Comment intégrer la phytothérapie à sa pratique quotidienne ? - Le Point Vétérinaire n° 349 du 01/10/2014
Le Point Vétérinaire n° 349 du 01/10/2014

THÉRAPIES NON CONVENTIONNELLES

Dossier

Auteur(s) : Philippe Zeppa

Fonctions : Clinique vétérinaire,
167, avenue Nationale
72230 Arnage

Depuis plusieurs millénaires, “la médecine par les plantes” soigne partout dans le monde. Son efficacité indiscutable et la compréhension grandissante de son fonctionnement en font une thérapie utilisable quotidiennement.

La phytothérapie est certainement la médecine non conventionnelle la plus abordable pour débuter car elle peut être utilisée en s’appuyant sur le diagnostic classique de la médecine occidentale. Il existe des préparations à base de plantes bien connues des vétérinaires, commercialisées par les laboratoires. Pour développer sa pratique, il devient indispensable de suivre des formations afin de mieux connaître les modes d’action des plantes et la manière de les associer (photo 1).

L’approfondissement des connaissances permet de mesurer l’immensité des données de cette spécialité. Un très grand nombre de plantes médicinales existent à la surface du globe, sur les cinq continents mais également dans les mers. Les ressources marines sont encore peu connues, mais elles promettent de grandes découvertes [9]. La thérapie par les plantes peut être abordée selon des médecines différentes (occidentale, asiatique, africaine ou amérindienne). Selon l’approche choisie, chaque plante révèle de multiples caractéristiques : chimiques, énergétiques, spirituelles, etc.

1 Bases scientifiques et usages traditionnels de la phytothérapie

L’utilisation des plantes pour soigner est très ancienne. Elle se rencontre dans toutes les cultures. L’usage a consacré l’efficacité de la phytothérapie contre de nombreuses affections. Elle a été la base de l’élaboration de la grande majorité des principes actifs des médicaments et la recherche médicale continue toujours à puiser dans cet immense réservoir que constitue la chimie botanique [1]. L’approche médicale moderne a permis de définir les grandes classes chimiques présentes dans les plantes. La fonction essentielle propre au monde végétal est la photosynthèse qui fait la transition entre le minéral et le vivant. Les plantes possèdent des voies métaboliques qui permettent la synthèse de toutes les molécules qui les composent. En phytothérapie, de nombreuses substances possèdent des propriétés pharmacologiques. Les hétérosides et les shikimates sont dérivés du glucose et des oses. Les polyacétates, les terpènes, les stéroïdes, les flavonoïdes, les anthocyanosides et les tanins sont issus de l’acétyl-coenzyme A. Les alcaloïdes et les protéines sont synthétisés à partir des acides aminés (figure 1) [1]. Certaines plantes sont actives par leur concentration en éléments particuliers comme la tige de la prêle (Equisetum arvense), réputée pour sa teneur en minéraux et en silicium.

Connaître la composition chimique d’une plante et les effets physiologiques de ses constituants permet de sécuriser et de préciser ses effets thérapeutiques. En revanche, cela ne suffit pas à comprendre toutes ses actions. Pour de nombreuses plantes, l’usage traditionnel a validé leurs propriétés thérapeutiques sans que les analyses chimiques soient en mesure de les expliquer. Plusieurs phénomènes sont à l’origine de ces observations.

→ La composition chimique d’un être vivant aussi complexe qu’un végétal ne peut se résumer à quelques molécules. Une plante agit bien souvent par l’ensemble de ses composants.

→ L’activité d’une substance présente dans une plante n’est pas en corrélation directe avec sa concentration. Certains constituants agissent même à très faible dose alors que, pour d’autres, l’aspect quantitatif est déterminant.

→ Les principes actifs des plantes interagissent en se complétant, en se neutralisant ou en se dynamisant. Ce sont donc les concentrations relatives et la combinaison des éléments qui vont donner leurs propriétés [13].

→ Devant la multitude des molécules découvertes au fur et à mesure des études biochimiques, de très nombreuses recherches sont encore nécessaires avant de prétendre à une connaissance scientifique moderne de la phytothérapie.

→ Il est très fréquent d’associer plusieurs plantes dans une prescription médicale. Les difficultés rencontrées sont d’une telle complexité qu’il devient illusoire de donner des interprétations rationnelles, même avec les moyens technologiques les plus perfectionnés.

