Investigations de troubles respiratoires en élevage allaitant : la “4D” avec simplicité - Le Point Vétérinaire expert rural n° 375 du 01/05/2017
Le Point Vétérinaire expert rural n° 375 du 01/05/2017

APPROCHES ZOOTECHNIQUES EN ÉLEVAGE BOVIN

Cas clinique

Auteur(s) : Matthieu Leblanc*, Sarah El Bay**, Vincent Plassard***, Guillaume Belbis****

Fonctions :
*Cabinet vétérinaire de Lurcy-Lévis,
route de Pouzy, 03320 Lurcy-Lévis
**Pathologie du bétail, ENV d’Alfort,
7, avenue du Général-de-Gaulle,
94704 Maisons-Alfort Cedex
***Pathologie du bétail, ENV d’Alfort,
7, avenue du Général-de-Gaulle,
94704 Maisons-Alfort Cedex
****Pathologie du bétail, ENV d’Alfort,
7, avenue du Général-de-Gaulle,
94704 Maisons-Alfort Cedex

Analyse de courants d’air, différentiel de température et d’humidité relative… Même sans tout l’attirail, il est possible de formuler un diagnostic et des conseils en bâtiment aboutis.

Les visites d’élevage, largement documentées depuis plusieurs années dans les publications, peinent parfois à se développer sur le terrain [4, 5, 6]. La prévention est encore difficile à concevoir et à mettre en place au sein d’une clientèle rurale : le contexte économique est difficile et un éleveur peut refuser d’investir dans des solutions de long terme. De plus, le vétérinaire traitant est en concurrence avec les organismes professionnels agricoles sur ce créneau du conseil, et ses disponibilités en temps et en investissements manquent parfois [4, 5].

Ces visites demandent des compétences multiples désormais enseignées dans les écoles vétérinaires, mais l’abord global qui s’impose peut effrayer un vétérinaire rural débutant en exercice. Il convient de posséder une certaine hauteur de vue pour “faire les bons choix avec l’éleveur”, tandis que le novice privilégie spontanément l’approche curative (et l’obstétrique !) afin de gagner rapidement l’adhésion du client éleveur… Lorsqu’un trouble pathologique collectif en élevage est identifié dans une clientèle, il est néanmoins possible de faire appel à l’expérience d’autres vétérinaires. De quoi obtenir parfois l’enthousiasme de l’éleveur et une bonne observance des mesures préconisées en prime, comme l’illustre ce cas.

CAS CLINIQUE

Depuis plusieurs années, des troubles respiratoires sont présents sur le site principal d’une exploitation allaitante, chez les veaux avant l’âge de 2 mois. Ils sont récurrents malgré la mise en place progressive de diverses mesures par les vétérinaires traitants (encadré 1). L’éleveur a fini par penser que “cela fait partie de l’élevage”.

1. Présentation

Cet élevage-naisseur est un groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) situé dans le nord de l’Allier. Il inclut deux personnes et un salarié, pour seulement deux équivalents temps plein. 150 vaches allaitantes de race charolaise et 90 brebis texel y sont élevées, sur deux sites : le principal comporte un bâtiment de 120 vaches adultes et leurs veaux, ainsi qu’un autre pour les élèves, l’ensemble datant de 2004. Les vêlages se répartissent entre fin novembre et début mars, près de 60 % d’entre eux se concentrant sur le mois de décembre.

2. Première analyse de la situation

Depuis plusieurs années, le taux de morbidité pour les troubles respiratoires chez les veaux est d’environ 25 à 30 %, tandis que le taux de létalité reste inférieur à 5 % (tableau 1). Le taux de rechute des veaux atteints (après traitement) est tout aussi bas.

Classiquement, les cas ne débutent qu’à partir du mois de janvier, chez des veaux atteignant l’âge de 1 mois. Il s’en déclare ensuite chez de plus jeunes, au fur et à mesure de la progression de la saison. Cette année, les troubles ont commencé plus tardivement (début février) chez des veaux âgés de 2 mois environ.

