“Varron” : en France, la situation épidémiologique est favorable - Le Point Vétérinaire expert rural n° 365 du 01/05/2016
Le Point Vétérinaire expert rural n° 365 du 01/05/2016

HYPODERMOSE BOVINE

Article de synthèse

Auteur(s) : Cécile Perrin*, Sophie Mémeteau**, Carine Paraud***, Chloé Taveau****

Fonctions :
*Laboratoire national de référence hypodermose
bovine, Anses, laboratoire de Niort
60, rue de Pied-de-Fond, CS28440, 79024 Niort Cedex
Cecile.perrin@anses.fr
**Association pour la certification
en santé animale (Acersa),
149, rue de Bercy, 75012 Paris
***Laboratoire national de référence hypodermose
bovine, Anses, laboratoire de Niort
60, rue de Pied-de-Fond, CS28440, 79024 Niort Cedex
Cecile.perrin@anses.fr
****GDS
149, rue de Bercy, 75012 Paris

Le dispositif actuel est conforté par les résultats obtenus dans le cadre de la surveillance aléatoire.

L’hypodermose bovine est une myiase. Des nodules apparaissent au printemps dans le tissu sous-cutané du dos des bovins. Elle est due à la présence et au développement de larves de diptères du genre Hypoderma (famille des œstridés), parasites obligatoires dans cette espèce. Il existe deux espèces chez les bovins : H. bovis et H. lineatum, très largement réparties géographiquement. Elles sont rencontrées dans toutes les zones tempérées de l’hémisphère Nord, en Europe, mais aussi en Afrique du Nord, au Canada, aux États-Unis et en Asie [10].

En France, historiquement, ces deux espèces étaient relativement fréquentes, avec un taux de prévalence d’infestation estimé à environ 40 % [10, 11]. Leur impact économique était loin d’être négligeable : baisse de la production laitière, ralentissement de la croissance des jeunes, immunodépression engendrée par les larves. Les lésions de la peau, surtout de chaque côté de la ligne du dos, déprécient fortement le cuir [10, 11]. À la fin des années 1980, les éleveurs se sont organisés par régions, pour mettre en place un plan de lutte collectif, rendu obligatoire en 1998. L’ensemble des régions a ainsi été assaini. Le plan a évolué vers une surveillance renforcée sur les points à risque.

UN CYCLE ANNUEL POUR UNE MOUCHE DE 1 SEMAINE

Les mouches ont l’aspect d’abeilles (photo 1). Leur rayon d’action est de 5 km. À la période estivale, les femelles pondent des œufs sur le pelage des parties inférieures du corps des animaux, de préférence sur la partie distale des membres. H. lineatum pond des rangées d’œufs tandis que H. bovis pond des œufs isolés. De couleur jaune, ces derniers sont macroscopiquement visibles. Les larves du premier stade L1 éclosent après 2 à 6 jours d’incubation et pénètrent dans le tissu conjonctif sous-cutané, à travers lequel elles vont accomplir des migrations jusqu’en fin d’hiver.

Les larves du premier stade L1 de H. bovis se déplacent le long des filets nerveux et atteignent le tissu adipeux épidural, dans le canal rachidien.

Les larves de H. lineatum se dirigent surtout vers la sous-muqueuse de l’œsophage où elles se rassemblent. Dans les deux cas, elles demeurent ensuite dans ces localisations pendant 2 à 3?mois, puis, en janvier-février, elles migrent vers le tissu conjonctif sous-cutané de la région dorso-lombaire. Elles y évoluent en larves de deuxième stade L2 (varron blanc) et de troisième stade L3 (varron brun), pendant 10 à 11?semaines. En fin de printemps, les L3 matures sortent du kyste par l’orifice, tombent sur le sol et s’y transforment en pupe. Selon les conditions climatiques, le stade pupaire dure de 24 à 70 jours pour H. bovis et de 24 à 38 jours pour H. lineatum. Les mouches adultes sortent des pupes, elles ne se nourrissent pas et s’accouplent très rapidement (photo 2). Une femelle pond environ 800 œufs, en se déplaçant peu, au plus sur quelques kilomètres (environ 5 km). La durée de vie d’une ouche adulte ne dépasse pas 8 jours.

