Les hypertypes dans les espèces canine et féline - Le Point Vétérinaire n° 391 du 01/12/2018
Le Point Vétérinaire n° 391 du 01/12/2018

SÉLECTION ET BIEN-ÊTRE ANIMAL

Éthique

Auteur(s) : Morgane Michel*, Denise Remy**

Fonctions :
*Lorrainevet
Service de médecine
et chirurgie générales
117, rue Pierre-Gilles
de Gennes
54710 Ludres
**VetAgro Sup
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-l’Étoile

La dérive vers l’hypertype et les affections qui en découlent sont une “maladie” de l’élevage moderne des chiens et des chats de race. Les vétérinaires méritent d’y apporter leur expertise en termes de santé et de bien-être animal.

Reportages télévisés accablants, études scientifiques alarmistes, articles de presse accusateurs : les affections en lien avec des exagérations morphologiques chez le chien et le chat de race ne cessent d’être dénoncées depuis les années 1990 et ne laissent plus indifférents. Cette dérive d’une sélection indiscutablement davantage tournée vers l’esthétisme que vers la fonctionnalité ou la santé a abouti, notamment, à des animaux dits hypertypés. Raymond Triquet, ancien président de la commission des standards de la Fédération cynologique internationale (FCI), définit l’hypertype comme un animal « dont les caractères raciaux sont développés à l’excès », ce qui le fait s’éloigner de son standard de race. Il ajoute par la suite qu’au-delà de toute notion esthétique, l’hypertype entraîne souvent des répercussions sur la santé et la qualité de vie des animaux, et cela d’autant plus lorsque le comportement naturel de l’animal est affecté. Cette notion de souffrance associée à l’hypertype ne semble donc pas systématique, mais elle pose, lorsqu’elle existe, un problème éthique dans le monde de l’élevage, car les exemples d’animaux souffrant de leur excès morphologique sont trop nombreux.

Les animaux de compagnie ne sont pas exclus de cette tentation de l’extrême. Les influences de la mode et la recherche du show ont dénaturé un grand nombre d’individus, en cherchant à mettre en avant des animaux toujours plus originaux ou spectaculaires pour séduire le public. La mode et la montée en puissance de l’esthétisme à la fin du XIXe siècle ont, par exemple, transformé la morphologie du bulldog anglais anciennement taillé pour le combat (photos 1a et 1b) [7].

Objectifs

La course à l’hypertype fait partie des grands maux de l’élevage canin et félin actuel, dont les seuls objectifs sont la recherche du spectaculaire, de l’original et la réussite aux concours de beauté, au détriment de la santé et du bien-être des animaux.

La grande majorité des articles concernant des exagérations morphologiques chez le chien et le chat traitent des facteurs épidémiologiques et visent à déterminer la prévalence des affections qui en découlent. À notre connaissance, très peu d’enquêtes ont été réalisées auprès des acteurs de la sélection canine et féline, et celles qui ont été menées sont britanniques [3, 9, 11].

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les opinions des acteurs de la sélection canine et féline au sujet des conséquences néfastes de l’hypertype et ainsi suggérer de mettre en œuvre des mesures bien reçues et efficaces pour lutter contre ce phénomène.

Notre étude a donc visé à déterminer la perception et l’attitude des juges et des représentants des clubs de races français à propos des affections en lien avec l’hypertype chez les chiens et les chats de race. Nous avons interrogé des juges canins et félins ainsi que des représentants de clubs de races sur leur sensibilisation et leurs connaissances sur l’hypertype, leur point de vue sur ses causes, et les actions préventives en place et envisageables contre ce phénomène.

Nous tenterons ici de résumer notre étude observationnelle, qui fait partie de notre travail de thèse de doctorat disponible en ligne, intitulé « Les hypertypes chez les chiens et chats de race : étude bibliographique et observationnelle ».

Matériels et méthodes

Deux questionnaires en ligne ont été conçus à l’aide de Google Forms®, l’un destiné aux juges canins et félins français, l’autre aux responsables de clubs canins et félins français. Des données démographiques ont été récoltées sur les répondants, puis nous avons cherché à connaître :

- leur définition du terme « hypertype » ;

- leur conscience du problème posé par les hypertypes ;

- leur connaissance des affections liées à l’hypertype dans les races avec lesquelles ils travaillent ;

- leur compréhension des causes du développement des hypertypes ;

- les solutions déjà mises en œuvre ou qui, selon eux, pourraient l’être pour prévenir les affections en lien avec l’hypertype.

