Environnement et production bovine : réalité et missions du vétérinaire - Le Point Vétérinaire expert rural n° 386 du 01/06/2018
Le Point Vétérinaire expert rural n° 386 du 01/06/2018

CONGRÈS

Article de synthèse

Auteur(s) : Céline Lardy

Fonctions : Health Initiative
Le Point Vétérinaire
11-15, quai de Dion-Bouton
92800 Puteaux

Au cœur des problématiques de l’environnement, l’élevage bovin est l’objet de vives critiques, plus ou moins fondées

Lors des dernières journées annuelles de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) en mai à Nantes (Loire-Atlantique), un atelier était consacré à l’environnement. En effet, l’élevage en général, et celui des bovins en particulier, a fait l’objet de vives attaques et est accusé de nuire à l’environnement. Si certaines de ces critiques sont infondées, souvent avancées par des détracteurs bien éloignés des réalités de l’élevage, d’autres méritent d’être entendues, réfléchies.

Le vétérinaire est l’interlocuteur idéal pour cela : rôle dans la préservation de la faune, conseils en conduite d’élevage, prise en compte des paramètres environnementaux, prescription des médicaments, garant des bonnes pratiques d’élevage.

Il a également des responsabilités en tant que citoyen et doit montrer l’exemple en cabinet (gestion de l’énergie, des déchets, des effluents, etc.) (encadré 1).

Nous verrons dans un premier temps les principales critiques formulées envers l’élevage bovin, puis nous détaillerons deux exemples dans lesquels le vétérinaire peut agir au quotidien en suivant une démarche raisonnée.

ÉLEVAGE BOVIN ET ENVIRONNEMENT : IDENTIFIER LES MENACES RÉELLES

La production bovine est accusée de nuire à l’environnement et à l’écologie. Parmi les critiques formulées, citons des arguments plus ou moins étayés : concurrence alimentaire, empreinte eau considérable, nocivité des produits animaux sur la santé humaine, production de gaz à effet de serre (GES), pollution des sols, résidus médicamenteux, responsabilité dans l’antibiorésistance.

Certains arguments sont facilement opposables, d’autres méritent un développement plus poussé. Aujourd’hui, les bienfaits des produits laitiers et de la viande en alimentation humaine sont prouvés, en particulier chez les enfants en croissance, les femmes enceintes et les personnes âgées.

La lutte contre l’antibiorésistance est en route et la profession vétérinaire s’est largement investie dans ce projet de société, aux côtés des professionnels de la santé humaine.

Côté résidus et hygiène des denrées alimentaires, les contrôles tout au long de la chaîne ainsi que les bonnes pratiques d’élevage, de la naissance de l’animal à son abattage (respect des délais d’attente, tenue du registre d’élevage, prescription raisonnée de médicaments, etc.), garantissent la traçabilité des produits et l’absence de résidus médicamenteux, car les sanctions sont sévères.

1. La concurrence alimentaire des bovins : une menace de famine ?

La concurrence alimentaire des bovins menacerait l’équilibre planétaire. À terme, les hommes risqueraient la famine [6]. Cette idée répandue est à l’origine de mouvements mondiaux, tels que “Stop Eating Meat”. Cet argument est facilement opposable : les ruminants ont une alimentation spécifique, sans concurrence avec celle des monogastriques. Les ruminants permettent la valorisation des fourrages et des sous-produits de l’industrie agroalimentaire (son, drêches, tourteau) et des biocarburants.

Une étude néerlandaise montre que le régime végan, s’il était appliqué aux Pays-Bas, nourrirait moins de personnes [7]. Les auteurs concluent que la surface agricole nécessaire pour nourrir un habitant est minimale avec une alimentation de 12 % de protéines animales. À ce niveau, les animaux consomment de manière optimale les coproduits de l’industrie agroalimentaire. De plus grandes populations peuvent être alimentées avec des rations plus riches en protéines animales, si les terres sont inadaptées aux cultures céréalières. Le pourcentage optimal de protéines animales en alimentation humaine dépend donc de la taille de la population à nourrir et du partage relatif des surfaces inadaptées aux cultures céréalières.