Les étés secs accélèrent la sortie des adultes alors que l’humidité est défavorable à la pupaison, limitant ainsi les infestations l’année suivante [10]. Pendant les 11 et 12 mois que dure leur cycle évolutif, les larves passent environ 10?mois dans l’organisme de l’animal (figure 1). Ainsi, pendant l’automne et l’hiver, ces deux espèces d’hypodermes ne sont présentes que chez les bovins parasités. Cette particularité a rendu possible l’éradication de cette myiase, par traitement systématique de tous les animaux.

DIAGNOSTIC : UNE CONFIRMATION POSSIBLE PAR SÉROLOGIE

1. Une myiase à suspecter à tout âge

Lorsque le programme de lutte contre le varron a été mis en place, les animaux les plus touchés étaient les jeunes. Les adultes étaient moins réceptifs en raison de l’acquisition, avec l’âge, d’une certaine immunité. Désormais, compte tenu de la quasi-absence de foyer d’hypodermose dans les cheptels français, les bovins seraient tous réceptifs en cas de nouvelle infestation, quel que soit leur âge.

2. Un impact clinique protéiforme

Un à plusieurs centaines de nodules peuvent être constatés sur un bovin infesté (photo 3). Les infections secondaires aboutissent généralement à la formation d’abcès. La migration des larves de H. bovis à travers le tissu adipeux épidural peut entraîner de l’inflammation et de la nécrose pouvant s’étendre au périoste. Des troubles nerveux peuvent survenir, se traduisant par une paralysie liée à des compressions de la moelle épinière. Les larves de H. lineatum peuvent être à l’origine d’une inflammation de la sous-muqueuse œsophagienne et provoquer une sténose de l’œsophage à l’origine de dysphagie. Lorsque les mouches adultes abondent, elles peuvent, au moment de la ponte, gêner considérablement les animaux et en particulier leur alimentation. Les nodules se situent sur la zone lombaire des bovins. Ils peuvent susciter de l’agitation (photo 4). Dans le cadre de la lutte contre le varron, toute suspicion chez le bovin doit faire l’objet d’une confirmation par le vétérinaire (encadré 1).

L’hypodermose peut affecter d’autres espèces de mammifères. Elles sont alors considérées comme des culs-de-sac épidémiologiques ou concernées par d’autres espèces d’hypoderme (encadré 2).

3. Les pertes liées au varron

Historiquement, dans certaines régions, les larves d’Hypoderma causaient des pertes économiques importantes : des retards de croissance, une baisse de la production laitière et la détérioration des cuirs. La perte de production de viande lors de la première année d’infestation parasitaire a été estimée à 5 à 15 kg et la chute de production laitière à 1 à 3 %. Les dépréciations de la valeur du cuir étaient évaluées de 5 à 50 % (en 1987, perte de 910 millions de francs selon le Comité interprofessionnel de développement de l’industrie du cuir, CIDIC) [11]. Même si actuellement la situation est favorable en France, les professionnels de la filière restent extrêmement sensibles à cette problématique : la différence de prix entre une peau saine et une autre varonnée est d’environ 15 €, soit un rapport du simple au double (données France Agrimer sur la période 2002 à 2010). Les exportations se font principalement vers les pays de l’Union européenne (90 %), majoritairement vers l’Italie (80 %). Les varrons sont également à l’origine de saisies à l’abattoir, sources de manque à gagner pour la filière. Ils sont principalement recherchés dans la sous-muqueuse œsophagienne et également dans le canal rachidien autour de la moelle épinière. De bonnes performances zootechniques de croissance sont primordiales pour la valorisation de la viande bovine. Or les retards de croissance liés à l’immuno­dépression engendrée par les larves L1 peuvent aller de 5 à 15?kg par bovin infesté. Cette parasitose engendre aussi des pertes à “l’épluchage” (en moyenne 1,1?kg et jusqu’à 5?kg au-delà de 10 varrons), voire des saisies partielles de carcasse, liées aux traînées œdémateuses dues à la migration des larves [10, 11].