Pour toutes ces raisons, il est judicieux d’envisager l’utilisation des plantes de façon plus ancestrale [15]. Depuis des millénaires, des médecins traditionnels soignent avec les ressources de leur environnement. Des systèmes médicaux très cohérents ont permis de structurer la thérapie par les plantes. En Asie (Chine et Inde, par exemple), les écrits de ces médecins ont été conservés et servent encore de référence aux thérapeutes actuels. Les plantes sont classées selon plusieurs critères : leur nature (chaude, tiède, neutre, fraîche ou froide), leurs saveurs (acide, amère, piquante, astringente, douce, insipide, salée), leurs tropismes pour des tissus (médecine ayurvédique), des organes (médecine occidentale traditionnelle) ou des méridiens (médecine chinoise) et leurs caractéristiques propres qui sont généralement le reflet des autres propriétés [6-8, 10]. En médecine occidentale moderne, ces paramètres ne peuvent être pris en considération car ils ne correspondent pas à la sémiologie conventionnelle. Pour de nombreuses autres médecines, ils permettent une utilisation raisonnée des plantes.

2 Motivations pour se lancer dans la pratique de la phytothérapie

Élargir son arsenal thérapeutique

Les médicaments de la pharmacopée occidentale ne sont pas adaptés à toutes les situations rencontrées dans la pratique quotidienne. Il arrive que des contre-indications interdisent la prescription de certaines classes thérapeutiques, empêchant une prise en charge optimale de l’individu. Par exemple, le traitement des douleurs musculo-squelettiques chez un animal insuffisant rénal peut être délicat avec les anti-inflammatoires classiques. Même si de nouvelles molécules moins néphrotoxiques sont maintenant disponibles, la perte d’intégrité de la fonction rénale rend leur utilisation risquée. La phytothérapie apporte des solutions alternatives intéressantes.

La gestion de l’insuffisance rénale, concomitante des affections ostéo-articulaires, par la phytothérapie prend en compte plusieurs paramètres : un maintien de la diurèse avec des plantes diurétiques douces, une protection du tissu rénal, une diminution des phénomènes de fibrose et de sclérose, une gestion de la douleur et de l’inflammation, un renforcement des tissus osseux et cartilagineux, une amélioration de la circulation sanguine afin de favoriser la perfusion et de permettre une meilleure nutrition des structures musculo-squelettiques (tableau). L’utilisation d’algues ayant la propriété de stimuler la production des cellules souches améliore souvent la vitalité des animaux insuffisant rénaux bien qu’aucune étude n’ait encore été réalisée dans cette indication.

Certains traitements sont mal acceptés par les propriétaires, comme les corticoïdes ou les psychotropes qui ont parfois mauvaise réputation auprès du grand public. Proposer d’autres solutions thérapeutiques est un service apprécié.

Dans les affections chroniques qui nécessitent des traitements longs, la phytothérapie peut compléter ou remplacer certains médicaments pour en limiter les effets secondaires. Des traitements alternatifs aux anti-inflammatoires non stéroïdiens existent. Il est également possible d’utiliser les propriétés protectrices, drainantes ou stimulantes de certaines plantes afin d’aider l’organisme à mieux supporter le traitement en cours. Les xénobiotiques sollicitent les fonctions hépatiques de détoxification et l’élimination rénale : le radis noir (Raphanus sativus niger, racine) et la piloselle (Hieracium pilosella, plante entière) stimulent, le premier, le foie et la seconde, la diurèse. Certains médicaments ont un effet immunosuppresseur (corticoïdes, antimitotiques) qui peut être minimisé par l’échinacée (Echinacea purpurea, racine) ou le ganoderme (Ganoderma lucidum, mycélium).

Répondre à une demande des propriétaires

Les vétérinaires et les médecins ignorent souvent l’importance de l’utilisation, en automédication, de la phytothérapie. De nombreux laboratoires proposent des préparations à base de plantes. Internet permet un développement exponentiel de ce commerce, parfois au mépris des réglementations nationales ou communautaires.

Répondre à cette demande assure une meilleure prise en charge de la santé des individus en :

– évitant une automédication qui est souvent réalisée en méconnaissance des indications précises de chaque plante et de ses interactions avec les traitements conventionnels. Par une bonne maîtrise de la phytothérapie, le traitement prescrit est plus efficace et prévient l’apparition d’effets indésirables ;

– orientant les propriétaires vers des laboratoires qui répondent aux normes de qualité. Certains fabricants utilisent des matières premières sans se soucier de leur provenance ni se conformer aux impératifs technologiques de leur transformation. Comme dans tout domaine, ces pratiques nuisent à tous les intervenants de la filière. En tant que garant de la santé animale, les vétérinaires doivent avoir les compétences pour prévenir ces dérives ;

– satisfaisant du mieux possible les attentes des propriétaires d’animaux qui apprécient que le thérapeute soit en mesure de les conseiller de la manière la plus étendue possible dans tout ce qui a trait à la santé animale.

