Les espéces végétales des prairies - Le Point Vétérinaire expert rural n° 357 du 01/07/2015
Le Point Vétérinaire expert rural n° 357 du 01/07/2015

ALIMENTATION DES RUMINANTS

Fiche

Auteur(s) : Pierre-Emmanuel Radigue*, Éric Hoeltgen**, Chantal Philippe***

Fonctions :
*Alfalor, 11, rue Princesse-Mathilde, 54150 Briey
**Alfalor, 11, rue Princesse-Mathilde, 54150 Briey
***OH Semences, route de Gézier, 70100 Gy

La composition des prairies influe sur la production des bovins. Le praticien doit en connaître les espèces principales, afin de pouvoir en discuter au mieux avec l’éleveur en cas de besoin.

En Suisse, les espèces mélangées associées sont imposées par l’Association de développement des cultures fourragères (ADCF) dans les prairies temporaires (ou semées), car c’est la règle dans une prairie naturelle permanente [4, 7]. Cela n’est pas encore le cas en France, où les espèces pures sont encouragées, mais la tendance change.

En effet, une prairie productive est composée de plusieurs espèces de graminées et de légumineuses, qui ont chacune leur valeur alimentaire et leur productivité, ainsi que leur rôle (tableau et photos 1 à 12) [2].

De plus, le mélange des diverses espèces diminue la présence des mauvaises herbes. Enfin, et surtout, il améliore le rendement laitier car il permet un apport équilibré en unités fourragères laitières (UFL), fournies par les graminées pures, et en protéines digestibles dans l’intestin (PDI), apportées par les légumineuses pures [3-5]. Les légumineuses permettent de fixer l’azote (de l’air du sol, d’où la nécessité d’avoir un terrain aéré, non compacté et pas noyé d’eau) et l’éleveur réduit ainsi ses achats d’azote minéral. Elles offrent aussi un apport de protéines, très bien valorisées, dans la ration. Elles assurent également appétibilité et souplesse d’utilisation. Certaines espèces, comme le lotier et l’esparcette, augmentent la résistance des animaux au parasitisme par la production de tanins qui limitent le développement des parasites. Toutefois, ces espèces se trouvent à l’état naturel uniquement sur des parcours très extensifs en montagne et en haute montagne, et n’existent pas en système de gestion intensif. De plus, leur culture est difficile et coûteuse.

Néanmoins, la qualité d’une prairie (rendement, valeur alimentaire, digestibilité, résistance aux maladies) est liée à celle de ses graminées, et ne dépend pas de la qualité ni de la quantité des légumineuses [1]. Les graminées forment le squelette de la prairie et en fixent la durée de vie. Dans les prairies de fauche, leur pérennité est limitée (3 à 5 ans pour celles “en touffe”). L’éleveur doit faire des choix, selon une exploitation en pâture ou en fauche, le climat, le pH du sol, l’exposition au froid ou à l’humidité, l’altitude, etc. [3, 4, 7, 8]. La pérennité des espèces est également prise en compte, car elle détermine l’évolution de la prairie au cours du temps, une espèce se substituant à une autre (figure) [8].

Une prairie est équilibrée lorsqu’elle contient deux tiers de bonnes graminées (ray-grass anglais, fétuque des prés, brome, pâturin des prés) [9]. Celles-ci assurent un rendement élevé, réparti sur la saison. Elles forment un couvert dense et freinent la propagation des mauvaises herbes, grâce à leurs racines fasciculées et à leur capacité de tallage(1) au printemps. Elles garantissent également une résistance au piétinement (pour les espèces pouvant être gérées en gazon court comme le ray-grass anglais et le pâturin des prés). Enfin, elles permettent de produire un fourrage riche en énergie, d’absorber un éventuel excès d’azote, et assurent la pérennité des mélanges [6]. Le remplacement des graminées doit être réalisé par un sursemis au fur et à mesure de leur disparition et un ressemis complet est nécessaire si la prairie comprend moins de 20 % de bonnes graminées. Toutefois, ce dernier est coûteux. De plus, il doit être intégré dans une rotation prairie-céréales ou méteil-prairie, car il ne fonctionne pas dans un système herbe sur herbe.

  • (1) Correspondant à la production de plusieurs tiges à partir de la plantule initiale, qui forme des touffes denses.

Références

  • 1. Aeby P. Maintenir une prairie plus de 5 ans : est-ce possible ? Agroscope. Suisse. 2010.
  • 2. Delagarde R, Prache S, Hour P et coll. Ingestion de l’herbe par les ruminants au pâturage. Fourrages. 2001;166:189-212.
  • 3. Farruggia A, Martin B, Baumont R et coll. Quels intérêts de la diversité floristique des prairies permanentes pour les ruminants et les produits animaux ? Inra Prod. Anim. 2008;21 (2):181-200.
  • 4. Fesselet M, Mosimann E. Méthodes d’appréciation des prairies et de leur potentiel de production laitière. Rapport février 2011. Agroscope. 2011:39 p.
  • 5. Frioud E. Quels fourrages pour quelles vaches ? Agri. 16 mars 2012:23.
  • 6. Hoeltgen E, Radigue PE. Alimentation de la vache allaitante : l’eau, le fourrages. Les fondamentaux à savoir pour une offre de service à vos clients. 29e Journée technique du GTV Bourgogne. Autun. 16/10/2014:2-88.
  • 7. Mosimann E, Charles JP. Conception des mélanges fourragers en Suisse. Fourrages. 1996;145:17-31.
  • 8. Mosimann E, Frick R. Mélanges graminées légumineuses : avantages et conseils d’utilisation. Agroscope. Suisse. 2010.
  • 9. Thuillard CP, Mosimann E. Amélioration de la composition botanique des prairies. Classeur “productions herbagères”. Chap. 8 : “Soins et améliorations”. ADCF-Agridea. Suisse. 2012.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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