Mise à jour “buiatre” des principales affections héréditaires - Le Point Vétérinaire expert rural n° 331 du 01/12/2012
Le Point Vétérinaire expert rural n° 331 du 01/12/2012

GÉNÉTIQUE BOVINE

Fiche

Auteur(s) : Béatrice Bouquet

Fonctions : 8, rue des Déportés
80220 Gamache

À partir des années 2000, un appel à la vigilance a été adressé pour la surveillance des anomalies héréditaires bovines, dans un contexte de libéralisation de la sélection génétique bovine à la suite de la loi d’orientation agricole [3]. Les éleveurs ou gestionnaires de race ont des difficultés à remonter les informations sur ce sujet par peur des enjeux économiques. Accoucheurs des vaches et interlocuteurs privilégiés des éleveurs, les vétérinaires ont un rôle à jouer dans la vigilance vis-à-vis de la survenue d’anomalies héréditaires bovines.

Les données sur ce sujet évoluent à la faveur de publications récentes [2, 3, 4]. Les connaissances sur les gènes impliqués et leur diffusion dans la population ont été affinées pour plusieurs anomalies, grâce aux progrès de la génétique moléculaire. Les “tares” ne se résument pas à l’identification d’un gène muté responsable d’un phénotype anormal standard observé à la naissance. Certaines mutations ont des répercussions, à plus long terme, sur des caractères considérés comme complexes, c’est-à-dire sous l’influence de nombreux gènes. Elles sont donc difficiles à identifier. Ce sont par exemple les mutations qui concernent la résistance aux maladies, la croissance et la fertilité. Ainsi, la mutation responsable de Brachyspina en race holstein provoque la naissance de veaux anormaux, mais aussi une diminution de la fertilité due à une mortalité embryonnaire accrue. De même, la mutation identifiée dans le gène RNF11, responsable du nanisme en blanc-bleu belge, affecte la réponse immunitaire avec une sensibilité aux diverses maladies et une mortalité accrues(1).

Les principales anomalies héréditaires bovines : un sujet préoccupant

À l’occasion du dernier Congrès mondial de buiatrie qui s’est tenu au Portugal (du 3 au 8 ? juin 2012), des équipes italienne, suisse et danoise associées ont proposé une sélection des principales anomalies héréditaires bovines, « sujet de préoccupation croissant », selon elles (tableaux 1, 2, 3) [4]. Toutefois, seules les maladies dans les races effectivement représentées en France avec des effectifs significatifs sont exposées dans cet article. Les anomalies de la japanese black ou encore de l’angus sont donc absentes. Pour une exhaustivité totale, une base de données internationale sur les maladies génétiques des animaux (hors souris qui possède avec l’homme sa propre base de données) peut être consultée(2) [5].

Certaines anomalies, actuellement en cours d’investigation en France via l’Observatoire national des anomalies bovines (ONAB), ne figurent pas dans le récapitulatif proposé au Congrès mondial de buiatrie : le syndrome d’hypoplasie généralisée capréoliforme ou SHGC, en race montbéliarde, le syndrome des veaux tourneurs (axonopathie) en race rouge des prés, l’atrésie du côlon en race holstein, l’ataxie progressive en race charolaise (encadré).

Nous avons ajouté, dans le tableau 3, certaines de ces affections et quelques autres qui peuvent susciter l’intérêt en France(1). Les données de ce tableau ne présument pas de la présence ou de la fréquence en France de ces anomalies.

La surreprésentation de certaines races n’est pas non plus à considérer comme une “détérioration génétique” de ces dernières, mais les anomalies y ont été davantage investiguées et publiées (rendues publiques) : par exemple, la blanc-bleu belge, race à faible effectif, est très présente en raison de la forte investigation réalisée par l’équipe de Michel Georges à l’Université de Liège (photo).

Les anomalies héréditaires sont-elles des maladies ”d’avenir“ ?