Le vétérinaire n’a pas vocation à juger du bien-fondé des demandes de sa clientèle. Il doit répondre du mieux possible en apportant son éclairage issu de ses connaissances et de son expérience. Il serait regrettable que la profession vétérinaire ne s’empare pas de ce secteur d’activité et l’abandonne à d’autres acteurs souvent moins compétents dans les soins aux animaux.

3 Phytothérapie ou phytothérapies ?

Formes galéniques

Les méthodes de préparation des médicaments à base de plantes sont variées. Chacune facilite l’extraction de certains types de substances [2].

→ Les plantes séchées sont réduites en une poudre à diluer dans de l’eau chaude ou se présentent en gélules à avaler. Il est plus facile de mélanger la poudre à la nourriture des animaux, même s’il est généralement recommandé de séparer du repas la prise d’un remède phytothérapique.

→ Les teintures mères sont obtenues par la macération de plantes dans une solution alcoolique. Le goût alcoolisé rend souvent l’administration difficile chez l’animal. Les teintures mères servent à la préparation des médicaments homéopathiques.

→ Les extraits fluides de plantes standardisés (EPS) sont le résultat de passages successifs des plantes fraîches dans des solutions hydro-alcooliques de plusieurs concentrations afin de recueillir le plus possible de substances actives. Ces dernières sont ensuite préservées dans une solution glycérinée.

→ Les hydrolats sont des extraits de plantes recueillis par entraînement à la vapeur au cours de la distillation.

→ Les huiles essentielles sont des composants hydrophobes rendus possibles par une distillation de plantes aromatiques [5].

→ Les macérats sont obtenus par la macération de plantes dans des solvants aqueux ou huileux.

Dans les médecines ancestrales, les plantes sont préparées de façon très variée, parfois mélangées à d’autres ingrédients comme le miel ou le vin [14]. Elles sont cuites selon des procédés qui peuvent être complexes et, en pharmacopée ayurvédique, certains composants subissent plus d’une centaine de cuissons.

Une plante aux nombreux aspects

→ Selon la partie utilisée de la plante (plante entière, racine, partie aérienne, feuille, fleur, fruit, graine) les propriétés vont différer. Par exemple, la racine de la grande ortie (Urtica dioica) a des effets anti-inflammatoire sur la prostate et les voies urinaires basses, antiandrogénique et hypotenseur, alors que la partie aérienne est diurétique, reminéralisante osseuse, anti-inflammatoire sur les articulations, antianémique, antihémorragique, stimulante pour la lactation, et un antiallergique respiratoire et cutané [2,3].

→ La période de l’année à laquelle est récoltée la plante est également importante. La concentration en substances actives n’est pas la même au moment de la pousse, de la floraison ou de la pause hivernale. C’est un paramètre à ne surtout pas négliger. Par exemple, l’échinacée (Echinacea purpurea), dont les racines contiennent des isobutylamides et des mucopolysaccharides qui stimulent le système immunitaire, doit être récoltée en automne après le dessèchement des parties aériennes. Il convient d’attendre la deuxième année de floraison pour que la racine soit assez développée et que la concentration en substances actives soit optimale.

→ Le lieu géographique importe également car les qualités du sol et le climat ont une influence parfois primordiale sur les effets thérapeutiques [2]. L’exemple de la racine de la griffe du diable (Harpagophytum procumbens) est représentatif de ce phénomène. Cette plante est originaire du sud de l’Afrique et principalement du désert du Kalahari. Victime de son succès dans le traitement des inflammations articulaires, elle est devenue plus rare dans son habitat d’origine. Elle a été cultivée dans d’autres régions du monde au détriment de son efficacité thérapeutique.

Associations de plantes

L’utilisation d’une seule plante à la fois n’est pas courante en phytothérapie pour deux principales raisons :

– la phytothérapie est une thérapie globale qui tente de soulager l’ensemble des maux du malade. Il est difficile de réaliser cet objectif par l’administration d’une seule plante dont les propriétés médicinales pourraient couvrir toute la symptomatologie ;

– la prescription d’une seule plante suppose une parfaite connaissance de ses effets thérapeutiques et une telle précision est rare.

