Bénéfices et risques de l’estriol chez une chienne castrée atteinte d’incontinence urinaire

La castration d’une chienne s’accompagne, pour de 10 à 20 % des cas, d’une incontinence urinaire. Il s’agit plus exac-tement d’une incompétence sphinctérienne de l’urètre (ISU), qui implique un défaut hormonal. Cependant, le mécanisme précis reste encore incomplètement établi [2, 6, 7]. Bien que le déficit en œstrogènes n’est plus considéré comme la seule cause à l’origine de l’ISU, l’estriol (Incurin®) est toujours un moyen pharmacologique utilisé en pratique courante en raison de ses propriétés bénéfiques sur la fonction vésico-urétrale.

Action bénéfique démontrée de l’estriol

Certaines études ont permis d’établir l’efficacité de l’estriol dans le traitement de l’incontinence urinaire chez la chienne castrée [1, 3, 5]. Son bénéfice peut être relié principalement à deux mécanismes que sont l’augmentation du tonus du sphincter urétral et l’amélioration de la capacité vésicale. Ces effets mettent en jeu son action génomique sur les récepteurs aux œstrogènes dont l’affinité est augmentée dans les parties distales du système uro-génital chez la chienne castrée.

La sensibilité des chiennes à l’estriol étant variable, il est recommandé d’adapter la posologie à l’animal et de commencer le traitement avec un comprimé (1 mg d’estriol) par jour et par animal. La dose doit être réduite de moitié en cas d’efficacité, sans toutefois être inférieure à 0,5 mg/j, et augmentée à deux comprimés par jour (2 mg/j est la dose maximale recommandée) si besoin.

L’estriol n’a pas les effets indésirables typiques des autres œstrogènes

L’innocuité de l’estriol a été démontrée [4]. Les effets toxiques (par exemple une aplasie médullaire irréversible, une thrombocytopénie ou un syndrome hémorragique) communs aux œstrogènes artificiels à longue durée d’action n’ont pas été observés malgré une posologie cinq fois supérieure à la dose maximale journalière recommandée [4, 5]. Cependant, dans 5 % des cas, certains effets indésirables peuvent être observés de manière transitoire, et, ce, à la dose recommandée, à savoir de 0,5 à 2 mg par animal (^tableau). L’estriol doit cette faible toxicité à son profil pharmacologique particulier. En effet, sa faible liaison à ses récepteurs, son élimination rapide et sa faible accumulation lors d’administration répétée font de lui un œstrogène “courte action”.

Estriol versus phénylpropanolamine

Bien que l’estriol soit utilisé en pratique courante, la phénylpropanolamine (Propalin®) agent sympathomimétique, est considérée comme le traitement médical de choix de l’incontinence urinaire chez la chienne castrée. Son efficacité serait supérieure à celle de l’estriol, mais ce dernier pourrait lui être préféré chez des chiennes prédisposées à un tonus vagal élevé (races brachycéphales, par exemple) ou celles atteintes no-tamment de glaucome et/ou de troubles cardiovasculaires. En cas d’échec thérapeutique de l’un ou de l’autre de ces traitements, leur association peut être envisagée en raison de la complémentarité de leur mode d’action. Cependant, cette démarche ne repose sur aucun fondement clinique [3].

Conclusion

L’estriol est un œstrogène naturel dont l’efficacité est démontrée dans le traitement de l’incontinence urinaire chez la chienne ovario-hystérectomisée. Sa courte durée d’action et son élimination rapide lui confèrent une bonne sécurité d’emploi.