3. Approche “historique” des cas

Actuellement, le diagnostic des veaux malades est réalisé à partir de leur état général (abattement, baisse de l’appétit) lors d’une surveillance systématique, deux fois par jour. La température de l’animal suspect est alors prise. Une fois détectés, les veaux sont traités par voie intramusculaire (IM) avec des antibiotiques (association de lincomycine et de spectinomycine, Linspec(r), à la dose du résumé des caractéristiques du produit [RCP]) et un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS, acide tolfénamique, Tolfine(r), dose RCP). Lorsque l’atteinte est plus grave, l’appel du vétérinaire par l’éleveur est systématique. Le praticien référent évoque alors des atteintes cliniques parfois sévères, avec des températures rectales supérieures à 40,5 °C, un abattement marqué et une dyspnée respiratoire sévère. Hormis une augmentation de l’intensité des bruits respiratoires, aucune anomalie particulière n’est décelée en général, à l’auscultation respiratoire. Dans ces cas sévères, est mis en place un traitement à base de dexaméthasone (Dexadreson(r), dose RCP) par voie intraveineuse (IV), combiné à une antibiothérapie (association de lincomycine et de spectinomycine, Linspec(r), ou encore florfénicol, Florkem(r), aux doses RCP). Comme évoqué précédemment, le taux de succès du traitement est élevé et les morts (ou les conséquences à long terme) sont rares.

Une analyse à la fois bactériologique et virologique a été réalisée au début de l’année 2016 chez un veau affecté, en phase aiguë, à partir du liquide d’aspiration trans­trachéale. Pasteurella multocida et Mannheimia haemolytica ont été isolées.

À la suite d’une discussion avec l’éleveur, et sur la base de ces éléments, il est décidé, en cette fin d’hiver, de faire appel au service de pathologie du bétail de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), pour investiguer ces troubles respiratoires collectifs, au-delà du traditionnel abord pastorien individuel. Face à l’enthousiasme de l’éleveur pour cette proposition, un rendez-vous est fixé au 24 février 2017.

4. Observations générales en visite référée

La visite d’exploitation avec l’équipe universitaire s’effectue le matin, en présence de l’éleveur et de l’un des vétérinaires traitants. Après un récapitulatif demandé à l’éleveur oralement, les protagonistes se dirigent rapidement vers le bâtiment où les troubles sont observés. L’étable qui héberge les couples mères-veaux est une structure bipente avec faîtage ouvert (largeur faîtière : 20 cm) de 40 m de long sur 48 m de large, avec un couloir d’alimentation central. Un mur en parpaings est présent sur 2 m de haut, sur les deux longs pans, surmonté d’une tôle perforée sur la longueur des longs pans, à l’exception des angles, en tôle pleine (photos 1 et 2).

La face nord-ouest est située à proximité immédiate du bâtiment des élèves, alors que son opposée se trouve en regard d’une pâture. La ferme est située dans une cuvette. Les vents dominants dans la région (de sud-ouest) sont ceux qui soufflent le jour de la visite (photo 3) [10].

À première vue, l’aspect des veaux est normal, avec un beau poil et une croissance satisfaisante. Les vaches sont en excellent état, extrêmement propres. Les scores de remplissage du rumen sont satisfaisants. Le paillage est réalisé deux fois par semaine.

5. Prises de mesure

Une fois ces premiers constats effectués, une analyse des surfaces est réalisée. À l’aide d’un mètre laser, les distances sont calculées.

Surfaces planes

Le bâtiment est divisé en huit cases séparées par des barrières. Chacune offre 167 m2 d’aire paillée et 35 m2 de table d’alimentation (presque 90 cm de profondeur sur la longueur de 40 m du bâtiment). À l’arrière de chaque case, une aire de repos paillée pour les veaux d’une surface de 42 m2 est présente. La surface fournie pour chaque catégorie d’animaux est convenable par rapport aux recommandations.

Les cases des vaches sont curées une fois au cours de la période de stabulation. Les zones des veaux ne peuvent pas l’être durant la saison de stabulation et ne sont vidées que durant la période de pâturage. Les veaux délaissent souvent les cases qui leur sont dédiées et préfèrent rester dans l’aire de repos des mères, sauf lorsque la litière dans les cases à vaches est sale. Un défaut de confort des cases à veaux est suspecté.

En trois dimensions : volumes, entrées et sorties d’air

En tenant compte des hauteurs sous-faîtière et sous-gouttière et de l’inclinaison du toit, en plus des largeurs et des longueurs, le volume du bâtiment est estimé à 11 350 m3, soit en moyenne 95 m3 par couple mère-veau. Ce chiffre est au-dessus des normes recommandées (25 à 35 m3/couple) (photo 4).

