Maladie de Lyme ou anaplasmose granulocytaire chez le chien - Le Point Vétérinaire n° 325 du 01/05/2012
Le Point Vétérinaire n° 325 du 01/05/2012

INFECTIOLOGIE CANINE

Dossier

Auteur(s) : Luc Chabanne*, Henri-Jean Boulouis**

Fonctions :
*Département des animaux de compagnie
et jeune équipe “Hémopathogènes vectorisés”
VetAgro Sup, Campus vétérinaire de Lyon,
1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy-L’Étoile luc.chabanne@vetagro-sup.fr
**Laboratoire de bactériologie,
École nationale vétérinaire d’Alfort, 7, avenue
du Général-de-Gaulle, 94700 Maisons-Alfort
hjboulouis@vet-alfort.fr

Il est parfois difficile de différencier maladie de Lyme et anaplasmose granulocytaire canine : même mode de transmission, signes cliniques peu spécifiques et traitements presque similaires.

« L’anaplasmose granulocytaire n’est-elle pas la nouvelle maladie de Lyme ? » Ainsi s’interroge J.-S. Dumler [6]. Il paraît effectivement légitime de se questionner, dans l’espèce canine également, sur le degré de similitude entre ces deux affections qui justifient cet amalgame et sont source de confusions.

La maladie de Lyme et l’anaplasmose granulocytaire, dont Borrelia burgdorferi et Anaplasma phagocytophilum sont respectivement les agents pathogènes responsables, sont deux affections vectorielles à caractère zoonotique transmises par les tiques du genre Ixodes (encadrés 1 et 2, photo 1). La maladie de Lyme, rapportée pour la première fois chez l’homme en 1975 et moins de 10 ans plus tard chez le chien, a suscité de nombreux commentaires, et semble bien connue du grand public et de nombreux praticiens [15, 18, 19]. À l’inverse, les informations disponibles sur l’anaplasmose granulocytaire sont limitées, notamment en France où la description de la maladie chez le chien est récente et les cas rapportés encore peu nombreux [2, 3, 5].

1 Expression clinique

Les signes cliniques de la maladie de Lyme et de l’anaplasmose granulocytaire chez le chien sont assez peu spécifiques. La suspicion diagnostique concerne souvent des chiens qui présentent une hyperthermie, un abattement, une inappétence, voire une anorexie. Parfois des vomissements surviennent, ainsi que des signes de douleur musculo-squelettiques s’exprimant par des boiteries ou une appréhension aux déplacements.

Maladie de Lyme chez le chien

À l’inverse de l’homme, la maladie de Lyme canine reste une entité clinique mal définie, sujette à controverses [16, 19]. L’infection expérimentale chez le chien apporte peu d’informations (encadré 3 complémentaire sur WK-Vet.fr). Chez l’homme, la plupart des malades infectés par B. burgdorferi développent des signes cliniques et seuls 10 % restent asymptomatiques. Chez le chien, 95 % des individus infectés restent asymptomatiques et le nombre de cas cliniques solidement documentés est faible, particulièrement en Europe. Lors d’infection naturelle, une atteinte articulaire est évoquée, bien qu’il soit difficile de connaître la part de responsabilité de la maladie de Lyme dans la survenue d’épisodes de boiterie chez des chiens vivant en zone d’endémie. Une atteinte inflammatoire oligo-articulaire est souvent observée, dont les signes cliniques régressent en quelques jours. Elle peut ensuite intéresser successivement plusieurs articulations ou disparaître. Des lésions d’arthrite chronique non érosive peuvent s’installer progressivement lors d’infection prolongée. Les lésions cutanées, à l’image de l’érythème migrant très caractéristique de l’affection humaine, sont discrètes, voire inexistantes chez le chien. D’autres symptômes sont parfois décrits lors d’infection par B. burgdorferi, comme des signes d’atteinte rénale grave, se caractérisant par une protéinurie massive. Celle-ci résulte d’une glomérulonéphrite membrano-proliférative à médiation immune, accompagnée d’une nécrose sévère des tubules rénaux (néphropathie de Lyme). Certaines races y semblent prédisposées : les labradors, les golden retrievers et les bergers shetland en Amérique du Nord, le bouvier bernois en Europe [9, 10]. Des dysfonctionnements cardiaques (troubles du rythme secondaires à une myocardite et lésions de myocardite), des anomalies neurologiques centrales et des cas d’hépatite réactive non spécifiques ont aussi été rapportés. Les anomalies biologiques (sang, urine, liquide articulaire ou céphalorachidien) pouvant être constatées ne sont pas spécifiques, mais reflètent un état inflammatoire.

