Réalisation pratique du suivi global d’élevage laitier de VetAgro Sup - Le Point Vétérinaire expert rural n° 351 du 01/12/2014
Le Point Vétérinaire expert rural n° 351 du 01/12/2014

MÉDECINE DES POPULATIONS

Conduite à tenir

Auteur(s) : Gilles Le Sobre*, Jos Noordhuizen**

Fonctions :
*Unité clinique rurale de l’Arbresle,
VetAgro-Sup Lyon,
434, rue Jean-Moulin, 69210 L’Arbresle
**Département des sciences
agronomiques et vétérinaires, Université
Charles-Sturt, Wagga Wagga, Australie
***Professeur émérite de l’Université
d’Utrecht, Pays-Bas

Le suivi global d’élevage valorise le vétérinaire car il permet de superviser les méthodes d’élevage par un audit initial, des bilans mensuels et un bilan annuel, et de délivrer des conseils personnalisés.

Le suivi de reproduction (SdR) en élevage bovin laitier répond bien à la demande de la plupart des éleveurs sans demander un gros investissement de temps pour le vétérinaire [3-5]. Il a toutefois des limites car la gestation est le résultat de la maîtrise de l’alimentation (qualité et quantité), de son mode de distribution, des possibilités d’ingestion des animaux (alimentation inaccessible, affections podales, etc.), du bon fonctionnement du rumen, de l’état sanitaire du troupeau, de l’ambiance et du confort du bâtiment (logettes inconfortables, abreuvoirs insuffisants), etc. [3, 4, 7, 8]. De plus, le SdR ne permet pas de contrôler l’ensemble des paramètres économiques de l’élevage, contrairement au suivi global d’élevage (SGE) tel qu’il est effectué à ­VetAgro Sup (VAS) (encadré 1) [8]. Le SGE s’effectue en trois phases : l’audit initial, le suivi mensuel et le bilan annuel.

ÉTAPE 1 AUDIT INITIAL : TRÉPIED D’OBSERVATIONS ANNUELLES

L’audit initial permet de connaître le fonctionnement global de l’élevage et est indispensable au vétérinaire. il commence par l’étude des documents d’élevage, qui permet d’envisager des hypothèses que la visite va confirmer ou non. il se mène de façon identique en cas de demande d’un éleveur à la suite d’un problème particulier : audit ponctuel.

1. Préparation : étude des documents d’élevage

Bilans annuels : le passé

→ Bilan annuel de troupeau laitier

Le bilan annuel de troupeau laitier est établi sur 12 mois au 31 décembre, parfois au 31 mars (fin de campagne laitière). Il permet d’évaluer les résultats techniques de l’élevage (production, taux butyreux [TB], taux protéique [TP], taux cellulaire de tank [TC], répartition des vêlages, intervalle vêlage-vêlage [IVV], date de premier vêlage, causes de réformes [parfois mal renseignées], durées de tarissement, chutes de production, valeur génétique du troupeau, répartition des âges, etc.). Il permet, de plus, de comparer les résultats de l’élevage à ceux de l’année antérieure et à ceux des autres élevages du département (par race et toutes races confondues).

L’historique sur 13 mois du contrôle laitier (CL), les alertes mensuelles du “valorisé” et le bilan “mamelle”, notamment, sont des documents intéressants car ils permettent une visualisation de la situation de l’élevage par rapport à ceux du département et aux normes. Une vision des résultats sur 13 mois peut également être utile (l’IVV est souvent supérieur à 12 mois). Ces documents sont disponibles sur le site de cmre(1) ou chez l’éleveur. Toutefois, tous les élevages n’adhèrent pas au cl et d’autres documents sont nécessaires.

→ Bilan annuel de laiterie

Le bilan annuel de laiterie est surtout important en cas d’absence de CL. Il fournit les éléments suivants : la quantité de lait, les TB, TP, TC mensuels, la qualité (agents butyriques, point cryo­scopique, etc.).

→ Bilan sanitaire d’élevage : “le” document vétérinaire établi sur 12 mois, le bilan annuel sanitaire d’élevage permet d’apprécier les affections dominantes de l’élevage, les pratiques préventives (antiparasitaires, tarissement, vaccinations, etc.), les causes de réforme et de mortalité, et d’évaluer le dépassement des critères d’alerte, permettant alors de mettre en place des actions correctives suivies régulièrement.

