THÉRAPEUTIQUE
Article de synthèse
Auteur(s) : Céline Lardy
Fonctions : Health Initiative
Le Point Vétérinaire
11-15, quai de Dion-Bouton
92800 Puteaux
Le traitement ciblé sélectif des génisses en première saison de pâturage est possible dès lors que les animaux sont choisis sur des critères pertinents.
Les strongyloses gastro-intestinales (SGI) ont un impact financier important en production laitière en raison des pertes de croissance chez les jeunes et des chutes de production chez les adultes. La gestion du parasitisme en élevage est un sujet délicat, qui repose sur le principe de l’équilibre entre, d’une part, le maintien d’un contact entre les parasites et l’hôte afin de développer une immunité convenable et, d’autre part, la lutte contre les infestations importantes à l’origine d’une baisse de production ou, plus rarement, de signes cliniques.
Il existe des risques réels d’apparition de résistances des vers aux anthelminthiques (AH) et leur écotoxicité a été largement documentée (photo 1). L’utilisation des AH doit donc être réduite.
La mise en place de traitements ciblés sélectifs (TCS) est déjà relativement répandue chez les petits ruminants, en raison d’une situation préoccupante de résistance aux AH. Des traitements sélectifs sont régulièrement pratiqués chez les bovins laitiers adultes, mais pas chez les génisses (encadré, photo 2).
La mise en place d’un TCS chez les génisses en première saison de pâture nécessite une évaluation des risques et la catégorisation des animaux à traiter en fonction d’indicateurs simples à déterminer.
Les études présentées dans cet article ont été réalisées dans le cadre d’une thèse de doctorat vétérinaire [8].
L’exposition des bovins aux larves infestantes présentes sur les parcelles dépend de l’accès au pâturage des bovins et du niveau de contamination des parcelles. Les larves infestantes sont très résistantes dans l’environnement et peuvent survivre des mois, voire plus d’une année, sur les parcelles, selon les conditions météorologiques.
À la mise à l’herbe, les génisses entrent en contact avec des larves (L) ayant passé l’hiver, le risque est donc alors lié au niveau de contamination de l’année précédente. Puis le nombre de L3 infectantes augmente au cours de la saison, le niveau d’exposition dépendant des conditions météorologiques et de la conduite d’élevage.
Le niveau d’infestation dépend du niveau d’exposition et de l’immunité de l’hôte. L’installation et le maintien de l’immunité chez l’hôte nécessite un contact régulier avec le parasite.
D’après des enquêtes menées en abattoir en Europe, la distribution des SGI chez les bovins, génisses comme adultes, est surdispersée (ou agrégée) avec quelques individus porteurs de très fortes charges (> 10 000) [1, 3, 11]. Dans une enquête réalisée sur 93 vaches laitières (2011-2012), les résultats ont montré que les niveaux d’infestation variaient entre 20 et 21 591 Ostertagia ostertagii, 89 % des vaches hébergeant moins de 1 000 vers et seulement 1 vache en hébergeant plus de 10 000 [6].
L’utilisation des AH est élevée en élevage bovin, surtout chez les génisses de première saison de pâturage pour lesquelles un traitement collectif est presque toujours effectué, sans évaluation préalable du risque parasitaire, ce qui fait craindre une surutilisation des AH et une surprotection des génisses de première saison de pâturage.
Chez ces animaux, le risque de développement de résistances aux AH est important, en raison des traitements collectifs fréquents et de la conduite de pâturage : ces génisses pâturent sur des parcelles qui leur sont souvent réservées, avec une forte pression de sélection qui s’exerce au fil des ans.
Pour un contrôle efficace des SGI en prévenant les conséquences zootechniques et médicales, il est nécessaire de raisonner l’usage des AH afin de diminuer la pression de sélection exercée sur les populations de SGI (en maintenant des populations parasites refuges) et de favoriser le développement de l’immunité des animaux tout en préservant l’écosystème prairie.
La réduction de l’utilisation des AH pourrait passer par l’optimisation et la rationalisation de leur utilisation au travers d’interventions ciblées pendant les périodes à risque et sur les lots d’animaux à risque. Dans ces lots à risque, seuls les individus les plus infestés et/ou les plus atteints de parasitisme seraient traités afin de préserver une population refuge non soumise à la pression de sélection (stades libres dans le milieu extérieur ou stades parasitaires chez les animaux non traités). C’est le principe du TCS (photo 3).