DISPOSITIF DE LUTTE : PHASE DE CONTRÔLES

L’impact de l’hypodermose en élevage et au niveau de l’industrie du cuir a poussé les organisations professionnelles à engager en 1989 un programme de lutte organisé, étendu à toutes les régions en 1998. Ce plan, mis en œuvre par les groupements de défense sanitaire (GDS) s’articulait en deux parties :

– une phase initiale de traitement systématique des animaux, visant à détruire le plus tôt possible toutes les larves d’hypoderme présentes, au cours de leur migration (avant leur arrivée dans le canal rachidien ou l’œsophage). Des microdoses d’ivermectine ont été administrées exclusivement par un vétérinaire, de septembre à février ;

– une phase de contrôles, d’abord visuels, puis sérologiques, avec mise en œuvre, si nécessaire, de traitements “tactiques” ciblés sur les zones infestées ou considérées à risque [2].

L’application de ce plan à l’ensemble des cheptels français rendue obligatoire au 1er juillet 1998 et renforcée par l’arrêté ministériel du 6 mars 2002, a conduit à une diminution rapide de la prévalence nationale des cheptels atteints d’hypodermose entre 1998 et 2001 : de 5,7 à 0,4 % [9]. Au vu de l’avancée du plan de lutte, l’hypodermose bovine a été une maladie réputée contagieuse sous sa forme clinique en février 2006 (décret n° 2006-178, 17 février 2006), rendant sa déclaration obligatoire.

L’hypodermose est actuellement classée comme danger sanitaire de deuxième catégorie (arrêté ministériel du 29 juillet 2013). La situation est très favorable (encadré 3, figure 2). Elle doit être préservée. L’action collective engagée depuis plusieurs années est maintenue dans une phase de surveillance. Le programme actuel vise à s’assurer de l’absence de recrudescence de nouveaux foyers par une surveillance aléatoire. Il s’attache également à mettre l’accent sur les pratiques à risque (introduction d’animaux issus d’élevages à risque) ou sur les zones ou cheptels à risque (zones frontalières des pays n’ayant pas mis en œuvre de plan de lutte connu : Belgique, Espagne, Italie, etc.).

Les traitements tactiques (c’est-à-dire préventifs, pour les cheptels à risque, à réaliser entre septembre et février) ont concerné en 2013-2014 un total de 1 869 bovins, répartis dans 83 cheptels, surtout situés dans les zones frontalières. Ils sont en forte diminution, n’étant plus systématiques dans ces secteurs : les actions de contrôle sont privilégiées. Avermectines et milbémycine (lactones macrocycliques) sont recommandées. L’ivermectine est la seule qui peut être utilisée en microdose (impérativement de septembre à février, par le vétérinaire) [2]. Les charges supplémentaires de surveillance et de prévention en zones frontalières sont prises en charge par les GDS (104 201 €), avec la participation de l’État (60 000 €).

SURVEILLANCE, QUALIFICATION ET POLICE SANITAIRE DE L’HYPODERMOSE BOVINE

1. Objectifs

→ Pour la surveillance obligatoire :

– maintenir le statut “assaini varron” des différentes régions sur le territoire métropolitain ;

– détecter précocement tout foyer d’hypodermose (encadré 4).

→ Pour le dispositif volontaire de qualification : garantir le statut du cheptel d’origine lors de transactions commerciales.

2. Population surveillée

Les bovins domestiques sont ciblés, dans l’ensemble de la France métropolitaine.

3. Modalités de surveillance

Surveillance événementielle

Même si la maladie n’est plus réglementairement classée dans les maladies réputées contagieuses et à déclaration obligatoire, toute lésion cutanée évocatrice d’hypo­dermose bovine doit être déclarée à la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) et au GDS du département où se trouvent les animaux porteurs de lésions suspectes.

Surveillance programmée obligatoire

La surveillance programmée obligatoire est effectuée à l’occasion des prophylaxies ou par contrôle visuel :

– lors de dépistage d’un échantillon aléatoire de cheptels tirés au sort ;

– lors de dépistage orienté des cheptels ou des animaux : analyse du risque par le maître d’œuvre (lien épidémio­logique avec un cheptel infesté, zone à risque, comme les zones frontalières, résultats d’analyses non négatifs lors du précédent contrôle sérologique).

