Données épidémiologiques sur le carcinome épidermoïde - Le Point Vétérinaire expert rural n° 374 du 01/04/2017
Le Point Vétérinaire expert rural n° 374 du 01/04/2017

CANCÉROLOGIE DES BOVINS

Fiche

Auteur(s) : Béatrice Lamblin

Fonctions : Cabinet vétérinaire d’Alésia,
16 bis, avenue Jean-Jaurès
21150 Venarey-Les-Laumes

Des chiffres obtenus post-mortem en France sont disponibles, à comparer aux autres données publiées sur cette tumeur aussi appelée épithélioma spinocellulaire.

Dans une étude rétrospective de cancérologie sur 78 bovins autopsiés ou examinés (histologie) à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) entre 2001 et 2008, les tumeurs cutanées arrivent en seconde position, avec 17 % du total (figure 1). Le carcinome épidermoïde, dans deux localisations (palpébrale ou ano-vulvaire), est de loin la plus fréquente de ces entités avec 11 cas, soit 85 % (figure 2, encadrés 1 et 2).

Références

  • 1. Carvalho T, Vala H, Pinto C et coll. Immunohistochemical studies of epithelial cell proliferation and p53 mutation in bovine ocular squamous cell carcinoma. Vet. Pathol. 2005;42,66-73.
  • 2. Dukes TW, Bundza A, Corner AH. Bovine neoplasms encountered in Canadian slaughterhouses: a summary. Can. Vet. J. 1982;23:28-30.
  • 3. Gracey JF, Collins DS, Huey RJ. Meat hygiene. 10e edition. Saunders Ltd. 1999:768p.
  • 4. Heeney JL, Valli VEO. Bovine ocular squamous cell carcinoma: an epidemiological perspective. Can. J. Comp. Med. 1985;49:21-26.
  • 5. Meuten DJ. Tumors in domestic animals. 4e édition. Ames: Iowa State Press. 2002:788p.
  • 6. Russell WC, Brinks JS, Kainer RA. Incidence and heritability of ocular squamous cell tumors in hereford cattle. J. Anim. Sci. 1976;43(6):1156-1162.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1
En France, une surreprésentation de la montbéliarde

→ Les bovins affectés de carcinome épidermoïde sont relativement âgés par rapport aux statistiques de l’étude (4 à 19 ans, moyenne : 9 ans +/- 4 ans, pic entre 8 et 10 ans, contre 21 jours à 19 ans, avec une moyenne de 6 ans). D’après d’autres données publiées, les bovins affectés ont généralement plus de 5 ans, l’incidence atteint un maximum entre 7 et 9 ans [4]. Il ne semble pas y avoir de prédisposition de sexe.

→ Cinq races différentes sont affectées dans l’étude ENVT 2001-2008 (figure 3). La montbéliarde arrive en tête (37 % des bovins atteints contre 6 % dans la population totale de l’étude). La simmental est également surreprésentée (18 % des bovins atteints contre 5 % dans la population totale). Ces deux races ont le contour de l’œil peu pigmenté. L’Observatoire national des anomalies bovines (Onab) n’a pas été saisi au sujet des carcinomes épidermoïdes chez la montbéliarde ou la simmental en France. Dans les?publications anglophones, les herefords semblent prédisposées : 25,3 % en race pure sont affectées et 17,7 % des croisées (tumeurs ou lésions précancéreuses [6]. Attention, la couleur de la robe ne présume pas de la pigmentation péri-oculaire (par exemple, la charolaise est claire en surface, mais pigmentée en profondeur).

ENCADRÉ 2
Biais de recrutement et spécificités nationales

→ Les animaux de l’étude menée à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) entre 2001 et 2008 ont été référés au service de pathologie des ruminants pour une hospitalisation, une autopsie ou une simple histologie sur pièce d’exérèse. Ils ne sont pas représentatifs de la population bovine française. Une population de référence serait nécessaire pour servir de base de comparaison. Les formes malignes avancées pourraient être surreprésentées dans l’étude de l’ENVT (à l’inverse, les tumeurs bénignes, localisées, comme les papillomes, ou n’induisant que rarement des signes cliniques, comme les schwannomes, sont relativement rares).

À Toulouse, le processus tumoral mis en évidence à l’examen nécropsique était clairement à l’origine de l’hospitalisation et de la mort de l’animal dans 93 % des cas. Dans deux cas (3 %), la tumeur était une simple découverte d’autopsie.

Le carcinome épidermoïde, bien qu’agressif localement, ne métastase que tardivement. Son diagnostic est aisé (masse péri-oculaire diffuse et infiltrante, souvent ulcérée) et son ablation chirurgicale est possible. Cela peut expliquer le fait qu’il soit moins représenté à l’ENVT. Les cas référencés dans l’étude sont majoritairement des pièces d’exérèse envoyées par des vétérinaires praticiens (8 sur les 13 cas de tumeurs cutanées étudiées).

→ Les travaux de Dukes et coll., en 1982, portaient sur 17 millions de bovins aux abattoirs canadiens sur 6 ans [2]. 8 % de tumeurs cutanées ont été observées sur 738 bovins affectés de tumeurs, soit la troisième position derrière les tumeurs nerveuses, contrairement à la deuxième position par ordre de fréquence à Toulouse.

→ Le carcinome épidermoïde oculaire est moins fréquent dans l’étude française que dans les essais menés aux États-Unis, où il est la première néoplasie bovine, tous types de production confondus [5]. Les prédispositions raciales (pas de herefords en France) et le fort degré d’ensoleillement (dans le sud-ouest des États-Unis) peuvent expliquer ces spécificités nationales. La répartition du carcinome épidermoïde est mondiale, mais l’incidence varie suivant la région géographique, en corrélation avec le degré d’ensoleillement. Au Canada et en Irlande du Nord, cette néoplasie est en troisième et quatrième positions des tumeurs observées aux abattoirs (7,4 et 6,6 % des tumeurs totales) [2, 3]. Dans sa localisation oculaire, cette tumeur est la plus fréquente chez les bovins en Amérique du Nord, tous types de production confondus [5]. Aux États-Unis, elle est à l’origine de 82 % des saisies pour motif tumoral et de 12,6 % des saisies totales aux abattoirs. En Alberta (Canada), les valeurs sont respectivement de 66 et 12 %. L’incidence totale de cette néoplasie chez les bovins atteint 0,98 % selon les études menées aux abattoirs et 5,6 % selon les études réalisées au sein des troupeaux [4].

Au Portugal, elle représente la deuxième tumeur bovine après celles du tractus urinaire, soit 21 % des saisies tumorales aux abattoirs [1].

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