THÉRAPEUTIQUE
Thérapeutique
Auteur(s) : Amandine Drut*, Yassine Mallem**, Unité de pharmacologie et toxicologie
Oniris, site de La Chantrerie
Service de médecine interne
101, route de Gachet 44300 Nantes***
Fonctions :
*Service de médecine interne
**Auteur coordinateur
Le bésilate d’amlodipine a longtemps été considéré comme la molécule de choix pour traiter l’hypertension artérielle systémique chez le chat. Désormais, le telmisartan est également indiqué.
L’hypertension artérielle systémique est une affection fréquente chez le chat âgé, qui apparaît le plus souvent comme la complication d’une atteinte organique (maladie rénale chronique, par exemple) ou endocrinienne (hyperthyroïdie notamment). Le traitement causal de l’affection prédisposante n’est pas toujours possible et/ ou ne permet pas systématiquement une normalisation de la pression artérielle systolique. Le bésilate d’amlodipine et le telmisartan sont deux médicaments qui disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de l’hypertension artérielle systémique chez le chat (tableau).
Le bésilate d’amlodipine est une dihydropyridine qui agit en tant qu’antagoniste des canaux calciques, avec une sélectivité vasculaire. Il interfère avec l’influx de calcium nécessaire à la contraction des muscles lisses. Son action sur les artères et les artérioles périphériques engendre une diminution de la résistance vasculaire totale. Il pourrait donc induire une baisse de la postcharge, mais cela n’est pas démontré chez le chat. En raison de sa forte sélectivité vasculaire, ses effets chronotrope, dromotrope et inotrope négatifs sont négligeables aux doses recommandées.
Le telmisartan est un antagoniste sélectif des récepteurs de l’angiotensine II de type AT1, directement impliqués dans la vasoconstriction et la prolifération des cellules musculaires lisses. Il diminue également la sécrétion d’aldostérone, limitant ainsi les phénomènes de rétention hydrosodée et de fibrose. Les effets éventuels du telmisartan sur les récepteurs de type AT2 sont inconnus chez le chat.
Le bésilate d’amlodipine a longtemps été considéré comme la molécule de choix pour le traitement de l’hypertension artérielle systémique chez le chat [1, 9]. L’efficacité de la spécialité vétérinaire est démontrée dans un essai clinique randomisé en double aveugle contre placebo, qui met en évidence une diminution moyenne de la pression artérielle systolique d’environ 30 mmHg après un mois de traitement [5]. Deux essais cliniques randomisés en double aveugle contre placebo attestent de l’efficacité du telmisartan, montrant une diminution moyenne de la pression artérielle systolique d’environ 20 à 25 mmHg après un mois de traitement [2, 4]. Dans toutes ces études, les chats qui présentent de graves lésions d’organes cibles et/ou dont la pression artérielle systolique dépasse 200 mmHg sont exclus. D’autres essais, conduits avec une spécialité humaine de bésilate d’amlodipine, rapportent une efficacité chez des animaux atteints d’hypertension artérielle systémique sévère. Seul un cas clinique décrit l’utilisation du telmisartan chez un chat atteint d’hypertension artérielle systémique marquée et présentant des effets secondaires à la suite de l’administration de bésilate d’amlodipine [3]. Une association de ces deux molécules semble possible, notamment en cas d’échec de la monothérapie, bien qu’il n’existe pas de recommandation à ce jour chez le chat [1].
Selon des travaux menés chez l’homme et chez le chien, le bésilate d’amlodipine provoquerait une dilatation préférentielle de l’artériole glomérulaire afférente, engendrant une hypertension glomérulaire et aggravant une atteinte rénale préexistante. Il n’existe pas de preuve d’effets rénaux similaires chez le chat. Une activation du système rénine-angiotensine-aldostérone est possible [7]. Toutefois, les études cliniques disponibles sur l’utilisation du bésilate d’amlodipine en monothérapie dans l’espèce féline ne montrent pas de détérioration de la fonction rénale, y compris chez les animaux atteints de maladie rénale chronique. En outre, le bésilate d’amlodipine est susceptible d’induire une diminution significative de la protéinurie [6].
Le telmisartan, comme tous les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II, induit une dilatation préférentielle de l’artériole glomérulaire efférente, engendrant une baisse de la pression intraglomérulaire. Cet effet permet une diminution de la protéinurie. Toutefois, chez un petit nombre de chats atteints de maladie rénale chronique, une réduction du débit de filtration glomérulaire est susceptible de provoquer une détérioration de la fonction rénale [8].
Le bésilate d’amlodipine bénéficie encore d’un niveau de preuve d’efficacité supérieur au telmisartan, en particulier lors d’hypertension artérielle systémique sévère et/ou de lésions graves d’organes cibles. Les deux molécules peuvent être utilisées de manière relativement sécurisée lors de maladie rénale chronique, et peuvent entraîner une réduction de la protéinurie. La forme galénique du telmisartan est susceptible de constituer un atout chez certains chats atteints d’hypertension artérielle systémique modérée et réticents à la prise de comprimés.
Aucun.