Le choix d’associer plusieurs plantes est généralement préféré. Traiter une affection en la considérant sous plusieurs aspects est plus efficace que de limiter son approche. Par exemple, pour un animal hyperactif, il est possible de ne prescrire que la graine de griffonia (Griffonia simplicifolia) qui est riche en 5-hydroxytryptophane, précurseur de la sérotonine. Cependant, le résultat est meilleur en ajoutant des plantes qui vont agir sur d’autres neurotransmetteurs, comme la racine de la valériane (Valeriana officinalis) qui a une action GABAergique. L’efficacité est encore plus grande en ajoutant une plante calmante et régulatrice hormonale, le fruit du gattilier (Vitex agnus castus), pour les femelles, ou le cône du houblon (Humulus lupulus) pour les mâles (encadré, photo 3). Il n’est pas possible de prescrire une formule de phytothérapie comme un médicament chimique. L’organisme doit être considéré comme un ensemble de fonctions en équilibre et en perpétuelle mutation. Une action thérapeutique très ciblée ne satisfait que rarement cet objectif. Un équilibre, adapté à l’état de l’individu au moment de la consultation, doit être trouvé entre les composants de la prescription, sachant que la situation va évoluer.

En pratique occidentale, la limitation du nombre de remèdes est la règle, ce qui n’est pas le cas dans les médecines asiatiques. Cette différence tient aux principes d’association.

PREMIÈRE MÉTHODE D’ASSOCIATION

Par le choix de trois ou quatre plantes au maximum, il convient de traiter le plus grand nombre possible de manifestations pathologiques (figure 2). Cette méthode a l’avantage de considérer l’individu dans sa totalité. En revanche, les interactions entre les constituants de chaque association ne sont pas prises en compte de façon optimale. La prescription est formulée comme une somme d’effets thérapeutiques. Par exemple, en pharmacopée chinoise, les effets thérapeutiques de l’association de la pivoine blanche (Paeonia alba, racine) et de la cannelle (Cinnamomum caseum, rameau) diffèrent en fonction de la proportion de chaque plante dans la prescription. Si les proportions relatives sont de 50 % de pivoine blanche et de 50 % de cannelle, le traitement concerne des états fébriles (“attaque de vent froid” selon la médecine chinoise). Avec 75 % de pivoine blanche et 25 % de cannelle, l’action est orientée vers des troubles cardiaques (“vide de yang du cœur” selon le diagnostic de la médecine chinoise). Ce type de distinction n’est souvent pas connu en phytothérapie occidentale par manque de données expérimentales.

SECONDE MÉTHODE D’ASSOCIATION

Dans cette méthode, l’objectif est d’ordonner les symptômes afin de hiérarchiser les effets du traitement. Par exemple, en cas de vomissements liés à une affection hépatique, il est possible, dans un premier temps, de les traiter avec la partie aérienne de la mélisse (Mélissa officinalis) ou l’huile essentielle de citron (Citrus limon) puis d’orienter le traitement pour protéger et activer les fonctions du foie avec la partie aérienne du desmodium (Desmodium adscendens) ou le fruit du chardon-marie (Silybum marianum). Quand les vomissements sont calmés, la formule peut être modifiée pour accroître le tropisme hépatique.

La prescription est élaborée selon un schéma type :

1. la plante principale donne l’action prioritaire de la formule ;

2. les plantes synergiques renforcent l’action de la plante principale ;

3. les plantes complémentaires prennent en charge des symptômes que les autres plantes ne soignent pas ;

4. les plantes modulatrices orientent, freinent ou favorisent les actions des autres composants.

En faisant varier les proportions entre les différentes plantes dans la prescription, les effets médicaux sont modulés afin de s’adapter aux besoins de l’individu malade. Cette manière de composer une formule phytothérapique est à la base de la pharmacopée chinoise [11, 12]. Chaque constituant a une fonction précise. Les interactions bénéfiques sont clairement définies afin d’atteindre l’objectif thérapeutique.

Espèces cibles

Une difficulté supplémentaire apparaît en médecine vétérinaire, c’est la diversité des espèces traitées. Le métabolisme propre à chaque espèce va modifier parfois de manière très importante les actions des plantes. La toxicité du raisin chez le chien ou de la prêle chez le cheval est connue. Dans ce dernier cas, certaines méthodes de préparation, les EPS par exemple, permettent de faire disparaître la toxicité.

Très peu d’études existent pour mettre en évidence ces différences interspécifiques. La majorité des indications proposées sont des extrapolations d’expérimentations humaines. C’est pourtant un travail indispensable pour maîtriser l’usage de la phytothérapie chez les animaux.