Les entrées et sorties d’air ont été estimées en tenant compte de la porosité des matériaux utilisés et des surfaces de chaque ouverture. L’entrée d’air ainsi calculée est de 19 m2, soit 0,16 m2 par couple mère-veau (recommandations : 0,25 à 0,32 m2). Seuls les pans avec tôles perforées ont été pris en compte dans le calcul ; les portes laissées ouvertes n’ont pas été intégrées. Les sorties d’air (ouverture en faîtière, toiture très légèrement décalée) sont estimées à 10,8 m2, soit 0,09 m2 par couple mère-veau (recommandations : 0,125 à 0,16 m2) [9].

Quatrième dimension : température, humidité, polluants et mouvements de l’air

→ Les températures de litière sont mesurées dans toutes les zones de couchage des veaux : aucune valeur ne dépasse les 40 °C, ce qui est conforme aux recommandations. La litière est propre le jour de la visite.

→ Des mesures d’humidité relative (HR) et de température (T) sont également réalisées à 10 heures du matin, à l’extérieur (T : 7 °C ; HR : 75,8 %) et en différents points du bâtiment. Le “poids de l’eau” dans plusieurs cases à veaux est supérieur à 0,89 g/kg, ce qui constitue une valeur inadaptée par rapport aux recommandations (< 0,5 g d’eau/kg d’air sec).

→ L’ammoniac n’est pas perçu (odeur piquante) au cours de la visite.

→ La vitesse de l’air dans différentes zones de logement des veaux a été estimée à l’aide d’une flamme de briquet.

Des courants d’air supérieurs à 0,3 m/s sont ici notés dans plusieurs zones du bâtiment, et plus spécialement pour les cases à veaux. Les veaux tolèrent des courants d’air d’une vitesse inférieure à 0,25 m/s (avec une tolérance pour des pointes à 0,5 m/s). Ces courants d’air sont par conséquent supérieurs à ceux qui sont acceptables pour les animaux (et ce d’autant plus que les vents du jour n’étaient pas prononcés).

Les mouvements d’air sont étudiés à l’aide de fumigènes (encadré 2).

6. Synthèse des données : diagnostic du bâtiment

Les sorties d’air sont insuffisantes dans ce bâtiment, les entrées sont également trop faibles lorsque les portes sont laissées fermées (tableau 2). La ventilation est limitée pour les cases situées le plus à l’est (la fumée peine à monter ; effet vent insuffisant). Des courants d’air sont ressentis au niveau de la plupart des cases à veaux, en particulier celles situées au sud (alors même que le vent du jour est assez faible). Cela est lié à une retombée de l’air à la hauteur des cases à veaux.

Les mouvements d’air sont beaucoup plus faibles dans le reste du bâtiment. Lors de la visite, l’évacuation de la vapeur d’eau est inférieure à ce qui est toléré. Ce constat est à mettre en relation avec les résultats des tests fumigènes. Il est ainsi prouvé que les polluants sont insuffisamment évacués le jour de la visite. Le décalage des toitures n’est pas suffisant pour renforcer l’effet vent, ce qui peut expliquer les difficultés d’évacuation des fumigènes.

7. Mesures correctives proposées

Sur la base des analyses et des observations réalisées, des recommandations sont formulées :

1. Poursuivre la vaccination des veaux comme actuellement, mais vacciner les génisses contre la diarrhée virale bovine (BVD) avant leur mise à la reproduction.

2. Retirer la dernière rangée de parpaings des murs nord et sud (rangée actuellement non fixée) pour augmenter les entrées d’air. La principale conséquence est la retombée d’air sur les veaux, qui risque d’augmenter. Pour s’en prémunir, placer un déflecteur en regard de chacune de ces entrées. Les effets de cette mesure prioritaire devront être vérifiés avant la mise à l’herbe.

3. Dans un second temps, remplacer les tôles de l’angle nord-ouest du bâtiment par des tôles perforées.

4. La ventilation est à vérifier après que cette mesure a été mise en œuvre. Si les mesures précédentes sont insuffisantes pour permettre une maîtrise de la ventilation, l’agrandissement du décalage entre les toitures devra être envisagé afin d’aider l’effet cheminée.

DISCUSSION

Une visite d’élevage, même avec des moyens simples, peut apporter de multiples enseignements, à condition d’inclure les “quatre dimensions”.