La surveillance s’appuie sur des analyses sérologiques réalisées sur des mélanges de dix sérums ou des laits de mélange, mais aussi sur des contrôles visuels. Les prélèvements nécessaires aux analyses sérologiques reposant sur la mise en évidence des anticorps antilarves L1 (technique Elisa) ne peuvent s’effectuer qu’entre le 1er décembre et le 31 mars, alors que les contrôles visuels ne sont possibles qu’en fin de printemps.

Les analyses sur sérums de mélange dans les élevages tirés au sort ou devant faire l’objet d’un contrôle orienté sont programmées au moment de la prophylaxie et ne peuvent être réalisées que si les prélèvements sont réalisés entre le 1er décembre et le 31 mars.

En cas de positivité sur sérum ou sur lait, la confirmation ou l’infirmation se réalise par contrôle visuel des animaux positifs en fin de printemps.

Le laboratoire de Niort de L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été nommé récemment Laboratoire national de référence pour l’hypodermose bovine (arrêté du ministère de l’Agriculture en date du 29 décembre 2015). À ce titre, il assure :

– des missions de référence en contrôles de réactifs ;

– l’animation du réseau de laboratoires départementaux vétérinaires (essais interlaboratoires d’aptitude [EILA]) ;

– un appui scientifique et technique.

Désormais, il peut être sollicité pour toutes expertises sérologiques de l’hypodermose bovine.

Contrôle des introductions

Tout bovin introduit, s’il n’est pas issu d’un élevage qualifié “cheptel assaini en varron”, doit être soumis à un traitement hypodermicide, sauf s’il répond à l’une des conditions de dérogation suivantes :

– il est introduit dans un troupeau d’engraissement dérogataire détenant des bovins uniquement en bâtiment fermé ;

– il s’agit d’un bovin né après le 31 octobre et introduit avant le 1er mars de l’année suivante.

Le GDS s’assure de la bonne réalisation des traitements à l’introduction par des requêtes régulières portant sur les mouvements de bovins, afin de s’assurer que ceux-ci issus de zones à risque (comme certains pays étrangers) n’ont pas été introduits sans traitement. Il peut ainsi être amené à demander aux vétérinaires de réaliser le traitement qui aurait dû être administré au moment de l’introduction.

4. Dispositif facultatif : qualification des élevages

Des élevages peuvent être qualifiés (gestion par l’Association de certification en santé animale [Acersa] ; maîtres d’œuvre : schémas territoriaux de certification [STC]). Les STC sont habilités à délivrer les appellations “assaini en varron” ou “indemne de varron” aux cheptels de leur zone. Celles-ci garantissent le statut du cheptel de provenance lors d’échanges commerciaux. Les cheptels respectivement situés en zone assainie ou indemne et qui répondent au cahier des charges national peuvent y prétendre.

5. Police sanitaire

L’hypodermose bovine est classée dans les dangers sanitaires de catégorie 2. Sa déclaration reste obligatoire [4, 6, 7].

Conclusion

Le statut “assaini” de l’ensemble des régions concernées est actuellement maintenu sans difficultés. Compte tenu du très faible niveau de prévalence obtenu ces dernières campagnes, toutes ou une partie des régions pourraient travailler à l’obtention de la qualification “zone indemne”. Toutefois, pour une même zone, cela rendrait les conditions d’échantillonnage plus contraignantes. Cela n’est donc pas envisagé, faute de plus-values commerciales par rapport au statut “assaini”. La vigilance doit rester de mise. Les zones frontalières demeurent toujours sensibles, la majorité des derniers foyers détectés étant en rapport avec ces zones ou avec des introductions de bovins provenant des pays concernés. La présence du varron, donc de foyers, est toujours possible en raison de l’absence de plans de lutte organisés connus dans les pays limitrophes, de l’absence de barrières naturelles dans certaines de ces zones, et de la proximité des troupeaux français et étrangers en zone d’estive.

Dans ce contexte, la surveillance des zones à risque, les traitements tactiques, le contrôle des introductions et les contrôles orientés restent d’actualité, les départements plus exposés de par leurs frontières jouant le rôle de bouclier sanitaire.