2. Empreinte eau des bovins

Nous avons tous entendu des informations dramatiques concernant l’empreinte eau supposée énorme de l’élevage bovin [6]. Mais les valeurs de l’empreinte eau avancées dans certaines études sont discutables, en raison des méthodes de calcul utilisées (photo 2). Ainsi, l’étude de Mekonnen et Hoekstra, qui a largement fait parler d’elle, comptabilise tous les volumes intervenant dans la production (eau verte, bleue et grise) [5]. Or le standard ISO 14046 définit les exigences relatives à l’évaluation de l’empreinte eau sur la base de critères quantitatifs (empreinte eau “consommative”) et qualitatifs (pollution potentielle).

Sur ces critères, seuls 20 à 50 l d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de bœuf et 2,7 à 16 l d’eau pour 1 l de lait. Ces chiffres sont donc très inférieurs à ceux annoncés par Mekonnen (15 000 l d’eau pour 1 kg de bœuf et 1 020 l d’eau pour 1 l de lait).

LES GES

1. Élevage et GES

Les émissions anthropogéniques de gaz à effet de serre représentent chaque année 49 gigatonnes équivalent CO2 (Gt eq CO2), dont un quart est imputable à l’agriculture et à la foresterie en général, la moitié à l’agriculture, soit 5 à 5,8 Gt eq CO2 par an [6]. L’élevage, toutes espèces confondues, est responsable de 3,1 Gt eq CO2 par an, dont 60 % imputables aux bovins (2 Gt eq CO2) (photo 3). Ces émissions de GES par l’élevage bovin peuvent avoir cinq origines : la fermentation du rumen, les effluents, l’utilisation des engrais azotés, l’énergie consommée dans l’exploitation et l’empreinte CO2 des intrants (production, conservation, transport).

2. Comment limiter les GES

L’émission liée aux effluents dépend du mode de gestion. Il est ainsi possible de limiter l’émission de GES en suivant une démarche adaptée (photo 4). Ainsi, dans les conditions anaérobies (fumier entassé et lisier dans de grosses cuves, souvent en production intensive), la production de méthane (CH4) augmente. À l’inverse, les fumiers contenant peu de paille (stabulation entravée) émettent moins de gaz que les fumiers très pailleux. Les effluents des bovins en prairie émettent moins de GES, d’où l’intérêt du pâturage.

Il est également important de raisonner en globalité : une ration plus concentrée en énergie permet, certes, de diminuer la quantité de méthane produite, mais les bouses étant alors moins facilement dégradables, en raison de l’augmentation de fibres non digérées par l’inhibition de la flore cellulolytique, l’émission des effluents est augmentée. Le fumier est un engrais précieux, qu’il est nécessaire de chercher à valoriser. La séparation des cultures et de l’élevage constitue un non-sens, qui a fait des dégâts dans de nombreux pays : les rendements en céréales ont chuté dans un quart des pays de la planète.

Les bovins sont donc responsables de 6,5 % des émissions de GES. Mais il importe également de considérer les prairies permanentes, liées à l’élevage des ruminants, comme un puits de carbone. Dans l’Union européenne des 27, elles représentent 31 % du territoire et fixent 2,7 t CO2/ha par an. Elles compensent ainsi jusqu’à 30 % des émissions pour le lait et 50 % pour la viande. Ces chiffres sont valables pour des conditions de pâturage normales. En effet, la capacité de séquestration de carbone du sol dépend de la charge en unités gros bovins (UGB). Le surpâturage, souvent lié aux difficultés financières des éleveurs, diminue donc les capacités de fixation. La rémunération des éleveurs est ainsi au cœur des enjeux environnementaux.

Les vétérinaires peuvent également agir sur la santé du troupeau, en diminuant le taux de réforme et en améliorant l’efficience de la production. Les émissions de GES diminuent lorsque la production annuelle des vaches augmente, mais plafonne aux alentours de 5 000 l par an. Pour les producteurs laitiers, la reproduction saisonnière avec des vêlages au début du printemps a été limitée, en raison du prix du lait d’hiver, mais au détriment du pâturage. Là encore, des critères économiques sont au cœur de cette problématique.