→ Bilan annuel de coopérative d’insémination artificielle (CIA)

Le bilan annuel de CIA est établi sur 12 mois et doit être demandé au préalable à l’inséminateur par l’éleveur. Il permet de découvrir d’éventuelles dégradations des paramètres de fécondité ou de fertilité passées ou en cours, et de calculer le futur IVV. Le bilan de CIA édite également des listes d’animaux “hors normes”, par exemple des vaches à plus de trois inséminations artificielles (IA), des intervalles entre ia trop longs ou trop courts, etc. Un bilan cia doit être analysé avec circonspection quant à la signification des taux de non-retour ou des taux de réussite. D’autre part, les réformes “repro” n’apparaissent pas dans un bilan CIA.

Productions de l’élevage et bilan fourrager

L’évaluation des stocks est effectuée pour connaître les rendements fourragers de l’exploitation et l’autonomie d’affouragement. Sont également notées les autres productions éventuelles d’élevage ou de cultures (fruits, vigne, etc.), les ventes pour l’élevage, pour la génétique (génisses, embryons et veaux mâles de mères à taureaux), etc.

Rationnement

Les apports quantitatifs et qualitatifs des rations sont calculés (CL, marchand d’aliments, éleveur, etc.). L’absence d’erreur peut être vérifiée grâce à un logiciel de rationnement. Les quantités distribuées doivent être connues, ainsi que les analyses des aliments (silos et étiquettes des concentrés et minéraux).

Autres données

D’autres données peuvent permettre de mieux cerner la quantité d’heures effectuées qui conditionne les résultats de l’exploitation : intrants et sortants, partenaires de l’élevage, résultats comptables, habitation à distance, nombre d’unités de travail humain (UTH), autres revenus du conjoint, activités annexes (conseil municipal, pompiers, entreprise de travaux agricoles, concours, etc.).

Les trois derniers contrôles laitiers mensuels (ou bulletins laiterie) : le présent

Ils permettent d’avoir un regard sur la situation actuelle de l’élevage : TB, TP, TB/TP, urée, TC et concentrations cellulaires individuelles (CCI), qualité du lait.

Conclusions des documents d’élevage et hypothèses

L’étude préalable des documents d’élevage est nécessaire pour mettre en évidence des facteurs de risque ou des critères d’alerte. Les conclusions sont rédigées, et les hypothèses qui en ressortent vont devoir être confirmées ou infirmées par la visite d’élevage qui permettra d’observer ces points et la façon de travailler de l’éleveur.

2. Visite d’élevage

Enquête de satisfaction de l’éleveur(2)

L’enquête permet d’évaluer comment l’éleveur ressent ses résultats et les trois principales causes de soucis (donc les améliorations souhaitées). Fréquemment, ses préoccupations ne correspondent pas totalement aux dégradations constatées dans les documents d’élevage (ces derniers sont les résultats de l’année antérieure), car les préoccupations actuelles de l’éleveur peuvent être différentes. L’enquête est constituée d’un tableau préétabli dans lequel l’éleveur coche la colonne correspondant à son niveau de satisfaction vis-à-vis des paramètres listés (notes allant de 1, pas satisfait du tout, à 5, très satisfait). Il doit la remplir avant toute discussion sans commentaire qui pourraient modifier sa propre perception. Il peut ajouter des indications quant à ses attentes s’il n’est pas satisfait.

Cette enquête, indispensable pour bien comprendre et répondre aux soucis de l’éleveur, est généralement réalisée lors de la visite d’élevage, mais elle peut également l’être en amont.

Gestion de l’élevage

les paramètres liés à la gestion de l’élevage(3) sont relevés au cours de la visite d’inspection et notés sur un document préétabli qui regroupe toutes les données à collecter (photo).

→ Bâtiment

Lors de la visite du bâtiment sont notés la surface, le volume, l’orientation, les vents dominants, la quantité de paille, le mode de paillage et de curage, le nombre de logettes et de cornadis, l’hygiène, la température de la litière. L’établissement d’un plan des bâtiments avec une photo satellite, les points cardinaux, les ruisseaux et reliefs, est recommandé afin de mieux visualiser l’élevage dans son environnement.