L’intervention en référé la rend plus didactique pour l’éleveur comme pour le vétérinaire de l’élevage. Cela facilite l’observance des recommandations formulées. Dans ce cas, les mesures conseillées ont été mises en œuvre en quelques semaines (photo 5).

Pour que la visite porte ses fruits, il s’agit d’être objectif et concis dans les mesures effectuées comme dans la rédaction du rapport. Une hiérarchie dans les choix diagnostiques comme thérapeutiques s’impose [3]. Une ou plusieurs visites de contrôle sont systématiquement nécessaires car la hiérarchisation des choix reste subjective et pragmatique. Une efficacité dès le premier essai n’est donc pas garantie.

1. Des troubles enzootiques d’origine multifactorielle

Les troubles respiratoires dans cet élevage semblent enzootiques. Ils surviennent après un premier pic de vêlage, lorsque le chargement du bâtiment est important, souvent à la faveur d’événements météorologiques. De plus, la mortalité est faible, l’incidence augmente au fil de la saison et l’âge des animaux atteints s’abaisse. Une implication forte de facteurs de risque (bâtiment, etc.) dans la survenue des cas a donc été suspectée. Une visite centrée sur le bâtiment a été décidée, les aspects étiologiques ayant été mis de côté et la conduite d’élevage ayant été jugée satisfaisante dans ce cas (figure).

2. Des mesures en plusieurs dimensions

Même en l’absence de matériel spécifique (anémomètre à fil chaud, mesure d’ammoniac, etc.), des paramètres objectifs peuvent être collectés pour déterminer si le bâtiment est un facteur de risque de troubles respiratoires. Il convient de ne pas s’arrêter à la simple mesure des surfaces et de s’intéresser aux volumes disponibles. Le volume moyen de 95 m3 par couple mère-veau était excessif ici, mais c’est quasi systématiquement le cas pour tous les bâtiments de conception récente. La hauteur sous plafond est importante afin que le tracteur puisse entrer pour l’alimentation, le curage et le paillage. Les modifications sur ce point sont alors difficiles à proposer.

De même, une simple prise de température de litière ne suffit pas. Si elle est conforme aux recommandations dans ce cas, elle révèle la qualité du paillage, donc reflète la qualité de la conduite d’élevage, masquant les défauts d’ambiance.

Le calcul de la différence entre les poids de l’eau de l’extérieur et de l’intérieur du bâtiment permet de s’assurer que l’évacuation des polluants est suffisante. Une valeur inférieure à 0,5 g d’eau/kg d’air sec confirme que le bâtiment élimine correctement l’humidité produite par les animaux, ce qui n’était pas le cas ici (encadré 3). Pour les courants d’air, la même approche pratique a été privilégiée. La flamme d’un briquet se couche d’un angle de 30° lors de courants d’air compris entre 0,1 et 0,3 m/s et d’un angle de 60° pour des vitesses d’air entre 0,3 et 0,8 m/s. Or les veaux ne tolèrent les courants d’air qu’en dessous de 0,25 m/s (avec des pointes à 0,5 m/s) [2].

3. Et les agents pathogènes 

L’implication d’agents pathogènes dans les maladies respiratoires des jeunes bovins n’est pas oubliée ici puisque la première mesure préconisée est de continuer à vacciner (virus respiratoire syncytial [RSV] et BVD) en élargissant la vaccination BVD aux génisses.

La recherche d’agents pathogènes réalisée chez un seul veau et l’absence d’autopsie ne permettent pas de déterminer la cause principale des troubles observés dans le troupeau. Un seul agent pathogène initie-t-il chaque épisode respiratoire ? Dans la tranche d’âge entre 1 et 2 mois, la prévalence de Manheimia haemolytica et celle du virus respiratoire syncytial bovin (VRSB) sont à peu près équivalentes (elle diminue classiquement dans le temps pour la première tandis qu’elle augmente pour le RSV [8]).

Des mycoplasmes tels que Mycoplasma bovis entrent-ils en jeu ici  Ces agents pathogènes sont plus difficiles à mettre en évidence. Ils sont en tout cas visés par le vétérinaire traitant avec le choix d’une association de lincomycine et de spectinomycine en première intention chez les veaux malades.

L’implication du virus de la BVD dans les troubles rencontrés est possible (comme agent immunosuppresseur), mais cette hypothèse n’a pas été mise en avant ici en termes d’approche. Les modalités de vaccination contre la BVD, n’incluant pas les génisses mises à la reproduction (alors qu’elles représentent une classe très à risque), ne sont pas optimales et seront à rediscuter avec le vétérinaire traitant.