Les questionnaires ont fait l’objet d’un prétest et d’une étude pilote.

Le lien vers les questionnaires a été envoyé par courriel.

Le questionnaire destiné aux juges a été adressé à tous les juges canins jugeant des groupes de chiens entiers (n = 58) et à tous les juges félins (n = 48). En effet, toutes les races de chiens reconnues par la FCI sont classées dans le système des groupes FCI, qui contient dix groupes de races de chiens fondés sur leur utilisation et/ou leur apparence. Certains juges sont formés pour juger toutes les races de chiens dans un groupe canin. Seuls ces juges ont été interrogés afin d’avoir toutes les races canines représentées parmi nos répondants.

Le questionnaire destiné aux clubs de races a été envoyé aux présidents de tous les clubs de races affiliés à la Société centrale canine (SCC) et au Livre officiel des origines félines (Loof), à l’exception des dix clubs de races impliqués dans l’étude pilote (n = 162, 120 canins, 42 félins). Les adresses e-mail ont été obtenues dans les annuaires officiels de la SCC et du Loof.

Les résultats ont été directement stockés dans un fichier Excel, qui a ensuite été modifié en un fichier lisible par le logiciel R Studio® afin d’effectuer une analyse statistique des données. Les variables qualitatives ont été analysées à l’aide du test exact de Fisher et les variables quantitatives au moyen du test de Mann-Whitney. Résultats

Le taux de réponse des juges a été de 62 %, correspondant à 66 juges (34 canins, 32 félins). Le taux de réponse a été de 59 % chez les juges canins et de 67 % chez les juges félins.

En ce qui concerne les clubs de races, 122 réponses (75 % de tous les clubs de races contactés, 94 canins, 28 félins) ont été obtenues.

Notre étude a mis en évidence une grande disparité de perception des juges et des clubs de races au sujet des hypertypes et de leurs conséquences sur la santé des chiens et des chats de race. La définition même du mot « hypertype » n’est pas encore claire pour tous les juges et tous les clubs de races français, certains ne l’associant pas forcément à des conséquences néfastes pour la santé et y trouvant même un intérêt pour l’élevage. Le phénomène semble pourtant connu de la très grande majorité de ces acteurs de la sélection.

Notre travail a permis de révéler qu’un grand nombre de races canines et félines possèdent des individus aux caractéristiques morphologiques extrêmes susceptibles de nuire à leur propre santé (tableau).

Des différences ont été observées entre les juges plus récemment formés et les plus expérimentés, ces derniers apparaissant moins conscients du problème et moins ouverts à changer leurs habitudes de travail. C’est un résultat encourageant, qui met en évidence un changement dans l’éducation et la sensibilité des juges au sujet des hypertypes. De plus, les juges semblent conscients de l’importance de leur groupe professionnel dans la genèse du problème, donc dans son contrôle.

Les résultats de l’enquête auprès des représentants des clubs de races ont été très encourageants : eux aussi semblent largement conscients du problème que peuvent poser les excès morphologiques, en informent les acheteurs potentiels, sont ouverts à des révisions de standard et reconnaissent l’importance de la part qu’ils doivent jouer dans le contrôle des hypertypes.

Les solutions les plus largement acceptées pour contrôler le développement des hypertypes se sont révélées être l’éducation des juges et du public, ainsi que la révision des standards de race. Des mesures radicales, telles que l’exclusion des animaux hypertypés et l’intervention systématique des vétérinaires lors des concours, ont été largement rejetées par les répondants. L’ensemble des acteurs ayant un rôle dans la lutte contre les hypertypes et la complexité de la situation a pu être synthétisé (figure).

Discussion

→ Étonnamment, deux clubs de races félins n’avaient jamais entendu parler des hypertypes, ce qui est particulièrement inquiétant, car le problème a été abordé et mis en évidence dès 1969. Ces clubs de races ne semblent pas avoir été confrontés aux hypertypes et encore moins aux affections qui y sont liées, mais ils auraient pu avoir quelques connaissances sur l’existence des hypertypes dans d’autres races.