→ Alimentation

Le mode de distribution est observé (mélangeuse, nombre de parts), de même que le type d’auge, le nombre de repoussements de la ration par 24 heures et la quantité de refus souhaitée. Le nombre, l’emplacement, le type, l’hygiène, le volume et le débit des abreuvoirs (été comme hiver) sont observés. Enfin, les silos et le cubage sont examinés.

→ Élevage des vaches taries, des génisses et des veaux

Les bâtiments, l’alimentation, et la conduite d’élevage sont observés pour chaque lot d’animaux présents. En cas de maladies néonatales, la mesure des protéines totales chez des veaux de 1 à 6 jours, par exemple, peut être intéressante, comme le contrôle du taux d’igg dans le colostrum.

Notations de 20 % des animaux : “le plus” des vétérinaires

→ Le vétérinaire doit apporter sa valeur ajoutée, qui est son sens de l’observation (« les vaches ont toujours raison »). pour cela, il doit évaluer chez au minimum 5 à 10 animaux en début de lactation et à taux déviants, chez 5 vaches en fin de lactation et chez 5 vaches taries la note d’état corporel (NEC), le taux de remplissage du rumen (RR), les lésions des pieds, CB et FB (consistance et fibrosité des bouses), l’état du poil, la propreté, l’état des trayons, etc. Il s’aide pour cela de grilles de notation de la NEC, du RR, des bouses et de la motricité.

→ L’objectif est d’évaluer :

– l’évolution de la nec en fonction du stade de lactation (noter les vaches en début de lactation à taux déviants, les vaches en fin de lactation et celles taries [début de tarissement et prêtes à vêler]) ;

– la capacité d’ingestion et la disponibilité de la ration (RR) ;

– l’assimilation de cette ration (CB/FB) ;

– l’état des pieds et la douleur à la locomotion pour l’accès à la ration et à l’eau ;

– le confort des animaux (rumination et assimilation) : logettes inconfortables, marches, abreuvement suffisant, propreté des animaux (paillage antérieur versus CB diminuée, etc.), sols glissants, boiteries, etc.

→ Chez les génisses doivent être évalués les apports et l’assimilation au pré (à la rentrée en stabulation) par rapport aux apports en stabulation (juste avant la mise à l’herbe) ainsi que la croissance compensatrice. En effet, en cas de croissance insuffisante, le développement du rumen et la mamelle risquent d’être insuffisants et de ne pas produire la quantité de lait espérée pour valoriser la stratégie génétique.

3. Compte rendu d’audit

L’audit initial se conclut par un compte rendu d’audit (CR). Il ne comporte pas plus de quatre pages afin de ne pas prendre trop de temps à la rédaction, de pouvoir être relu rapidement en cas de besoin, et d’informer l’éleveur sur les points les plus importants (points forts et à améliorer : une seule page pour l’éleveur). Il doit être présenté, et non envoyé à l’éleveur, pour être éventuellement corrigé et discuté. La présence du nutritionniste à l’audit, comme à cette présentation, peut être intéressante pour avoir son avis et pour une question de relationnel. Le CR se décompose en trois parties :

– les constatations : synthèse des documents annuels, bilan des notations, synthèse de la gestion de l’élevage (pas d’interprétation) ;

– les conclusions : les observations confirment-elles les documents d’élevage ? La liste des points positifs est établie, puis celle des points à améliorer (facteurs de risque et critères d’alerte). Ces conclusions sont comparées aux soucis de l’élevage ;

– les recommandations : à court terme (moins de 1 mois), à plus long terme (plus de 1 mois). Elles doivent répondre aux soucis répertoriés (maximum 3 à 4 par paragraphe).

Il convient de définir immédiatement la date de la prochaine visite de suivi (ou date de visite d’évaluation des effets à 3 ou 6 mois en audit ponctuel).

L’audit initial est impérativement suivi soit d’une visite d’évaluation de l’efficacité des préconisations à 3 ou 6 mois en cas d’audit ponctuel, soit, mieux, d’un suivi global mensuel.