Anaplasmose granulocytaire canine

Comme pour la maladie de Lyme, la plupart des chiens infectés naturellement par A. phagocytophilum ne développent pas de signes cliniques de cette maladie (infections inapparentes ou subcliniques). Lorsqu’elle s’exprime, l’anaplasmose granulocytaire évolue sur un mode aigu, aucune forme chronique n’ayant été documentée. Un syndrome pyrétique se développe après 1 à 2 semaines d’incubation. Il s’accompagne souvent de signes articulaires et d’unethrombopénie modérée à sévère dans 80 à 90 % des cas. En dehors de la thrombopénie, d’autres anomalies de l’hémogramme sont constatées : une lymphopénie, une lymphocytose relative à grands lymphocytes granuleux, une anémie modérée normocytaire, normochrome. Une polyadénomégalie légère et une splénomégalie sont également signalées. En plus de ces signes cliniques documentés lors d’infections aussi bien naturelles qu’expérimentales, d’autres symptômes moins systématiquement retrouvés sont parfois associés à la maladie (encadré 4 complémentaire sur WK-Vet.fr). Il peut s’agir d’une toux sèche et non productive, d’une polydipsie, de signes gastro-intestinaux (vomissements, diarrhée), de troubles neurologiques centraux, d’une pâleur des muqueuses ou d’une épistaxis. Parmi les paramètres biochimiques, une tendance à l’hypoalbuminémie, une hyperglobulinémie et une élévation modérée des enzymes hépatiques (phosphatases alcalines principalement) sont notées [4, 7, 8, 11, 13, 14, 20].

Des co-infections sont possibles

Des co-infections associant B. burgdorferi et A. phagocytophilum ne sont pas rares en zones d’endémie. Les conséquences cliniques de ces infections concomitantes devraient donc être prises en considération. À l’image de ce qui a été démontré dans d’autres espèces, il est possible qu’une infection simultanée ou séquentielle puisse avoir davantage de répercussions cliniques qu’une infection isolée [1].

2 Contexte épidémiologique

Toutes les régions de France sont concernées

La distribution géographique de ces deux maladies est étroitement liée à celle de leur vecteur, Ixodes ricinus en France et en Europe occidentale. Des études menées en milieu naturel montrent qu’Ixodes ricinus est largement répandue sur l’ensemble du territoire français, à l’exception d’une petite zone sur le pourtour méditerranéen et des régions situées à une altitude élevée (au-dessus de 1 200 à 1 500 m). Cependant, l’incidence de ces infections présente des variations considérables selon les régions, voire au sein d’une même région, d’une zone géographique à une autre. Cela est démontré dans le cas de la maladie de Lyme chez l’homme. Un risque élevé d’infection n’est pas toujours corrélé avec la densité des tiques sur le terrain et leur taux d’infection. En l’absence de données d’épidémiosurveillance chez le chien, il convient de se référer à celles qui ont été publiées pour l’homme ou d’autres espèces afin de mieux évaluer le risque relatif dans la région considérée (encadrés 5 et 6 complémentaires sur WK-Vet.fr).

Infection du vecteur par les deux agents pathogènes

Les tiques du genre Ixodes peuvent être infectées simultanément par les deux agents pathogènes. Une étude récente a montré que la prévalence des tiques co-infectées par B. burgdorferi et A. phagocytophilum est comprise entre 0,1 et 28,1 % [21]. Chez le chien, des cas de co-infections ont été observés principalement dans les zones d’endémie où la prévalence des deux agents pathogènes est élevée. Les co-infections peuvent résulter d’une exposition unique ou d’expositions multiples. Il est peu fréquent qu’une tique unique transmette les deux maladies. Cependant, plus le chien est exposé à ces vecteurs, plus la probabilité qu’il soit infecté par les deux agents pathogènes augmente. L’infection est alors soit séquentielle, et produite par deux tiques différentes (l’une transmet B. burgdorferi, l’autre A. phagocytophilum), soit concomitante, le chien étant plus exposé à des tiques porteuses de ces deux agents pathogènes.

Dans certaines zones géographiques, 20 à 40 % des chiens sont séropositifs à la fois pour B. burgdorferi et pour A. phagocytophilum [1].

