Bénéfices et risques de la mirtazapine chez un chat atteint d’une insuffisance rénale chronique - Le Point Vétérinaire n° 358 du 01/09/2015
Le Point Vétérinaire n° 358 du 01/09/2015

NÉPHROLOGIE

Thérapeutique

Auteur(s) : Concetta Amato*, Yassine Mallem**

Fonctions :
*Unité de nutrition et d’endocrinologie
Oniris, École nationale vétérinaire,
agroalimentaire et de l’alimentation,
Nantes Atlantique, La Chantrerie, BP 40706
44307 Nantes Cedex 3
**Auteur-coordinateur

La mirtazapine est un médicament stimulant l’appétit qui constitue une véritable option pour améliorer la prise alimentaire chez un chat anorexique atteint d’insuffisance rénale chronique.

Lors d’insuffisance rénale chronique (IRC) chez le chat, les vomissements sont souvent associés à une perte de poids et à des signes de dysorexie/anorexie. L’emploi d’un orexigène peut être recommandé en complément du traitement de l’IRC, mais aucun médicament vétérinaire n’est approuvé dans cette indication actuellement. La mirtazapine, un anxiolytique à usage humain, est proposée hors autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement de l’anorexie chez le chat atteint d’IRC (photo) [1-3].

Action bénéfique démontrée de la mirtazapine

La mirtazapine est un antidépresseur d’action centrale qui augmente la neurotransmission à la fois noradrénergique et sérotoninergique. Sa pharmacocinétique est incomplètement établie chez le chat atteint d’IRC. Chez le chat sain, son élimination s’effectue essentiellement par voie urinaire et sa demi-vie est de l’ordre de 10 heures. De récents essais cliniques ont montré que, chez des chats atteints d’IRC, la mirtazapine provoque une augmentation significative de l’appétit, du poids et de l’activité, ainsi qu’une diminution également significative des vomissements [1, 2]. Son activité bénéfique est liée à ses effets antagonistes des récepteurs présynaptiques α2-adrénergiques (action orexigène) et des récepteurs 5-HT3 situés dans la zone chémosensible de la région bulbaire (area postrema) (effets antiémétique et antinauséeux) (figure complémentaire sur www.lepointveterinaire.fr) [1, 2].

Protocole thérapeutique adapté aux conditions physiopathologiques

La dose de mirtazapine (Norset®) recommandée pour la stimulation de l’appétit chez le chat est de 3 à 4 mg/animal per os (soit un quart de dose d’un comprimé de 15 mg). En raison de l’altération de la fonction rénale et/ou de la réduction de la capacité métabolique (glucuronidation) du chat âgé atteint d’IRC (réduction de l’élimination de 30 à 50 %), un intervalle de 3 jours entre deux administrations de mirtazapine doit être respecté. De plus, le suivi des chats par monitoring des paramètres d’efficacité (augmentation de l’appétit, réduction des épisodes de vomissements et prise de poids) et de tolérance (effet sédatif, hyperexcitation, perturbation glycémique) est fortement conseillé pour une meilleure prise en charge thérapeutique [1-3].

Quels risques ?

Globalement, l’emploi de la mirtazapine à la dose recommandée est bien toléré chez le chat. Néanmoins, des effets secondaires incluant un changement de comportement (hyperexcitabilité, vocalisation), un dérèglement glycémique et une sédation, liée au blocage des récepteurs histaminiques, peuvent apparaître de manière très marquée en cas de surdosage (> 4 mg/chat/j). Son association avec des inhibiteurs de la monoamine oxydase (sélégiline) ou du tramadol est proscrite en raison du risque de survenue d’un syndrome sérotoninergique. Son action antagoniste sur les récepteurs α1-adrénergiques engendre parfois un effet hypotenseur, qui peut se révéler bénéfique chez des chats atteints d’une hypertension artérielle secondaire, mais ce phénomène ne repose sur aucun fondement clinique.

Conclusion

La mirtazapine est un stimulant efficace de l’appétit et un anti-émétique pour les chats atteints d’IRC. Elle peut donc être un complément thérapeutique utile dans la gestion nutritionnelle.

Références

  • 1. Agnew W, Korman R. Pharmacological appetite stimulation. Rational choices in the inappetent cat. J. Feline Med. Surg. 2014;16:749-756.
  • 2. Quimby JM, Gustafson DL, Lunn KF. The pharmacokinetics of mirtazapine in cats with chronic kidney disease and in age-matched control cats. J. Vet. Intern. Med. 2011;25:985-989.
  • 3. Quimby JM, Lunn KF. Mirtazapine as an appetite stimulant and anti-emetic in cats with chronic kidney disease: a masked placebo-controlled crossover clinical trial. Vet. J. 2013;197:651-655.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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