ÉTAPE 2 SUIVI MENSUEL : TRÉPIED D’OBSERVATIONS MENSUELLES

1. Objectifs du suivi mensuel

Le SGE mensuel permet de superviser la gestion quotidienne de l’élevage en laissant aux techniciens leur place. Il s’effectue par la mesure de paramètres qui permettent :

– de vérifier la concordance entre les données des documents et les notations des animaux ;

– de prévenir une déviation débutante ;

– d’effectuer un suivi de reproduction si l’éleveur le souhaite ;

– de vérifier la réalisation des conseils prodigués à la visite précédente ou de discuter les raisons pour lesquelles ils n’ont pas été suivis ;

– de tirer des conclusions sur les observations de la visite ;

– de donner des mesures correctives et de prévoir les événements à venir jusqu’à la visite suivante (mise à l’herbe et baisse des apports azotés, coproscopies et antiparasitaires, etc.) ;

– enfin, de préconiser un audit (de traite, de bâtiment, de parasitisme ou de boiteries) si nécessaire.

Ce suivi s’effectue habituellement une fois par mois, mais sa fréquence peut être augmentée en période délicate (mise à l’herbe par exemple) ou lors de pesée à 45 jours (alternance entre suivi global et suivi de reproduction toutes les 3 semaines), ou diminuée (en été en cas d’absence de CL).

Sa date est dictée par celle de la pesée afin que l’approche soit la plus contemporaine possible de la qualité de la ration et de l’ingestion. Il convient de connaître le TP, le TB/TP et la CCI au moment de la visite (le “valorisé" est téléchargé en fichier csv sur le site de cmre environ 8 jours après la pesée).

2. Préparation de la visite

Un tableau excel regroupant les animaux repérés préalablement sur le document CL mensuel est créé et permet de les classer par jours en lactation. Il doit comporter le moins de pages possible afin d’être pratique pour l’éleveur et le vétérinaire. Les observations de la visite sont enregistrées sur pc (ou tablette) “derrière les vaches” ou sur papier avec un sous-main plastifié rigide. Elles sont inscrites par l’éleveur si le praticien effectue un SdR et n’a pas de main libre.

Documents mensuels

L’étude des documents mensuels permet d’observer les variations qui ont eu lieu depuis la dernière visite et d’émettre des hypothèses qui seront à vérifier lors de la visite.

→ “valorisé” mensuel du CL

Le “valorisé” mensuel du CL est obtenu sur le site de CMRE (espace client) grâce aux codes détenus par les éleveurs : quantité de lait produite, chutes de production, TB, TP, TB/TP, CCI, urée, etc. Il convient de porter une attention particulière aux pesées alternées, surtout à 45 jours.

→ Autres documents éventuellement laissés par le cl depuis la dernière visite

Le rationnement, le bilan “mamelle”, etc., font partie des éléments transmis par le CL.

→ Résultats laiterie

En cas d’absence de CL, la quantité et la qualité de lait livré, les TB, TP, TC, les agents pathogènes et l’urée de tank sont étudiés par la laiterie.

→ Carnet sanitaire

Les affections individuelles depuis la dernière visite sont enregistrées afin de prévenir une éventuelle maladie de troupeau débutante et de dresser rapidement le bilan sanitaire après 12 mois.

→ Analyses effectuées depuis la dernière visite

3. Suivi mensuel des animaux

Gestion de l’élevage

La quantité et la qualité des aliments distribués devant les animaux sont observées, les changements alimentaires (et leurs dates), le contrôle de la machine à traire, le parage préventif, les vermifugations et les vaccinations depuis la dernière visite sont notés.

L’hygiène et l’ambiance des bâtiments sont évaluées(4) (température de litière ou température et hygrométrie de la nurserie par rapport à l’extérieur en cas d’affections néonatales, ventilation, température et humidité de l’air).

Observations et notations des animaux

→ Objectifs :

– suivre l’évolution de la nec en fonction du stade de lactation (3,5 au tarissement et perte maximale de 1 point au pic de lactation) ;

– assurer un volume maximal du rumen en début de lactation (RR de 5 au tarissement, RR supérieur à 3 un mois post-partum) ;

– prévenir toute dégradation des résultats par l’observation des animaux (CB, FB, pieds, état des trayons, etc.) ;

– effectuer un suivi de reproduction éventuellement [1, 9].

→ Animaux à examiner :

– 5 À 10 vaches en début de lactation : dernières vêlées (notes au vêlage) ou vaches entre 15 et 45 jours en lactations (JEL) en involution utérine en cas de sdr ou vaches à taux déviants (TB et/ou TP) ;

– 5 vaches en fin de lactation : vaches à tarir (notes en début de tarissement), afin de délivrer des conseils si les CCI sont élevées ou les NEC insuffisantes ou excessives ;

– 5 vaches taries, dont celles en préparation : notes en fin de tarissement, RR maximal ;

– ajouter à ces animaux les vaches dont les cci ont augmenté et éventuellement les quatre groupes du suivi de reproduction (30 jours post-partum, 60 jours sans chaleurs, plus de 3 ia, diagnostic de gestation).