4 Comment commencer et développer cette nouvelle activité ?

De très nombreux vétérinaires utilisent déjà des préparations à base de plantes commercialisées par les laboratoires habituels. C’est un très bon moyen pour commencer à se familiariser avec la phytothérapie. Cette première étape permet de prendre confiance en observant la réelle efficacité de ces médicaments, avec la sécurité qu’apporte le sérieux de laboratoires connus. Contrairement à d’autres médecines alternatives, il n’est pas nécessaire de suivre des formations longues pour débuter.

Pour progresser dans ce domaine, il est ensuite possible de se tourner vers des laboratoires plus spécialisés en phytothérapie, qui proposent des gammes plus larges permettant la prise en charge de nombreuses affections. Il convient simplement de connaître les indications des préparations disponibles. À ce stade, il est préférable de s’intéresser aux compositions des médicaments afin de développer sa connaissance des plantes et de leurs propriétés.

Quand il est proposé au propriétaire d’un animal de choisir entre un traitement à base de plantes ou un traitement chimique classique, la fréquence du premier choix est surprenante. Les réticences à développer l’usage de la phytothérapie sont principalement le fait des praticiens. Si un vétérinaire a la volonté de pratiquer quotidiennement cette discipline, il peut facilement atteindre cet objectif.

En ce qui concerne la prescription de produits phytothérapiques, trois situations sont rencontrées :

– la préparation est présentée comme un médicament par le laboratoire. Sa prescription est régie par les mêmes règles que pour les médicaments chimiques ;

– la préparation est sous forme d’un complément alimentaire. Elle n’est pas soumise à la législation sur le médicament ;

– le praticien réalise une prescription magistrale de plantes soumises à la législation du médicament (EPS). Dans ce cas, il convient de se conformer à des règles particulières d’étiquetage, d’enregistrement et de rédaction d’ordonnance qui sont un peu contraignantes mais assez simples à mettre en œuvre.

5 Où se former en phytothérapie ?

Pour pratiquer la phytothérapie, il existe plusieurs moyens de se former selon le degré d’intégration de cette thérapie dans sa pratique professionnelle.

Les publications sur le sujet sont pléthoriques et il est difficile de s’y retrouver. Il est utile d’être conseillé par un praticien compétent. Quelques ouvrages d’un abord assez simple proposent une information de qualité [2-4]. Cependant, la très grande majorité des publications traitent de la phytothérapie humaine et il existe peu de documentation en français sur la phytothérapie vétérinaire [16]. Cette lacune doit être comblée afin de favoriser un véritable essor de cette discipline dans notre pays.

Les conférences et les séminaires proposés par des laboratoires ou des organismes de formation continue abordent des sujets variés pour traiter des maladies ciblées. C’est un bon moyen d’apprivoiser cette discipline en attendant de se lancer dans des formations plus complètes. La satisfaction apportée par les résultats obtenus incite à poursuivre dans cette voie.

Des formations sur plusieurs séminaires sont indispensables pour développer la phytothérapie dans sa structure professionnelle en tant que spécialité. Que ce soit en médecine vétérinaire ou en médecine humaine, peu d’organismes sont susceptibles d’offrir une formation répondant à un exercice spécialisé. En médecine humaine, il est possible d’obtenir un diplôme universitaire délivré par des facultés de médecine ou de pharmacie. En médecine vétérinaire, il n’existe pas de diplôme reconnu, mais certains organismes assurent un enseignement de qualité (le Groupement d’étude en biothérapies ou GEB, l’Institut des médecines alternatives et ostéopathie vétérinaire ou Imaov, l’Académie vétérinaire d’acupuncture et d’ostéopathie ou Avétao). Selon les organismes et les enseignants, la formation est orientée vers une approche plutôt biochimique ou plutôt énergétique. Il est recommandé de se renseigner avant de suivre les cours afin d’atteindre au mieux ses objectifs.

Pour aborder des phytothérapies plus traditionnelles comme la pharmacopée chinoise ou ayurvédique, il est nécessaire de suivre d’abord une formation de base pour être en mesure de poser un diagnostic propre à ces médecines. L’investissement personnel est alors plus important, mais cela ne doit pas être un frein au désir d’apprendre et de comprendre.

