Objectif : connaissances opérationnelles et dialogue - Le Point Vétérinaire expert rural n° 360 du 01/11/2015
Le Point Vétérinaire expert rural n° 360 du 01/11/2015

QUALITÉ DU LAIT DE TANK

Éditorial

Auteur(s) : Bernard Poutrel

Fonctions : 95, rue de la Mésangerie
37540 Saint-Cyr-sur-Loire

Le lait de tank de l’éleveur est un témoin de la qualité du lait (photo). Ainsi, la détermination des taux protéique et butyreux est prise en considération pour évaluer l’aptitude à la transformation du lait. Les concentrations cellulaires et la présence de certains agents pathogènes sont en relation avec la prévalence et la sévérité des infections mammaires. D’autres critères relèvent de ces deux aspects. Parmi ceux-ci la flore totale, les spores butyriques, et certains agents pathogènes et inhibiteurs résultent aussi de l’hygiène de traite ou de la santé publique.

Les articles présentés dans ce dossier visent à rappeler et à actualiser les connaissances sur trois aspects de la qualité du lait : les concentrations cellulaires, les inhibiteurs et les bactéries pathogènes, agents de zoonose.

Concentrations cellulaires : pourquoi une détérioration ?

À la fin des années 1970, en élevage bovin laitier, environ 15 à 20 % des laits de tank présentaient des concentrations cellulaires supérieures à 1 000 000/ml. Le réglage de la machine à traire et l’application des mesures de prophylaxie préconisées par les chercheurs britanniques (traitement systématique au tarissement, post-trempage) associés à des incitations financières ont permis des progrès rapides et spectaculaires. Or les données de ces dernières années montrent une détérioration de la situation dans de nombreux élevages, alors même qu’une sélection génétique sur ces critères cellulaires se généralise. Existe-t-il un relâchement des éleveurs dans l’application des mesures de prophylaxie ? Les seuils cellulaires utilisés par le contrôle laitier (300 000 cellules/ml) pour détecter les vaches infectées sont-ils toujours pertinents ? Le sont-ils pour le traitement sélectif au tarissement, mesure préconisée pour limiter l’utilisation des antibiotiques ?

Inhibiteurs : connaître les contrôles pour gérer les accidents

Les inhibiteurs dans le lait préoccupent l’ensemble de la filière lait via la dégradation de l’image du produit, les risques potentiels d’allergie et d’émergence de résistance aux antibiotiques. Les pertes économiques engendrées sont conséquentes pour les éleveurs et l’industrie laitière en général. La recherche d’antibiotique est privilégiée dans la méthode officielle (les produits lessiviels ou d’hygiène en contact avec le lait, voire de traitements sans autorisation de mise sur le marché ne sont pas pris en compte). La méthode de dépistage en laboratoire interprofessionnel détecte une large gamme d’inhibiteurs (Delvotest® T actuellement). En cas de résultat positif, trois tests de confirmation (de type Charm Rosa®) permettent de détecter plus spécifiquement certaines familles d’antibiotiques. Ils sont réalisés en cascade si nécessaire. Des discordances sont-elles possibles entre les tests de dépistage et de confirmation ? Bien que ces méthodes soient validées sur le terrain, des résultats confirmés positifs donnent parfois lieu à contestation. Cette remise en cause est-elle fondée ? En pratique, l’erreur humaine est souvent invoquée, dans le respect du temps d’attente et/ou de l’identification de l’animal traité.

La sensibilité et la spécificité des tests sont parfois mal connues. Un résultat positif sur un lait individuel signifie-t-il un dépassement de la limite maximale des résidus ?

La collaboration de l’ensemble des acteurs de la filière est nécessaire pour lever les doutes et identifier la cause d’un accident inhibiteur. Connaître et comprendre toutes les étapes du contrôle et ses finalités permettent au vétérinaire de rester partie prenante dans la maîtrise du risque inhibiteur, tout en assurant les traitements nécessaires à la bonne santé des animaux.

Bactéries pathogènes : procédures de santé publique

Les fabrications au lait cru sont particulièrement concernées par la présence d’agents pathogènes (Listeria, salmonelles, E. Coli, etc.) ou de certaines souches et de toxines bactériennes (Staphylococcus aurens) présentant un risque pour la santé publique. La PCR (polymerase chain reaction) est une méthode très sensible qui permet d’identifier et de dénombrer ces espèces bactériennes. La persistance de la contamination du lait de tank, par l’une de ces espèces, signerait une origine intramammaire. La maîtrise de ces contaminations implique l’identification des animaux excréteurs, assez aisée sur le plan technique (sauf en cas d’excrétion épisodique), mais potentiellement onéreuse dans les élevages ayant des effectifs très importants (petits ruminants). Quelles sont alors les procédures à mettre en œuvre ?

La présence d’entérotoxines staphylococciques dans des fromages au lait cru, qui bloque leur commercialisation, est un cas particulier : toutes celles pour lesquelles des gènes ont été identifiés ne sont pas détectables actuellement, et pour celles qui le sont, des résultats discordants sont parfois rapportés entre certains laboratoires et, ceux de référence. Quelle attitude adopter dans ce cas ?

Les articles présentés dans ce dossier développent, entre autres, les points brièvement abordés dans cette introduction et apportent des réponses à certaines des questions posées. L’ensemble vise à faire progresser les connaissances opérationnelles des praticiens, mais aussi à faciliter leur dialogue avec les éleveurs, les laiteries et les laboratoires d’analyses.

Conflit d’intérêts

Aucun

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur