Santé publique vétérinaire : la place du vétérinaire - Le Point Vétérinaire expert rural n° 407 du 01/07/2020
Le Point Vétérinaire expert rural n° 407 du 01/07/2020

Éditorial

Auteur(s) : Yves Millemann

Fonctions : Département des productions animales
et de santé publique
Pathologie des animaux de production
Mission antibiorésistance du LSAl
ENV d’Alfort
7, avenue du Général de Gaulle
94700 Maisons-Alfort

Même si la reconnaissance obtenue dans le contexte épidémique actuel n’est peut-être pas celle espérée, les vétérinaires sont des professionnels de santé, avant tout experts de la santé animale bien entendu, mais pas seulement, notamment en raison de leur expertise en matière de zoonoses. Ces compétences sont toutefois reconnues par l’administration, puisque les vétérinaires libéraux jouent en France un rôle majeur en santé publique vétérinaire, au travers de leurs missions sanitaires. Cette spécificité française, qui repose sur un partenariat public-privé, est originale et constitue même un modèle qui s’exporte, comme l’évoque Vincent Brioudes dans son interview. Le vétérinaire sanitaire “à la française” joue un rôle à trois niveaux dans la gestion des crises sanitaires, rôle qui semble indéniablement efficace, comme le souligne Nathalie Guerson, bien que les passerelles envisagées entre santé publique et santé publique vétérinaire n’aient pas vraiment abouti récemment.

Au sein du partenariat public-privé, les vétérinaires ont donc une place essentielle et assurent un maillage territorial nécessaire à la protection de la santé publique. Cependant, comme nous le rappelle Sébastien Gardon dans son article, des évolutions socio-économiques viennent perturber l’organisation sanitaire fondée sur le traditionnel trépied État-vétérinaire-éleveur. Ainsi, des “déserts vétérinaires” apparaissent, en raison d’un manque d’attractivité de l’activité en milieu rural, avec à la clé des difficultés croissantes à mobiliser les vétérinaires pour la réalisation de leurs missions sanitaires. Ce constat préoccupant est assorti d’une analyse des solutions possibles pour y remédier, parmi lesquelles la mise en place du dispositif des stages tutorés en 5e année dans les écoles vétérinaires, reposant sur un soutien fort de la tutelle, et qui a été évalué l’an passé. Si cela ne constitue évidemment pas la panacée, ce dispositif se révèle séduisant, et cette étude, malgré les limites inhérentes à l’exercice, montre tout de même une tendance à un attrait renforcé pour la pratique rurale grâce à ce “tutorat”.

Ce dossier vient clore la série des quatre consacrés à la santé publique vétérinaire. Les vétérinaires y jouent en effet un rôle majeur, souligné dans cette dernière partie, contribuant à la protection du consommateur et de l’environnement, comme l’a rappelé le premier dossier. Ils sont bien entendu les experts des zoonoses et ont une place centrale dans la détection de maladies émergentes, ainsi que le deuxième dossier a permis de le préciser. La profession vétérinaire s’est aussi emparée d’un sujet sensible et majeur, l’antibiorésistance, contre laquelle la lutte doit être concertée dans une approche “une seule santé” : ce sujet majeur a été traité dans le troisième dossier, qui a souligné l’efficacité des actions entreprises ces dernières années.

Je vous souhaite donc une excellente lecture de ce quatrième et dernier dossier, qui pourrait, pourquoi pas, vous donner envie de relire les trois précédents. Continuez à prendre soin de vous et restez prudents !

Yves Millemann

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