Comment réaliser une rachianesthésie lombosacrée chez le veau ?

La rachianesthésie lombosacrée consiste en l’injection sous-arachnoïdienne, au niveau de la citerne lombosacrée, d’un anesthésique local souvent associé à un analgésique. Elle induit un bloc segmentaire rapide des racines motrices et sensitives de la moelle épinière.

Plateau de préparation

Le plateau de préparation doit contenir :

– une tondeuse ou un rasoir ;

– des gants de préférence stériles ou au minimum à usage unique ;

– des compresses imbibées de chlorhexidine savon et solution ;

– une seringue stérile contenant 1?ml d’anesthésique local, montée sur une aiguille orange de 25 G ;

– une aiguille stérile rose de 18 G et de 40 à 50?mm de long, montée sur la seringue contenant la solution anesthésique choisie (^{photo 1}).

Positionnement du veau

Le veau peut être debout ou positionné en décubitus latéral, à la convenance du praticien (^{photos 2} et ³).

S’il est debout, l’animal est placé contre un mur et le praticien bloque ses membres postérieurs avec un genou, afin de prévenir tout mouvement du bassin au moment de la ponction.

En décubitus latéral, il convient de demander à un aide de rassembler les membres postérieurs du veau vers son ventre pour entraîner une ventroflexion de la colonne, ce qui permet de dégager la jonction lombosacrée et facilite sa localisation par l’ouverture de l’espace lombosacré.

Pour une réalisation plus aisée de la ponction et de l’injection, sans mouvement du veau, une sédation est préférable. Toutefois, si l’animal n’est pas sédaté, il convient qu’un autre aide contienne ses membres antérieurs et sa tête durant toute la procédure.

Préparation du site

Après repérage du site, une zone d’environ 10 x 10 cm en région lombosacrée, centrée sur l’axe vertébral, est tondue ou rasée. Elle est ensuite nettoyée et désinfectée par trois lavages successifs avec un savon, puis une solution antiseptique.

Repères anatomiques

Se munir de gants et repérer le point de ponction. Ce point correspond à l’intersection de la ligne reliant les pointes de la hanche (crête iliaque) et de celle longeant l’axe vertébral (^{photo 4}).

Il est également possible de localiser ce point par palpation, en longeant la colonne. L’espace coïncide avec une dépression située entre L6 et S1 (^{photo 5}). Il s’agit de la dépression la plus large entre deux processus épineux de la colonne lombosacrée. Lorsque le pouce et le majeur de la main gauche sont placés sur les crêtes iliaques gauche et droite, l’index orienté sur la ligne médiane tombe directement dans l’espace lombosacré.

Anesthésie locale

Il est préférable d’anesthésier localement la zone, par une injection sous-cutanée de 0,5 à 1 ml d’anesthésique topique, afin de limiter la réaction du veau lors de la ponction cutanée et de faciliter une insertion atraumatique de l’aiguille sans mouvement de l’animal (^{photo 6}).

Il est recommandé de réaliser cette anesthésie entre deux nettoyages, afin que la diffusion du produit soit optimale du fait du massage avec la compresse.

Ponction de la citerne subarachnoïdienne

L’aiguille est tenue perpendiculairement à la peau, avec le biseau dirigé vers l’avant et en restant dans le plan sagittal de l’animal, puis elle est introduite progressivement jusqu’à obtenir une remontée du liquide cérébrospinal (^{photos 7} et ⁸).

Une légère résistance peut être ressentie lors de la traversée du ligament jaune, il convient de continuer à avancer doucement. Le veau peut réagir au passage de la dure-mère.

Injection de la solution anesthésique

Il convient de tenir l’embase de l’aiguille d’une main afin de prévenir tout déplacement au moment de l’injection, puis de monter la seringue contenant la solution anesthésique choisie de l’autre main (^{photo 9}).

La solution anesthésique est injectée lentement sur 20 à 30 secondes afin d’éviter toute augmentation brusque des pressions intrarachidienne et intracrânienne, d’une part (risque de troubles cardiorespiratoires), et une propagation trop craniale du produit, d’autre part (risques d’une diffusion trop craniale et d’une faiblesse, voire d’une paralysie des muscles intercostaux).

Effets de la rachianesthésie

Le veau présente “pratiquement sous la seringue” une ataxie, puis une paralysie des deux membres postérieurs. S’il est debout, il convient de l’accompagner lors de sa chute pour qu’il ne se blesse pas (^{photo 10}). L’absence de réflexe à la manipulation de la queue et des membres atteste de la bonne efficacité de l’anesthésie.