Dans le cadre de la préparation de sa thèse, Aurélie Merlin a conduit plusieurs travaux visant à développer et à évaluer des stratégies durables de TCS chez les génisses, afin de ménager une population parasitaire (permettant l’installation de l’immunité) et de limiter le risque d’émergence de populations de SGI résistants, tout en préservant un niveau optimal de production [8].
La mise en place d’un TCS présuppose de disposer d’indicateurs solides pour identifier les animaux à traiter. Deux études ont ainsi été menées pour déterminer les critères de décision pour la mise en place de stratégie de TCS chez les génisses de première saison de pâturage. Elles ont combiné des indicateurs de conduite de pâturage (pour l’identification des lots à plus fort risque d’infestation par les SGI) avec le GMQ individuel afin d’identifier, dans ces lots à risque, les individus ayant des chutes de croissance liées aux infestations.
En 2013, 291 génisses en première saison de pâture provenant de six élevages différents de l’ouest de la France ont été suivies [10]. Dans chaque élevage, un à quatre lots étaient constitués, soit 12 lots au total (12 à 42 animaux par groupe). Ces génisses étaient de races holstein, normande ou croisée, avec un âge moyen à la mise à l’herbe de 8 mois (6 à 16 mois). Aucun AH longue action n’a été utilisé au cours de la saison de pâture. Des échantillons sanguins et fécaux ont été prélevés 3 mois après la mise à l’herbe, puis 1 mois et demi plus tard et, enfin, en fin de saison de pâture. Des comptages fécaux individuels ont été réalisés avec la technique de Mac Master, ainsi qu’un dosage individuel du pepsinogène sérique et une mesure du ratio de densité optique (ODR) pour évaluer le titre en anticorps anti-Ostertagia. À chaque échantillonnage, les scores cliniques ont été relevés : consistance des fèces (score de 0 pour normal à 2 pour diarrhéique) et souillure de l’arrière-train (0 : propre à 2 : très sale). Des pesées ont été effectuées à chaque échantillonnage. Les conditions météorologiques ont été enregistrées tout au long de la saison.
Les pratiques de pâturage ont été enregistrées (mise à l’herbe [MAH], supplémentation alimentaire et durée de pâturage), afin de permettre la constitution de trois niveaux d’exposition : exposition faible (MAH après juin, supplémentation alimentaire, moins de 198,2 jours de pâturage), exposition modérée (MAH avant juin, moins de 198,2 jours de pâturage, supplémentation) et exposition élevée (sortie avant juin, oui/non supplémentation, plus de 198,2 jours). Les différents lots ont ainsi été classés en fonction du risque estimé.
La coproscopie a montré une forte prédominance de Cooperia oncophora (8 % des larves identifiées) tout au long de la saison. O. ostertagii était présent uniquement en seconde partie de la période de pâturage. Les animaux des groupes à forte exposition avaient des comptages fécaux moins élevés que les deux autres groupes. Les valeurs de pepsinogène sérique ont augmenté au cours du temps, et de façon significative en fin de pâturage, pour toutes les catégories, ainsi que les valeurs d’ODR.
De grandes variations ont été observées dans les scores cliniques, sans rapport avec le degré d’exposition.
Des différences significatives ont été notées pour toutes les variables (excepté pour le score de diarrhée) entre les lots. Il existe une forte corrélation positive entre le taux de pepsinogène sérique et les valeurs d’ODR pour chaque catégorie. Ces indicateurs sont corrélés négativement au GMQ dans les groupes à expositions forte et modérée.
Dans les lots les plus exposés, les génisses ont affiché les comptages fécaux les plus bas, les plus fortes valeurs de pepsinogène sérique, les valeurs d’ODR les plus élevées, les plus hauts scores de souillure et les plus faibles GMQ (comparés aux lots à faible exposition).
Les génisses des lots à exposition modérée ont montré un schéma intermédiaire pour les indicateurs parasitaires, mais ont obtenu les scores de souillure de l’arrière-train les plus élevés et les plus faibles GMQ.
Ainsi, pour des niveaux d’exposition moyens et élevés, les pertes de poids dues aux SGI peuvent être anticipées.