→ Résultats des fouilles du sdr éventuel et/ou évolution des résultats trimestriels, enregistrement des ia, chaleurs, échographies de gestation, etc.

→ Prélèvements réalisés et observations le jour de la visite

→ Prélèvements pour coproscopies (programme antiparasitaire interne), anticipation d’événements à venir (apports azotés à la mise à l’herbe, par exemple), prises de sang (urémie, pepsinogène, etc.).

→ Remarque : les observations à réaliser peuvent varier avec les mois, selon un planning préétabli et adapté à l’élevage (tableau).

Ces notations et événements sanitaires et zootechniques sont enregistrés dans un logiciel de suivi global, de type vetélevage, afin de pouvoir réaliser des synthèses informatiques rapides mensuelle ou trimestrielle et annuelle et les moyennes de chaque groupe de vaches (débuts, fins, vaches taries) sont calculées, notamment pour la NEC et le RR sur le fichier Excel.

4. Compte rendu systématique de visite

Le compte rendu systématique de visite(5) ne doit comporter qu’une seule page et comprendre trois parties :

– les constatations : documents, notations, gestion de l’élevage, sans interprétation ; cette partie reprend chacune des observations et des interventions exposées précédemment ;

– les conclusions : points positifs, puis points à améliorer ; les observations confirment-elles les documents d’élevage et quelles sont les alertes ?

– les recommandations : à court terme (pour la visite suivante) et à plus long terme.

La date et l’heure de la prochaine visite sont également fixées.

Ce compte rendu est envoyé à l’éleveur et si possible au nutritionniste, surtout si le relationnel est bon ou afin qu’il le devienne.

ÉTAPE 3 BILAN DE SUIVI ANNUEL

Le bilan de suivi annuel reprend tous les résultats obtenus au cours de l’année écoulée(6) :

– la compilation des notations mensuelles des trois groupes de vaches et l’analyse sur l’année par des graphiques ;

– le bilan reproduction du logiciel avec ou sans bilan cia ;

– le bilan production : courbes de lactation, TB, TP, TB/TP selon les JEL ;

– le bilan cellules et efficacité du tarissement ;

– le bilan sanitaire d’élevage ;

– la comparaison des résultats aux attentes exprimées lors de l’audit initial : les souhaits de l’éleveur sont-ils réalisés, et si non, pourquoi ?

– les axes de travail pour l’année suivante (les attentes de l’éleveur sont récoltées dans une nouvelle enquête de satisfaction).

Ce bilan est exposé au cours d’une visite spécialement dédiée, de préférence en présence du nutritionniste et de l’inséminateur (encadrés 2 et 3).

Conclusion

Le SGE mensuel commence par un audit initial et se conclut par un bilan annuel. Il est très valorisant pour le vétérinaire et demande assez peu de temps avec l’expérience et des outils informatiques adaptés. Il répond bien à la demande et aux aspirations des éleveurs et permet de superviser les conseils des différents intervenants d’élevage.

  • (1) http://www.cmre.fr/siteCMRE/logeleveur

  • (2) Voir le document “inventaire de satisfaction de l’éleveur” dans la fiche “modèles de documents utilisables lors d’un suivi global d’élevage laitier” de G. Le Sobre, dans ce numéro.

  • (3) Voir le document “Audit d’élevage/visite d’inspection de l’élevage” dans la fiche “Modèles de documents utilisables lors d’un suivi global d’élevage laitier” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

  • (4) Voir l’article “Enregistrement prolongé de la température et de l’hygrométrie pour évaluer l’ambiance d’un bâtiment” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

  • (5) Voir la fiche “Exemple de compte rendu de suivi mensuel d’élevage de VetAgro Sup” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

  • (6) Voir “Bilan annuel du suivi global Gaec du P., année 2013” en complément sur www.lepointveterinaire.fr

  • (7) Voir le résumé du “Contrat de soins et de partenariat pour la santé du troupeau de bovins” dans la fiche “Modèles de documents utilisables lors d’un suivi global d’élevage laitier” des mêmes auteurs, dans ce numéro

  • (8) Voir “Influence du taux d’AGNE avant vêlage sur la réussite en première insémination” de Le Sobre G, Bois-Truchet E. Point Vét. 2014;350:50-53.