Références

  • 1. Acersa. Cahier des charges CC VAR 01, version C, et avis du 25?novembre 2009 portant homologation du cahier des charges technique en matière d’hypodermose bovine (Consulté le 7 octobre 2013). http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/cc_var_01__version_C.pdf
  • 2. Boulard C et coll. 2008. A successful, sustainable and low cost control-programme for hypodermosis in France. Vet. Parasitol. 2008;158:1-2,1-10.
  • 3. Guillet J et coll. Abrégé de parasitologie clinique des équidés. Volume 1 : Parasitoses et mycoses externes. Kalianvis, Clichy. 2005 ;1:286p.
  • 4. Journal officiel de la République française. Arrêté du 29 juillet 2013 relatif à la définition des dangers sanitaires de première et deuxième catégories pour les espèces animales.
  • 5. Journal officiel de la République française. Décret n° 2012-845 (30 juin 2012) relatif aux dispositions générales organisant la prévention, la surveillance et la lutte contre les dangers sanitaires de première et deuxième catégories.
  • 6. Journal officiel de la République française. Arrêté ministériel en vigueur (21 janvier 2009) fixant les mesures de prophylaxie collective et de police sanitaire de l’hypodermose bovine (remplace l’arrêté du mars 2002).
  • 7. Journal officiel de la République française. Décret n° 2006-178 (17 février 2006) portant création d’une liste de maladies réputées contagieuses et modifiant le code rural.
  • 8. Lett JM. L’hypodermose des cervidés, ou varron, dans le département du Loir-et-Cher. Bulletin mensuel de l’office national de la chasse. 1997;224:24-27.
  • 9. Mémeteau S, Bronner A, Erimund S. 2011. Bilan de la surveillance de l’hypodermose bovine en 2010 : détection de deux foyers en lien avec des pays frontaliers. Bull. Épid. Santé Anim. Alim. 2011;46.
  • 10. Ouvrage collectif. Maladies des bovins. Institut de l’élevage. 2008:402-405.
  • 11. Potaufeux V. Évolution du plan d’éradication de l’hypodermose en France. Fédération nationale des groupements de défense sanitaire du bétail. 1995.
  • 12. Taveau C, Gache K, Wendling S et coll. Hypodermose bovine en France en 2014 : aucun foyer détecté. Bull. Epid. Santé Anim. Alim. 2015;71.
  • 13. Thuard A, Bendali F, Erimund?S et coll. Hypodermose bovine en France : la détection d’un foyer en 2013 démontre l’importance de la surveillance des introductions. Bull. Epid. Santé Anim. Alim. 2014;64.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1
Recommandations pour l’hypodermose bovine en France

Le diagnostic peut être clinique, mais pour la confirmation ou l’infirmation d’une suspicion ayant une incidence sur la qualification de la zone, le recours à la sérologie est indispensable si l’examen clinique ne permet pas d’établir le diagnostic avec certitude.

→ Examen clinique. Il consiste à examiner visuellement le nodule et à mettre en évidence le pertuis permettant à la larve L2 ou L3 de respirer. Le bovin doit être attaché. Les poils coiffant le nodule sont coupés avec des ciseaux ou une tondeuse. Le pertuis n’est pas obligatoirement à l’apex du nodule. Il est rond, gris-brun, ses bords sont bien délimités. Si nécessaire, la larve peut être extraite en utilisant de l’eau oxygénée à 30 volumes. Il est aussi possible d’évarronner en exerçant une pression légère, de bas en haut, depuis la base du nodule (photo 5). La larve ne doit pas être écrasée, car les hypodermines libérées risquent d’engendrer un choc anaphylactique.

→ Examen de laboratoire. Une sérologie individuelle pour la détection des anticorps antilarves L1 réalisée par la technique Elisa est disponible au Laboratoire national de référence de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de Niort. Tout résultat douteux ou positif, associé à une suspicion clinique, confirme le diagnostic.

→ Obligations réglementaires. Toute suspicion ou confirmation d’hypodermose doit faire l’objet d’une information à la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations et au groupement de défense, qui en est le maître d’œuvre.

Le bovin confirmé atteint doit faire l’objet d’un traitement curatif. Avermectines et milbémycine (lactones macrocycliques) sont recommandées. L’utilisation de la microdose d’ivermectine (2 µg/kg) à ce stade n’est pas possible.