→ D’un côté, les gestionnaires des programmes de sélection concentrent leurs choix vers un nombre limité de reproducteurs mâles d’élite pour une meilleure productivité des exploitations. La voie femelle se réduit également par le développement du transfert embryonnaire, les meilleures vaches pouvant augmenter ainsi sensiblement leur nombre de descendants reproducteurs, y compris mâles. Ces phénomènes créent des goulets d’étranglement, jusqu’à se retrouver dans une situation où un nombre réduit d’animaux contribue à la majorité des gènes de la race. Or s’ils sont porteurs de mutations indésirables, la fréquence de ces dernières augmente fortement.

→ De l’autre, le développement des méthodes de la génétique moléculaire permet de diagnostiquer les causes génétiques de ces tares puis de mettre au point des tests pour détecter les porteurs beaucoup plus rapidement qu’avant. Des listes d’animaux porteurs hétérozygotes pour tel ou tel défaut sont diffusées, pour encore plus de transparence. Aussi, les gestionnaires des programmes de sélection prennent davantage en compte la variabilité génétique comme critère de choix de leurs reproducteurs. Après une augmentation alarmante de la consanguinité chez les bovins laitiers dans les années 1990 et au début des années 2000, le phénomène ralentit.

En définitive, la remontée d’information sur les anomalies génétiques bovines, quelles qu’elles soient, doit être soutenue, martèlent tous les participants à L’ONAB [1, 2, 5, 6].

(1) Sartelet A et coll. Article sur la gestion des tares génétiques en race bleu-blanc belge. Point Vét. 2013 : à paraître.

(2) http://omia.angis.org.au

Références

  • 1. Boichard D, Floriot S, Capel C, Duchesne A. Abord des anomalies génétiques bovines. Point Vét. 2010 ; 311 : 66-69
  • 2. Capel C, Duchesne A. Du nouveau au sein de l’Observatoire national des anomalies bovines. BTIA. 2010 ; 132 : 40
  • 3. Darnis A. Les anomalies d’origine héréditaire chez les bovins : synthèse des connaissances et description des principales affections émergentes ou ré-émergentes. Thèse d’exercice, École nationale vétérinaire de Toulouse. 2006 : 77p.
  • 4. Gentile A, Testoni S, Murgiano L et coll. Inherited diseases of cattle. Keynote lectures and round table, proceedings World buiatrics congress, Porto. 2012 : 148-158
  • 5. Nicholas F et coll. OMIA base de donnée internationale sur les maladies génétiques des animaux (hors souris, qui ont avec l’homme leur propre base de donnée). http://omia.angis.org.au
  • 6. ONAB. Fiche de déclaration d’une anomalie. http://www.onab.fr/Declarer-une-anomalie

ENCADRÉ
Que faire, face à une anomalie ?

Un outil en ligne est à la disposition des vétérinaires et des autres intervenants de la filière bovine en France pour signaler toute anomalie. Une fiche est proposée par l’Observatoire national des anomalies bovines (ONAB), qui peut aussi être imprimée et postée [6]. La déclaration est facile à réaliser sur un site Internet dédié, depuis fin 2011. L’ONAB associe sous une même bannière : l’Inra, l’UNCEIA, le ministère de l’Agriculture, l’Institut de l’élevage, les Races de France, l’ENV de Toulouse, l’ENV d’Alfort et Oniris. Face à une suspicion, il est conseillé de prendre des photos numériques. Deux tubes de sang EDTA sont à prélever pour les anomalies qui font l’objet d’un programme de recherche en France :

– le syndrome d’hypoplasie généralisée capréoliforme ou SHGC, en race montbéliarde ;

– le syndrome des veaux tourneurs (axonopathie), en race rouge des prés ;

– l’atrésie du côlon, en race holstein ;

– l’ataxie progressive, en race charolaise ;

– les anomalies des membres (polydactylie, syndactylie).

Inra : Institut national de recherches agronomiques ; UNCEIA : Union nationale des coopératives d’élevage et d’insémination animale.

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