pachydermatis et Pityrosporum canis). Ces infections sont par ailleurs fréquemment polybactériennes, avec une prévalence des staphylocoques (seuls ou associés) dans près de 60 % des cas.

L’association d’antibiotiques antibactériens et d’antifongiques est alors pleinement justifiée, sans qu’il soit nécessaire d’effectuer un isolement des micro-organismes, suivi d’un antibiogramme. Néanmoins, lorsque l’otite devient récidivante malgré plusieurs traitements locaux, il apparaît utile de faire un isolement au cas où une bactérie résistante aurait été sélectionnée.

Enfin, l’association à un anti-inflammatoire est intéressante, mais en cas d’administration prolongée, l’apparition d’un syndrome de Cushing iatrogène est possible en raison de la traversée de la barrière cutanée de cette molécule liposoluble.

Rilexine® : Faible diffusion cutanée

Rilexine® est une spécialité à base de céfalexine, une céphalosporine de première génération qui se caractérise par une activité bactéricide et un spectre large. L’intérêt d’un traitement antibiotique par voie générale n’est pas évident ici. En effet, la céfalexine diffuse faiblement – comme de nombreux autres antibiotiques, d’ailleurs – de la voie générale vers la peau, et jusque dans l’épaisseur de l’épiderme. A l’extrême limite, les fluoroquinolones de troisième génération atteindraient des concentrations thérapeutiques efficaces compte tenu de leurs très faibles CMI et de leur excrétion par la sueur.

Dans le cas des otites, les traitements locaux devraient donc être préférés aux traitements généraux.

Tolfédine® : Lutter contre la douleur

La prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pendant quelques jours, comme l’acide tolfénamique, paraît davantage justifiée pour lutter contre la douleur que vis-à-vis de l’inflammation locale. Des corticoïdes locaux luttent déjà efficacement contre cette inflammation.

Une injection unique d’un corticoïde d’action immédiate est également possible avec l’avantage d’effets secondaires digestifs moindres.

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