Dans le groupe faiblement exposé, les scores de souillure de l’arrière-train et de diarrhée étaient corrélés positivement entre eux et négativement avec le GMQ, mais étaient sans relation avec les valeurs du pepsinogène sérique et d’ODR, suggérant que des agents autres que les SGI sont responsables de diarrhée dans ces lots. Chez ces animaux, la perte de poids ne peut être clairement attribuée aux SGI et l’utilité d’un traitement AH doit être réfléchie pour permettre le développement de l’immunité.
Les groupes constitués dans cet essai, selon le niveau d’exposition, se sont montrés pertinents, car des différences significatives existaient pour les indicateurs parasitaires entre les différents groupes.
Ces résultats sont en faveur d’un TCS de certains groupes de génisses et au sein de ces groupes, de certains animaux montrant de faibles GMQ. Ici, deux indicateurs sont utilisés : la pratique de pâturage (donnant le niveau d’exposition) et le GMQ.
L’objectif de cet essai a été de définir les indicateurs de pratiques de pâturage (rotation des pâtures et données météorologiques) permettant au mieux de catégoriser le niveau d’exposition du groupe et les indicateurs individuels pour mettre en place un TCS fondé sur le gain de poids en fin de saison, pour détecter les génisses les plus exposées. La période de la rentrée à l’étable facilite la manipulation (pesée, traitement).
Cette étude a été menée pendant deux saisons de pâturage sur 24 groupes de génisses en première saison de pâture, pour un total de 577 animaux âgés de 4 à 17 mois [9]. Ces derniers n’ont reçu aucun traitement AH pendant la saison de pâturage (6 mois, en moyenne).
Dans cette étude, la pression infectieuse larvaire a été calculée par le logiciel Parasit’sim, développé par I’Institut de l’élevage, en tenant compte de la gestion du pâturage et des conditions météorologiques. Il permet d’évaluer quelles générations d’œufs de strongles sont présentes dans une parcelle. En effet, après la première ingestion de larves de l’année précédente, et à l’issue de la période prépatente, les animaux excrètent la première génération d’œufs, dont le développement en larves dans le milieu extérieur dépend des conditions météorologiques. Se succèdent ainsi plusieurs générations d’œufs. Avant l’apparition de la troisième, le risque parasitaire est considéré comme nul ; au-delà, l’infectiosité de la parcelle est jugée suffisante pour entraîner une perte de production.
Les groupes de génisses ont été classés en deux catégories : faible risque (moins de trois générations sur la parcelle) et risqué élevé (plus de trois générations).
Des pesées ont été effectuées à la mise à l’herbe et à la rentrée à l’étable, de même que des prélèvements fécaux et sanguins, comme dans l’essai décrit plus haut. Le niveau d’exposition moyen a été déterminé par les valeurs d’ODR en fin de saison, avec un seuil de 0,7. Six groupes étaient faiblement exposés et 18 l’étaient fortement.
Parmi les indicateurs testés (durée de pâturage, supplémentation, etc.) pour prédire le niveau d’exposition, déterminé par les valeurs d’ODR, la pression infectieuse larvaire (au seuil de trois générations larvaires) donne les meilleures valeurs prédictives. La pression infectieuse larvaire est donc un bon indicateur du niveau d’exposition.
Les groupes à pression infectieuse larvaire élevée avaient en moyenne moins de supplémentation alimentaire, un temps de contact effectif avec les strongles plus long et montraient des taux de pepsinogène, des scores de diarrhée et de souillure de l’arrière-train plus élevés, ainsi que des GMQ plus faibles.
Chez les petits ruminants, le maintien d’un refuge permettant l’installation d’une immunité pour l’hôte et limitant les résistances des strongles, tout en contrôlant l’infestation, est obtenu en traitant 2 à 80 % des animaux [2, 7, 11]. Chez les bovins, peu de publications existent sur le sujet. Dans la méthode décrite dans cette étude, les animaux traités peuvent être choisis en fonction du degré d’exposition du groupe et de leur GMQ en fin de saison (photo 4). Aucune analyse complémentaire n’est nécessaire. Selon la proportion d’animaux à traiter, le seuil choisi pour le GMQ peut varier. Dans cette étude, placer le seuil de GMQ à 800, 683 et 500 g/j aurait permis de traiter respectivement 80, 50 et 20 % des animaux.
