ANALGÉSIE CANINE ET FÉLINE
Thérapeutique
Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde*, Yassine Mallem**
Fonctions :
*Unité de chirurgie-anesthésie
**Auteur-coordinateur
***Unité de pharmacologie-toxicologie
Oniris
Atlanpôle La Chantrerie
44307 Nantes Cedex 3
La gabapentine est utilisée dans la gestion multimodale de la douleur chronique chez le chien et le chat. L’expérience clinique sur les 15 dernières années fait ressortir son effi cacité dans les cas complexes et prolongés de douleur, mais n’a pas été confi rmée par de larges études prospectives avec un groupe de contrôle.
La gabapentine est un agent antiépileptique, analogue synthétique de l’acide γaminobutyrique (Gaba). Elle est utilisée chez l’homme pour le traitement de la douleur neuropathique. Elle est présente dans l’arsenal thérapeutique de la douleur chez les animaux depuis une quinzaine d’années. L’administration se réalise per os (PO), sous forme de comprimés ou de sirop. Une dose de 10 à 20 mg/kg toutes les 8 heures chez le chien et le chat permet de maintenir une concentration plasmatique stable dans l’intervalle thérapeutique (tableau) [4].
La gabapentine fait partie des molécules employées dans la gestion multimodale de la douleur chronique. Son effet analgésique n’est pas encore complètement élucidé, mais il semble impliquer des actions spinale (diminution de la libération du glutamate dans la corne dorsale de la moelle épinière) et supraspinale (renforcement des mécanismes inhibiteurs descendants) par l’inhibition sélective des canaux calciques voltage-dépendants.
Les essais expérimentaux et cliniques n’ont pas montré d’effet analgésique significatif lors de douleur aiguë (test nociceptif sur seuil thermique chez le chat, douleur postopératoire à la suite d’une chirurgie vertébrale, d’une amputation ou d’une mastectomie chez le chien) [1, 2, 8, 10].
Toutefois, ces résultats obtenus sur des modèles de douleur aiguë ne doivent pas être extrapolés aux situations cliniques de douleur chronique communément rencontrées chez le chien et le chat vieillissants. L’évaluation de la douleur chronique et de l’efficacité d’un traitement analgésique est difficile, ce qui explique, en partie, le manque d’études prospectives. L’appréciation des signes de douleur est souvent insuffisante et doit être complétée avec le suivi de la qualité du sommeil et des indices de qualité de vie. La gabapentine a ainsi amélioré la qualité de vie chez des chiens atteints de la maladie de Chiari ou de syringomyélie, en complément du carprofène [7]. Plusieurs rapports de cas cliniques décrivent l’amélioration des signes cliniques de douleur : 3 chats atteints de douleurs musculo-squelettiques chroniques à la suite d’un traumatisme de la route ont montré une diminution de leur comportement d’agression et d’évitement, ainsi qu’une amélioration de leur appétit au bout de 1 mois de traitement (6,5 mg/kg PO toutes les 12 heures) [5]. En monothérapie ou non, les effets semblent positifs en cas de douleur arthrosique chronique chez le chien et le chat (10 mg/kg PO toutes les 12 heures), mais apparaissent après plusieurs semaines de traitement [3-6, 9].
Les effets secondaires rapportés de la gabapentine incluent une sédation, une ataxie, une faiblesse et des tremblements musculaires [3, 4]. La survenue d’une sédation est diminuée par une augmentation graduelle de la dose sur la première semaine ou par la réduction de la dose pendant plusieurs jours avant de la remonter. Des vomissements et de la diarrhée ont aussi été constatés [3, 6]. Lors de l’arrêt d’un traitement de longue durée, il est conseillé de baisser progressivement la dose administrée sur 1 semaine, car un arrêt brutal peut être associé à l’apparition de convulsions [4, 6]. La gabapentine est bien absorbée à la suite d’une administration PO, métabolisée chez le chien par le oie et excrétée par le rein (chien et chat). Il est préconisé de diminuer les doses administrées en cas d’altération de ces fonctions [6].
Aucun.