Bénéfices et risques du tramadol en phase postopératoire chez le chien - Le Point Vétérinaire n° 394 du 01/04/2019
Le Point Vétérinaire n° 394 du 01/04/2019

ANALGÉSIE CANINE

Thérapeutique

Auteur(s) : Jennifer Flynn*, Yassine Mallem**

Fonctions :
*Unité de chirurgie-anesthésie
**Unité de pharmaco-toxicologie
Oniris
Atlanpôle, La Chantrerie
44307 Nantes Cedex 3

Le tramadol est un analgésique mineur à action centrale. Il est sûr et efficace dans la gestion de la douleur postopératoire de faible intensité chez le chien.

Le tramadol est un opioïde phénylpipéridine analogue synthétique de la codéine. Deux spécialités pharmaceutiques vétérinaires (Tramadog® et Tralieve®) sont commercialisées depuis 2018 en France. Elles sont indiquées chez le chien dans la prise en charge de la douleur post­opératoire de faible intensité.

Mode d’action multiple

Le tramadol est un mélange racémique de deux énantiomères ([-]-tramadol et [+]+tramadol) [8]. Son effet analgésique est faible, il équivaut à un dixième de celui de la morphine en administration parentérale. Son mécanisme d’action est double : une action agoniste préférentielle sur les récepteurs opioïdes µ attribuée à l’énantiomère (+) et au métabolite M1 (O-desméthyltramadol) ; une activité monoaminergique reliée aux deux énantiomères, par stimulation noradrénergique et sérotoninergique indirecte au niveau spinal [3, 8, 9]. Le pouvoir analgésique du tramadol semble dû à l’action agoniste µ de son métabolite M1, dont la production reste controversée chez le chien [7, 8, 10].

La pharmacocinétique du tramadol est bien connue : sa demi-vie d’élimination est comprise entre 1 demi-heure et 2 heures, avec une durée d’action de 2 à 4 heures. Sa concentration plasmatique ainsi que celle de son métabolite M1 sont très faibles et très variables selon les individus, quelle que soit la voie d’administration.

Bonne sécurité d’emploi

Les effets secondaires du tramadol sont de sévérité faible quand il est utilisé aux doses d’emploi recommandées, contrairement à ceux des opioïdes classiques, dits forts (tableau). N’étant pas classé parmi les stupéfiants ou les substances psychotropes, les conditions de sa prescription et de sa délivrance sont plus faciles pour le vétérinaire praticien.

Ses faibles effets sédatifs (en lien avec son action α2-agoniste indirecte) et dépresseurs sur le système cardio-respiratoire et la motilité gastro-intestinale lui confèrent une très bonne sécurité d’emploi. Il est utilisé de préférence par voie intramusculaire ou intraveineuse à la dose de 2 à 4 mg/kg toutes les 8 heures, selon l’intensité de la douleur. Il peut être administré per os (PO) aux mêmes doses ou à la dose de 5 à 10 mg/kg toutes les 8 heures, en raison de sa moins bonne biodisponibilité par cette voie [4, 5].

Efficacité clinique démontrée

Les études ayant évalué l’effet du tramadol dans la gestion de la douleur postopératoire aboutissent à un niveau de preuve suffisant. En administration préopératoire, il procure une analgésie satisfaisante lors des chirurgies orthopédiques ou des tissus mous. Celle-ci est également meilleure lorsque les chiens opérés reçoivent le tramadol en phase post­opératoire [1, 2, 4, 5, 6]. La gestion de la douleur postopératoire est essentielle, car elle influence la convalescence et le résultat chirurgical. Le tramadol administré PO en phase postopératoire semble donc adapté aux douleurs légères et représente une solution alternative intéressante en présence d’un animal insuffisant rénal ou hépatique. La réponse du chien au tramadol est cependant variable.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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