→ Dès les premières questions, notre questionnaire a permis de mettre en évidence une grande disparité des définitions du mot “hypertype”. Plusieurs répondants étaient favorables à plusieurs définitions pourtant incompatibles, dans le sens où certaines associaient les hypertypes à une notion de souffrance et d’autres excluaient ce lien. Cela pointe donc une nette ambiguïté autour de la définition même de l’hypertype, ce qui a pu biaiser la suite des réponses à nos questionnaires, chacun répondant selon sa propre définition. Une définition correcte de l’hypertype aurait pu être apportée au début des questionnaires pour éviter ce biais, mais il semblait crucial de connaître le point de vue des juges et des clubs de races à ce sujet. Seuls deux clubs de races étaient favorables uniquement à une définition qui rejetait le lien entre l’hypertype et des conséquences néfastes sur la santé de l’animal. Il est possible que les représentants de ces clubs n’aient pas conscience des affections qui peuvent être liées aux hypertypes dans les autres races, étant donné que la ou les races qu’ils représentent ne semblent pas affectées par le problème, selon les publications.

→ D’autre part, il existe significativement plus de juges masculins que de juges féminins en faveur des définitions qui ont associé l’hypertype à une notion de souffrance pour l’animal. Ce résultat pourrait laisser penser que les juges féminins font passer l’esthétisme en priorité et seraient moins sensibles aux affections qui découlent de l’hypertype.

→ Plusieurs répondants étaient en faveur de l’hypertype, car il permet, selon eux, de conserver le standard des animaux grâce à des croisements avec des individus moins typés. Certains considéraient même l’hypertype comme indispensable à l’élevage. Il est vrai que si les individus hypertypés ne sont pas associés à une affection particulière, ils peuvent amener du type dans une lignée qui viendrait à en manquer, mais le chemin est risqué. Si ces animaux hypertypés souffrent de leur exagération morphologique, cela soulève un grave problème éthique : l’appel lancé à la responsabilité des éleveurs en 1987 par la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie semble loin d’avoir été entendu, bien que les sociétés occidentales soient de plus en plus préoccupées par le bien-être animal [4]. Nos résultats laissent également à penser que les juges plus récemment formés seraient plus conscients du problème éthique concernant les hypertypes. Cependant, l’hypertype semble bien négatif pour l’élevage, selon la plupart de nos répondants.

→ 49 % des représentants de clubs de races canins ont déclaré ne pas avoir d’individus hypertypés dans leur club. Ce résultat ne semble pas cohérent avec les données existantes, car les hypertypes ont été largement rapportés dans la plupart des races canines et étaient présents dans les 50 races de chiens les plus populaires au Royaume-Uni, qui sont comparables aux races de chiens les plus populaires en France [2]. Parmi les représentants des clubs de races félins étudiés, 61 % ont déclaré que les animaux inscrits dans leur club n’étaient pas hypertypés, ce qui est plus conforme aux publications vétérinaires, car les hypertypes félins ont principalement été décrits chez les races brachycéphales.

Notre étude a permis de montrer que :

- les affections de l’appareil respiratoire concernent principalement des races brachycéphales comme, chez le chien, le bouledogue français, le boxer, le bulldog et le carlin et, chez le chat, le british shorthair, l’exotic shorthair et le persan ;

- les affections de l’appareil locomoteur concernent essentiellement des grandes races, des races géantes ou des races miniatures comme le barbet, le bouledogue français, le chihuahua, le shih tzu, le teckel et le yorkshire, pour les races miniatures, et de nombreux dogues pour les grandes races ou les races géantes ;

- les affections dermatologiques touchent principalement les chiens dont la peau est riche en mucine (sharpeï et chow-chow) ou abondante et plissée localement (bouledogue français, mâtin napolitain, dogue de Bordeaux) ;

- les affections du système nerveux se rapportent essentiellement aux races chondrodystrophiques (basset hound, bouledogue français, shih tzu) ou avec un long cou (dobermann) ;

- les affections oculaires sont présentes en majorité dans les races brachycéphales, aux yeux exorbités (bouledogue français, bulldog, chihuahua) ou à la peau lâche et abondante (basset hound, chien de cour italien, chien de saint-hubert ou mâtin napolitain) ;

- les affections buccales concernent principalement plusieurs races brachycéphales, comme le bouledogue français, le bulldog, le pékinois et le shih tzu.

Cela rejoint donc les données déjà publiées et détaillées dans notre partie bibliographique de thèse.

Contrairement au monde canin où les répondants sont d’accord sur la responsabilité première des juges vis-à-vis du développement et de la propagation des hypertypes, les répondants du monde félin ont souligné la responsabilité principale des clubs de races et des éleveurs dans le développement et la propagation des hypertypes. Cependant, d’après les commentaires exprimés en fin de questionnaire, les répondants de club de races ciblaient en réalité d’autres clubs que le leur.