Références

  • 1. Alves de Oliveira L, Arcangioli MA, Mounier L et coll. Apporter de la valeur ajoutée au suivi de reproduction. Point Vét. 2008;289:47-52.
  • 2. Arcangioli MA, Mounier L, Alves de Oliveira L et coll. Approche méthodologique de la visite d’élevage. Point Vét. 2009;40:9-14.
  • 3. Brand A, Noordhuizen JPTM, Schukken YH. Herd health and production management in dairy practice. Wageningen Academic Publishers. Wageningen, Pays-Bas. 2001:347p.
  • 4. Cannas da Silva J, Noordhuizen JPTM, Vagneur M et coll. Veterinary dairy herd health management in Europe: constraints and perspectives. Veterinary Quarterly. 2006;28 (1):23-32.
  • 5. De Kruif A, Mansfeld R, Hoedemaker M. Suivi vétérinaire de troupeaux de vaches laitières. 2e éd. Enke Editeurs. Stuttgart, Allemagne (en allemand). 2007. 291p.
  • 6. Le Sobre G, Fernandez G, Noordhuizen JPTM. Principe et bases d’un programme de suivi d’élevage de vaches allaitantes (SEVAL). Bull. GTV. 2012;66 : 109-120.
  • 7. Mounier L, Alves de Oliveira L, Arcangioli MA et coll. La détection d’un inconfort de couchage à partir d’une évaluation diagnostique globale. Point Vét. 2011;313:52-56.
  • 8. Noordhuizen JPTM. Dairy health and management. Context products, Packington, Grande Bretagne. 1re ed. 2012: 480p.
  • 9. Otz P, Le Sobre G, Alves de Oliveira L et coll. Démarche structurée pour l’analyse de troubles de la reproduction dans un troupeau bovin laitier. Point Vét. 2010;311:48-55.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1
Bases du suivi global d’élevage laitier de VetAgro Sup

Le suivi global d’élevage (SGE) s’effectue à VetAgro Sup selon un trépied d’observations dont les bases sont l’étude des documents d’élevage, la notation des animaux et l’étude des méthodes d’élevage [2]. L’objectif du SGE est de croiser les éléments recueillis afin de les confirmer s’ils convergent ou de les infirmer s’ils divergent. De plus, il permet :

– d’apprécier l’assimilation des aliments par les animaux (consistance et fibrosité des bouses) ;

– d’observer l’état des trayons et la propreté des animaux en cas d’augmentation des taux cellulaires ou de mammites ;

– d’évaluer le confort des logettes (temps de couchage, plaies…) ;

– de suivre les variations de note d’état corporel et d’ingestion en fonction du stade de lactation ;

– d’évaluer le bon fonctionnement du rumen, etc. [8].

Points forts

→ Le suivi global d’élevage laitier s’effectue à VetAgro Sup selon un trépied d’observations dont la base est le croisement des données de l’étude des documents d’élevage, de la notation des animaux et de l’étude des méthodes d’élevage lors d’une visite.

→ Un audit annuel est suivi de visites mensuelles, qui donnent toutes lieu à la rédaction d’un compte rendu qui présente les résultats et apporte des conseils, puis d’un bilan annuel avec un compte rendu plus détaillé.

→ La valeur ajoutée du vétérinaire est la notation, chez environ 20 % des animaux, de l’état corporel, du remplissage du rumen, des pieds, des bouses, du poil, de l’état des trayons, etc.

→ L’enquête annuelle de satisfaction de l’éleveur permet de connaître son point de vue et d’instaurer le dialogue.

ENCADRÉ 2
Discussion

→ Vente du service : la convention(7)

Différents modèles de contrats de soins vétérinaires sont envisageables, mais il est indispensable de ne pas se tromper dans le calcul du coût au départ.

Le bilan sanitaire d’élevage est d’un grand intérêt car il permet de proposer ce service lors de la découverte de résultats perfectibles.

Le suivi global peut être proposé à la suite d’un audit ponctuel pour soucis de cellules, de boiteries, de production insuffisante, etc.