Une fois validés les indicateurs à utiliser pour la mise en place d’un TCS, l’efficacité d’un tel traitement devait être évaluée.
Dans cet essai, l’objectif était de tester les résultats d’un TCS sur 50 % des génisses en première saison de pâture sur la base des GMQ, par rapport à ceux d’un traitement collectif classique. Neuf élevages biologiques et six conventionnels de l’ouest, du centre et de l’est de la France ont été inclus, soit 23 groupes (pour 540 génisses). L’âge moyen à la mise à l’herbe était de 5,5 à 16,3 mois. Avant la mise à l’herbe, deux sous-groupes équilibrés ont été constitués (âge, poids, race) au sein de chaque groupe, chacun des sous-groupes étant soumis à un traitement AH, 3 mois après la mise à l’herbe (lévamisole par voie intramusculaire) :
- de toutes les génisses (sous-groupe TC : traitement complet) ;
- de 50 % des génisses (déterminées en fonction du GMQ moyen en milieu de pâturage du sous-groupe TC correspondant [sous-groupe TCS]).
Trois périodes d’observation ont eu lieu (mise à l’herbe, milieu de saison de pâture et rentrée à l’étable), au cours desquelles les pesées, les évaluations des scores cliniques et les prélèvements fécaux et sanguins ont été effectués. Le logiciel Parasit’sim a été consulté en parallèle : si le traitement du groupe avait été effectué après la troisième génération d’œufs, alors le groupe était qualifié de “à risque avant traitement” ; dans le cas contraire, il était qualifié de groupe “à risque après traitement”. Lorsque la parcelle n’avait pas connu de troisième génération, le groupe était considéré comme “sans risque”.
De grands écarts de GMQ ont été constatés entre les groupes, mais aucune différence significative n’a été notée entre les sous-groupes TC et TCS. De fortes variabilités dans les valeurs de pepsinogène sérique et d’ODR existaient entre les groupes.
Huit groupes ont été classés “à risque avant traitement”, huit “à risque après traitement” et quatre ont été classés « sans risque » (sortie tardive et supplémentation importante). Les autres données n’ont pu être interprétées.
Les GMQ individuels à la rentrée à l’étable dépendaient du GMQ individuel avant traitement et de la catégorie de risque au niveau du groupe. Les animaux ayant un GMQ avant traitement en dessous de la moyenne ont montré des GMQ plus faibles après traitement, quel que soit le sous-groupe d’appartenance. Les animaux appartenant aux catégories à risque (après ou avant traitement) avaient également des GMQ plus faibles. Ainsi, la croissance en seconde partie de saison est liée à celle de la première partie et au degré d’exposition aux SGI. Le traitement AH n’a pas d’effet significatif sur le GMQ après traitement. Aucune différence de gains de poids cumulés, quel que soit le niveau de risque, n’a été constatée.
Cette étude montre que les animaux non traités du sous-groupe TCS et caractérisés par un GMQ avant traitement élevé affichent des GMQ après traitement et des paramètres parasitaires similaires à ceux des animaux traités à fort GMQ dans le sous-groupe TC (photo 5). Le gain de poids en milieu de saison semble donc un paramètre intéressant pour l’identification des animaux qui sont peu infestés par les SGI, auront une bonne croissance au cours de la dernière partie de la saison et n’auront pas besoin de traitement.
De même, les animaux traités ayant un faible GMQ avant traitement ont conservé un GMQ inférieur à ceux des animaux ayant un fort GMQ avant traitement, quel que soit le sous-groupe. L’effet de l’AH n’était donc pas significatif dans ce modèle. L’usage d’un AH à longue durée aurait pu étendre l’effet AH.
La conduite du pâturage (sortie tardive, longue durée de supplémentation, durée de pâturage courte) des quatre groupes “sans risque” a été compatible avec une faible exposition aux SGI et de forts GMQ ; l’AH n’aurait sans doute pas été nécessaire.
Ici, le choix d’un seuil variable de GMQ pour obtenir 50 % d’animaux non traités a été décidé. Ce pourcentage fait débat, car il dépend d’un certain nombre de facteurs, mais un consensus existe pour que ce taux soit compris entre 20 et 80 %. Cependant, les incertitudes sur la taille idéale du refuge tendent souvent à décourager les vétérinaires à pratiquer le TCS chez les génisses.
