Traitement de la papillomatose chez les bovins - Le Point Vétérinaire expert rural n° 327 du 01/07/2012
Le Point Vétérinaire expert rural n° 327 du 01/07/2012

DERMATOLOGIE DES BOVINS

Fiche

Auteur(s) : Olivier Hartnagel

Fonctions : Cabinet vétérinaire
20 bis, rue Saint-Éxupéry
01160 Pont-D’Ain

Plusieurs traitements de la papillomatose ont été étudiés chez les bovins. Si l’efficacité de certains n’est pas démontrée, d’autres offrent des perspectives intéressantes.

L’exérèse chirurgicale, les traitements médicaux locaux ou généraux et l’immunothérapie peuvent être envisagés dans le traitement de la papillomatose chez les bovins (encadré).

Traitement chirurgical

L’exérèse peut être chirurgicale en cas de localisation gênante d’une lésion volumineuse. Elle consiste parfois aussi en une cautérisation ou en une cryothérapie.

Traitement médical local

Des traitements locaux ont été tentés chez les bovins : utilisation d’agents kératolytiques locaux ou même d’antiviraux locaux (aciclovir, ribavirin, cidofovir, médicaments de pharmacie humaine) [3, 4].

Le plus connu de ces traitements locaux est le latex de figuier (Ficus carica). Il a été comparé à l’application locale d’acide salicylique en solution à 6 %, qui a des propriétés kératolytiques, entraînant une desquamation par solubilisation du cément intercellulaire au niveau du stratum corneum [4]. Le latex de figuier possède des propriétés kératolytique et protéolytique. Sa viscosité permet un traitement local. L’essai a été conduit chez des bovins atteints de papillomatose mammaire, en traitements locaux en solution, tous les 5 jours, jusqu’à disparition. L’acide salicylique et le latex de figuier permettent une disparition complète des verrues de la mamelle en 30 jours (l’acide salicylique entraîne cependant des réactions locales : érosions et érythème).

Traitement médical général

Des traitements généraux sont également possibles, par utilisation de stimulants immunitaires (stimulation de la réponse immunitaire non spécifique).

→ L’administration de lévamisole par voie sous-cutanée à la dose de 2,5 mg/kg (à J1, J3, J5, J7, J9 et J16) aboutit à la guérison de 77 % des animaux dans les 90 jours [1]. Dans un autre essai, les résultats montrent une rémission complète des verrues en 45 à 75 jours chez 9 animaux sur 10 (avec une diminution nette de la taille et un assèchement débutant entre 15 et 30 jours après le traitement) [2]. L’effet du lévamisole a été démontré dans certaines infections chroniques, maladies inflammatoires et parfois tumorales (effet par renforcement de l’immunité cellulaire) [2]. Cet effet stimulant immunitaire est obtenu chez les bovins avec le quart ou le tiers de la dose anthelminthique (7,5 mg/kg). Différents rythmes d’administration ont été testés. Cependant, le surdosage peut se révéler immunosuppressif et accentuer la maladie. Cette molécule ne dispose pas d’une autorisation de mise sur le marché pour l’espèce caprine.

→ Un traitement homéopathique à base de Thuya occidentalis, per os ou par voie injectable sous-cutanée ou intramusculaire (une administration tous les 3 jours pendant 9 jours, à renouveler après 1 semaine d’arrêt) est également préconisé [3]. Un complexe homéopathique (Ficosyl®) à base de Thuya, Calcarea carbonica, Causticum, Lycopodium et Nitricum acidum est commercialisé dans cette indication.

→ Le venin de tarentule (Tarentula cubensis, Richter Pharma, Theranekron 1 : 100/d2, non disponible en France) a également été essayé dans l’espèce bovine à la dose de 7,5 ml/j, solution à 1 mg/ml de venin, et les résultats ont été significatifs (diminution de la taille des verrues en 15 à 30 jours et rémission complète en 45 à 75 jours pour 7 animaux sur 10) [2].

→ L’apport d’hormone thyroïdienne T4 (Levothyrox®, pharmacie humaine, à la dose de 600 µg/j pendant 3 jours, per os) semble efficace dans certains cas, notamment chez des bovins carencés en iode ou en sélénium [5]. La sensibilité aux papillomavirus semble accrue en cas de carence en iode.

→ L’ivermectine a été testée chez les bovins par une injection sous-cutanée à 0,2 mg/kg [1, 3].

→ Des traitements par des dérivés magnésiens (chlorure ou sulfate de magnésium), en perfusion ou sous forme orale, en bolus notamment (Rumbul Mg® par exemple), sont empiriquement utilisés dans le cadre de la prise en charge des verrues chez les bovins. Aucune étude ne confirme ou n’infirme une quelconque efficacité [3].

Immunothérapie

L’immunothérapie consiste en une vaccination thérapeutique des animaux malades, à l’aide d’un vaccin hétérologue ou autologue.

Une étude est décrite chez des bovins : 5 g de tumeur sont prélevés chez un ou plusieurs bovins [3]. Après broyage et homogénéisation (dans une solution saline avec du glycérol à 50 %, 30 ml/g de tissu), filtration et ajout de 20 000 UI de pénicilline et de 250 mg de streptomycine, puis ajout de formol à 0,3 % (pour inactiver les virus), trois injections intradermiques de 1 à 5 ml sont effectuées à une semaine d’intervalle [3].

L’efficacité est variable, plus importante pour des petites verrues pédiculées.

Conclusion

Ces traitements pourraient être extrapolés aux autres ruminants, notamment aux caprins(1).

(1) Voir l’article “Verrues mammaires et carcinome épidermoïde chez une chèvre” du même auteur, dans ce numéro.

Références

  • 1. Börkü MK, Atalay O, Kibar M et coll. Ivermectin is an effective treatment for bovine cutaneous papillomatosis. Res. Vet. Sci. 2007 ; 83(3): 360-363.
  • 2. Cam Y, Kibar M, Atasever A et coll. Efficacy of levamisole and Tarentula cubensis venom for the treatment of bovine cutaneous papillomatosis. Vet. Rec. 2007 ; 160(14): 486-488.
  • 3. Halfon TCA. Enquête épidémiologique sur les verrues cutanées des bovins en Martinique. Thèse ENVA. 2010 : 19-51.
  • 4. Hemmatzadeh F, Fatemi A, Amini F. Therapeutic effects of fig tree latex on bovine papillomatosis. J. Vet. Med. B. Infect. Dis Vet. Public Health 2003 ; 50(10): 473-476.
  • 5. Rupert R. Verrues, décubitus, goîtres et surchloration de l’eau. Point Vét. 2006 ; 268 : 74-79.

ENCADRÉ
Un emploi dans le cadre de la cascade

La quasi-totalité des traitements présentés s’emploie dans le cadre de la cascade dite du “hors AMM(1)”. Il convient d’appliquer un temps d’attente minimal forfaitaire de 7 jours pour le lait et de 28 jours pour la viande, en l’absence de mention de temps d’attente dans l’espèce visée.

De plus, certaines molécules citées, notamment pour un usage topique (aciclovir, ribavirin, cidofovir), ne peuvent théoriquement pas être utilisées chez les bovins. En effet, en l’absence de limite maximale de résidus (LMR), elles ne figurent pas sur le tableau 1 des substances autorisées en productions animales du règlement 37/2010.

La fabrication des autovaccins n’est permise que par les fabricants d’autovaccins autorisés.

(1) Autorisation de mise sur le marché. D’après Éric Vandaële.

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