ENCADRÉ 2
Hypodermose chez les autres espèces

→ Chez l’homme. Les cas d’hypodermose humaine sont le plus souvent accidentels et de plus en plus rares en France en raison des campagnes de traitements préventifs.

Auparavant, l’hypodermose touchait préférentiellement les enfants en milieu rural, au contact du bétail (quatre ou cinq cas par an). Généralement bénigne, elle pouvait donner lieu à des complications (neurologiques, ophtalmologiques) [2, 10].

→ Chez le cheval. L’hypodermose se rencontre dans les pays de zones tempérées en Europe. Elle est rare avec H. bovis et rarissime avec H. lineatum. Le cheval est un hôte anormal [3]. Dans cette espèce comme chez l’homme, le cycle est généralement abortif (culs-de-sac épidémiologiques).

→ Chez les cervidés. L’hypodermose est une maladie parasitaire sans rapport avec le varron des bovins [8]. Cerf, chevreuil, chamois, etc., chaque gibier a une espèce d’hypoderme qui lui est propre.

ENCADRÉ 3
Résultats descriptifs de la surveillance de l’hypodermose bovine du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014

→ Dans le cadre du dispositif, 9 873 cheptels ont été surveillés : 66 % des cheptels l’ont été par un contrôle aléatoire et 34 % par des contrôles orientés. La totalité des régions présentait un taux d’infestation inférieur à 5 % tout en respectant l’exigence sur le niveau des contrôles à effectuer (plus de 80 % des échantillons tirés au sort). Ainsi l’ensemble des régions présentes sur le territoire continental ont un statut de “zone assainie” (voir les critères de l’arrêté du 21 janvier 2009). En 2013-2014, aucun foyer d’hypodermose bovine n’a été mis en évidence. En 2012-2013, un foyer faisait suite à une introduction d’animaux espagnols en Midi-Pyrénées. Les résultats de la période 2014-2015 sont encore en cours de traitement, mais aucun foyer d’hypodermose bovine n’a été constaté en 2015. Pour mémoire, en 2010-2011 et en 2011-2012, aucun foyer n’a été mis en évidence [12].

→ En 2013-2014, 6 191 bovins introduits dans les cheptels ont été traités sur un total de 7 158 bovins qui auraient dû l’être (taux de réalisation : 86 %). L’absence de traitement entraîne la mise en place d’un contrôle orienté du bovin et/ou du cheptel d’origine.

Points forts

→ En quasi-absence de foyers en France, les bovins deviennent tous réceptifs quel que soit leur âge.

→ L’utilisation de la microdose d’ivermectine n’est pas possible lors de confirmation d’un cas.

→ L’hypodermose est classée “danger sanitaire de deuxième catégorie” en France depuis 2013. Sa déclaration est obligatoire.

→ Les prélèvements pour sérologies ne peuvent se réaliser qu’entre le 1er décembre et le 31 mars, les contrôles visuels qu’en fin de printemps.

→ La qualification de “zones indemnes” serait possible, mais n’est pas souhaitée.

ENCADRÉ 4
Qualifications épidémiologiques relatives à l’hypodermose bovine

→ Cheptel infesté ou atteint d’hypodermose clinique : la présence d’au moins une larve d’hypoderme a été confirmée sur au moins un bovin.

→ Cheptel suspecté d’être infesté : un animal présente une lésion cutanée pouvant évoquer au moins une larve d’hypoderme et/ou il s’agit d’un cheptel en lien épidémiologique avec un cheptel infesté.

→ Zone assainie : le taux d’infestation des cheptels mis en évidence par le plan de contrôle aléatoire (sérologique et/ou visuel) est strictement inférieur à 5 % pendant 2?années consécutives.

→ Zone indemne : une zone dans laquelle le taux d’infestation des cheptels mis en évidence par le plan de contrôle aléatoire sérologique est strictement inférieur à 1 % pendant 2 années consécutives.

REMERCIEMENTS

à Chantal Boulard et à Monique L’Hostis (Parasitologie, Oniris Nantes) pour le prêt des photos illustrant cet article et également à Jaquemine Vialard, Gaëlle Jadé, Virginie Thibault et Aurore Teillet pour leur relecture attentive.

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