En pratique, la proportion d’animaux à traiter dépend de l’impact attendu sur le GMQ. Lorsqu’un GMQ élevé est attendu, dans un contexte de pression parasitaire forte, il est nécessaire de traiter plus d’animaux, pour avoir des résultats similaires à ceux d’un traitement collectif. L’impact attendu en matière de GMQ doit être évalué pour déterminer la proportion d’animaux à traiter.
Le TCS est une pratique séduisante dès lors que les objectifs de production sont maintenus, car il permet de limiter les risques d’apparition de résistances des parasites, de maintenir un contact hôte-parasite garant de l’installation d’une bonne immunité, tout en limitant les traitements (écotoxicité). Il s’inscrit dans une agriculture durable.
Pourtant, les stratégies de TCS des génisses restent peu appliquées en élevage conventionnel (5 à 10 % des éleveurs en Belgique et en Allemagne) [5]. La mise en œuvre du TCS est plus importante en production ovine (plus de 25 % des éleveurs) dans de nombreux pays, son application étant facilitée quand les éleveurs sont en agriculture biologique ou qu’ils sont concernés par la résistance aux AH [4] (photo 6).
Disposer d’indicateurs faciles à mesurer pour cibler les animaux est un préalable essentiel à son application en élevage. Le GMQ individuel, en milieu ou en fin de saison de pâturage, est un bon indicateur des animaux à cibler dans des groupes exposés aux SGI.
Aucun.
→ La gestion raisonnée des strongyloses gastro-intestinales (SGI) est l’une des missions du vétérinaire. Deux enquêtes ont été menées auprès de praticiens [8]. Dans la première, 13 vétérinaires ruraux de divers profils (taille de la clientèle, âge, part du laitier, etc.) ont été soumis à un questionnaire sur leur lieu de travail. La seconde enquête, quantitative, a été effectuée en ligne auprès de 150 vétérinaires ayant assisté à une formation sur la gestion du parasitisme.
→ Les vétérinaires sont conscients de la nécessité de réduire les traitements AH, certains envisagent à moyen terme une modification de la réglementation à l’instar du plan ÉcoAntibio, même si les enjeux ne sont pas toujours clairs.
→ Les limites du traitement AH sont, selon eux, le coût significatif, le délai d’attente lait et l’écotoxicité. La résistance aux anthelminthiques n’est que rarement évoquée, sauf chez les praticiens confrontés à des cas de résistance chez les petits ruminants.
→ Le traitement ciblé sélectif est quelquefois déjà mis en place chez les vaches adultes, mais ne l’est jamais chez les génisses, car de fortes réticences existent pour cette catégorie d’âge, concernant la complexité de mise en Œuvre, le manque d’outils et le risque parasitaire. Le développement d’outils performants pour apprécier l’impact du parasitisme est un élément clé de la mise en œuvre de stratégies durables.
→ Les vétérinaires utilisent un protocole standardisé pour les génisses, quelquefois adapté à la technique d’élevage. Ils estiment que les éleveurs réalisent des traitements collectifs par habitude et pour se rassurer. Une partie des éleveurs ne traitent pas ou peu, parfois de façon justifiée par la conduite du pâturage. Le traitement le plus utilisé est l’éprinomectine pour-on, les vaches étant alors traitées avec le même produit.
→ Établir des plans de traitement ciblé sélectif demande du temps. C’est le principal frein évoqué. La disponibilité de l’éleveur, le manque de rentabilité (pour le vétérinaire), la nécessité de sensibiliser l’éleveur ou la difficulté à vendre ses services sont également cités.
→ Le traitement ciblé sélectif (traitement d’une partie des animaux les plus touchés) est à privilégier, dans le cadre d’une politique de réduction de l’utilisation des anthelminthiques en élevage ; il permet le maintien d’une population refuge.
→ La combinaison d’indicateurs collectifs et individuels du risque parasitaire (gain moyen quotidien [GMQ] en milieu ou en fin de saison) permet de cibler les animaux à traiter.
→ La proportion de génisses à traiter dépend des objectifs attendus en ce qui concerne la croissance.
→ Les résultats d’un traitement ciblé sélectif, fondé sur des indicateurs pertinents, sont similaires à ceux d’un traitement collectif.