Il peut être la réponse à une demande d’éleveurs souhaitant trouver un interlocuteur qui supervise les résultats de leur élevage et les multiples conseils parfois divergents prodigués par les divers intervenants d’élevage, le vétérinaire apparaissant comme indépendant et capable d’objectiver tous les domaines aussi bien sanitaires que de production.

→ Résultats de dix suivis globaux sur 10 ans à VetAgro Sup

La discussion des résultats de ces dix suivis et les enquêtes de satisfaction des éleveurs montrent qu’ils apprécient d’avoir un interlocuteur capable de superviser mensuellement et annuellement les résultats sanitaires, de production, de reproduction et la gestion de l’élevage, si possible en collaboration avec les autres intervenants. Définir des objectifs et évaluer en fin d’année les résultats et les éventuelles causes d’échec, puis de nouveaux objectifs pour l’année suivante permet de visualiser une démarche raisonnée de travail.

→ L’avis du praticien

Les résultats sont satisfaisants, mais ils ne sont pas toujours bons, car tout ne peut être maîtrisé (météorologie et stade de récolte, conservation des silos, dérèglement des distributeurs automatiques de concentrés [DAC], erreurs d’alimentation, etc.). Toutefois, ils auraient sans doute été pires sans le suivi.

Le bilan de reproduction de chaque éleveur en suivi et la moyenne des résultats de reproduction de nos éleveurs en suivi que nous transmet le centre d’insémination chaque année montrent de très bons résultats par rapport au groupe des éleveurs du Rhône.

Une étude réalisée en suivi global mensuel concernant l’effet des acides gras non estérifiés sur la première insémination montre que le suivi mensuel de l’alimentation ou de la gestion de l’élevage et ses corrections systématiques permettent d’obtenir de très bons résultats de production et de reproduction (8).

Le relationnel avec l’éleveur est toujours amélioré vis-à-vis de ses projets, de l’encadrement apporté, des résultats, mais aussi de l’absence de résultats (psychologie).

Le relationnel avec les organisations professionnelles agricoles (Contrôle laitier, coopérative d’insémination artificielle, groupement de défense sanitaire, pareur, etc.) est appréciable.

Point fort : il s’agit de l’importance donnée à l’observation, qui est “le plus” des vétérinaires. D’autre part, le vétérinaire prend la direction des discussions avec le nutritionniste et l’inséminateur qui ont le même client : l’éleveur.

Points à améliorer :

– apporter une dimension économique au suivi (comptabilité d’exploitation : recettes et coûts des productions) ;

– travailler l’aspect génétique (génomique) : plans d’accouplement, biotechnologies de la reproduction (prélèvement d’ovocytes par ovum pick up, fécondation in vitro, transplantation embryonnaire) ;

– améliorer ses connaissances sur les pratiques culturales, les rendements fourragers, les amendements et fumures, les modalités d’irrigation.

Ces carences sont un véritable écueil qui valorise les techniciens et discrédite parfois les vétérinaires ;

– la formation au suivi global est conseillée pour tous les vétérinaires qui exercent (ou les étudiants vétérinaires voulant exercer) en pratique rurale dans le même cabinet, afin de couvrir les périodes de congés, de favoriser l’entraide en cas de difficulté et d’avoir une vision extérieure. Dans un cabinet avec plusieurs vétérinaires, chacun peut s’attribuer un domaine (reproduction, mammites, boiteries, etc.), ce qui augmente encore la valeur ajoutée du cabinet pour les éleveurs ;

– limiter le temps passé à la préparation (cas avec l’expérience), à la visite et au compte rendu (cela n’est pas possible au début mais l’est avec l’expérience).

ENCADRÉ 3
Ouverture sur le suivi d’élevage de vaches allaitantes (SEVAL)

La même démarche peut être effectuée en élevage allaitant mais la réalisation du suivi mensuel doit être adaptée à la période de pâturage où les observations ne peuvent être réalisées qu’au pré (travail sur la gestion des pâtures) [6]. Le veau étant la production principale de l’élevage, le suivi est axé sur sa santé et sa croissance avant sevrage, puis au nourrisseur. La préparation de la mère est donc primordiale afin que le veau soit en bonne santé dès la naissance : synthèse d’un colostrum de qualité, mise bas dans de bonnes conditions, transfert colostral, hygiène, confort thermique, mesures préventives pour la santé, etc.

De plus, un suivi d’élevage ovin viande a été effectué sur la même trame, et ce modèle peut s’adapter à n’importe quelle production en élevage.

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