→ Cette différence entre le monde canin et le monde félin peut s’expliquer par le fait que la prévalence de l’hypertype en félinotechnie est plus faible qu’en cynotechnie. Par conséquent, le rôle des éleveurs est plus déterminant que celui des juges. Il serait donc de la responsabilité des éleveurs de ne pas commencer à sélectionner et à créer des animaux hypertypés avant que les juges ne soient tentés de les récompenser en concours pour leur originalité. Les juges félins seraient peut-être plus conscients de la problématique posée par les hypertypes que les juges canins en France et il est possible qu’ils accorderaient, d’ores et déjà, moins de récompenses à de tels individus. La sélection féline étant plus récente que la sélection canine, les juges félins ont d’abord pu observer les dérives liées aux hypertypes canins et s’en servir de modèle à ne pas suivre (photo 2). Par exemple, un grand nombre d’études scientifiques caractérisant les affections liées à une brachycéphalie extrême chez le chien existait bien avant que ne soient publiées des études similaires dans l’espèce féline.

→ Les juges félins étaient statistiquement moins nombreux à avoir suivi des “Masterclass”, cours pratiques lors desquels un expert-juge explique, devant un jury, comment il a jugé, et pourquoi, à d’autres juges. Cependant, les juges Loof sont invités, chaque année, à une journée de formation où le sujet des hypertypes peut être abordé. En mai 2017, par exemple, Juan Hernandez, diplômé de l’American College of Veterinary Internal Medicine (Acvim) et du European College of Veterinary Internal Medicine - Companion Animals (Ecvim-CA), est intervenu lors du séminaire des juges Loof pour traiter spécifiquement des problèmes liés à la brachycéphalie et à l’augmentation de la taille de certaines races de chats.

→ Il convient d’ajouter que les juges participent également parfois à des rings pédagogiques à l’intention du public et des élèves-juges, rings lors desquels sont exposées les différentes races présentes, indépendamment des jugements et des récompenses.

→ Cette étude a mis en évidence le fait que l’aptitude au travail était le principal critère de sélection chez les chiens pour la plupart des clubs de races (46 %), mais que l’esthétisme occupait tout de même la place la plus élevée dans les critères de sélection pour 20 % des répondants. Parmi les races sélectionnées majoritairement sur des critères esthétiques, d’après nos répondants, de nombreuses races étaient originellement sélectionnées pour leur aptitude au travail, comme le léonberg avec ses capacités de chien de garde et de trait, le braque de weimar avec son aptitude à la chasse, ou encore le dalmatien, baptisé autrefois “chien de coche” et utilisé comme chien d’équipage. Cela souligne l’importance durable de l’esthétisme dans la sélection canine, même chez des races qui sont encore jugées également selon leur capacité au travail.

→ Les juges (82 %) et les représentants des clubs de races (89 %) ayant répondu considèrent majoritairement que la mode et les médias jouent un rôle important dans le développement d’individus hypertypés. Il reste à savoir si la proportion élevée de clubs de races sélectionnant des animaux selon des critères esthétiques suit ou non les tendances de la mode et des médias. Si une sélection est fondée sur des caractères esthétiques, il est en effet impératif qu’elle ne se fasse pas au détriment de la santé ou du bien-être animal et il convient donc que la conformation souhaitée ne soit associée à aucune affection.

→ La révision des standards est considérée comme l’une des meilleures mesures pour prévenir le développement d’hypertypes et surtout des affections qui en découlent, selon les publications internationales, mais il est encore trop tôt pour savoir si les révisions mises en œuvre seront réellement efficaces pour éliminer les dérives déjà bien instaurées dans certaines races [1, 3, 6, 8, 10-12]. L’efficacité de ces révisions dépend des juges, car ce sont eux qui ont la meilleure connaissance des standards.