Conclusion

Si la phytothérapie est la méthode thérapeutique la plus simple à mettre en place dans la pratique quotidienne, elle est également la plus riche et la plus complexe à maîtriser. Le nombre de paramètres est considérable par le nombre d’espèces végétales réparties sur les continents et dans les mers, l’influence des sols et des climats sur les propriétés médicinales, les variétés de modes de préparation des plantes, la multitude des possibilités d’associations et les variations des réactions selon les espèces animales. Les méthodes scientifiques actuelles ne sont pas adaptées pour explorer une telle diversité. Le thérapeute doit donc s’en remettre aux connaissances ancestrales, et à son expérience et à sa perception propres.

Comme dans toute discipline médicale, devenir phytothérapeute nécessite un travail sérieux pour acquérir des connaissances et une pratique régulière. C’est également un chemin initiatique et une ouverture à d’autres cultures.

Références

  • 1. Bruneton J. Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Éd. TEC & DOC Lavoisier, Paris. 3e éd. 1999:1120p.
  • 2. Collectif Encyclopédie des plantes médicinales. Larousse, Paris. 2001:335p.
  • 3. Fleurentin J. Hayon JC. Les plantes qui nous soignent, traditions et thérapeutique. Ed. Ouest-France, Rennes. 2007:191p.
  • 4. Fleurentin J. Hayon JC. Plantes médicinales, traditions et thérapeutique. Ed. Ouest-France, Rennes. 2008:192p.
  • 5. Franchomme P et coll. L’aromathérapie exactement, Encyclopédie de l’utilisation thérapeutique des extraits aromatiques. Éd. Roger Jollois, Limoges. 2001:490p.
  • 6. Frawley D. Lad V. La divinité des plantes. Guide ayurvédique de phytothérapie. Éd. Turya, Monoblet. 2004:350p.
  • 7. Frawley D. La santé par l’ayurvéda. Guide pratique des thérapies ayurvédiques. 3e éd. Éd. Turya, Sauve 2009:320p.
  • 8. Guillaume G, Mach-Chieu. Pharmacopée et médicine traditionnelle chinoise. Éd. Désiris. 1987:701p.
  • 9. Kornprobst JM. Substances naturelles d’origine marine – Chimiodiversité, pharmacodiversité, biotechnologies. Éd. TEC & DOC Lavoisier, Paris. 2005:1830p.
  • 10. Laurent M, Vinai R. Traité de médicine traditionnelle chinoise. Pharmacopée, tome 1 : les plantes. Éd. Arts et systèmes, Avignon, 2000:420p.
  • 11. Laurent M, Vinai R. Traité de médicine traditionnelle chinoise. Pharmacopée, tome 2 : les prescriptions. Éd. Institut de médecine traditionnelle chinoise, Avignon 2000:365p.
  • 12. Marie E. Grand formulaire de pharmacopée chinoise. Éd. Paracelse, Vitré. 1991:992p.
  • 13. Penoel D. L’aromathérapie quantique, pour se réaliser avec les huiles essentielles. Guy Trédaniel éd., Paris. 2010:522p.
  • 14. Sionneau P. Phytothérapie chinoise. Les combinaisons efficaces. Guy Trédaniel éd., Paris. 2006:327p.
  • 15. Willem JP et coll. L’éthnomédecine : une alliance entre science et tradition. Éd. Jouvence, Saint-Julien-en-Genevoix. 2006:121p.
  • 16. Wynn S, Fougere B. Veterinary herbal medicine. Mosby Elsevier, St-Louis, Missouri, USA. 2007:736p.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ
Exemple de traitement phytothérapeutique d’une chienne hyperactive

→ EPS griffonia (Griffonia simpliciflia, graine), action sérotoninergique, sédative et hypnotique.

→ EPS valériane (Valériana officinalis, racine) action gabaergique, sédative et anxiolytique.

→ EPS aubépine (Crataegus oxyacantha, sommité fleurie), action sympathicolytique, sédative, anxiolytique, cardiotonique (inotrope +, chronotrope -) et hypotensive.

→ EPS gattilier (Vitex agnus castus, fruit), action agoniste des récepteurs µ aux opiacés, sédative et hormono-régulatrice du cycle œstral.

L’amélioration comportementale apparaît après 2 à 3 semaines de traitement qui est poursuivi pendant au moins 6 mois et renouvelé en cas de récidive.

L’association de la phytothérapie occidentale et du diagnostic de médecine chinoise permet d’optimiser le traitement en sélectionnant des plantes en fonction de tropismes particuliers, comme ici, l’aubépine pour le cœur et le gattilier pour les gonades.

EPS : extrait fluide de plante standardisé.

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