PRÉSERVATION DU MILIEU : EXEMPLE D’UNE LUTTE ANTIPARASITAIRE RAISONNÉE

1. Toxicité environnementale des antiparasitaires

Les antiparasitaires, à activité biocide et à excrétion fécale, entraînent des perturbations de la faune non cible. Ainsi, les avermectines sont toxiques pour les coprophages, l’oxyclozanide est toxique pour les faunes de fumier et aquatique, tout comme le nitroxynil et le triclabendazole. Cette toxicité aquatique est due à l’élimination urinaire (faible), à l’élimination irresponsable d’emballages ou à la fixation dans les matières organiques. Les lactones contenues dans les bouses sont toxiques pour les crustacés (organismes filtreurs) et les organismes qui s’en nourrissent.

Les insectes coprophages, et notamment les bousiers, ont un rôle dans la qualité des pâturages et contribuent à l’amélioration des sols (photo 5). Ils sont sensibles au closantel et aux lactones. La toxicité est moindre pour la moxidectine. La demi-vie des avermectines est très longue : jusqu’à 3 à 7 mois dans le sol pour l’ivermectine (2 semaines en été). Les stades larvaires des bousiers sont particulièrement sensibles pendant 2 semaines après traitement. Il est donc conseillé d’éviter l’usage des avermectines au printemps et en automne, pour éviter la destruction de toute une chaîne alimentaire.

Une étude avait déjà montré en 1975 que les insectes coprophages contribuaient à limiter l’éclosion des larves de strongles dans les bouses [2]. Paradoxalement, le traitement antiparasitaire, en diminuant la population de coprophages, pourrait donc contribuer à créer des conditions favorables au développement des parasites.

En septembre 2015, l’European Agency for the Evaluation of Medicinal Products (EMEA) publie un rapport sur les substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) concernant l’usage des macrolides. Il y est recommandé de privilégier les traitements individuels, injectables, en bâtiment et sur coproscopie. La mise en place de plans antiparasitaires avec d’autres molécules est également préconisée. En juillet 2016, un rapport sur la prévention des résistances recommande l’utilisation de molécules à spectre étroit, après diagnostic coproscopique, ainsi que la rotation des traitements et l’utilisation de médecines complémentaires et de mesures agronomiques. Enfin, dans le cadre d’un arbitrage sur la moxidectine en septembre 2017, cette dernière a été classée très persistante, avec une demi-vie supérieure à 180 jours à 12 °C. En conséquence, l’EMEA recommande d’éviter les traitements en période d’activité maximale des coprophages et de toujours évaluer le bénéfice-risque.

Dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché, une étude d’écotoxicité est obligatoire pour les antiparasitaires. Lorsque le quotient de risque est élevé, les fabricants doivent proposer des mesures pour en limiter les effets toxiques.

La profession vétérinaire est depuis longtemps mobilisée pour mettre au point des protocoles de traitement, garants à la fois du bien-être animal et de la préservation de l’environnement.

Dans le cadre de la lutte contre les strongyloses digestives, Philippe Camuset (praticien à Yvetot, en Seine-Maritime) a présenté la marche à suivre, sur la base des travaux effectués par la commission parasitologie de la SNGTV.

2. Traiter aussi souvent que nécessaire et aussi peu que possible

La lutte contre le parasitisme requiert la mise en place d’une démarche du type HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) : vermifuger à bon escient et valider l’ensemble de la démarche par approche zootechnique, et des examens complémentaires. Le traitement médicamenteux doit être complété par des mesures agronomiques (rotation des pâtures) et la connaissance de l’épidémiologie [1].

Dans le cas des strongyloses digestives, le niveau de contamination du pâturage est déterminant pour l’impact clinique et les pénalisations sont liées aux chutes de production. Le risque parasitaire est également étroitement lié à l’immunité. L’analyse épidémiologique permet d’estimer le niveau parasitaire et de déterminer le moment où le risque parasitaire est le plus important. Cela peut être effectué à l’aide de logiciels ou manuellement par la connaissance de la population parasitaire présente, de la compétence immunitaire des animaux, de la dynamique d’infestation de la pâture, de l’évolution de l’infestation et du nombre de générations parasitaires auxquelles les animaux sont confrontés. En France, sous les conditions météorologiques classiques, le pic de contamination survient généralement fin août début septembre (en première saison de pâture, le risque zootechnique apparaît à la troisième génération parasitaire et le risque clinique à la quatrième génération).