Délais d’apparition des signes cliniques

La transmission de l’agent pathogène s’effectue principalement à la faveur de la morsure d’une tique infectée. Cependant, d’autres mécanismes de contamination naturelle sont possibles (par exemple, de la mère aux chiots via le lait). Elle n’est pas immédiate, mais nécessite un délai de fixation de la tique sur l’hôte vertébré d’au moins 48 heures pour B. burgdorferi, et de 36 à 48 heures pour A. phagocytophilum. Les premiers signes de la forme clinique de l’infection n’apparaissent que tardivement lors d’infection par B. burgdorferi (2 à 5 mois), tandis qu’ils sont d’apparition rapide lors d’infection à A. phagocytophilum (1 à 2 semaines).

3 Diagnostic de laboratoire

Pour la maladie de Lyme et l’anaplasmose granulocytaire, le diagnostic de laboratoire est indispensable afin d’étayer toute hypothèse.

Méthodes de diagnostic direct

Les méthodes du diagnostic direct sont appliquées à la mise en évidence d’A. phagocytophilum, alors qu’elles sont presque impossibles à mettre en œuvre chez le chien dans le cas de B. burgdorferi.

VISUALISATION DIRECTE AU MICROSCOPE

Des inclusions cytoplasmiques assez caractéristiques d’A. phagocytophilum (morula) peuvent être facilement mises en évidence sur un frottis sanguin coloré au sein des granulocytes (photo 2). Le pourcentage de granulocytes contenant des morulae pendant la phase aiguë varie de 7 à 37. Elles apparaissent 4 jours après l’inoculation et persistent pendant 1 à 9 jours [4, 8].

CULTURE BACTÉRIENNE

La culture de ces deux types de bactéries est extrêmement fastidieuse et ne peut donc pas être appliquée au diagnostic de routine.

RÉACTION EN CHAÎNE PAR POLYMÉRASE

Les techniques de biologie moléculaire d’amplification génique, par réaction en chaîne par polymérase (PCR), sont applicables à la détection d’A. phagocytophilum dans le sang périphérique (prélevé sur EDTA). Elles se révèlent plus sensibles que l’examen direct du frottis sanguin puisqu’un résultat positif peut être obtenu 6 à 8 jours avant et 3 jours après l’apparition des morulae dans le sang. Les méthodes PCR peuvent être utilisées pour rechercher B. burgdorferi et déterminer l’espèce en cause. Toutefois, la PCR ne peut être envisagée sur du sang périphérique car la spirochétémie est faible et fugace, ni sur d’autres liquides biologiques (urines, liquide céphalo-rachidien, liquide articulaire). Elle est à réaliser uniquement sur des prélèvements riches en tissu conjonctif et en bactéries, en fonction des signes cliniques constatés (peau, synoviale, foie) [12, 16]. L’absence de lésions cutanées caractéristiques chez le chien disqualifie le recours à la biopsie de peau largement utilisée chez l’homme.

Méthodes de diagnostic indirect

Les examens sérologiques apportent une preuve indirecte du contact avec l’agent pathogène, donc de l’infection. Un test rapide (SNAP 4Dx®, laboratoire Idexx) permet une sérologie qualitative, simultanément pour les deux agents pathogènes. Des réactions croisées au sein du genre Anaplasma sont possibles. Un test positif pour Anaplasma peut correspondre à A. phagocytophilum, mais aussi à A. platys (dont le vecteur est Rhipicephalus sanguineus). Au laboratoire, d’autres techniques sont disponibles.

A. PHAGOCYTOPHILUM

La sérologie est réalisée le plus souvent par immunofluorescence (IF), moins fréquemment à l’aide de techniques de type Western blot (WB). Les anticorps sont détectables 8 jours après l’exposition initiale et 2 à 5 jours après l’apparition des morulae. Ils peuvent persister à des titres très élevés, plusieurs mois après résolution de la phase aiguë. Des réactions croisées sont possibles avec d’autres agents pathogènes de la famille des Anaplasmataceae, principalement avec A. platys, agent de la thrombopénie cyclique infectieuse canine, dans une moindre mesure avec Ehrlichia canis.

