Étiologie des plaies pénétrantes du thorax - Le Point Vétérinaire n° 405 du 01/05/2020
Le Point Vétérinaire n° 405 du 01/05/2020

TRAUMATOLOGIE

Dossier

Auteur(s) : Antoine Dunié-Mérigot*, Clément Baudin**

Fonctions :
*(DESV, Dipl. ECVS)
Service de chirurgie
**(Dipl. ECVDI)
Service d’imagerie médicale
CHV Languedocia
395, rue Maurice Béjart
34080 Montpellier

Les causes des plaies pénétrantes du thorax sont variées et les signes cliniques généralement sévères, alors que la lésion est parfois difficilement observable.

Les traumatismes pénétrants thoraciques doivent être différenciés des traumatismes thoraciques fermés. Ces derniers sont secondaires à des impacts à haute vélocité sur la cage thoracique (accident de voiture, chute, maltraitance, compression excessive lors de réanimation cardiorespiratoire, ou morsure sans plaie). Les traumatismes pénétrants du thorax, quant à eux, se définissent comme une plaie provenant de l’extérieur ou de l’intérieur de la cavité thoracique, et traversant la plèvre. Les plaies par l’extérieur sont les plus fréquentes et leurs conséquences cliniques sont souvent graves.

1 Étiologie

Les traumatismes pénétrants du thorax, le plus souvent causés par des morsures, des empalements sur des corps étrangers de type bâton ou encore des balles de fusil, entraînent une discontinuité de la paroi thoracique (peau, muscle, plèvre). Les chiens mâles de petite taille sont plus fréquemment concernés par les plaies par morsure [5]. Les plaies par empalement concernent davantage les chiens de grand format. Quant aux plaies par balle, il existe peu de données scientifiques sur leur incidence au-delà des accidents de chasse. Les rares publications sur le sujet sont des études menées aux États-Unis où les armes à feu sont plus nombreuses et plus variées (fusils de chasse, armes de poing). Une publication ancienne montre que les chiens de races de grande taille (berger allemand et pit-bull) y sont plus exposés lorsqu’ils vivent en zone urbaine [2].

En outre, l’incident n’est pas toujours rapporté par les propriétaires. Selon une étude sur 54 cas d’empalement thoracique, 9 % des animaux sont présentés sept jours après l’accident et 91 % le sont dans les premiers jours. Les empalements ont souvent lieu lors de balades en forêt ou de jeu [6]. Certaines plaies peuvent passer inaperçues sous les poils de l’animal.

Les plaies peuvent également provenir de l’intérieur de la cavité thoracique, et traverser la plèvre. Elles sont alors dues à des fractures de côtes, des dommages au parenchyme pulmonaire (perforation à la suite de la migration d’un épillet par exemple, contusions, hémorragie, lacérations, etc.), une rupture trachéale ou bronchique, des déchirures des structures cardiovasculaires, une perforation œsophagienne. Enfin, ces plaies peuvent provenir de l’abdomen, comme lors de l’ingestion d’un pic de brochette qui traverse le diaphragme (encadré 1).

2 Présentation clinique

Les animaux ayant subi un traumatisme pénétrant du thorax sont le plus souvent admis en urgence, car ils sont en état de choc et en détresse respiratoire (tachypnée, discordance, volet costal, etc.) et présentent des plaies plus ou moins étendues (encadré 2). Des muqueuses pâles, voire cyanotiques si l’oxygénation est compromise, sont parfois observées. Lors de plaie par balle, des fractures appendiculaires sont également possibles. L’animal est alors algique.

Certaines présentations cliniques peuvent être retardées dans le temps lors d’empalement (dans 9 % des cas) [6]. Les signes cliniques rapportés sont une léthargie avec perte d’appétit, voire une hyperthermie, et l’apparition d’un écoulement au niveau d’une plaie passée inaperçue jusque-là.

Toute plaie thoracique associée à une détresse respiratoire doit conduire le vétérinaire à suspecter en priorité une plaie pénétrante du thorax. Le diagnostic différentiel inclut les plaies thoraciques sans pénétration de l’espace pleural à l’origine de contusions pulmonaires, un pneumothorax, un épanchement pleural hémorragique et une rupture trachéale.

Conclusion

Les traumatismes pénétrants de la paroi thoracique et de la plèvre ont des origines variées. La ou les plaies observées ne sont souvent que la partie émergée de l’iceberg, et la mise en place d’examens complémentaires est indispensable afin de déterminer la gravité des lésions et d’assurer une bonne prise en charge de l’animal.

Références

  • 1. Cabon Q, Deroy C, Ferrand FX et coll. Thoracic bite trauma in dogs and cats: a retrospective study of 65 cases. Vet. Comp. Orthop. Traumatol. 2015;28 (6):448-454.
  • 2. Fullington RJ, Otto CM. Characteristics and management of gunshot wounds in dogs and cats: 84 cases (1986-1995). J. Am. Vet. Med. Assoc. 1997;210 (5): 658-662.
  • 3. Holowaychuk MK, Hanel RM, Darren Wood R et coll. Prospective multicenter evaluation of coagulation abnormalities in dogs following severe acute trauma. J. Vet. Emerg. Crit. Care (San Antonio). 2014;24 (1):93-104.
  • 4. Hunt GB. Thoracic wall. In: Veterinary Surgery Small Animal, 2nd edition. Elsevier Saunders. 2012;Chap 104:1769-1786.
  • 5. Intarapanich NP, Touroo RM, Rozanski EA et coll. Characterization and comparison of injuries caused by spontaneous versus organized dogfighting. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2017;251 (12):1424-1431.
  • 6. Matiasovic M, Halfacree ZJ, Moores A et coll. Surgical management of impalement injuries to the trunk of dogs: a multicentre retrospective study. J. Small Anim. Pract. 2018;59 (3):139-146.
  • 7. Tattersall JA, Welsh E. Factors infuencing the short-term outcome following thoracic surgery in 98 dogs. J. Small Anim. Pract. 2006;47 (12):715-720.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1 : Types de plaies

Les résultats de plusieurs études rapportent :

– sur 315 chiens ayant subi un traumatisme, 34 % d’entre eux avaient des plaies pénétrantes du thorax et/ou de l’abdomen [3] ;

– sur 16 chiens et chats ayant une plaie pénétrante, seul le thorax était touché dans la moitié des cas, et il l’était en association avec l’abdomen dans 17 % des cas [7] ;

– parmi 65 cas de plaies thoraciques par morsure, 8 étaient pénétrantes dans le thorax [1].

ENCADRÉ 2 : Définition d’un volet costal

Un volet costal se caractérise par des fractures de trois côtes consécutives ou plus [4]. Le segment fracturé est libre et indépendant du soulèvement de la cage thoracique, ce qui génère des mouvements paradoxaux à l’inspiration, avec un enfoncement du volet costal (figure, photo). Il doit être différencié du pseudo-volet costal, qui correspond à une déchirure des muscles intercostaux et de la plèvre susceptible de générer les mêmes mouvements paradoxaux de la cage thoracique.

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