MALFORMATIONS CONGÉNITALES CHEZ LE VEAU
Questions-réponses
Auteur(s) : Ada Arengi*, Arnaud Sartelet**
Fonctions :
*Clinique vétérinaire universitaire,
Clinique des ruminants, Université de Liège,
Belgique
**Clinique vétérinaire universitaire,
Clinique des ruminants, Université de Liège,
Belgique
Le seul traitement possible dans le cas d’atrésie anale et vulvaire chez le veau est chirurgical, avec un taux de survie dépendant de l’importance des lésions qui ne peut être déterminée que lors de l’intervention.
Les anomalies congénitales, notamment l’atrésie anale et rectale et la fistule rectovaginale représentent les affections les plus courantes du système digestif distal chez les ruminants et les porcs [1, 2].
Les signes cliniques sont, en plus de l’absence d’anus ou de la présence d’une tuméfaction dans la région anale ou vulvaire, de l’anorexie, de l’abattement, des signes de coliques, du ténesme et une distension abdominale (photos 1 et 2). L’atrésie anale est due à un échec de fusionnement du rectum et du cloaque embryologique (photo 3) [2]. Son étiologie est encore fortement remise en question. Plusieurs théories existent : une composante héréditaire (due probablement à une mutation autosomale récessive) qui jouerait un rôle favorable à son apparition ou le diagnostic de gestation précoce par fouille rectale avant 42 jours de gestation qui endommagerait l’apport sanguin intestinal du fœtus et perturberait l’organogenèse (théorie plutôt retenue pour l’atrésie du côlon) [1, 2, 4]. Chez les veaux, l’atrésie anale est souvent associée à d’autres malformations et/ou anomalies, comme des malformations du système urogénital, des anomalies squelettiques ou l’atrésie d’autres parties de l’intestin (souvent le côlon) (photos 4 et 5, encadré 1). La coexistence d’une atrésie anale et d’une agénésie de la vulve (présence d’une ouverture en forme de fente dans la partie ventrale de la protrusion) associées à une fistule rectovaginale semblerait être due à l’échec de différenciation du cloaque embryonnaire en deux parties : anale et urogénitale (photo 6) [5].
Le seul traitement est l’intervention chirurgicale, quand elle est envisageable. Par exemple, elle ne l’est pas chez les veaux qui ne présentent pas une protrusion de la région périnéale après la palpation profonde de l’abdomen ou à la suite d’efforts expulsifs. De plus, la plupart des nombreux cas de malformation congénitale réceptionnés en clinique ont été euthanasiés car les propriétaires n’étaient pas prêts à des coûts d’investigation. Une laparotomie exploratrice par la ligne blanche peut en effet être proposée pour déterminer la partie anatomique concernée par la malformation intestinale [4]. Les résultats des autopsies ont montré que ces veaux présentaient d’autres malformations intestinales, souvent un cæcum terminant en cul-de-sac (photo 7). Différents auteurs ne connaissent pas le taux d’occurrence de ces anomalies chez les veaux [2-5]. Toutefois, malgré l’avis des praticiens, ces auteurs s’accordent sur le fait que le taux de survie, après une reconstruction anale, est bon (environ 60 %) [4]. Les veaux opérés pour une atrésie anale (sans d’autres anomalies) récupèrent bien [2-5]. Ils sont encore en vie 6 mois après l’intervention, avec un gain quotidien moyen normal [4].
Le traitement chirurgical consiste en la reconstruction d’un anus en cas d’atrésie anale, ou d’une marsupialisation de l’anus et de la vulve lors d’atrésie anale et vulvaire (encadré 2).
Une rachianesthésie ou une épidurale basse peut être indiquée comme anesthésie, cependant, selon plusieurs auteurs, une simple anesthésie locale suffirait à l’intervention (environ 5 ml de lidocaïne 2 % injectés dans le périnée) [2-4].
Une antibiothérapie est toujours mise en place (pénicilline procaïne 20 000 UI/kg pendant 3 jours, oxytétracycline spray appliquée localement). Une injection unique de vitamine AD3E par voie intramusculaire est réalisée et de la flunixine-méglumine est administrée également (1,1 mg/kg, par voie intraveineuse). Les soins locaux consistent en un rinçage et en un nettoyage de la plaie chirurgicale avec de l’iso-Bétadine® diluée à 1 % par jour pendant 5 jours [4].
L’atrésie digestive est l’une des anomalies congénitales les plus fréquentes chez le bovin et est souvent associée à d’autres anomalies. Cependant, les options thérapeutiques sont limitées et dépendent surtout de l’importance et de la localisation de l’atrésie. Une reconstruction de l’anus lors d’atrésie anale simple est aisée et de bon pronostic. Dans ce cas rare d’atrésie anale et vulvaire associée à une fistule rectovaginale, le pronostic est assombri mais l’intervention chirurgicale est possible, sans exclure les risques de péritonite liés à la distension intestinale in utero.
Aucun.
Il existe une classification de l’atrésie anale en quatre types :
– type 1, sténose de l’anus, le rectum est normal ;
– type 2, atrésie anale, le rectum se termine en une poche aveugle ;
– type 3, l’anus n’est pas perforé et il est associé à une poche aveugle dans la partie craniale du rectum ;
– type 4, atrésie rectale craniale avec développement normal de sa?partie distale et de l’anus.
D’après [1].
Un veau atteint d’agénésie anale et vulvaire est réceptionné (photos 8 et 9).
→ Une incision en croix d’environ 2,5 cm est pratiquée à l’endroit où l’anus aurait dû se trouver. La poche est complètement vidée et tout le méconium accumulé est évacué. La cavité est ensuite rincée et nettoyée. L’ampoule rectale est présente, ainsi qu’un orifice compatible avec l’anus et au travers duquel le passage de contenu intestinal avait été observé. Une pince à dissection émoussée glissée dans le rectum permet de vérifier que celui-ci n’est pas obstrué.
→ Une seconde incision est réalisée au niveau du diverticule présent en partie déclive de la poche. La muqueuse située 3 à 4 cm en dessous de l’orifice anal forme une structure semblable au vestibule du vagin. Une pince à dissection émoussée est glissée dans l’urètre pour s’assurer qu’il s’ouvre bien vers la vessie. Une fistule rectovaginale est mise en évidence lors du nettoyage des orifices, mais sa suture ne peut être réalisée.
→ La peau en excès de la poche est retirée, avec son tissu sous-cutané et sa muqueuse. Les bords de la peau situés autour de l’orifice anal sont incisés circulairement, et ceux qui entourent le vestibule du vagin sont incisés en côtes de melon dans le sens longitudinal. Une marsupialisation de l’anus et de la vulve est réalisée avec du fil irrésorbable synthétique (photo 10).
→ Aucune autre malformation n’est notée chez cet animal (photos 11 et 12). Une péritonite fibrineuse est la complication à l’origine de l’échec du traitement de cet animal, ce qui est rarement décrit (photo 13).
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