B. BURGDORFERI

L’IF, des méthodes immuno-enzymatiques (Elisa) et WB ont été mis au point. Jusqu’au développement récent d’une technique Elisa fondée sur la détection d’anticorps dirigés contre le peptide C6 (peptide synthétique reproduisant un motif antigénique de la région VslE d’une protéine de surface de B. burgdorferi), IF et Elisa manquaient de spécificité. Le recours au WB était alors nécessaire pour confirmer des résultats positifs ou douteux. Les anticorps anti-C6 apparaissent plus précocement après l’infection par comparaison aux anticorps détectés par les techniques IF ou Elisa classiques (après 3 semaines, versus 4 à 6 semaines pour les méthodes classiques). Ils ne présentent pas de réactions croisées avec les anticorps d’origine vaccinale et leur concentration diminue fortement après la mise en place d’un traitement spécifique [16, 17]. Toutefois, malgré leur spécificité, la présence d’anticorps anti-C6 n’est pas corrélée à l’apparition de signes cliniques.

4 Traitement

Le traitement le plus souvent recommandé en médecine vétérinaire, aussi bien pour la maladie de Lyme que pour l’anaplasmose granulocytaire, est la doxycycline. Elle est utilisée à la dose de 10 mg/kg/j pendant 4 semaines pour traiter la maladie de Lyme. Une durée moindre (10 à 14 jours) est pleinement efficace dans le cas de l’infection par A. phagocytophilum. De plus, B. burgdorferi est sensible à l’action des β-lactamines, qui restent chez l’homme le traitement de première intention d’une maladie de Lyme dans sa phase primaire. Un traitement avec ces antibiotiques est envisageable chez le chien.

La sensibilité de B. burgdorferi et d’A. phagocytophilum à un même traitement antibiotique entretient la confusion en ce qui concerne l’évaluation de la prévalence effective de ces maladies et l’implication de l’un des deux agents pathogènes, voire des deux, dans un certain nombre de syndromes cliniques. D’un point de vue éthique et économique, il est préférable de rechercher l’agent causal car la durée de traitement est différente.

Conclusion

Les arguments cliniques, épidémiologiques et thérapeutiques se confondent, lors de maladie de Lyme ou d’anaplasmose granulocytaire, pour établir un diagnostic (figure). Cela souligne toute l’importance du diagnostic de laboratoire et les difficultés inhérentes au choix du prélèvement en fonction du schéma pathogénique. L’interprétation des résultats peut être délicate et l’évolution de la maladie incertaine dans un contexte épidémiologique pas toujours bien connu. Des cas félins d’anaplasmose granulocytaire commencent à être documentés, tandis qu’aucun cas de maladie associée à une infection naturelle par B. burgdorferi n’est actuellement connu dans cette espèce (encadré 7 complémentaire sur WK-Vet.fr).

Références

  • 1. Beall MJ, Chandrashekar R, Eberts MD et coll. Serological and molecular prevalence of Borrelia burgdorferi, Anaplasma phagocytophilum, and Ehrlichia species in dogs from Minnesota. Vector-Borne Zoonotic Dis. 2008;8:455-464.
  • 2. Beaufils J, Legroux J. Présence simultanée d’Ehrlichia sp. et d’Hepatozoon canis dans des granulocytes de chien : à propos de 2 cas. Prat. Med. Chir. Anim. Comp. 1992;27:81-86.
  • 3. Caron N, Hernandez J. Anaplasmose granulocytaire chez un chien. Point Vét. 2011;42:48-51.
  • 5. Domingos MC, Trotta M, Briend-Marchal A, Medaille C. Anaplasmosis in two dogs in France and molecular and phylogenetic characterization of Anaplasma phagocytophilum. Clin. Vet. Pathol. 2011;40:215-221.
  • 9. Gerber B, Eichenberger S, Haug K et coll. Increased prevalence of Borrelia burgdorferi infections in Bernese Moutain dogs: A possible breed predisposition. BMC Vet. Res. 2007;3:15.
  • 10. Gerber B, Eichenberger S, Haug K et coll. Association of urine protein excretion and infection with Borrelia burgdorferi sensu lato in Bernese Moutain dogs. Vet. J. 2009;182:487-488.
  • 15. Kornblatt AN, Urband PH, Steere AC. Arthritis caused by Borrelia burgdorferi in dogs. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1985;186:960-964.
  • 18. Lissman BA, Bosler EM, Camay H et coll. Spirochete associated arthritis (Lyme disease) in a dog. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1984;185:219-220.
  • 19. Littman MP, Goldstein RE, Labato MA et coll. ACVIM consensus statement on Lyme disease in dogs: diagnosis, treatment, and prevention. J. Vet. Intern. Med. 2006;20:422-434.
  • 21. Nieto NC, Foley JE. Meta analysis of coinfection and coexposure with Borrelia burgorferi and Anaplasma phagocytophilum in humans, domestic animals, wildlife, and Ixodes ricinus-complex ticks. Vector-Borne Zoonotic Dis. 2009;9:93-101.