Les vétérinaires, qui sont censés être des spécialistes de la santé et du bien-être animal, ont également un rôle crucial à jouer. Ils se doivent de participer à l’examen critique des standards visant à corriger les caractéristiques menant aux excès de conformation préjudiciables pour la santé des chiens et des chats. Environ la moitié des juges et la moitié des représentants des clubs de races étaient en accord avec la participation des vétérinaires à la révision des standards. Ce chiffre semble cependant faible, car l’expertise des vétérinaires n’a pas été reconnue à l’unanimité des répondants. Le rôle de communication joué par les vétérinaires auprès du grand public n’était cependant pas discuté, et c’est sans doute là leur rôle premier, mais si les hypertypes se sont si facilement installés dans le monde de l’élevage, c’est peut-être parce que la participation des vétérinaires dans ce milieu n’est pas assez forte. Beaucoup ont écrit que les vétérinaires n’avaient pas assez de connaissances pour interférer avec la sélection et l’élevage de chiens et de chats et que leur rôle devrait être strictement limité à soigner les animaux et à donner des conseils à leurs propriétaires. Plus de la moitié des représentants des clubs de races sont également opposés à un contrôle vétérinaire des hypertypes pendant les concours. Le modèle anglais où un vétérinaire examine après le concours les chiens primés par un juge unique (le Royaume-Uni n’accepte pas les jugements collectifs) a peut-être noirci le rôle du vétérinaire. En effet, plusieurs champions primés au Royaume-Uni se sont vus retirer leur titre après un tel examen, ce qui a provoqué à chaque fois une révolte et la rébellion de plusieurs clubs de races. Il est donc de la plus haute importance pour les vétérinaires de prendre une place dans le milieu de l’élevage et de la sélection afin de promouvoir la santé et le bien-être des animaux de compagnie. Une formation plus approfondie des vétérinaires dans ce domaine pourrait être envisagée lors de la spécialisation “carnivores domestiques” en 5e année d’études, par exemple.

→ Le rôle des vétérinaires dans l’éducation du public a toutefois été largement reconnu par les juges et les représentants des clubs de races. Cela correspond au rôle de conseil vétérinaire que les juges ont souligné dans leurs commentaires. Il s’agit, par ces conseils, de lutter contre les effets de mode qui peuvent orienter le choix des propriétaires vers les animaux les plus extraordinaires morphologiquement.

→ Il convient de mentionner qu’en France, la plupart des informations sur les exagérations anatomiques raciales sont fournies par les clubs de races. Deux tiers ont indiqué qu’ils avaient informé les acheteurs potentiels des affections liées à l’hypertype dont leur race avait souffert. Plusieurs documentaires télévisés destinés au grand public ont déjà révélé les dérives de l’élevage canin à une très large échelle [5, 13]. Une telle programmation peut être critiquée, car elle ne montre qu’un côté du monde de l’élevage et peut dissimuler les efforts déployés pour en contrôler les dérives. Elle présente cependant l’avantage de mettre en lumière des sujets comme celui des hypertypes auprès du grand public et de renforcer la mise en œuvre de mesures visant à faire face au problème.

Conclusion

La dérive vers l’hypertype et les affections qui en découlent sont une « maladie » de l’élevage moderne des chiens et des chats de race dans le monde entier. L’esthétisme et le show ont pris l’ascendant sur la fonctionnalité et le comportement des animaux de compagnie depuis de nombreuses années et leur importance peine à reculer dans notre société, pourtant de plus en plus sensibilisée au bien-être animal. Encore perçu par une minorité comme un outil pour l’élevage, l’hypertype est pourtant considéré depuis les années 1990 comme un manque de type par la SCC et comme un type incorrect pour le Loof, et fait partie, à ce titre, de la liste des points de non-confirmation des chiens de race et de non-conformité des chats de race. Cela n’a pourtant pas empêché son développement, à tel point que la quasi-totalité des acteurs de la sélection canine et féline s’en préoccupe actuellement. Les médias et plusieurs études scientifiques ont révélé les conséquences d’une sélection de l’extrême jusqu’alors méconnues aux yeux du grand public, ce qui a stimulé la mise en place de moyens de lutte. Une action de sensibilisation ne cesse d’être établie par les acteurs de la sélection que sont les fédérations canines et félines nationales et internationales, les juges, les clubs de races, les éleveurs et les vétérinaires. Finalement, en dehors de mesures coercitives difficilement acceptées et applicables, il semble que les acteurs des mondes canin et félin se sentent majoritairement concernés, en France, par la lutte contre l’hypertype. Sauf exception, plus personne ne nie l’importance du phénomène, mais du temps sera encore nécessaire avant de pouvoir enregistrer les résultats des mesures de correction mises en œuvre, étant donné la persistance de vieilles habitudes chez certains acteurs de la sélection canine et féline. Désormais, les hypertypes ne devraient en principe être rencontrés qu’accidentellement dans les races canines et félines et ne devraient plus être primés lors des concours. Avec cet objectif, tous les acteurs de la sélection ont un rôle crucial à jouer. Il apparaît cependant que les vétérinaires doivent encore acquérir leur place dans le milieu de l’élevage canin et félin, afin d’y apporter leurs connaissances en termes de santé et de bien-être animal.

Références

Conflit d’intérêts

Aucun.

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