Origines de la fièvre chez le chien et le chat - Le Point Vétérinaire n° 349 du 01/10/2014
Le Point Vétérinaire n° 349 du 01/10/2014

MÉDECINE INTERNE DU CHIEN ET DU CHAT

Fiche

Auteur(s) : Marie Vagney*, Élodie Darnis**, Juan Hernandez***

Fonctions :
*CHV Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil
**CHV Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil
***CHV Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil

La fièvre peut avoir de multiples causes, regroupées en quatre catégories : infectieuses, dysimmunitaires, paranéoplasiques et diverses.

L’hyperthermie est une élévation de la température corporelle due à une accumulation de chaleur exogène. Elle se rencontre lors d’exercice physique intense, de coups de chaleur, de crises convulsives, de lésions de l’hypothalamus, etc. En revanche, la fièvre est caractérisée par une augmentation de la température corporelle liée à la mise en place d’une réaction inflammatoire (photo 1). En effet, le relargage de cytokines inflammatoires agissant sur l’hypothalamus, centre régulateur de la température corporelle (thermostat hypothalamique), conduit à l’élévation du point de contrôle de celle-ci.

FIÈVRE D’ORIGINE INDÉTERMINÉE

Il n’existe pas de définition précise, en médecine vétérinaire, d’une fièvre d’origine indéterminée (FOI). En médecine humaine, la FOI est définie pour la première fois par Petersdorf et Besson comme un état fébrile de plus de 38,5 °C, à plusieurs reprises, durant plus de 3 semaines et sans diagnostic après des investigations appropriées pendant une semaine d’hospitalisation [8]. En pratique, les fièvres persistantes durant plus de 3 semaines après une exploration clinique et la mise en place d’un traitement empirique (antibiotique, piroplasmicide et anti-inflammatoire) entrent dans cette catégorie. Cependant, la plupart des fièvres ne restent d’origine indéterminée que le temps de l’exploration.

Plusieurs études menées chez le chien rapportent que les FOI sont fréquemment associées à des causes dysimmunitaires suivies par des causes infectieuses [1-3]. En revanche, chez le chat, les causes infectieuses prédominent largement (figure) [5].

ORIGINES DE LA FIÈVRE

Causes infectieuses

Les causes infectieuses englobent les maladies bactériennes, virales, parasitaires et fongiques (tableau).

Causes dysimmunitaires

Les causes dysimmunitaires sont majoritaires chez le chien [1-3]. Les polyarthrites à médiation immune, les méningites, les vasculites, etc., se trouvent dans cette catégorie.

Causes paranéoplasiques

En médecine humaine, les patients atteints de cancer présentent de la fièvre dans environ 60 % des cas [8]. Cette fièvre est due le plus souvent à une infection. La distinction entre fièvre paranéoplasique et fièvre infectieuse peut donc être difficile à faire. La fièvre paranéoplasique s’observe essentiellement en cas de maladie sévère. Elle est liée à la production de cytokines pro-inflammatoires (pyrogènes), dont l’interleukine 6, par la tumeur et la réponse immunitaire qui agissent sur le centre hypothalamique de la thermorégulation [8]. Les principales tumeurs entraînant un syndrome fébrile chez l’animal sont celles à centre nécrotique, les lymphomes, les thymomes et les sarcomes histiocytaires [8].

Causes diverses

Les causes diverses incluent l’ingestion de toxique et de médicaments tels que les tétracyclines chez le chat [7]. Un shunt porto-systémique peut également s’accompagner de fièvre engendrée par une translocation bactérienne ou une possible cholangio-hépatite surajoutée [8]. Il existe également une fièvre familiale spécifique du shar pei (encadré). Certaines maladies inflammatoires comme le complexe pancréatite-entérite-cholangite et le complexe gingivo-stomatite donnent également de la fièvre chez le chat. Chez les chiots, l’hyperthermie est possible lors de panostéite ou d’ostéopathie hypertrophique [4].

Conclusion

Les origines de la fièvre peuvent se scinder en quatre catégories : infectieuses (majoritaires chez le chat), dysimmunitaires (plus fréquemment rencontrées chez le chien), paranéoplasiques et diverses.

Références

  • 1. Battersby IA, Murphy KF, Tasker S et coll. Retrospective study of fever in dogs: laboratory testing, diagnoses and influence of prior treatment. J. Small Anim. Pract. 2006;47(7):370-376.
  • 2. Chervier C, Chabanne L, Godde M et coll. Causes, diagnostic signs, and the utility of investigations of fever in dogs: 50 cases. Can. Vet. J. 2012;53(5):525-530.
  • 3. Dunn KJ, Dunn JK. Diagnostic investigations in 101 dogs with pyrexia of unknown origin. J. Small Anim. Pract. 1998;39(12):574-580.
  • 4. Flood J. The diagnostic approach to fever of unknown origin in dogs. Compend. Contin. Educ. Vet. 2009;31(1):14-21.
  • 5. Flood J. The diagnostic approach to fever of unknown origin in cats. Compend. Contin. Educ. Vet. 2009;31(1):26-31.
  • 6. Franck KA, Heald RD. Shar-Pei fever. Comp Stand. Care. 2006;8(6):8-10.
  • 7. Lappin MR. Fever of unknown origin in cats. http://www.gvma.net/files/ECVC2013/Lappin-Fever_Of_Unknown_Origin_Feline.pdf (consulté le 26 avril 2013).
  • 8. Mourad O, Palda V, Detsky AS. A comprehensive evidence-based approach to fever of unknown origin. Arch. Intern. Med. 2003;163:545-551.
  • 9. Nelson RW, Couto CG. Small Anim. Intern. Med. 4th ed. Mosby, Elsevier, St. Louis. 2009:1466p.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ
Fièvre familiale du shar pei

→ La fièvre familiale du shar pei est un syndrome de fièvre périodique à médiation immunitaire, dont l’origine exacte n’est pas déterminée. La maladie se manifeste chez les jeunes adultes par des crises, survenant à intervalles variables, avec des épisodes fébriles rétrocédant spontanément en 12 à 48 heures. Un gonflement périarticulaire, notamment tibio-tarsien, est fréquent (photo 2). Un gonflement facial est également rapporté. Des lésions de vasculite cutanée sont également observées, mais restent moins fréquentes.

→ L’examen hématologique révèle souvent une monocytose et une thrombocytose. L’examen biochimique montre une augmentation de l’activité des phosphatases alcalines, une hypercholestérolémie, une hypomagnésémie, une hyperglobulinémie et une légère hausse de la bilirubinémie rapportées à une amyloïdose hépatique, voire rénale. L’augmentation des protéines de la phase aiguë de l’inflammation (protéine C-réactive, sérum amyloïde A ou pic en α2 sur le tracé électrophorétique sérique) est fréquente, mais non spécifique lors des phases fébriles. La succession des crises semble en lien avec le dépôt de substance amyloïde au sein des reins, de l’intestin et du foie, pouvant engendrer une insuffisance organique.

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