ENCADRÉ 1
Les agents pathogènes… des bactéries bien différentes

→ Borrelia burgdorferi, agent de la maladie de Lyme, appartient à l’ordre des Spirochétales, qui contient de nombreux genres pathogènes pour l’homme ou l’animal, comme Leptospira spp. et Treponema spp., respectivement agents pathogènes de la leptospirose et de la syphilis. Comme tous les autres spirochètes, les Borrelia spp. sont des bactéries spiralées à Gram négatif, de 8 à 30 µm de long sur 0,25 à 0,5 µm de large. Mobiles, ces bactéries possèdent sept à onze flagelles périplasmiques et se déplacent grâce à des mouvements de rotation et de translation. L’agent ou, plus exactement, les agents pathogènes responsables de la maladie de Lyme appartiennent au complexe Borrelia burgdorferi sensu lato qui regroupe onze espèces dont au moins six ont été identifiées chez l’homme et chez le chien. Borrelia burgdorferi sensu stricto prédomine sur le continent nord-américain. En Europe, Borrelia burgdorferi sensu stricto est également retrouvée (dans 10 % des isolats environ), mais B. afzelii et B. garinii sont plus fréquemment rencontrées [21]. Chez les mammifères infectés, les bactéries se multiplient et se disséminent à partir du site d’attachement de la tique à travers les tissus, notamment le tissu conjonctif, et vont se localiser dans des sites spécifiques, dont l’articulation la plus proche.

→ Anaplasma phagocytophilum, agent de l’anaplasmose granulocytaire, appartient à l’ordre des Rickettsiales, famille des Anaplasmataceae à laquelle appartient aussi le genre Ehrlichia. Il s’agit de bactéries non mobiles, intracellulaires obligatoires à Gram négatif, de petite taille, souvent polymorphes, de forme coccoïde ou ellipsoïdale de 0,2 à 0,4 µm de diamètre. Chez les mammifères, A. phagocytophiluminfecte les cellules de la lignée myéloblastique, notamment les granulocytes neutrophiles et, dans une moindre mesure, les granulocytes éosinophiles. Comme l’ensemble des membres de la famille des Anaplasmataceae, la bactérie présente la particularité de ne pas se développer libre dans le cytoplasme de la cellule hôte, mais au sein d’une vacuole “parasitophore” qui contient une ou plusieurs bactéries et prend la forme d’une “mûre”, dénommée morula, visible au microscope optique après coloration par les colorants hématologiques usuels, d’un diamètre généralement compris entre 1,5 et 2,5 µm, mais pouvant parfois atteindre 6 µm. Sur la base d’étude phylogénétique, A. phagocytophilum désigne ce qui était dénommé autrefois dénommée Ehrlichia phagocytophilachez les bovins et petits ruminants, E. equi chez le cheval et agent de l’human granulocytic ehrlichiosis (HGE) chez l’homme. Néanmoins, au sein de l’espèce A. phagocytophilum, des variants (ou biovars) sont observés. Cette distinction est justifiée par de légères différences de séquences entre les souches, mais aussi de caractères biologiques, notamment en ce qui concerne leur spectre d’hôtes, leur pouvoir pathogène et leur répartition géographique.

ENCADRÉ 2
Le vecteur, Ixodes ricinus

Ixodes ricinus est l’espèce de tique la plus fréquente en Europe. C’est la tique de forêt par excellence. Hygrophile, elle a besoin d’humidité et craint les fortes chaleurs. Sa température optimale se situe entre 7 et 20 °C. Très commune en Europe centrale et septentrionale, elle connaît une extension vers l’ouest assez importante si bien qu’elle est retrouvée partout en France, à l’exception de la zone méditerranéenne et de régions situées en altitude. Cette espèce euryxène (ou polytropique) est peu spécifique et se nourrit sur de nombreux hôtes : larves et nymphes se trouvent plutôt sur les micromammifères, tandis que les adultes préfèrent les Ongulés. Les larves et nymphes peuvent néanmoins se nourrir sur les oiseaux ou la majorité des mammifères qu’ils rencontrent. Cela explique leur rôle dans la transmission d’agents zoonotiques comme A. phagocytophilum et B. burgdorferi, mais aussi de maladie virale comme l’encéphalite virale à tiques, encore peu connue en France. C’est également un vecteur important de babésioses des ruminants.

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