La vaccination réalisée chez les veaux permet seulement ici une protection contre le VRSB dans les premières semaines de vie, pour devancer cet agent pathogène. Un relais par voie générale est absent, mais les troubles respiratoires ne sont pas centrés sur les animaux plus âgés (pas de pertes de gros bovins dues au RSV notamment). L’implication d’agents pathogènes présentant une virulence élevée semble ici peu probable vu la faible mortalité observée. L’éleveur a restreint plusieurs fois le recours au vaccin pour des raisons économiques. Obtenir son adhésion pour des changements de protocole semblait difficile. L’approche étiologique de la pathologie respiratoire a un coût bien supérieur à celui des quelques mesures correctives simples proposées pour améliorer le bâtiment. Même la proposition concernant la toiture, préconisée ici dans un second temps, consiste simplement à augmenter l’ouverture des écailles entre des tôles qui existent déjà, à mi-pente. Cela va améliorer la montée de l’air et l’effet vent. Cette solution est peu coûteuse et assez simple de réalisation (l’éleveur l’avait même soumise spontanément, la trouvant réalisable).

Conclusion

La pathologie respiratoire a prouvé son origine multifactorielle : il s’agit de s’en servir et de ne pas s’y perdre.

La vaccination était dans ce cas la seule mesure préventive prise, mais l’éleveur accusait ses limites sur ce point. Il s’agissait ici de contourner son fatalisme, et de prendre en compte les aspects économiques et psychologiques de l’élevage allaitant, pour proposer autre chose. Des solutions qui “parlent à l’éleveur” ont été recherchées, susceptibles d’amener rapidement des résultats. L’ensemble de la démarche s’est attaché à garder son adhésion, ce qui est capital dans le cadre d’une approche globale [1]. Quitte à adopter par la suite un abord plus étiologique, en particulier si les résultats sont insuffisants.

Pour ne pas perdre la motivation de l’éleveur, des visites régulières ont d’ores et déjà été réalisées pour tester les prototypes mis en place avant la mise à l’herbe. Il s’agira d’évaluer régulièrement et objectivement les progrès obtenus et les limites de cette approche de première intention, très axée sur le bâtiment.

Pareille expertise peut devenir classique et être étendue à d’autres élevages de la clientèle, à condition qu’ils connaissent l’existence de ce service. Il revient au vétérinaire de le formaliser et de le proposer, avec conviction et passion [1].

Références

  • 1. Bohy A. Offre de services en élevage allaitant : intérêt, mise en place et concrétisation. Proceedings JNGTV, Nantes. 2011:658-660.
  • 2. Bosse P. Le logement en élevage bovin laitier. Document de cours. Ed. Service de zootechnie et économie rurale. ENVA, Maisons-Alfort. 2002:125.
  • 3. Guérin D. Visites d’élevage et syndromes multifactoriels en élevage allaitant : illustration par deux cas concrets. Proceedings JNGTV, Nantes. 2011:663-670.
  • 4. Leblanc M. Offre de services en clientèle vétérinaire rurale : enquête auprès des vétérinaires et d’un échantillon d’éleveurs. Thèse Méd. Vét. Alfort. 2016:123.
  • 5. Leblanc M et coll. Enquête “vétérinaires” sur les offres de services en pratique rurale : le grand décalage. Enquête “éleveurs” sur les offres de services en pratique rurale : le grand décalage Point Vét. 2016;369:46-56.
  • 6. Maillard R, Belbis G, Millemann Y. Visite respiratoire : replacer le bâtiment dans son contexte. Point Vét. 2009;n°sp.“Outils pour la visite d’élevage”(40):15-20.
  • 7. Maillard R, Cassard H, Corbière F et coll. Maladies respiratoires enzootiques de bovins : méthodes générales d’approche. Proceedings JNGTV, Nantes. 2011:148.
  • 8. Tessier V, Roy O, Audeval C et coll. Maladies respiratoires des veaux non sevrés. Proceedings JNGTV, Nantes. 2013:831-836.
  • 9. Vin H. Quand et comment remettre en cause le bâtiment : appréciation pratique du risque bâtiment. Proceedings JNGTV, Nantes. 2011:147-154.
  • 10. Windfinder.com. Site internet. Vent, vagues et météo pour les kitesurfeurs, planchistes, surfeurs et navigateurs. Consulté en février 2017.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1
Historique des mesures de prévention et dépistage dans cet élevage

