Comment traiter une vache atteinte d’une hémolactation ?

L’hémolactation se définit comme la présence d’hématies ou de sang en nature dans le lait, accompagnant fréquemment les manifestations de congestion mammaire (^photo). Plusieurs facteurs étiologiques sont identifiés :

– des ruptures vasculaires de la muqueuse des sinus et des canaux galactophores à la suite d’une traite brutale ou anormalement prolongée ;

– une carence en vitamine C à l’origine d’une fragilisation des capillaires ;

– des accidents iatrogènes, comme la manipulation brutale lors d’injections de produit intramammaire ;

– des mammites aiguës ou chroniques ;

– un décubitus prolongé sur un sol dur et irrégulier, ou des traumatismes divers sur la glande en état de réplétion ;

– des œdèmes mammaires autour de la période de vêlage, notamment chez les vaches primipares [¹].

Gestion thérapeutique

Le traitement de l’hémolactation dépend essentiellement de sa cause, qui doit être systématiquement recherchée et éliminée. Il est souvent complété par l’usage de médicaments hémostatiques généraux. De plus, une antibiothérapie à large spectre doit être instaurée pour prévenir la prolifération de bactéries à Gram⁺ ou à Gram^-, susceptible de survenir à la suite de lésions épithéliales du trayon et du parenchyme mammaire.

Les signes d’hémolactation apparaissant dans les premiers jours après le vêlage sont souvent transitoires et ne nécessitent pas de prise en charge thérapeutique.

Hémostatiques généraux

Deux agents hémostatiques généraux peuvent être prescrits pour lutter contre l’hémolactation chez la vache : l’étamsylate (Hémoced(r)) et la ménadione (Vitamine K3 Vétoquinol(r)).

→ L’étamsylate est un agent hémostatique de synthèse dont le mode d’action repose principalement sur la stimulation de l’adhésivité et de l’agrégabilité plaquettaire. De plus, il protège la paroi des capillaires et consolide le film endothélial de fibrine qui tapisse la lumière des vaisseaux, en réduisant le temps de saignement d’environ 40 % sous l’effet d’un seul traitement.

La dose recommandée est de l’ordre de 5 à 10 mg/kg/j pendant au moins 1 à 3 jours par voie intramusculaire ou intraveineuse. Le délai d’attente à la suite de son administration est de 1 jour pour la viande et nul pour le lait.

→ La ménadione est un analogue artificiel de la vitamine K qui possède une activité biologique deux à trois fois supérieure à celle conférée par les vitamines K1 ou K2. Elle est indispensable à la synthèse de certaines protéines de la coagulation (prothrombine, par exemple). Elle permet de réduire de manière significative les effusions de sang dans le lait.

Elle est utilisée à raison de 2 mg/kg/j par voie intraveineuse lente pendant 2 à 3 jours. Son avantage réside dans le délai d’attente qui suit son administration, qui est nul aussi bien pour le lait que la viande.

Que faire en cas d’échec thérapeutique ?

En cas d’échec thérapeutique, les mesures suivantes peuvent être mises en place :

– une transfusion sanguine de 1 à 3 l de sang citraté lors de saignement important ;

– une injection locale de 15 ml d’adrénaline à 1/1 000 pour provoquer une vasoconstriction locale ;

– une élimination radicale “à ciel ouvert”, après ouverture du trayon, des néoformations richement vascularisées.

Comment prévenir cet accident ?

Il convient d’assurer un bon réglage de la machine à traire afin d’éviter les phénomènes de surtraite. L’aire de couchage doit être correctement entretenue et, surtout, confortable pour que les mamelles des vaches ne soient pas piétinées par leurs congénères. Le traitement des mammites chroniques repose sur un choix d’antibiotiques à large spectre.

Conclusion

Dans la plupart des cas, le traitement étiologique suffit à arrêter les signes d’hémolactation chez la vache. Un traitement symptomatique faisant appel à des agents hémostatiques doit également être mis en œuvre, notamment en cas d’hémorragie sévère ou anormalement prolongée.

Références

• 1. Lepage P. Les moyens de diagnostic des infections mammaires en exploitation. J. Nat. GTV, Nantes. 2003:319-330.