Dans ces conditions, il convient de mettre en place un traitement en première saison de pâture, en tenant compte de l’impact environnemental, et de veiller à ce que les animaux puissent s’immuniser, car cela va conditionner le reste de leur “carrière”. Des mesures agronomiques, ainsi que des mesures médicales (soit préventives en début de saison de pâture, soit curato-préventives avec des formulations rémanentes au cours de la saison de pâture) sont alors définies.

À la fin de la première saison de pâture, le dosage du pepsinogène sur 5 animaux permettra d’évaluer la charge parasitaire et l’efficacité du traitement.

Si la concentration moyenne des prélèvements est inférieure à 1 000 mU Tyr, aucun traitement de rentrée à l’étable n’est en principe nécessaire, mais attention, car cela peut aussi signifier un contact trop limité empêchant la constitution d’une immunité convenable. Si la moyenne est supérieure à 1 750 mU Tyr, la charge parasitaire est forte, un traitement par les macrolides (pour éviter le risque d’ostertagiose de type 2 en hiver) est effectué et une remise à plat des contrôles de l’infestation est nécessaire. Ce traitement peut toutefois compromettre le développement d’une immunité convenable.

Enfin, si la moyenne est comprise entre 1 000 et 1 750 mU Tyr, le risque maîtrisé, un traitement au lévamisole ou au benzimidazole est généralement suffisant

Ces mesures médicamenteuses doivent être complétées par des mesures agronomiques : le vétérinaire devra alors justifier les propositions de changement de conduite, à l’aide de schémas thérapeutiques argumentés. Selon les cas, plusieurs stratégies sont possibles :

– parcelles saines ou peu contaminées : elles seront plutôt réservées aux animaux naïfs. Il s’agit de parcelles neuves ou en repos (6 à 8 mois) ou encore utilisées par des vaches adultes, des ovins ou des équins ;

– pâturage tournant : les animaux changent de parcelle avant qu’elle ne soit trop infestée de larves L3. Dans ce cas, il est préférable de traiter après déplacement sur parcelle propre pour éviter une pression de sélection sur la population parasitaire, favorisant l’apparition de résistance.

Conclusion

Environnement et élevage sont étroitement liés, mais également interdépendants. La préservation de l’environnement, des milieux naturels est aussi une mission du vétérinaire. Il convient de garder à l’esprit que productivité (et rentabilité) et préservation de l’environnement ne sont pas incompatibles, bien au contraire (encadré 2). L’engagement vers une agriculture plus durable est une attente citoyenne. La bonne image de l’élevage est indispensable pour l’ensemble de la filière.

Références

  • 1. Camuset P. Utilisation des examens de laboratoire pour moins de traitements (pepsinogène, coproscopies, DO Ostertagia, suspicion dictyocaulose. JNGTV, Nantes. 2018:289-302.
  • 2. Finscher GT. Effects of dung beetle activity on the number of nematode parasite acquired by grazing cattle. J. Parasitol. 1975;61(4):759-762.
  • 3. Le Cam O. Rendre nos cliniques écolos ? Adoptons au moins quelques gestes écoresponsables. JNGTV, Nantes. 2018:607-610.
  • 4. Le Drean Quenec’hdu S. Gestion déchets-effluents : éviter d’en produire, choix jetable vs réutilisable, gestion des encombrants. JNGTV, Nantes. 2018:601-606.
  • 5. Mekonnen NM, Hoekstra AY. A global assessment of the water footprint of farm animals products. Ecosystems. 2012;15:401-415.
  • 6. Rollin F. Impact environnemental et rentabilité des exploitations laitières : même combat ? JNGTV. 2018:615-620.
  • 7. Van Kernebeek H. et coll. Saving land to feed a growing population: consequences for consumption of crop and livestock products. The International Journal of Life Cycle Assessment. 2016;21(5):677-687. http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratiqueecoresponsable-aubureau.Pdf

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1
Écologie en clinique

Au cabinet, il est également possible d’adopter une attitude plus respectueuse de l’environnement [3, 4].