→ Le troupeau est indemne de rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). Une suspicion de diarrhée virale bovine (BVD) est évoquée par l’éleveur, datant de 2005 (3 broutards avec un retard de croissance marqué, ayant conduit à une suspicion d’infectés persistants immunotolérants (IPI), mais sans qu’aucune analyse ait été réalisée). Une vaccination avec le vaccin Pregsure(r) a alors été mise en œuvre pendant 5 ans. En 2010, la vaccination BVD a été arrêtée par souci d’économies. Lors de la campagne 2015-2016, des sérologies BVD de mélange ont été réalisées, à la demande du vétérinaire référent, sur les sérums de prophylaxie : les titres en anticorps laissent alors présager d’une circulation récente du virus. Une vaccination avec le vaccin Bovela(r) a été mise en place depuis, qui n’a concerné que les vaches, les génisses mises à la reproduction n’ayant pas été vaccinées (pour des questions de coût, et l’éleveur estimant le risque moindre pour cette catégorie d’animaux, non en contact avec les veaux de l’élevage). Peu d’achats sont réalisés actuellement, à l’exception de taureaux. Des dépistages sérologiques de la BVD et de l’IBR sont réalisés à l’introduction.

→ Une vaccination contre certains agents pathogènes respiratoires est mise en œuvre depuis plusieurs années. Les veaux sont vaccinés à partir de l’âge de 15 jours par voie intranasale (Rispoval(r) Intranasal). Aucun relais vaccinal par voie intranasale ou parentérale n’est réalisé par la suite.

ENCADRÉ 2
Constats sur les mouvements d’air dans cet élevage

Les mouvements d’air sont étudiés par fumigation après les mesures du bâtiment, les constats de température et d’humidité. Cette partie de la visite se distingue de l’étude des courants d’air.

→ Dans la partie du bâtiment située au nord-ouest : l’évacuation des fumigènes a été réalisée en moins de 5 minutes, ce qui est conforme aux objectifs en cette saison (idéalement moins de 15 minutes pour un bâtiment chargé en hiver).

→ Dans la partie du bâtiment située au nord-est et au sud-est, l’évacuation des fumigènes est lente et difficile. La fumée peine à monter, stagne, puis finit par être évacuée. L’effet cheminée est faible et l’effet vent insuffisant pour permettre une évacuation correcte de l’air vicié (probablement en raison du positionnement du bâtiment des élèves au nord de ce bâtiment, qui limite la vitesse du vent, donc la ventilation).

ENCADRÉ 3
Calcul du poids de l’eau : exemple de mesures effectuées dans ce cas

Le calcul du poids de l’eau est réalisé à l’aide d’une table donnant la quantité d’eau (noté Q, en g/kg d’air sec) selon la température (T), lorsque l’air est saturé d’eau (humidité relative [HR] = 100 %).

→ Calcul du poids de l’eau à l’extérieur (noté Pext) : T = 7 °C, HR = 75,8 % (mesurés)

Pour une température de 7 °C, la table donne Q = 6,21 g/kg

Pext = Q x HR = 6,21 x 0,758 = 4,71 g/kg

→ Calcul du poids de l’eau dans une des cases (Pcase1) : T = 8,4 °C, HR = 79,5 % (mesurés)

Pour une température de 8,4 °C, la table utilisée donne Q = 6,77 g/kg

Pcase1 = Q x HR = 6,77 x 0,795 = 5,38 g/kg

Calcul de la différence des poids d’eau

ΔP = Pcase1 — Pext = 0,67 g/kg

Le résultat est trop élevé (normes < 0,5 g/kg), comme les quatre autres calculs, sur les huit réalisés pour les cases à veaux [2].

Points forts

→ Un calcul du “poids de l’eau” dans le bâtiment (par simples mesures de température et d’humidité relative) permet de s’assurer que l’évacuation des polluants est suffisante (norme : inférieur à 0,5 g d’eau/kg d’air sec).

→ La flamme d’un briquet se couche d’un angle de 30° lors de courants d’air entre 0,1 et 0,3 m/s et de 60° pour des vitesses d’air comprises entre 0,3 et 0,8 m/s (tolérance des veaux : vitesse de l’air inférieure à 0,25 m/s).

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