→ Limiter la consommation d’énergie : à l’occasion de la construction ou de la rénovation des bâtiments professionnels, il est intéressant de réfléchir à une optimisation de la qualité énergétique pour réduire sa consommation. Des conseils sont disponibles sur le site de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Les travaux seront effectués avec un professionnel dans le cadre d’une démarche haute qualité énergétique (HQE) pour locaux professionnels.

→ Réduire les déplacements : limiter la livraison de médicaments par la centrale à une ou deux fois par semaine, ce qui implique une meilleure gestion et une anticipation des stocks, effectuer un planning des prélèvements pour grouper les envois. L’optimisation des tournées est possible : des remises peuvent être proposées aux éleveurs qui passent leurs appels en début de journée, pour faciliter la gestion. L’équipement de matériel de géolocalisation et d’un agenda électronique permet de fluidifier et d’optimiser les déplacements de chacun des vétérinaires en tournée.

→ Gérer les déchets de soins : des solutions simples existent pour diminuer le volume des déchets de soins sans risque infectieux ou toxiques, il convient pour cela de se rapprocher du centre de tri :

– favoriser le tri sélectif : verre, bidons en polyéthylène haute densité (PEHD), etc. (location de containers spéciaux, contrats avec déchetterie) ;

– s’équiper d’un composteur : il permet de recycler les gants de fouille biodégradables, les crottins, les litières biodégradables, le marc, etc. Le compost obtenu ne doit pas être utilisé pour le potager, en raison du risque (toxoplasmose, échinococcose), mais pour les plantes d’ornement uniquement (photo 1).

Les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) et assimilés et les pièces anatomiques sont soumis au décret 97-1048 du 6/11/1997. Il s’agit des déchets en relation avec l’activité de diagnostic et du matériel de dentisterie (amalgames). L’Ordre des vétérinaires a publié deux guides, l’un pour le traitement des DASRI, l’autre pour les déchets à risque toxique et chimique (désinfectants, produits périmés). Les désinfectants seront utilisés à bon escient, en favorisant le nettoyage (composition des sols, des murs) et en privilégiant les produits écolabel.

Points forts

→ L’élevage bovin est responsable de 6,5 % des émissions anthropogéniques de gaz à effet de serre.

→ L’empreinte eau de l’élevage bovin est importante, mais a été revue à la baisse.

→ Rentabilité et pratiques respectueuses de l’environnement ne sont pas incompatibles.

→ La gestion raisonnée du parasitisme limite les effets toxiques des antiparasitaires et garantit des conditions de vie compatibles avec les exigences en matière de santé animale.

ENCADRÉ 2
Rentabilité et préservation de l’environnement sontelles compatibles ?

Pour le savoir, une étude a comparé deux exploitations de taille similaire : un élevage extensif en agriculture biologique (52 vaches) et un élevage intensif en zero grazing (60 vaches) [6]. L’élevage intensif utilise des prairies permanentes et les animaux sont à l’herbe du 1er au 15 novembre. Les performances de reproduction sont similaires dans les deux cas, avec des intervalles vêlagevêlage équivalents et un âge de 2 ans au premier vêlage.

La production laitière est beaucoup plus importante en élevage intensif, avec des productions annuelles par animal variant du simple au double entre les deux élevages (tableau 1).

Pourtant, au final, les coûts de production d’un litre de lait sont deux fois plus importants en élevage intensif qu’en élevage extensif (tableau 2). Dans le dernier cas, le prix payé par les laiteries est proche du prix de revient d’un litre de lait, alors qu’en élevage biologique, le lait est vendu 10 à 12 centimes plus cher. Dans notre cas, l’élevage extensif est plus rentable que l’élevage intensif et plus durable sur le plan environnemental : diminution des intrants et augmentation de la séquestration de carbone (C) rapportée par litre de lait (121 g de C/l versus 26 g/l) (photo 6). Les revenus de l’élevage intensif sont générés en grande partie par la vente de génisses à fort niveau génétique.

Les systèmes d’élevage fondés sur le pâturage sont plus rentables et plus respectueux de l’environnement que les élevages intensifs.

Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr